5 JUILLET 2002
Drôle de manière d'évoquer le 5 juillet
1962 sur la télévision d'état.
Après le très mauvais programme des frères Rotman sur
France 3 et T.V. 5
sur la torture en Algérie
Voir
le courrier de Pierre Herdieu
France 2 récidive le 4 juillet 2002
avec un magazine spécial.
Le jeudi 4 juillet 2002 à 21h ,"France-Algérie, je t'aime,
moi non plus", une émission spéciale de la rédaction
consacrée au quarantième anniversaire de l'indépendance
de l'Algérie. Depuis un nombreux courrier voir les réactions
des lecteurs si vous voulez réagir nous vous recommandons
d'écrire à la télévision d'état France
2 cela ne sert pas à grand chose les responsables sont aux abonnés
absents.
Je t'aime, moi non plus.
Présenté par Thierry Thuillier, Patrick Boitet
Invités: Alexandre Arcady, réalisateur, Azouz Begag, écrivain, Malek Boutih. président de SOS Racisme, Idir, Maxime Le Forestier, chanteurs.
Extrait du site de France 2
France-Algérie: 40 ans après...
Le 5 juillet 1962, l'Algérie devenait indépendante,
après cent-trente-deux ans de colonisation française.
Quarante ans plus tard, les relations franco-algériennes restent passionnées
et souvent conflictuelles, comme en témoigna l'ambiance houleuse du
match qui opposa les deux pays au stade de France.
Que reste-t-il de cette histoire mêlée ? Le 4 juillet, France
2 tente d'y répondre dans un magazine spécial, "France-Algérie,
France-Algérie .. " Magazine spécial
signé France 2. "
Le jeudi 4 juillet à 2002 21h, France 2 programme "France-Algérie,
je t'aime, moi non plus", une émission spéciale de la rédaction
consacrée au quarantième anniversaire de l'indépendance
de l'Algérie.
Au programme : interviews sur les deux côtés de la Méditerranée,
reportages en Algérie ("Le retour au bled", "L'Algérie
à deux vitesses") et en France ("les dérouilleurs"
- ils s'en sont sortis et refusent l'étiquette "beurs" -
et "français, mais pas gaulois").
Une émission ainsi expliquée, justifiée et promue par
Thierry Thuillier, qui en fut le maître d'uvre avec Patrick Boitet
: "il y a en France cinq millions de musulmans. Les trois quarts sont
des Algériens ou des Français d'origine algérienne. Si
on ajoute à cette population les pieds-noirs et leurs descendants,
les anciens appelés qui ont participé à la guerre, ...cela
fait beaucoup de gens qui sont concernés par l'Algérie qui,
à des titres divers, ont un lien avec ce pays, un lien souvent douloureux
et charnel.
De l'autre côté de la Méditerranée, trois Algériens
sur quatre ont moins de trente ans. Ils n'ont connu ni la colonisation française,
ni la guerre. Pourtant, ils parlent français, ont accès à
nos médias grâce à la parabole et beaucoup rêvent
de venir en France, où ils ont de la famille. Il y a donc, entre nos
deux pays et nos deux cultures, une relation forte, unique, parfois problématique
et passionnelle. D'où notre idée de dresser une sorte d'état
des lieux".
A l'occasion du 40, anniversaire de l'indépendance algérienne,
France 2 consacre une émission spéciale aux relations complexes
entre les deux pays. En 1962, deux dates marquent leur histoire commune :
Le 19 mars, la signature des accords d'Evian, qui mettent un terme à
la guerre, et le 5 juillet, le départ des dernières troupes
françaises et le début de l'indépendance de l'Algérie.
Le retour au bled. Air Keddadouche, fils de travailleurs immigrés.
Se rend sur la tombe de son père en Kabylie. A travers son regard,
nous découvrons l'Algérie d'aujourd'hui. L'Algérie à
deux vitesses. A Oran, la libéralisation du système profite
à une faible minorité. France: les dérouilleurs".
