IL ÉTAIT UNE FOIS L'EMPIRE FRANÇAIS
1857- 1945
LES MARINS EN INDOCHINE DE COURBET À DECOUX

 
 
     
   
     
 

En 1874, lorsque l'amiral Dupré quittait l'Indochine, on pouvait croire l'influence française véritablement établie. Mais, les vexations à l'égard des consuls français ne diminuèrent pas pour autant. La Chine n'avait pas reconnu le traité de 1874 et revendiquait toujours son influence sur l'empereur d'Annam. Les préparatifs de guerre commencèrent
I- COURBET CONQUERANT DE L'INDOCHINE

Le 25 mars 1882, le capitaine de frégate, Henri Rivière quittait Saigon et, en qualité de Commandant supérieur se rendait à Hanoï avec dix compagnies d'Infanterie de Marine(1}
A son arrivée, il décidait de s'emparer de la citadelle, que les mandarins avaient mise en état de défense. La citadelle tombait aux mains des Français le 25  avril
1882.  Peu après, c'était le cas de Nam Dinh. La France dominait le Delta.
Les pirates Pavillons Noirs, encouragés par la Chine, déclenchaient les hostilités en mai 1883. Le 19 mai, le Commandant Rivière était tué au "Pont de Papier", sur la route de Sontay. Le Gouvernement français était décidé à occuper le Tonkin.

 
 
Le diplomate Harmand était nommé Commissaire général de la République au Tonkin et le général Bouet prenait la direction des opérations, tandis que l'escadre était confiée au contre-amiral Courbet. (2)
Après la mort de Rivière, le contre-amiral Courbet avait été nommé Commandant de la Division navale du Tonkin. Le 20 août 1883,  il s'emparait des forts de Tourane et imposait le traité de Hué, le 25 août. L'Annam reconnaissait le Protectorat de la France, et la souveraineté sur la Cochinchine. L'empereur Tu Duc était mort depuis le 17 juillet, et son successeur régnait sous la tutelle de deux Régents qui s'emparaient de l'Empire à la fin de l'année et étaient décidés à ne pas tenir compte du Traité.
Le 16 décembre 1883, Courbet s'emparait de Sontay tandis qu'un Corps expéditionnaire formé des Brigades des généraux Brière de l'Isle et de Négrier arrivait.
 
 

Le 20 février 1884, la position des Sept Pagodes que Courbet avait signalée comme clé des opérations futures était occupée. Les opérations se poursuivaient en mars et avril. Les Français occupaient un grand nombre de points et avaient affaire à des troupes chinoises régulières, solidement encadrées, et bien entraînées. A l'issue des revers chinois, le Capitaine de Frégate Fournier avait reçu les pleins pouvoirs pour signer la convention du 17 mai 1884, au terme de laquelle la France occupait Langson et toute la zone adossée au Yunnan.

Bac Ninh
 
 

Après avoir enlevé Sontay, Courbet, investi de l'autorité civile et militaire, s'apprêtait à prendre Bac Ninh, lorsqu'il dut céder le Commandement en chef au général Millet. Promu Vice-amiral, Courbet ne conservait que le Commandement des Forces navales d'Extrême-Orient. Les pourparlers avaient repris avec la Chine, mais la situation au Tonkin était toujours difficile. II fallait lutter non seulement contre les réguliers chinois, mais encore contre les Pavillons Noirs et les pirates de l'intérieur. Aussi, le gouvernement confia-t-il de nouveau le commandement en chef à Courbet.
En août 1884, l'Amiral bombarda Fou Tchéou et détruisit l'arsenal et neuf navires chinois. Poursuivant son offensive, il anéantissait la flotte chinoise à l'entrée du Fleuve Bleu, et occupait Formose et les îles Pescadores où il espérait établir une base pour de nouvelles opérations. Malheureusement, il n'était pas suivi par le gouvernement qui signait la paix avec la Chine, le 9 juin 1885. Le 11, Courbet mourait d'épuisement à bord du Bayard, au large des Pescadores.
L'action éblouissante de Courbet compensait l'affaire de Langson (3). Le 28 mars 1885, les Chinois avaient déclenché une violente attaque.
Le général de Négrier avait été grièvement blessé. Le Commandement avait été confié au Lieutenant-colonel Herbinger, qui, malgré le succès d'une contre-attaque française, avait décidé de battre en retraite. Celle-ci fut entreprise dans un désordre absolu, d'autant plus incompréhensible que les Chinois avaient eux-mêmes abandonné la lutte. La légende, citée par le général Salan "veut que des légionnaires qui cuvaient leur vin, furent tout étonnés de se trouver seuls dans Langson, vide de nos troupes, mais vides aussi de Chinois. "
Le 30 mars, sur la nouvelle fausse de la prise de Langson par les Chinois, le gouvernement Ferry était renversé. Ceci expliquait la réserve de son successeur qui, deux jours avant la mort de Courbet, signait le Traité de Tien Tsin. La France rendait à la Chine Formose et les Pescadores. Néanmoins la Chine s'engageait à ne plus faire franchir par ses troupes la frontière du Tonkin et promettait de respecter les Traités conclus avec l'Annam et une Commission de délimitation de la frontière sino tonkinoise était créée.
La conquête de l'Indochine était terminée.



( 1 ) Sur le Commandant Henri Rivière, voir Claude Farrère, Histoire de la Marine française. Flammarion 1935 , Henri Servim L'Asie Française, éditions Ekr- 56350 Saint Vincent sir Oust
(2)  Amédée Anatole Courbet, 1827 / 1885, alors élève de Polytechnique, s'était distingué lors des journées révolutionnai­res de février 1848, en sauvant les collections du Louvre. Sorti dans la Marine, il avait été promu contre-amiral en 1879. Sur Courbet, voir particulièrement Claude Farrère Histoire de la Marine française op. cit
(3) Un bref, mais très exact exposé de l'affaire de Langson est donné par le général Salan, Mémoires - fin d'un Empire, Tome 1 - Les Presses de la Cité - annexe n° 1 - p. 419. Voir également Claude Farrère, Histoire de la Marine française op. cit