Voyage de Chirac du 2 au 4 Mars 2003
en Algérie.
Le rendez-vous manqué de Jacques Chirac
Qualifié par
certains "dhistorique", le voyage en Algérie du Président
de la République Jacques Chirac, s'apparente, pour les pieds- noirs
et les harkis, à un grand rendez-vous manqué.
Le message fort que les Français d'Algérie, quarante ans après
lindépendance, étaient en droit d'attendre afin que soit
rappelée leur contribution à l'histoire et au développement
de l'Algérie, n'a pas été prononcé.
Ce voyage qui aurait dû marquer une étape essentielle sur le
chemin de la vérité et de l'équité à l'égard
de toute une communauté arrachée à sa terre natale, n'a
pas été à la hauteur des attentes et des espoirs qui
étaient les siens.
Comment accepter ainsi que le sort de milliers de disparus, assassinés
par le F.L.N. en 1962, n'ait pas été évoqué avec
plus de force ? Comment accepter également que la libre circulation
de nos compatriotes harkis n'ait pas été exigée, alors
que la France accueille les anciens militants de la cause algérienne
?
Comment accepter, enfin, le mépris toujours affiché et renouvelé
du Président Bouteflika à l'égard de nos compatriotes
harkis alors que dans le même temps, le Président Chirac serrait
la main de Yacef Saadi et de Zohra Drif, poseurs de bombes à Alger,
et dont les noms restent gravés en lettres de sang dans la mémoire
des Français d'Algérie ?
Le dépôt d'une gerbe au cimetière de Saint Eugène
et l'annonce quarante années après leur abandon par la
France - dun plan de restauration des cimetières européens
ne peuvent répondre à eux seuls à la soif de Justice
et d'équité des pieds-noirs et des harkis.
Oui, il s'agit bien dun rendez vous manqué.
Les gestes et les actes symboliques que nous attendions n'ont, pas eu lieu.
Tout reste à faire pour que justice nous soit enfin rendue.
Thierry Rolando
Président National du Cercle Algérianiste Narbonne,
le 7 mars 2003
Voyage de Chirac
du 2 au 4 Mars 2003 en Algérie. (suite)
Du voyage en Algérie du Président
de la République française, deux échos résonnent
lugubrement aux oreilles des Rapatriés : le moment de recueillement
devant le monument à la mémoire des moudjahiddines et surtout
la poignée de mains accordée aux anciens terroristes Yacef Saadi
et Zorah Driff.
Nous regrettons que le Chef de lEtat ne se soit pas rendu devant le
Monument aux Morts dAlger, où les noms des soldats français
morts pour la Patrie au cours des deux guerres mondiales ont été
bétonnés par ceux qui président aujourdhui aux
destinées de lAlgérie. Les Morts de 14/18 et de 39/45
méritaient eux un réel hommage !
Nous avions espéré le rapatriement de notre Monument. Le Président
ne ramène quun cheval, troqué contre les clefs de la Régence
dAlger
Les dossiers lourds, comme celui des Disparus, nont pas été
abordés. La libre circulation des Harkis, tant attendue, nest
toujours pas obtenue.
Dans deux semaines, le Président aura-t-il un mot, un geste pour les
Victimes françaises de la fusillade de la rue dIsly, à
Alger, le 26 mars 1962 ? Nos Morts tombés par amour pour notre Patrie
ne sont-ils pas plus importants que lennemi dhier ? Après
tant de déceptions, nous attendons encore un geste du Chef de lEtat.
Faute de Monument dédié aux Victimes civiles de cette guerre,
nous organisons ce 26 mars une cérémonie sur un bateau-mouche.
Nous y avons convié le Chef de lEtat. Quelle sera la réponse
?..
La Présidente Nicole Ferrandis, Association des familles des victimes
du 26 mars 1962.
Ecrire : isly26mars@wanadoo.fr
Lettre ouverte au Président de la République,
envoyée par Guillaume ZELLER, fils de Bernard ZELLER, Vice-président
des " Amis de Raoul SALAN ". AMIS
DE RAOUL SALAN
Votre visite d'Etat revêt à mes yeux une importance capitale, tant du point de vue politique et culturel, que du point de vue symbolique. Si, bien sûr, il est nécessaire de ne pas penser les rapports de la France et de l'Algérie sous le seul prisme de notre passé commun, il est certains actes qui demeurent délicats à manier.
C'est à ce titre que je me permets de vous écrire, Monsieur le Président, car les poignées de mains que vous avez échangées avec Yacef Saadi et Zorah Drif au Parlement d'Alger m'ont profondément blessé et humilié (je n'ai pourtant que 26 ans ). En songeant à la mémoire trahie des victimes de ces anciens terroristes, des femmes déchiquetées et des enfants terrorisés, c'est mon drapeau que j'ai vu bafoué.
Monsieur le Président, comment pouvez vous dans le même temps retirer la Légion d' Honneur du général Aussaresses et serrer la main de ses adversaires d'alors, dont les méthodes les plus douces étaient au mieux identiques aux siennes.
Vous référant à la politique du général De Gaulle, vous avez évoqué la " Paix des Braves " pour justifier ces poignées de main. Mais, lorsqu'il proposa ce mode de pacification, le Général excluait de son champ d'application les criminels et les terroristes avérés.
Monsieur le Président, je peux concevoir qu'il existe des impératifs de politique étrangère qui justifient parfois certaines concessions, mais porter symboliquement atteinte à une partie importante de notre communauté nationale ( qu'une seule personne suffirait à incarner ) constitue peut être une limite à ce réalisme diplomatique qui vire ici au cynisme.