Dérouilleur est le surnom donné à ceux qui n'ont pas
voulu " rouiller " dans les ghettos d'immigrés et qui ont
tout fait pour s'en sortir, rêves de retour au pays et volonté
de faire partie intégrante de la société française,
portraits croisés de familles franco-algériennes qui habitent
dans la même cité dortoir. Voilà un bien beau programme
Et pour complétez-le tout dans le
sens du dogme le même soir sur France 2 :1956
Une sale histoire.
La programmation spéciale sur l'Algérie 1956, une sale histoire
" 40 ans après, des relations toujours tourmentées ? "
Quarante ans après l'indépendance proclamée le 5 juillet,
à quoi ressemblent les relations franco-algériennes ? Sont-elles
aussi tourmentées que ce fameux match au Stade de France, le 6 octobre
2001, qui dut être interrompu à la 76e minute, après envahissement
de la pelouse, et qui avait débuté avec une Marseillaise huée
et sifflée ?
Côté français, les plaies ne sont toujours pas refermées.
L'attestent les milliers de lettres, de courriers électroniques et
la forte audience suscités, en mars dernier, par la diffusion sur France
3 de "L'ennemi intime" de Patrick Rotman, dont une grande partie
était consacrée à des témoignages sur les tortures
pendant la guerre d'Algérie. Témoignages qui ont fait réagir
d'anciens soldats ou officiers français, des harkis et des pieds-noirs,
se jugeant souvent incompris et premières victimes de l'Histoire.
Les harkis comptent désormais un ministre, avec la nomination, le 17
juin dernier, d'Hamlaoui Mekachera comme secrétaire d'état aux
Anciens combattants dans le deuxième gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.
Mais ils se sentent toujours rejetés. Interviewé par l'AFP le
16 mars, l'un d'eux, Ahcene Bennemis, résumait ainsi son sentiment
: "Ici, on est des bougnoules.
Participants du programme une sale histoire du beau monde ...........
Gilles Perrault, ancien parachutiste,
Jean Daniel, directeur du "Nouvel Observateur". (membre du dogme)
Pierre Vidal-Naquet, historien. (membre du dogme)
Henri Allèg, ancien militant, communiste (membre du dogme).
Robert Verdier, ancien député SFIO.
Roland Le Roy ancien directeur de "humanité". (membre du
dogme)
Reviennent sur le conflit d'une manière partisane.
Recommandation de lecture du Web master de France 2.
" A lire "
Pour en savoir plus sur la guerre d'Algérie.
-"L'Ennemi intime", Patrick Rotman, Seuil (membre du dogme)
-"Aux origines de la guerre d'Algérie", Annie Rey-Goldzeiguer,
La Découverte (membre du dogme)
-"Histoire de l'Algérie coloniale (1830-1954)", Benjamin
Stora, La Découverte (membre du dogme).
"France et Algérie, journal d'une passion", sous la direction
de Jacques Marseille, Larousse
"La guerre d'Algérie" Yves Courrière, fayard .Et
pour finir
liens sont recommandés par France 2.
La
torture pendant la guerre d'Algérie" Site de sciences po : "la
mémoire de la guerre" (bibliographie) thése sans interêt
5 juillet 2002
Souvenir du 5 juillet 1962
Le bruit court sur la région dauphinoise que tous les
Pieds Noirs et leurs descendants vont allumer une bougie à leur fenêtre
à la tombée de la nuit en mémoire des massacres d 'Oran
et des autres villes ce prochain 5 juillet 2002.
Au soir du 5 juillet n'oublions pas d'allumer
une chandelle au balcon pour
commémorer nos morts et disparus.
Nous ferons de même le 26 mars 2003
C'est une initiative du Cercle Algérianiste de Lyon
Autrement dit, il ne s'agit plus, pour l'armée, de combattre
les terroristes du F.L.N. ou les katibas de l'A.L.N. Pour Christian Fouchet,
haut commissaire en Algérie, comme pour le général Ailleret,
commandant supérieur, les seuls terroristes désormais sont les
membres de l'O.A.S. et leur support naturel, la quasi-totalité des
pieds-noirs.
