Le président Chirac remet au chef de lEtat le
sceau du dey Hussein Pacha le lundi 3 mars 2003, la cérémonie
s'est déroulée au siège de la présidence de la
république.
Le président français Jacques Chirac, en visite dEtat
en Algérie, a remis, hier, au président de la République,
Abdelaziz Bouteflika le sceau du dey Hussein Pacha. La remise de ce cadeau
de haute valeur symbolique au chef de lEtat sest déroulée
au siège de la présidence de la République, peu avant
lentretien en tête-à-tête entre les deux présidents.
Se présentant sous la forme dun précieux pendentif dargent
et de cornaline, le sceau du dey dAlger est orné de versets du
Coran. Datant de la fin du 17ème siècle et symbolisant le pouvoir
de lépoque, il servait à authentifier les décisions,
les traités et les actes officiels du dey. Il fut remis en 1830 au
maréchal de Bourmont qui commandait le corps expéditionnaire
français. En remettant ce sceau, le président Chirac a déclaré
que «nous savons les conséquences des événements
de 1830 sur notre destinée commune». Ce sceau, a-t-il dit, marquera
«un tournant dans notre relation à la fois si complexe, si riche,
si douloureuse et finalement tragique». Chirac, qui a estimé
que «ce temps appartient désormais à lhistoire»,
a considéré que «le retour de ce symbole de souveraineté
à lEtat algérien, vient sceller les retrouvailles entre
nos deux pays». Dans ce contexte, Chirac sest déclaré
«conscient douvrir [avec lAlgérie] un chapitre nouveau
de notre histoire commune, celui de la confiance, de lestime, de lamitié
et de la souveraineté». En recevant ce symbole de souveraineté,
le président Abdelaziz Bouteflika a présenté au chef
de lEtat français, au nom du peuple algérien, ses sincères
remerciements. Par ailleurs, le président Chirac a remis au chef de
lEtat les documents originaux des mémoires de guerre du général
de Gaulle se rapportant à la guerre dAlgérie. (Algérie
Presse Service).
Le Matin 03/03/2003
« La dignité des Algériens est piétinée
» Chirac est accompagné par le secrétaire d'état
aux anciens combattants un ancien Harki.
Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la Communication et de la Culture et
ancien diplomate, est un fin observateur de l'actualité nationale.
Il nous donne son point de vue sur la visite du Président Chirac et
sur tout ce qui l'a entourée comme préparatifs.
Le Matin : A votre avis, qu'est censée apporter la visite du Président
Chirac à Alger que ne l'ont pas encore fait les visites de MM. Bouteflika
et Benflis à Paris ?
A. Rahabi : La visite du Président Chirac fait partie de ces visites
tout à fait ordinaires dans la vie des nations. Il ne faut pas s'étonner
de l'aspect protocolaire, c'est une visite qui n'apportera rien aux Algériens.
Ceci nous semble vrai d'autant que nous n'avons pas noté d'exigences
ou de préalables de la partie algérienne. Cette visite semble
cependant se tenir sous le signe d'une volonté commune de normalisation
des relations. Toute idée de normalisation ne peut qu'être bénéfique
pour les deux pays, et tout effort doit être encouragé dans les
limites des intérêts de chacun. Et étant donné
que cette visite a été construite sur le thème de la
refondation, elle doit aussi se faire autour de la reconnaissance officielle
par la France de la guerre d'Algérie et le pardon pour les crimes commis
contre tout le peuple algérien. Ce qui ne semble pas être encore
le cas aujourd'hui.
Dans ce même ordre d'idées, le Président Chirac vient
justement de se faire accompagner par un Algérien qui avait choisi
le camp de l'armée coloniale, élevé aujourd'hui au rang
de secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants. Qu'en pensez-vous ?
C'est inamical et inconvenant de se faire accompagner dans un pays indépendant
par quelqu'un qui a choisi le camp du colonisateur de ce même pays.