Je ne me souviens pas que M. Bouteflika se soit incliné devant la mémoire des harkis ébouillantés et dépecés, lors de son passage en France. Je me souviens en revanche qu'il a barré le chemin de son pays aux anciens" activistes " et encore une fois aux harkis.
Je cesse ici ma lettre qui ne vise à formuler aucune requête spécifique, simplement à vous exprimer le point de vue d'un de vos jeunes concitoyens qui avait applaudi à votre discours d'inauguration du monument commémoratif du Champs de Mars, et qui, aujourd'hui, se sent cruellement meurtri.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l'assurance
de ma respectueuse.....
(Extrait du bulletin de l'AMEF)
http://www.lematin-dz 01_03_2003
Ravalement de façades à Alger
Pas de répit cette fin de semaine pour les travailleurs de la Société
des panneaux et de la signalisation routière (SPSR) qui, hier encore,
tout comme jeudi dernier et toute la semaine écoulée, avaient
pour mission de remettre à neuf l'autoroute reliant l'aéroport
Houari-Boumediène à la résidence d'Etat de Zéralda,
qui certainement accueillera le Président français Jacques Chirac.
Ces ouvriers, très jeunes pour la plupart, apparemment originaires
de l'intérieur du pays, ont dû braver la pluie, le vent et le
froid qui ont caractérisé ce week-end pour démonter,
remonter et agencer les glissières en fer qui bordent de part et d'autre
cet axe routier de plus de 40 kilomètres et sujet depuis peu à
une très grande attention. En fait, rien n'est laissé au hasard,
tout doit flamboyer avant demain, dimanche 2 mars. Il faut dire que même
si, ces trois dernières années, les usagers de cette route se
sont habitués aux opérations de lifting qui concernent ce tronçon
la veille des visites officielles de chefs d'Etat, Présidents, émirs
et autres délégations officielles étrangères,
ils sont sans cesse surpris par les prouesses de ce comité chargé
à l'occasion de « blanchir » Alger. D'est en ouest, toutes
les bâtisses, vieilles ou récentes, privées ou publiques,
qu'il s'agisse d'immeubles, d'habitations, de sièges d'entreprise ou
encore de dépôts, que l'on distingue de près ou de loin
en empruntant ce chemin qui relie Dar El Beida à Zeralda et inversement,
sont passées au rouleau de peinture. Même les horribles sachets
noirs qui parsemaient les bordures des routes, chaussées et espaces
verts ont été cueillis un à un. Pour faire propre et
donner une impression de net, on a même eu recours à d'interminables
clôtures pour dissimuler les endroits que l'on veut soustraire aux regards
des invités de l'Algérie et qui « fâcheusement »
se trouvent sur le trajet du cortège présidentiel.
http://www.latribune-online.com/ La Tribune
du 01/03/2003
A la tête d'une importante délégation Jacques Chirac
demain à Alger
Samedi 1er mars 2003 (Par Merzak Meneceur)
Demain dimanche vers 13 heures, Jacques Chirac atterrira à laéroport
Houari Boumediene dAlger pour un acte majeur : effectuer la première
visite dEtat dun président français en Algérie.
Les séjours en Algérie des présidents Giscard dEstaing
en 1974 et de Mitterrand en 1984 nétaient pas placés à
ce niveau protocolaire, le plus élevé. Ce qui a fait dire à
son porte-parole, entre autres raisons, quil sagit dune
«visite historique au sens propre du terme et sa charge symbolique est
très forte». Pour ce moment fort dans les relations algéro-françaises,
le chef dEtat français, accompagnée de sa femme, sera
à la tête dune importante délégation. Celle-ci
comprendra trois ministres, celui des Affaires étrangères, de
Villepin, de la Culture et de la Communication, Aillagon, et du Commerce extérieur,
Loos, et deux secrétaires dEtat qui ont la particularité
dêtre dorigine algérienne, Mme Tokia Saïfi,
chargée du développement durable, et Hamlaoui Mekachera, chargé
des anciens combattants. La délégation comprendra aussi des
parlementaires, des responsables du mouvement associatif, des chefs dentreprise
et des personnalités du monde des arts et de la culture et des sciences,
comme Claude Gaudin, vice-président du Sénat et maire de Marseille,
Denis Bauchard, président de lInstitut du Monde arabe, Bernard
Stasi, médiateur de la République, Malek Boutih, président
de lAssociation SOS Racisme, Claude Estier, président de lAssociation
damitié France-Algérie, Nicole Garcia, comédienne
née à Oran, Claude Cohen-Tannoudji, prix Nobel de physique originaire
de Constantine.... Même Cheb Mami sera du voyage ainsi que le danseur
étoile Kader Belarbi.Vue de Paris, la visite de Chirac en Algérie
revêt une importance historique dont le but est de donner aux relations
entre les deux pays voisins une nouvelle dimension, leur ouvrir dambitieuses
perspectives quantitatives et qualitatives....Les moments forts ne manqueront
dailleurs pas durant cette visite qui devrait voir la signature dune
déclaration de politique commune qui définira le partenariat
et les grands axes de la coopération algéro-françaises.