L'agonie de l'Algérie française va commencer avec le siège
de Bab-el-Oued et la fusillade de la rue d'Isly pour se terminer par la tuerie
du 5 juillet dans les rues d'Oran. Mais, pendant quatre ans, celui qui avait
lancé l'appel du 18 juin 1940 pour " l'honneur et la patrie ",
le chef de la France libre, l'homme " providentiel " du 13 mai 1958,
n'avait cessé, dans ses appels au pays, d'affirmer : " Il n'y
a dans toute l'Algérie que des Français à part entière...
Vive l'Algérie française!... La France est ici pour toujours...
Vive Oran, ville que j'aime et que je salue, bonne terre française!...
Cela en est fini du Dien Bien Phu diplomatique... Le F.L.N. va mourir et l'Algérie
sera définitivement française... Le F.L.N. veut l'indépendance,
c'est à dire la sécession, mais cette solution n'est pas viable
pour l'Algérie. Il y a ici plus d'un million de Français de
souche européenne et des musulmans qui veulent rester avec la France...
L'Algérie a besoin de la France... La France doit rester en Algérie...
Les gens du F.L.N. voudraient que je leur passe la main en Algérie.
Cela, je ne le ferai jamais. De mon vivant, jamais le drapeau vert et blanc
ne flottera sur l'Algérie... "
Comment les populations françaises d'Algérie auraient elles
pu ne pas croire à ces serments? Cependant, en France, au printemps
de 1962, ces promesses solennelles sont oubliées et, au contraire,
ce sont les " gens du couteau au vestiaire " qui deviennent les
interlocuteurs et les signataires des accords d'Évian.
Désormais, les " terroristes " à châtier d'une
manière exemplaire sont les pieds noirs victimes d'une responsabilité
collective. Cette politique gouvernementale va faire basculer l'ensemble de
la population européenne dans le camp de l'O.A.S., ce qui provoquera
le ratissage et le bouclage systématique des quartiers populaires.
Pour l'armée et la gendarmerie mobile, l'ennemi n'est plus à
la Casbah, il est à Bab-el-Oued, ce quartier d'Alger la Blanche qui
votait toujours " rouge ".
Il en sera de même à Oran, où l'Organisation armée
secrète a réussi à contrôler l'ensemble de la communauté
européenne qui compte 220 000 âmes. Depuis le début de
1962, la capitale de l'Ouest algérien n'a plus d'igame. Le dernier
inspecteur général de l'administration en mission extraordinaire,
Andrieu, ayant quitté son poste dans des conditions alors mal connues,
le gouvernement ne lui a jamais désigné de successeur. Le maire,
Fouques-Duparc, a abandonné sa ville depuis longtemps. Les pouvoirs
civils sont concentrés dans les mains du préfet de police, Denizot,
qui a dû évacuer sa " forteresse " de la place Kléber
où il ne se sent plus en sécurité, pour installer son
P.C. dans les casemates inexpugnables de la base de Mers el Kébir.
Ses adjoints siègent dans les bâtiments de la vieille préfecture,
dans les bas quartiers, devenue un camp retranché où même
les officiers supérieurs qui s'y rendent en mission officielle sont
souvent fouillés " à corps " par les C.R.S. avant
d'être admis dans les bureaux. Car, à plusieurs reprises, le
plastic a fait sauter les bureaux de la préfecture de police. Avec
quelles complicités? La même question se pose pour les attentats
perpétrés à l'intérieur du Château Neuf,
siège du corps d'armée, auquel les employés civils n'ont
plus accès depuis longtemps.
Pourtant les autorités civiles et militaires disposent de nombreuses
forces pour le maintien de l'ordre. Zouaves, artilleurs, fantassins de marine
montent la garde à la lisière des quartiers européen,
israélite et musulman, à l'abri de leurs réseaux barbelés.
Les C.R.S. effectuent des patrouilles, contrôlent le siège des
administrations, surveillent les abords des établissements scolaires.
Les " barbouzes ", qui n'ont pas d' " existence officielle
" élisent pour quartier général une classe de solfège
du lycée de jeunes filles à Miramar. Mais les gendarmes mobiles
comptent dans leurs rangs un certain nombre de pieds-noirs. Il faudra faire
venir en renfort des gendarmes de la métropole. Ils deviendront vite
odieux au moment des grandes perquisitions au cours desquelles des appartements
seront saccagés. Quant à la police d'état, elle est,
dans sa grande majorité, aux ordres de l'O.A.S., car son recrutement
est local.