La France a le droit d'assumer son histoire, elle doit aussi reconnaître
le privilège de discernement entre ceux qui ont défendu leur
pays et ceux qui ont trahi la cause nationale. Que je sache, la normalisation
avec l'Allemagne ne s'est pas faite aux dépens de la mémoire
de chacun des deux pays. Mais on ne peut pas faire ce reproche à la
France lorsque l'Algérie officielle a choisi de faire la primauté
de l'apparat et de donner dominance aux aspects protocolaires.Justement, les
préparatifs pour cette visite ont été grandioses. Quel
est votre commentaire ? Ce matin quelqu'un m'a dit : « S'ils n'ont plus
de dignité au moins qu'ils ne le fassent pas au nom de tous les Algériens.
» Ce n'est pas une mauvaise chose de réserver un accueil aussi
chaleureux, mais il est à déplorer la dominance des aspects
protocolaires qui nous donnent le sentiment de le faire avec un peu trop d'indignité,
alors que nous sommes dans l'attente d'une demande de pardon. Je veux dire
que dans tout cela, il ne faut pas oublier que toute refondation doit se faire
sur une base nouvelle à l'instar de ce qui a eu lieu entre la France
et l'Allemagne par la reconnaissance de ce qui est essentiel pour l'Algérie
contemporaine, à savoir la guerre de Libération. Cette visite
est malheureusement une autre occasion ratée pour les relations des
deux pays, car la refondation ne s'arrête pas aux seules apparences
protocolaires. A quoi pourrait servir alors une autre visite, et y aurait-il
un lien à établir avec les présidentielles de 2004 ?
Elle semble plutôt être une tentative de se prévaloir d'amitiés
supposées ou réelles à compter désormais dans
des arbitrages internes. M. Bouteflika va profiter de la popularité
de M. Chirac car les Algériens s'identifient beaucoup plus au courage
de Chirac qu'au mutisme des officiels algériens. Il est à regretter
cependant que nous vivions le paradoxe où la diplomatie devient un
élément de politique interne au lieu d'être un outil de
politique étrangère et de sécurité nationale.
Ceci fait partie du microcosme algérien. Les Français sont avertis
du débat interne en Algérie et ils évitent de s'y impliquer.
Pour la France, la normalisation est une approche régionale, rien de
plus. Le Président Chirac consolide de plus en plus cette normalisation
avec la Tunisie où il se rendra à la fin du mois de mars. Une
normalisation également bien avancée avec le Maroc où
il se rend régulièrement. Entretien réalisé
par Yasmine Ferroukhi.
le matin 03/03/03
Chirac nous fait la morale
Le Président de la République française
a exhorté hier les Algériens à panser leurs blessures,
d'hier et d'aujourd'hui, à pardonner à leurs assassins de 1830,
de 1954 et de 2003, confondant bourreaux et victimes. Ancré dans sa
quasi-totalité dans le passé colonial, repère à
partir duquel il a d'ailleurs ouvert son propos, le message essentiel du Président
français, adressé surtout à la France, doit être
compris comme tel : il demande aux Algériens de faire de larges concessions
sur un lourd contentieux historique, conditions sine qua non de la refondation
des relations algéro-françaises sur de nouvelles bases, objectif
essentiel inscrit dans la Déclaration d'Alger. M. Chirac invite ainsi
l'Algérie à tourner la page de son histoire, au sens de lui
tourner le dos, de la renier, d'abandonner sa mémoire et de se plier
à l'ancienne morale coloniale dont il a repris, tout au long de son
intervention, le ton et la morale en présence de M. Bouteflika. Et
d'abord cette phrase qui choquerait l'Algérien le plus demandeur de
visa : « Quelle émotion pour moi de voir aujourd'hui les parlementaires
algériens m'accueillir au palais des nations, à quelques kilomètres
de cette baie de Sidi Fredj où, il y a 173 ans, a commencé la
présence française. » Par cette référence
à la conquête coloniale, M. Chirac, au-delà de l'aspect
émotionnel et solennel de cette évocation, prend soin de recourir
à l'euphémisme « présence française »
plutôt que de nommer les choses par leur nom. Ce qui lui permet, subtilement,
de construire à partir de cette acception morale de la dénomination
coloniale une rhétorique de la réconciliation de laquelle la
France, pourtant, reste auréolée de son passé colonial.