Ce document devrait comprendre quatre axes : lapprofondissement du dialogue
politique, le partenariat économique, le renforcement de la coopération
et du soutien de la France aux réformes et la circulation des biens
et des personnes. Il y aura aussi un moment particulier et symbolique dès
demain après-midi lorsque Chirac remettra à Bouteflika le sceau
du dey dAlger resté en possession de la France depuis le 5 juillet
1830, jour de la capitulation du dey devant le maréchal de Bourmont.Les
nombreux entretiens en tête-à-tête prévus entre
les présidents Bouteflika et Chirac aborderont, selon Paris, tous les
sujets sans tabous et «dans lesprit damitié».
Cest ainsi quil nest pas exclu que le président français
évoquera le cas des disparus en Algérie après quune
délégation du Collectif des disparus se soit rendue il y a quelques
jours au palais de lElysée, où elle a déposé
un Mémoire.
El watan du 02/03/02
La symbolique dune liste dinvités
Un panel de douze figures des milieux associatif, culturel
et universitaire accompagne depuis hier Jacques Chirac en Algérie.
Le milieu associatif français est représenté par Malek
Boutih, président de SOS Racisme, créé en 1984, avec
pour mission de dénoncer les actes de discrimination et de violence.
Claude Poli et Philippe Nouvion, respectivement président
de la Fédération nationale des rapatriés et secrétaire
général de Recours-France (Rassemblement et Coordination des
rapatriés et spoliés doutre-Mer), représentent,
pour leur part, deux ONG de défense des droits des Français
natifs dAlgérie et danciens combattants de la Guerre dAlgérie.
Lenfant de Saïda, Cheb Mami, porté sur le devant de la scène
musicale internationale depuis des années, figure parmi les invités
de lElysée. Dans lHexagone, Mami est souvent évoqué,
à côté de Cheb Khaled, comme «modèle d'intégration
et meilleur ambassadeur de lAlgérie». Autre star : Nicole
Garcia, réalisatrice et comédienne. Native dOran en 1946,
elle est parmi les convives de Chirac. «C'est un étrange voyage
pour moi, où beaucoup de choses se mêlent... L'intimité
d'un retour et le symbole de l'ouverture vers l'Algérie moderne»,
a-t-elle confié au journal Le Monde pour exprimer son «retour
sur les traces de son enfance et de son adolescence». Le chorégraphe
et danseur-étoile à lOpéra de Paris, Kader Belarbi,
présenté comme «fils dun Algérien d'origine
berbère et colonel en retraite de l'armée française»,
fait également partie des invités. Au courant de cette année,
le danseur présentera, dans le cadre de lAnnée de lAlgérie
en France, un spectacle aux côtés de Kader Attou, autre chorégraphe
français dorigine algérienne, et de la chanteuse chaouie
Houria Aïchi. Autre invité : Louis Gardel. Né à
Alger, il est membre du Conseil supérieur de la langue française
(CSLF), scénariste érudit et auteur de Fort-Saganne, roman retraçant
l'histoire de son grand-père, Charles Saganne, officier de larmée
française en Algérie à partir de 1911. Parmi les personnalités
du monde de la politique et de la culture français, on note autant
la présence de Denis Bauchard, directeur de lInstitut du monde
arabe (IMA), et de Hervé Bourges, président de lUnion
de la presse francophone (UPF) et de Djazaïr 2003, Une année de
lAlgérie en France. Enfin, parmi les universitaires et scientifiques,
on relève la venue de Salima Demime, étudiante, et Claude Cohen
Tannoudji, né à Constantine en 1933, professeur de renommée
mondiale.
Il est lauréat en 1997 du prix Nobel de sciences physiques pour ses
travaux sur le refroidissement laser. A leurs côtés, Jeannette
Bougrab. De père algérien, elle est maître de conférences
en droit public à La Sorbonne. Le fils de Constantine, Enrico Macias,
qui a brillé par sa présence aux côtés du président
algérien, lors de sa visite officielle en France, en juin 2000, brille
autant par son absence parmi les invités de Chirac. Un concert à
lOlympia à la même date du voyage présidentiel,
rapporte Le Monde, laurait empêché de répondre à
linvitation de lElysée. Par Amine
Khaled
Le matin 03/ 03/ 2003
« Des visas, Monsieur le Président ! »
Si la visite du chef de l'Etat français, Jacques Chirac, a «
mobilisé » les foules, les appréhensions des uns et des
autres n'ont pas manqué de diverger, qu'il s'agisse de jeunes chômeurs
ou d'universitaires, de vieilles personnes ou de femmes. L'unanimité
se fera tout de même autour de la facilitation dans la circulation des
personnes, et plus particulièrement pour la délivrance des visas.
« Qu'on arrête de nous traiter comme du bétail ou des indigènes
», nous martèlera Mohamed, un jeune homme rencontré au
niveau des arcades du boulevard Zirout-Youcef. Pour lui, si normalisation
il y a, ce sera d'abord dans le comportement à adopter vis-à-vis
des Algériens, que ce soit au niveau du consulat ou aux frontières.
Son compagnon, Aliou, n'attend rien de cette visite qui vise, selon ses dires,
à rallier plus de pays autour de la position française vis-à-vis
de la crise irakienne qu'autre chose, quand bien même elle aurait été
programmée depuis plusieurs mois. Samir, lui, craint que cela se limite
aux simples formules protocolaires entre chefs d'Etat. « Si normalisation
il devait y avoir, il faudrait que cela soit généralisé
à tous les niveaux, et non seulement entre gouvernements ».