C'est dans cette atmosphère de guerre civile et subversive que les
Européens, conscients de la volonté de Paris de donner l'Algérie
au F.L.N., vont se préparer à faire d'Oran, flanqué de
la base navale de Mers el Kébir et des bases aériennes de La
Sénia et de Lartigue-Tafaraoui, un réduit qui resterait français.
Les résultats du référendum d'avril 1962, la mise en
place d'un exécutif provisoire à Rocher Noir, le remplacement
progressif des forces françaises par une force locale firent comprendre,
même aux plus irréductibles, que tout espoir devait être
abandonné.
Mais un dernier carré va rester sur place jusqu'à la dernière
heure. Les " desperados " de l'O.A.S. se sont groupés autour
du général Gardy.
Cet ancien Saint Cyrien a, en face de lui, le général Katz,
sorti du rang, qui s'est juré d'avoir la peau des pieds noirs. Chef
de la place d'Oran jusqu'à la proclamation de l'indépendance,
il donne la consigne de tirer à vue sur tout Européen qui aurait
l'audace de paraître sur une terrasse ( un balcon lors d'un bouclage.
Une des premières victimes sera la petite Dubiton (dont le père,
employé municipal, été tombé sous les balles d'un
terroriste du F.L.N.) qui aura les deux jambes sectionnées par une
rafale de mitrailleuse la veille de sa première communion.
Désormais, les quais du port comme l'aéroport de La Sénia
sont envahis par une foule désespérée qui tente de gagner
la France, misérable marée humaine chargée de ballots
de linge et de pauvres valises en carton.
Mais le massacre du 5 juillet dans les rues d'Oran va vite aboutir à
une tragique diaspora.
Ce matin là, premier jour de l'Algérie nouvelle, sept katibas
de l'A.L.N. avaient défilé dans les rues de la ville. Les représentants
officiels de la France étaient partis et le G.P.R.A. n'avait pas encore
désigné leurs remplaçants. Soudain, une fusillade éclate.
Plus tard, les autorités algérienne devront reconnaître
qu'elle a été déclenchée par des " éléments
irresponsables >
Les blessés sont égorgés
C'est alors qu'une vague de folie part de faubourgs musulmans
pour déferler su les quartiers européens. Hommes, femmes enfants,
vieillards sont indistinctement abattus à coups de mitraillette ou
au couteau. Les blessés sont égorgés jusque sous les
yeux des sentinelles françaises qui montent la garde, boulevard Joffre,
devant le service social de l'armée. Ces militaires obéissent
à la consigne donnée par 1e général Katz de n'intervenir
sous aucun prétexte.
Au lendemain de ce " massacre des innocents ", les seules paroles
de regret ne seront pas prononcées par un représentant de la
France, mais par le nouveau préfet de la wilaya, Saïah Abdelkader,
qui donnera l'ordre d'arrêter les meneurs, le fera présenter
aux envoyés spéciaux de la presse internationale, avant d'ordonner
leur comparution devant un tribunal militaire de l'A.L.N. La plupart des victimes
- - Seront retrouvée pendues aux crochets des abattoirs de la ville.
- - D'autres furent jetées à la décharge publique du
Petit-Lac.
- - Leur nombre n'a jamais pu être évalué avec précision
Ce fut alors le grand départ et le début du lamentable exode
qui allait éparpiller aux quatre coins du monde près d'un million
et demi de Français d'Algérie
Lorsque la grande vague fut étale, on en compta 1 380 000 en France
(dont 17 000 en Corse), 50 000 en Espagne, 12 000 au Canada, 10 000 en Israël,
1 550 en Argentine. Trente mille seulement étaient restés en
Algérie, sur cette terre qui les avait vus naître et où
ils voulaient mourir.
