JUSTICE POUR LES MEOS DE GUYANE
Quand Saïgon, Phnom-Penh et bientôt Ventiane tombèrent aux mains des communistes, des dizaines de milliers de Méos du Laos (1), qui comme les Vietnamiens et les Cambodgiens, votèrent « avec leurs pieds », traversèrent le Mékong pour se réfugier en Thaïlande. Certains pays du monde libre, dont la France, leur accordèrent l'asile politique. Pas en métropole, en ce qui concerne la France, mais en Guyane.
Les premiers qui arrivèrent en Guyane, en 1977, se virent « offrir », à Cacao (2), un coin de jungle pourrie qu'il fallut défricher pour essayer d'en vivre. Sans se plaindre, les Hmongs se mirent à la tâche. En quelques mois, ils avaient créé un environnement acceptable et, à la différence d'autres réfugiés (voire d'autochtones guyanais...), assuraient bientôt leur autosubsistance. Et puis, les mois passant, ils fournirent du riz à toute la Guyane. Aujourdhui, ils en exportent en métropole et leurs productions maraîchères fournissent une bonne partie des marchés de Cayenne.
Inutile de dire que ces Hmongs, devenus français et fiers de 1 être, ne furent pas très bien vus par une partie de la
population d'un département où l'assistanat est de règle.
Au point que de véritables campagnes racistes - menées par de grands adeptes des droits de l'homme, bien sûr furent déclenchées contre eux.
Au point que le gouvernement français, malgré des promesses réitérées, décida de ne pas accueillir plus de Hmongs en Guyane.
Aujourd'hui, et avec un sens politique qui force 1 admiration, les Hmongs de Guyane demandent que la France tienne, même avec trente ans de retard , ses promesses, comme l'explique Cha By, 45 ans, arrivé à Cacao à l'âge de 13 ans :
- Nous avons décidé de créer une association pour l'accueil et l'intégration des Hmongs du Sud-est asiatique en Guyane.
Car au Laos, même si on a tendance à l'oublier, c'est toujours la nuit communiste.
- Les gens disent que la guerre est finie au Laos. Oui, mais les Hmongs sont toujours contraints de se cacher et de se battre pour leur survie. Ils se battent aussi pour défendre les idées de démocratie et de liberté que les Occidentaux leur ont apportées.
Dans un livre qui vient de paraître (et qu'il faut lire), Laos, la guerre oubliée (Robert Laffont), Cyril Payen se bat pour sortir les Hmongs de la nasse communiste : « Ils sont les harkis d'Asie. Ils ne sont plus que 10 000 ! » Dix mille anticommunistes qui, accueillis en Guyane, viendraient redonner à un département, à bien des égards sinistré, un sérieux coup de jeune. Aux côtés, faut-il le rappeler, des descendants d'anciens soldats de la guerre d'Indochine qui, à Dien Bien Phu notamment, se sont battus jusqu'au bout contre les hordes rouges. On va voir si Sarkozy, qui a semblé énervé par les repentances à répétition, fera justice à ces hommes, à ces femmes, à ces enfants, que nous aimons.
ALAIN SANDERS |