Pour les moins jeunes, la venue officielle d'un chef d'Etat français
en Algérie est symbolique à plus d'un titre dans la mesure où
elle fait tomber les barrières qui existent entre les deux gouvernements
depuis l'indépendance. Ali, quinquagénaire, estime qu'il est
temps d'enterrer la hache de guerre et de penser à améliorer
les relations entre les deux pays, l'Algérie gagnerait à bénéficier
du savoir-faire français, que ce soit dans le domaine de la médecine
ou celui de la technologie. « Il n'y a pas de raison pour que les Français
et les Allemands qui étaient en guerre sont devenus aujourd'hui de
parfaits partenaires économiques et politiques, alors que l'Algérie
continue, sous les prétextes de souveraineté et de non-ingérence,
d'être privée d'une meilleure coopération avec un pays
européen proche de chez nous. Car il ne faut pas se le cacher, la France
est un pays très influent au sein de l'Union européenne. »
Un enseignant universitaire croisé à la Grande-Poste se dira
très flatté par cette visite qui permettra, sans nul doute,
aux Français de voir les Algériens autrement. A côté
de lui, Ahmed reste sceptique, persuadé que cette visite n'apportera
rien à son pays. Il dira : « Je suis là par curiosité
et pour le plaisir des yeux. Si on doit s'attendre à quelque chose,
c'est de nous qu'elle viendra. Et avec le retour de la paix dans notre pays
tout se normalisera. »
Chez les femmes, les impressions sont plus modérées. Si certaines
trouvent cette visite tout à fait ordinaire, la plupart la perçoivent
comme une réelle volonté de renforcer les liens. Mme A. espère
qu'à travers les relations qui vont dorénavant lier les deux
pays, l'Algérie s'alignera sur les libertés individuelles et
collectives qui caractérisent la société française.
Quoi qu'il en soit, ils étaient plusieurs dizaines de milliers à
guetter, hier, le passage du Président français sur les trottoirs
ou à leurs balcons, même si un grand nombre d'entre eux ont été
mobilisés à l'occasion, qu'ils soient lycéens, fonctionnaires
ou tout simplement membres du mouvement associatif.
Le matin 03/03/2003
Un harki accompagne le président français
La première journée de la visite de Jacques Chirac n'a pas éclairé
davantage l'opinion algérienne sur les motifs ayant poussé le
secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants à s'associer à
la délégation accompagnant le Président français.
La venue de Hamlaoui Mekachera, ancien serviteur de l'armée française
durant la Révolution algérienne et représentant par excellence
des harkis, soulève pourtant un grand nombre d'interrogations mais
aussi de dénonciations de la part de certaines associations. Le Collectif
des femmes du Printemps noir n'a pas manqué, hier, de faire le parallèle
entre « l'accueil réservé par Bouteflika à un ministre
harki qui a combattu l'ALN » et la répression qui s'abattait
au même moment sur les délégués du mouvement citoyen
de Kabylie venus manifester pacifiquement leur rejet du pouvoir en cette journée
symbolique. La veille de la visite de M. Chirac, le secrétaire général
de l'organisation des enfants de chouhada avait, lui aussi, réagi à
l'annonce de cette visite en s'élevant contre cette « refondation
sur de nouvelles bases entre l'Algérie et la France en invitant un
ministre harki ». Les interrogations, elles, découlent du silence
observé par les autorités algériennes. Sa présence
aux côtés des officiels accompagnant le chef de l'Etat français
ne pouvait toutefois être ignorée par la partie algérienne
occupée à préparer la visite de M. Chirac depuis de longs
mois. Un communiqué de l'Elysée a même annoncé
publiquement que le déplacement à Paris du Président
Bouteflika, le 5 février dernier, avait été spécialement
entrepris pour régler les modalités techniques du voyage de
son homologue français. Se peut-il que la question ait fait l'objet
de discussions durant la rencontre qui a réuni les deux chefs d'Etat
?
Conscients de la sensibilité du sujet, il demeure cependant très
improbable que les Français aient décidé de manière
unilatérale de joindre Hamlaoui Mekachera à la délégation
choisie par Jacques Chirac. Le silence, voire l'indifférence affichée
de nos dirigeants et des cercles habitués à réagir avec
une célérité déconcertante à la moindre
atteinte aux valeurs de la nation, tend à prouver bien, au contraire,
l'existence d'un accord tacite dont M. Bouteflika tait le contenu. S'étant
personnellement chargé de la préparation de la visite du Président
français, le chef d'Etat algérien a pris à lui seul l'immense
responsabilité de franchir un pas énorme dans un dossier sensible
qui concerne la nation toute entière et qui ne peut, par conséquent,
être réglé sans un débat préalable.A. C.
La Tribune 03/03/2003
Visite dEtat du président français, hier, les motus
de la foule
La capitale a accueilli en grande pompe hier le
président français Jacques Chirac.Depuis plusieurs jours déjà
et jusquà la matinée dhier, de jour comme de nuit,
de nombreux ouvriers saffairaient fébrilement dans Alger à
poser des banderoles de bienvenue, accrochaient des drapeaux tricolores, dont
certains couvraient plusieurs étages dimmeubles fraîchement
repeints.Les portraits des deux présidents, en plus quils étaient
accrochés à chaque coin de rue visible sur le trajet du cortège
présidentiel, ont été distribués en grande quantité
aux citoyens présents pour laccueil populaire. Certains jeunes,
loin des regards indiscrets, se sont même amusés à grimer
les portraits. Les présents pour laccueil sont des employés
de différentes communes de la wilaya dAlger ou encore membres
dassociations. Une employée dAPC a affirmé que sa
présence était justifiée par la menace dun retrait
dune journée de salaire en cas de refus de présence à
laccueil populaire. Dautres vieilles dames, employées dune
autre APC diront juste : «Cest le président de la commune
qui nous a demandé dêtre présents, nous ne pouvons
pas refuser. En plus, cest une façon de montrer que les Algériens
sont hospitaliers.» Au niveau de tous les centres de formation et des
maisons de jeunes, des bus ont été affectés pour accompagner
les élèves vers la place Maurétania. Arrivés à
10h00, ces derniers ont eu droit à un repas froid (du fromage, de leau
et une pomme) distribués par les agents de la wilaya dAlger..Les
troupes musicales du folklore algérien de toutes les régions
du pays ont été présentes pour accueillir le président
français. Elles ont entretenu une atmosphère de festivité.