J'ai rencontré à Philadelphie, aux Etats-Unis, une Française
originaire d'Algérie qui avait quitté son pays en 1947 pour
épouser un Américain qu'elle avait connu après le débarquement
des troupes alliées en Afrique du Nord. Elle était âgée
de vingt ans lorsqu'elle avait quitté sa ville natale. Quand le hasard
me mit en sa présence, elle était devenue américaine
à un point tel qu'elle parlait sa langue maternelle avec l'accent yankee.
Elle avait suivi les événements d'Algérie à travers
la presse des Etats-Unis, depuis la rébellion du 1er novembre 1954
jusqu'à la proclamation de l'indépendance, le 5 juillet 1962.
Mais quand, avec l'émotion que l'on devine, après avoir évoqué
le départ en catastrophe de centaines de milliers de ses compatriotes,
j'en vins à parler de la difficile intégration des pieds noirs
au sein de la communauté française, elle me coupa brusquement
la parole pour me demander :
- Les pieds-noirs? Mais qui sont ces " pieds-noirs " ?
Car pour cette Française d'Algérie américanisée,
le terme était inconnu. Elle connaissait bien des Indiens établis
dans une réserve du nord des Etats-Unis, à la frontière
canadienne :
- des Hurons ou des Iroquois, elle ne savait pas très bien que l'on
appelle les " Blackfoot ", mais elle fut tout étonnée
d'apprendre que le mot que je venais de placer dans notre conversation s'appliquait
aux rapatriés d'Afrique du Nord.
Il est vrai que le terme n'est que récemment entré d'une manière
officielle dans la langue française et après un long cheminement
dans la pensée. Au début, il eut peut être un sens péjoratif.
Aujourd'hui, il est fièrement revendiqué par ceux qui y ont
droit et il figure dans le Petit Larousse accompagné de la définition
suivante : nom masculin (familier), habitant de l'Algérie d'origine
européenne; pluriel .-pieds-noirs. Cette définition peut sembler
inexacte car les rapatriés de Tunisie et du Maroc sont aussi fiers
d'être des Pieds-noirs.
Jusqu'en 1944, les Pieds Noirs sont restés des inconnus pour les Français
de la métropole. Il a fallu les débarquements de Normandie et
de Provence, la libération de Toulon, Marseille et Lyon par les troupes
de De Lattre de Tassigny, l'entrée triomphale dans Paris et Strasbourg
de la division Leclerc, pour que la France, libérée de ses chaînes
par l'action conjuguée de la l ère armée et de la 21
D.B. (composées en majeure partie d'appelés et de volontaires
d'Afrique noire et d'Afrique du Nord unis dans un fraternel coude à
coude avec d'autres volontaires évadés de France par l'Angleterre
ou par l'Espagne), prît subitement conscience qu'il existait, hors de
l'hexagone, des centaines de milliers de concitoyens dont la censure de l'occupant
lui avait fait ignorer les lauriers cueillis sur les champs de bataille, de
Bir Hakeim à Strasbourg en passant par Tunis et le mont Cassin.
Ceux qui eurent la joie de recevoir chez eux les premiers libérateurs
enregistrèrent avec surprise les accents d'Oran, de Bône ou de
Bab-el-Oued, aussi différents entre eux que ceux du Niçois,
du Marseillais ou du Bordelais. Ils apprirent aussi que si deux d'entre eux
s'appelaient Durand ou Bertrand, cinq autres répondaient aux noms de
Garcia, Fernandez, Lubrano, Martinelli ou Lévy.
Cependant, les journées de joie folle qui suivirent la libération
du territoire national furent vite oubliées et, lorsque débuta
la guerre d'Algérie, ce pays n'était pour beaucoup de contribuables
français qu'" une colonie qui coûtait cher ". Lorsque
sonnera, en 1962, l'heure de l'indépendance algérienne, les
Pieds - Noirs ne seront, dans l'esprit de certains, que " des fascistes,
des terroristes de l'O.A.S. ou de riches colons que leurs comptes en banque
mettaient à l'abri du besoin ".
