Après avoir enlevé Sontay, Courbet, investi de l'autorité civile et militaire, s'apprêtait à prendre Bac Ninh, lorsqu'il dut céder le Commandement en chef au général Millet. Promu Vice-amiral, Courbet ne conservait que le Commandement des Forces navales d'Extrême-Orient. Les pourparlers avaient repris avec la Chine, mais la situation au Tonkin était toujours difficile. II fallait lutter non seulement contre les réguliers chinois, mais encore contre les Pavillons Noirs et les pirates de l'intérieur. Aussi, le gouvernement confia-t-il de nouveau le commandement en chef à Courbet.
En août 1884, l'Amiral bombarda Fou Tchéou et détruisit l'arsenal et neuf navires chinois. Poursuivant son offensive, il anéantissait la flotte chinoise à l'entrée du Fleuve Bleu, et occupait Formose et les îles Pescadores où il espérait établir une base pour de nouvelles opérations. Malheureusement, il n'était pas suivi par le gouvernement qui signait la paix avec la Chine, le 9 juin 1885. Le 11, Courbet mourait d'épuisement à bord du Bayard, au large des Pescadores.
L'action éblouissante de Courbet compensait l'affaire de Langson (3). Le 28 mars 1885, les Chinois avaient déclenché une violente attaque.
Le général de Négrier avait été grièvement blessé. Le Commandement avait été confié au Lieutenant-colonel Herbinger, qui, malgré le succès d'une contre-attaque française, avait décidé de battre en retraite. Celle-ci fut entreprise dans un désordre absolu, d'autant plus incompréhensible que les Chinois avaient eux-mêmes abandonné la lutte. La légende, citée par le général Salan "veut que des légionnaires qui cuvaient leur vin, furent tout étonnés de se trouver seuls dans Langson, vide de nos troupes, mais vides aussi de Chinois. "
Le 30 mars, sur la nouvelle fausse de la prise de Langson par les Chinois, le gouvernement Ferry était renversé. Ceci expliquait la réserve de son successeur qui, deux jours avant la mort de Courbet, signait le Traité de Tien Tsin. La France rendait à la Chine Formose et les Pescadores. Néanmoins la Chine s'engageait à ne plus faire franchir par ses troupes la frontière du Tonkin et promettait de respecter les Traités conclus avec l'Annam et une Commission de délimitation de la frontière sino tonkinoise était créée.
La conquête de l'Indochine était terminée.
( 1 ) Sur le Commandant Henri Rivière, voir Claude Farrère, Histoire de la Marine française. Flammarion 1935 , Henri Servim L'Asie Française, éditions Ekr- 56350 Saint Vincent sir Oust
(2) Amédée Anatole Courbet, 1827 / 1885, alors élève de Polytechnique, s'était distingué lors des journées révolutionnaires de février 1848, en sauvant les collections du Louvre. Sorti dans la Marine, il avait été promu contre-amiral en 1879. Sur Courbet, voir particulièrement Claude Farrère Histoire de la Marine française op. cit
(3) Un bref, mais très exact exposé de l'affaire de Langson est donné par le général Salan, Mémoires - fin d'un Empire, Tome 1 - Les Presses de la Cité - annexe n° 1 - p. 419. Voir également Claude Farrère, Histoire de la Marine française op. cit |