Au point où les clameurs des citoyens étaient à peine
audibles, ce qui empêchera également les cris des familles des
disparus, présentes pour demander «justice», de percer
le «mur» de musique dressé autour deux. Mais si Chirac
na pas entendu tous les cris de la foule, il a eu la possibilité
de la voir : massée sur les trottoirs, les balcons ou encore juchée
sur des arbres et des lampadaires. Tout au long du parcours, ce sont les cris
aigus des plus jeunes qui se sont fait entendre : «Pas de guerre en
Irak» et «veto». Dautres ont profité du passage
du chef de lEtat français pour crier «Visas, visas».
H. Y
RESUME DU VOYAGE | 03.03.03
|
A Alger, Jacques Chirac invoque la "paix des braves"
Ancien sous-lieutenant de l'armée française en Algérie
de mars 1956 à juin 1957, le chef de l'Etat s'est attaché lundi
3 mars à apaiser les profondes blessures nées de la guerre en
multipliant les gestes symboliques en direction des combattants du FLN, des
harkis et des pieds noirs. Au deuxième jour de sa visite d'Etat en
Algérie, lundi 3 mars, le président français, Jacques
Chirac, s'est attaché à multiplier les symboles de réconciliation
entre Algériens et Français, citant explicitement les harkis
- ces supplétifs algériens qui combattirent aux côtés
de l'armée française durant la guerre (1954-1962) - et allant
jusqu'à serrer la main de deux figures de la bataille d'Alger, qui
luttèrent contre les forces françaises en 1957, avant d'être
emprisonnées jusqu'à l'indépendance. Combattants de la
libération nationale, harkis, pieds noirs contraints à l'exode
: Jacques Chirac a eu un mot et un geste pour chacun, soucieux d'apaiser les
blessures du passé, au risque de la controverse. Le président
de la République a commencé par inviter Algériens et
Français à regarder leur passé "en face" dans
un esprit de réconciliation, allant jusqu'à évoquer la
"paix des braves" du général de Gaulle. "Ce passé,
complexe, encore douloureux, nous ne devons ni l'oublier ni le renier. Marcel
Proust écrivait : 'Certains souvenirs sont comme des amis communs,
ils savent faire des réconciliations.' Laissons nos souvenirs parachever
la nôtre", a déclaré le président français
lors de son discours devant le Parlement algérien, lundi matin. Venu
en Algérie inaugurer "l'ère nouvelle" de la refondation
aux côtés du président algérien, Abdelaziz Bouteflika,
Jacques Chirac s'attache depuis le début de sa visite à promouvoir
une vision apaisée du passé, de "ses ombres et de ses déchirures".
"Respectons toutes les victimes de la guerre d'Algérie, toutes
celles et ceux qui ont combattu dans la sincérité de leurs engagements.
Celles et ceux qui n'ont pu voir se lever les jours de l'indépendance,
comme celles et ceux qui ont dû se résoudre à l'exil",
a souhaité le président de la République.
POIGNÉE DE MAIN
Cet élan rassembleur l'a amené à serrer la main de Yacef
Saadi et de Zohra Drif, deux figures historiques de la bataille d'Alger, qui
sont montées à la tribune du Parlement à l'issue du discours
présidentiel, à l'invitation discrète d'Abdelaziz Bouteflika.
Engagée dans le FLN alors qu'elle était étudiante en
droit, Zohra Drif avait été arrêtée en septembre
1957 en pleine Casbah, en compagnie de Yacef Saadi, par les parachutistes
français. Elle fut emprisonnée jusqu'en 1962. Yacef Saadi dirigeait
alors l'organisation militaire du FLN à Alger. Il est à l'origine
des attentats à la bombe à Alger entre l'automne 1956 et l'été
1957, dont celui du Milk Bar, le 30 septembre 1956, qui avait fait 4 morts
et profondément choqué l'opinion européenne algéroise.
Libéré après les accords d'Evian de mars 1962, il a été
nommé sénateur en janvier 2001 par le président Bouteflika
sur le contingent de 29 nominations qui lui est réservé. Zohra
Drif siège également au Sénat.
Prié ultérieurement d'expliquer son geste, Jacques Chirac a
invoqué "la paix des braves", reprenant la formule du général
de Gaulle d'octobre 1958. "Pour faire la paix, lorsqu'on s'est combattu,
il faut y mettre chacun du sien, non pas pour nous, mais pour les générations
qui nous suivent", a-t-il expliqué lors d'une conférence
de presse.