Une race solide
Rares étaient ceux qui, pour y avoir séjourné,
savaient que les départements algériens avaient suivi l'évolution
de la vie politique de la France. En 1936, Oran s'était déjà
donné un député socialiste S.F.I.O. et avait envoyé
de nombreux volontaires aux brigades internationales de la République
espagnole, tandis que l'Echo d'Alger, alors dirigé par Jacques Duroux,
membre de la gauche démocratique du Sénat, et Oran Républicain
appuyaient la politique du Front populaire. Ce sont des réseaux de
la France combattante qui, en novembre 1942, avaient préparé
le débarquement anglo-américain. Enfin, depuis la fin des hostilités,
en 1945, Alger, Oran et d'autres grandes villes s'étaient donné
des municipalités de gauche contrôlées par le parti communiste
Le parti socialiste était majoritaire dans la plupart des grandes agglomérations
et ses députés, comme les communistes furent nombreux à
représenter l'Algérie l'Assemblée nationale.
Il ne faut pas oublier non plus que le pionniers de la conquête, ceux
qui s'étaient vu attribuer des parcelles de marais pestilentiels ou
de terres à palmiers nains et à jujubiers, avaient été
les indésirables de la monarchie de Juillet, les ouvriers des barricades
de 1848 et de 1851 (l'ancien député d'Alger, Lagaillarde, est
un descendant du député Jean-Baptiste-Victor-Alphonss Baudin
mort à Paris sur les barricades le 3 décembre 1851); les opposants
du second Empire, les déportés de la Commune, les exilés
de l'Alsace et de la Loi raine annexées en 1871. Il est bon de rappeler
à ce propos que Napoléon III tint longtemps rigueur à
la " colonie " de ses sentiments républicains, voire socialistes,
lors du plébiscite de décembre 1851 Alors que la France métropolitaine
l'avait plébiscité à 92,5 %., les territoires civils
d'Algérie ne lui avaient donné que 50,6 % (dans le Constantinois
les non l'emportèrent par 55 %). Les abstentionnistes sont nombreux
puisqu'ils représentaient 43 %. du corps électoral. Dès
le coup d'état et devenu empereur, Napoléon III fit de l'Algérie
une succursale de la Guyane et de la Nouvelle Calédonie en y envoyant
les opposants, notamment ceux des départements du Gers, du Lot et Garonne,
de la Nièvre et de l'Yonne. En l'espace de dix ans, des barricades
de 1848 à la loi dite de Sécurité générale
signée en 1858, 6 258 condamnés furent dirigés sur les
pénitenciers militaires de Lambèse et de Douéra ou sur
des centres de défrichement.
Ce sont essentiellement les Alsaciens et les Lorrains voulant rester français
malgré tout qui créèrent des centres de colonisation
en Kabylie et en Oranie, à Renan et à Kléber notamment,
tandis qu'à quelques kilomètres plus à l'est des Rhénans
du Palatinat s'établissaient à La Stidia.
Des immigrations étrangères devaient aussi contribuer au succès
de cette première colonisation : les Espagnols chassés par la
misère des provinces levantines et andalouses vinrent s'établir
en Oranie dont la capitale avait été espagnole jusqu'au tremblement
de terre de 1790, qui obligea la garnison du presidio à évacuer
la ville et le port forteresse de Mers el Kébir. Ils s'implantèrent
surtout dans la région de l'oued Mellah (la rivière salée),
où ils créèrent le centre viticole de Rio Salado, ainsi
qu'à Saint Denis du Sig et à Perrégaux, où ils
développèrent la culture des orangers et des oliviers.
Les Mahonnais et les Majorquins vinrent se fixer dans la Mitidja où
leur expérience de l'irrigation permit d'intensifier les cultures maraîchères,
notamment les tomates, les aubergines et les piments, qui sont à la
base d'un mets typiquement Pied Noir : la " frita " ou " tchatchouca
". Les Maltais et les Siciliens, enfin, furent attirés par la
province de Constantine où ils se consacrèrent à l'élevage
des caprins et des ovins.