Et c'est précisément avec cet hommage peint aux couleurs de
l'ancienne métropole « généreuse » que M.
Chirac a tenu à honorer le sacrifice des Algériens morts pour
la France : « Tous ces enfants d'Algérie qui ont participé,
lors des deux guerres mondiales, en sacrifiant leur vie à la défense
et à la victoire finale de la France, de ses alliés et du monde
libre. La France sait ce qu'elle leur doit. Elle ne les oublie pas. »
Autre sens tronqué, M. Chirac a parlé de cette « autre
guerre » pour éviter d'affronter le contentieux historique de
la guerre d'Algérie avec son lot de tortures, de disparus, de massacres
sur lesquels il n'a pas dit mot et dont il occulte le caractère de
« guerre de Libération » puisque le propos qui l'évoque
reste tributaire de cette irréalité grandiloquente qui gomme
la mémoire des faits. Pour le chef de l'Etat français, c'est
une « tragédie qui, longtemps, ne voulut pas dire son nom ».
Certes, il reconnaît qu'elle fut « meurtrière » et
que « nous ne devons ni l'oublier ni le renier », mais en appelant
au respect de « toutes les mémoires, de toutes les victimes,
de ceux qui ont combattu dans la sincérité de leurs engagements
», s'agira-t-il de mettre sur les mêmes honneurs « toutes
les victimes de l'indépendance » ? Autrement dit, dans ce message
de la réconciliation des mémoires, il les brouille pour ne pas
avoir à les identifier sereinement, pour la vérité, seul
accès qui permet à la décontraction des relations. Or,
c'est sur l'irréalité de cette matrice d'une impossible réconciliation
sur du vide et de vu pieux que l'hôte de M. Bouteflika a, par des subtilités
langagières et protocolaires, reconstruit l'image de la France et ennobli
les Algériens qui ont servi la France. La présence de M. Mekachera
dans la délégation donnait déjà un avant-goût
d'une France réconciliée avec elle-même sur le dos d'une
Algérie dont le discours a peint l'ancien indigénat. D'autant
que, sur les propositions concrètes, comme aux temps coloniaux, il
a annoncé l'installation de quelques pauvres infrastructures culturelles,
scientifiques et a promis d'être « l'avocat » de ce pays
« conquis » auprès des banques internationales. Rachid
Mokhtari
le matin 3/03/2003
Visas pour la France : ouverture
ou restriction ?
A croire le quotidien Le Monde, le gouvernement français n'est pas
disposé à faire preuve de plus d'ouverture dans sa politique
d'octroi de visas aux Algériens. Dans son édition d'hier, ce
journal français rappelle que depuis la nomination de Nicolas Sarkozy
au ministère de l'Intérieur, le gouvernement ne cache pas son
intention de limiter les flux migratoires par une politique des visas plus
restrictive, particulièrement pour les Algériens. « L'augmentation
massive du nombre des visas délivrés () est à l'origine
de l'accroissement de l'immigration illégale dans notre pays »,
a déclaré Sarkozy au Monde du 18 janvier dernier, en précisant
que son objectif est de « définir une politique précise
et revendiquée de délivrance des visas » pour éviter
« un véritable détournement de procédure ».