HAMLAOUI MEKACHERA MIS EN CAUSE
Le président français avait déposé dimanche 2
mars une gerbe au monument des Martyrs, dédié aux victimes de
la lutte de libération nationale. Il a visité lundi matin "avec
émotion" le cimetière Saint-Eugène-Bologhine, cimetière
chrétien et juif d'Alger situé entre la basilique Notre-Dame
d'Afrique et la Méditerranée. Dans le cadre du nécessaire
"travail de mémoire" que Jacques Chirac a appelé de
ses voeux, Paris et Alger ont annoncé lundi un plan d'un million d'euros,
sur cinq ans, pour la préservation des sépultures civiles françaises
en Algérie.
Lors d'un discours devant la communauté française d'Algérie,
à l'ambassade de France d'Alger, le chef de l'Etat a rendu hommage
aux "pieds noirs" qui, "malgré les affres du déracinement
et souvent un sentiment d'injustice face à l'incompréhension
des autres (...), ont su trouver peu à peu leur place dans la communauté
nationale". Au nom de la réconciliation, Jacques Chirac a rappelé
aux autorités algériennes "combien il est important que
tous les citoyens français qui désirent revoir leur terre natale
ou celle de leurs aïeux puissent se rendre dignement en Algérie,
et je pense bien sûr notamment aux harkis". Pour la première
fois depuis le début de sa visite, le président français
a explicitement cité les harkis.
La présence d'Hamlaoui Mekachera, secrétaire d'Etat aux anciens
combattants, dans la délégation présidentielle, a suscité
les critiques de plusieurs médias et associations algériens.
Il est présenté dans le quotidien Le Matin comme "un ministre
harki", "un ancien serviteur de l'armée française
durant la Révolution algérienne". Hamlaoui Mekachera a
été officier d'infanterie, sorti de l'école de Saint-Maixent,
et non un supplétif d'une unité de harkis. Il a servi en Algérie
de 1958 à 1962.
ALLOCUTION DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE LORS DU DINER D'ETAT OFFERT EN SON HONNEUR
ET EN L'HONNEUR DE MADAME JACQUES CHIRAC PAR MONSIEUR ABDELAZIZ BOUTEFLIKA
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE ALGER DIMANCHE
2 MARS 2003.
Monsieur le Président de la République,
Au soir de cette première journée en Algérie, je ressens
une vraie et grande émotion. Emotion après l'accueil exceptionnellement
chaleureux que m'ont réservé cet après-midi les Algéroises
et les Algérois sur le front de mer et à Bab el Oued. Emotion
et honneur d'être parmi vous ce soir, dans ce lieu chargé d'histoire.
Emotion d'être l'hôte d'un ami, d'un ami cher, mais aussi d'un
homme d'Etat qui incarne l'Algérie d'aujourd'hui et qui donne à
ce grand pays toute sa place dans le concert des nations. D'un chef d'Etat,
le Président Abdelaziz Bouteflika, dont je salue le courage et la détermination.
Je mesure la dimension historique de notre rencontre : la première
visite d'Etat d'un Président de la République française
depuis l'indépendance de votre pays en 1962 ! C'est dire la puissance
symbolique de cette invitation dont mon épouse et moi-même vous
remercions chaleureusement et de tout coeur, Monsieur le Président
de la République.
Peu de pays entretiennent des relations aussi profondes, charnelles, complexes,
que l'Algérie et la France. Cette histoire riche est gravée
dans la mémoire de nos deux peuples. Elle fut heurtée, parfois
cruelle, tragique, douloureuse. Je pense, bien sûr, aux déchirements
et aux plaies de la guerre d'Algérie, votre guerre d'indépendance.
Le général de Gaulle a eu l'intuition et l'ambition de la "paix
des braves". Il a voulu très tôt que la France, dans l'honneur
et dans la dignité, coopère avec l'Algérie nouvelle pour
le bien de nos deux peuples. Et cette volonté fut partagée par
les Algériens. Plus de quarante années se sont écoulées.
Le temps est venu, avec l'amitié et la confiance retrouvées,
de regarder l'avenir avec sérénité.
Mais j'ai aussi à l'esprit la tragique décennie écoulée,
au cours de laquelle l'Algérie a souffert au plus profond de sa chair,
face aux assauts du terrorisme. Et je veux dire au peuple algérien
qu'au cours de cette période, le peuple français a partagé
sa douleur, qu'il a admirée, et que, pour ma part, j'ai beaucoup admiré
son courage et sa dignité.
Nos destins sont liés. Nos deux peuples sont proches. Par la géographie,
mais aussi par un attachement profond à leurs propres racines, à
leur identité, à leur culture commune à leur environnement
méditerranéen. L'un et l'autre ont forgé, dans leur histoire,
un caractère farouchement indépendant. Nos deux peuples aspirent
également à vivre côte à côte, dans la paix,
le respect mutuel, la confiance et l'amitié.
La France, aujourd'hui, suit avec attention, amitié et espoir les évolutions
de votre pays. Partout, en Algérie, comme en France, les sociétés
doivent gagner en dynamisme et en audace, libérer les énergies,
susciter l'engagement de chacun, s'affranchir des rigidités pour inventer
une nouvelle relation de l'homme à la société, à
son environnement et au monde. C'est pourquoi la France veut accompagner les
grands chantiers que votre pays a lancés pour tirer le meilleur parti
de son ouverture au monde, pour moderniser l'Etat, pour définir un
nouveau projet de société où se développe l'initiative
individuelle et s'épanouisse ce formidable atout que représente
votre jeunesse.
Monsieur le Président de la République,
Quel meilleur socle que la diversité et la singularité de nos
liens culturels et humains, pour bâtir un authentique partenariat, résolument
tourné vers l'avenir ? Partenariat politique d'abord. Votre pays occupe
toute sa place, beaucoup grâce à vous, Monsieur le Président,
sur la scène internationale. Il est présent et actif dans de
nombreuses enceintes, où sa voix est écoutée, qu'il s'agisse
du système des Nations Unies ou de la Ligue arabe, de l'Organisation
de la conférence islamique, de l'Union africaine, du processus euro-méditerranéen.
A travers le NEPAD, vous jouez un rôle majeur, Monsieur le Président,
dans la définition d'une nouvelle approche du développement
du continent africain. Et je me réjouis que, sur l'essentiel, l'organisation
et l'équilibre du monde dans un cadre multipolaire, le rôle central
des Nations Unies, la lutte contre le terrorisme, le dialogue entre les cultures
et les civilisations, nos positions se rejoignent si souvent. Nous partageons
le même rêve d'une Méditerranée qui soit un véritable
espace d'échanges, de solidarité, de dialogue, de paix, de prospérité.
La relation de l'Algérie avec la France, c'est aussi une relation de
l'Algérie avec l'Union européenne. C'est pourquoi nous avons
fortement appuyé la signature de votre accord d'association. Cet ambitieux
partenariat doit produire tous ses effets, en termes de progrès économique
et social. Et la France vous apportera tout son soutien, comme elle veillera
à ce que l'Union européenne, en cours d'élargissement,
sache proposer à l'Algérie et à ses partenaires du Maghreb
et de la Méditerranée une relation toujours plus étroite.
Nous croyons à l'intégration régionale, aux solidarités
de voisinage. C'est le sens de notre démarche en Europe, qui participe
pleinement de notre vision d'un monde multipolaire. C'est ce à quoi
aspire l'Union du Maghreb arabe. Et j'accueille avec espoir la perspective
d'un sommet de cette enceinte de coopération. La crise internationale
très grave qui s'est ouverte sur la question de l'Iraq a vu la France,
comme l'Algérie, choisir la voie du désarmement dans la paix.
Nous voulons la mise en oeuvre de la résolution 1441, dont toutes les
possibilités doivent être explorées. L'usage de la force
ne peut constituer qu'un ultime recours. Il y a une alternative à la
guerre. Il est indispensable que l'Iraq coopère pleinement et activement
avec les inspecteurs et réponde aux exigences de la communauté
internationale, exprimées dans le cadre des Nations Unies, cadre qui
est le seul légitime pour toute action. Au Proche-Orient, l'Algérie
et la France partagent la même vision de la paix. Fondée sur
le respect du droit international, elle doit aboutir, pour être juste
et durable, à la création d'un Etat palestinien viable et en
paix avec un Etat d'Israël lui-même en sécurité et
pleinement reconnu par l'ensemble du monde arabe, comme celui-ci l'a proposé
à l'occasion du sommet de Beyrouth. La communauté internationale
doit agir avec détermination pour trouver enfin les voies d'une solution
à cette crise qui nourrit la frustration, l'humiliation, le sentiment
d'injustice.
En Afrique également, nos efforts conjoints peuvent faire progresser
la paix et l'intégration régionale. Il y a quelques jours, au
sommet Afrique-France, nous avons exploré ensemble, Monsieur le Président,
les réponses aux crises qui secouent cette région du monde et
auxquelles des populations désemparées paient un très
lourd tribut.
Monsieur le Président de la République,
Nous voulons donner une impulsion historique à notre relation, la porter
à un très haut niveau de confiance et de densité. Pour
cela, multiplions les concertations. Amplifions les relations entre nos Parlements
et entre nos collectivités territoriales. Appuyons-nous davantage sur
l'enthousiasme et le dynamisme de nos sociétés civiles. C'est
dans cet esprit, Monsieur le Président, que nous avons adopté
une Déclaration commune qui marque solennellement notre volonté
refondatrice et qui est le prélude à notre Traité.
Appuyons-nous sur cette formidable richesse humaine qui lie nos deux pays.
La présence en France d'une nombreuse communauté algérienne
constitue un atout majeur. Ces Algériens de France, et les Français
qui vivent dans votre pays, ont développé entre les deux rives
de la Méditerranée des intérêts, des projets ou
des rêves communs. Le puissant élan de solidarité qui
s'est manifesté de part et d'autre, au lendemain de la catastrophe
de novembre 2001, a illustré la force de ce lien. Et j'ai toujours
en mémoire, vous l'avez évoqué tout à l'heure,
ces moments bouleversants vécus à vos côtés lors
de ma visite à Bab El Oued, où je me suis rendu à votre
initiative à nouveau, tout à l'heure, avec la même émotion.
La confiance que nous avons en l'Algérie et en son peuple nous incite
à aller plus loin dans notre partenariat économique. La France
est déjà, vous l'avez dit, le premier partenaire commercial
de l'Algérie, dans une relation équilibrée et dense.
Mais nous voulons susciter un élan d'investissements français
et internationaux vers l'Algérie. Déjà, la France, au
tout premier rang des investisseurs, contribue à l'effort de diversification
de votre économie et à la création d'emplois comme à
la formation des travailleurs. La présence parmi nous, ce soir, de
nombreux acteurs de la vie économique française, et parmi les
plus éminents, témoigne de notre volonté de nous engager
plus résolument à vos côtés, pour contribuer à
vos grands projets d'infrastructure et de développement, mais aussi
participer aux privatisations que vous déciderez. Je ne doute pas de
votre détermination à faire bénéficier les entreprises
de l'environnement économique et de la sécurité juridique
qui leur sont nécessaires.