Une politique qui débouchera sur le renforcement des contrôles
sur les attestations d'hébergement que le candidat au visa doit nécessairement
fournir. Le ministre de l'Intérieur français avait également
annoncé, selon ce même journal, sa détermination à
fixer le nombre de visas que chaque consulat devrait délivrer. Ce durcissement
de ton intervient au moment où les Algériens ont cru déceler
à travers l'ouverture de deux antennes consulaires, l'une à
Annaba et l'autre à Oran, une volonté chez les Français
de revoir à la hausse le nombre de visas délivrés aux
Algériens. Sachant que pour nombre de demandeurs, satisfaire à
l'exigence d'une attestation ou de garantie de revenus suffisants demeure
inaccessible. Pour sa part, et a contrario, Jacques Chirac a estimé,
hier, que « des améliorations sensibles ont été
réalisées au cours des trois dernières années
» aux conditions de délivrance de visa. Il a soutenu que la France
est disposée à poursuivre cette politique car, dit-il, «
les échanges entre les hommes doivent être au cur de la relation
franco-algérienne ». N. H.
Le matin 03/03/2003
Les enfants de chouhada dénoncent "Le
président chirac doit présenter, au nom du peuple français,
ses excuses aux Algériens pour les crimes de guerre commis contre lui,
comme il a eu à le faire avec les juifs.".
Dans un communiqué rendu public hier, l'Union nationale libre des enfants
de chouhada se dit indignée par la présence parmi la forte délégation
accompagnant le Président français en visite d'Etat en Algérie
de Hamlaoui Mekachra, secrétaire d'Etat français aux Anciens
Combattants. D'autant plus, ajoutent les rédacteurs du texte, qu'il
s'agit d'un ancien serviteur de l'armée française durant la
Révolution algérienne, doublé de représentant
par excellence des harkis auquel a été accordée la nationalité
française. Même si la visite de M. Chirac intervient dans une
conjoncture internationale peu ordinaire, elle n'en impose pas moins une «
halte nationaliste en ce mois des martyrs », lit-on dans le communiqué.
Aussi est-il « de notre devoir en tant que citoyens, en premier lieu,
et militants par la suite, de nous interroger sur la position de la famille
révolutionnaire » quant à cette question, poursuivent-ils.
Et de se demander où sont l'Organisation nationale, le ministère
des Moudjahidine et les autres organisations qui prétendent défendre
les intérêts des ayants droit des martyrs de la Révolution
algérienne. Par conséquent, il est demandé à l'hôte
de l'Algérie de justifier son geste, de présenter, au nom du
peuple français, ses excuses aux Algériens pour les crimes de
guerre commis contre lui, comme il a eu à le faire avec les juifs.
Il est également exigé de Chirac et de la France « historique
» de donner des indemnisations pour tout ce que le peuple algérien
a subi durant 132 ans. Les auteurs de cette déclaration tiennent à
exprimer, à la fin, leur indignation à tous ceux qui ont ouvert
les portes de l'Algérie à ce genre de dépassements. M.
C.
Retour
sur la premiere partie du sujet
Chirac en Algérie
que des mécontents les réactions, Cercle Algérianiste,
Association des familles des victimes du 26 mars 1962, Lettre ouverte de Guillaume
ZELLER . La lecture des journaux : Ravalement de façades à Alger,
Jacques Chirac demain à Algerà la tête d'une importante
délégation, la symbolique des invités qui a accompagnent
Jacques Chirac, « Des visas, Monsieur le Président ! »,
Un harki accompagne le président français, Visite dEtat
du président français, hier, les motus de la foule, A Alger,
Jacques Chirac invoque la "paix des braves" , poignée de
main et Hamlaoui Mekachera mis en cause à tord, allocution de Jacques
chirac 2 mars 2003 , allocution de Jacques Chirac lors de la remise du sceau
du dey d'Alger le 2 mars 2003.
Suite du sujet
sur le voyage du président Jacques Chirac en Algérie en mars
2003
Discours de Jacques
Chirac devant le Parlement Algérien, déclaration commune de
Jacques Chirac et Abdelazid Bouteflika , Jacques Chirac poignées de
main chaleureuses, salue Yacef Saâdi et-Mme Zohra Drif Bitat