Monsieur le Président de la République,
Votre présence au sommet de la Francophonie, à Beyrouth, a souligné
votre engagement en faveur de la diversité culturelle et votre attachement
au dialogue des cultures. La famille francophone vous a accueilli avec enthousiasme.
Elle respecte profondément l'identité algérienne, comme
elle respecte celle de chacun de ses membres. L'affirmation de la richesse
culturelle nationale est compatible avec l'acquisition d'autres langues. Dans
cet esprit, la France est disposée à contribuer au renforcement
de l'enseignement du français dans votre pays, comme je souhaite qu'elle
encourage, chez elle, l'apprentissage de la langue arabe qui est, à
l'heure de la mondialisation, un atout tout à fait essentiel.
L'éducation, dont dépend la force de nos pays dans l'avenir,
a vocation à occuper une place de choix dans notre coopération.
Des milliers de jeunes Algériens étudient en France. Des dizaines
d'accords rapprochent nos universités et nos centres de recherche.
D'importants programmes de bourses et de formations facilitent les échanges.
Ils peuvent être encore considérablement développés.Notre
dispositif de Centres culturels remonte en puissance et s'élargit à
de nouveaux publics. Nous devons poursuivre dans cette voie.
Nous avons décidé ensemble d'ouvrir, à Alger, une Ecole
supérieure algérienne des affaires pour offrir le meilleur de
nos formations à vos cadres de demain. Par ailleurs, nous avons décidé
ensemble de créer un Haut-Conseil franco-algérien de coopération
universitaire et de recherche. Il nous permettra de fédérer
les initiatives communes et de multiplier les actions concrètes en
vue de la rénovation de l'Université algérienne et de
l'Université française, rénovation toujours nécessaire.
Dans tous les secteurs, nous mettrons ainsi notre outil éducatif au
service de l'Algérie.
Ce sont les échanges humains qui irriguent notre relation. C'est pourquoi,
nous attachons à la question de la circulation des personnes toute
l'importance qu'elle mérite. Après la réouverture du
Consulat général d'Annaba, nous inaugurerons en 2004 le nouveau
Consulat général d'Oran. Nous sommes déterminés
à mettre en place tous les moyens qui faciliteront, dans un esprit
de responsabilité partagée, la délivrance des visas.
Chirac Jacques declaration reception au soir du 02/03/02
Monsieur le Président de la République,
En 2000, lors de votre visite d'Etat, nous avons décidé d'un
grand rendez-vous entre nos deux pays. Depuis deux mois, la France célèbre
avec éclat l'Année de l'Algérie. Son succès, je
vous l'ai dit, va bien au-delà de nos espérances. Partout en
France, votre patrimoine et l'effervescence créatrice de votre pays
se déploient pour faire connaître les mille visages de la culture
et de la personnalité algériennes.
Je crois dans l'avenir de l'Algérie et dans celui de nos relations.
Puisse ce message de confiance et d'amitié nous permettre de construire
ensemble notre destin. Comme nous l'avons décidé, sachons désormais
privilégier tout ce qui nous unit. Sachons rassembler nos forces pour
refonder la relation d'exception qui existe tout naturellement entre l'Algérie
et la France.
Vive la grande amitié entre nos deux peuples et nos deux pays !
Vive l'Algérie et vive la France !
ALLOCUTION DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC PRESIDENT
DE LA REPUBLIQUE LORS DE LA REMISE DU SCEAU DU DEY D'ALGER ALGER DIMANCHE
2 MARS 2003
Monsieur le Président, et cher ami,
En répondant à votre invitation, en effectuant cette première
visite d'Etat d'un Président français en Algérie depuis
l'indépendance, j'ai conscience d'ouvrir avec vous un chapitre nouveau
de notre histoire commune, le chapitre de la confiance, de l'estime, du respect
mutuel, de l'amitié et de la solidarité. Et ce moment exceptionnel,
j'ai essayé de le concrétiser dans un geste qui soit un peu
hors du commun : le retour à Alger du sceau du Dey Hussein Pacha. Donnant
force de loi aux décisions et traités du Dey d'Alger, ce sceau
symbolisait le pouvoir. Orné de versets du Coran, ce précieux
pendentif d'argent et de cornaline avait été remis le 5 juillet
1830 au Maréchal de Bourmont, qui commandait les forces françaises.
Nous savons les conséquences de ces événements de 1830
sur notre destinée commune. Ils marquèrent un tournant dans
notre relation à la fois si complexe, si riche, si douloureuse et,
finalement, tragique. Mais ce temps appartient désormais à l'histoire.
Et le retour de ce symbole de souveraineté à l'Etat algérien
vient sceller, dans l'esprit, les retrouvailles entre nos deux pays, entre
nos deux peuples, ce nouvel élan dans nos relations, cette volonté
de l'Algérie et de la France d'être solidaires, de se rejoindre
pour avancer ensemble sur les chemins de l'avenir.
Chirac en Algérie
(suite)
Chirac
en Algerie, visite du 3 mars 2003 au 4 mars 2003, le président Chirac
remet le sceau du dey Hussein Pacha, le président Chirac chaleureusement
reçu par la population de Bab El Oued, "La dignité des
Algériens est piétinée", Chirac nous fait la morale,
Visas pour la France : ouverture ou restriction ?, le président chirac
doit présenter, au nom du peuple français, ses excuses aux Algériens
pour les crimes de guerre commis contre lui, comme il a eu à le faire
avec les juifs."