A tous ces éléments méditerranéens, dont les migrations
furent commandées par des nécessités économiques
et des conditions géographiques bien déterminées, vinrent
se mêler d'autres colons " accidentels " comme les anciens
soldats de la légion étrangère et de l'armée d'Afrique
et les réfugiés de la guerre civile espagnole. De cet amalgame
fondu dans le même creuset est née une race solide et courageuse,
fière et impulsive qui, en quelques décennies, a donné
à la France deux maréchaux de France, un prix Nobel de littérature,
des savants, des penseurs, des écrivains, des romanciers, des vedettes
de la scène et de nombreux champions sportifs.
Il aura fallu le déplacement massif de plus d'un million de personnes
pour que des statistiques officielles soient établies afin de déterminer
les catégories socioprofessionnelles d'une population française
que beaucoup ignoraient : 72 % des Pieds Noirs connaissaient la métropole
avant les "événements ". Sur 100 personnes, 52 avaient
arrêté leurs études à la fin du cycle primaire,
21 avaient reçu un enseignement secondaire ou technique, 19 avaient
atteint le baccalauréat, 8 avaient poursuivi des études supérieures.
Sur 360 000 chefs de famille, 24 % étaient des ouvriers, 20 %. des
employés, 18 % des commerçants ou artisans, 10 % des retraités,
8 %. des agriculteurs, 8 % des cadres ou des personnes exerçant des
professions libérales, 12 %. des fonctionnaires. 700 000 à 800
000 d'entre eux ne possédaient rien, devait déclarer plus tard,
lors d'un débat devant l'assemblée nationale, Christian Fouchet,
alors ministre de l'intérieur.
Ces employés, ces ouvriers, ces intellectuels, ces fonctionnaires,
ces agriculteurs, patrons ou prolétaires, n'ont jamais envisagé,
même aux heures les plus terribles du terrorisme urbain, qu'ils pourraient
être conduits un jour à quitter leur terre natale. Ils appuyaient
leur détermination sur les promesses du plan de Constantine, l'avenir
du pétrole et du gaz sahariens, les milliards de francs investis dans
la continuation des travaux de la base de Mers El Kébir et les propos
tenus par Robert Buron, alors ministre des Transports du général
de Gaulle, venu inaugurer l'aéroport d'Oran La Sénia et qui
déclara très haut à ce propos : " Si nous avons
investi des milliards pour la réalisation de cette uvre magnifique,
c'est pour vous démontrer que la France est décidée à
rester ici et pour longtemps. "
En pleine guerre d'Algérie, les immeubles, en particulier les logements
sociaux, ne cessèrent de croître dans les villes-champignons.
Prenons l'exemple d'Oran : en 1832, le commissaire du roi des Français,
Pujol, avait recensé 3 800 habitants, dont 750 Européens, 250
musulmans et 2 800 israélites. En 1913, avant la première guerre
mondiale, Oran comptait 101000 habitants dont 49 500 Français, 10 000
israélites naturalisés en vertu de la loi Crémieux, 25
000 étrangers européens et 16 500 indigènes musulmans.
Le département comptait 1 100 000 habitants. Quarante ans plus tard,
la ville avait plus de trois cent mille âmes et le département
près de deux millions. L'indépendance, contrairement aux prévisions
optimistes des dirigeants de Paris, allait vider cette cité et l'hémorragie
humaine devaient s'étendre au reste du pays.
Au moment du vote de la loi d'accueil du 27 décembre
1961, le secrétariat aux Rapatriés avait évalué
à 200 000 au maximum le nombre des Français qui pourraient être
amenés à quitter leur foyer,' leur situation et leurs biens
dans les mois à venir. Mais au début de 1963, 230 000 familles
avaient déjà déposé les dossiers qu'elles avaient
dû remplir à leur arrivée en métropole. Selon les
départements, les jeunes de un à vingt ans représentaient
de 34 à 38 % des rapatriés ; les adultes de vingt et un à
cinquante cinq ans, de 41 à 48 %, les personnes âgées,
de 14,5 à 20,5 %. Ces chiffres concernaient 640 000 rapatriés,
dont 47 %. Des hommes et 17 %. Des femmes avaient retrouvé une situation
; 35 %. s'étaient concentrés dans la basse vallée rhodanienne
et les Alpes, 16 % dans la région parisienne et 10 entre les Pyrénées
et la Gironde.
En 1966, d'autres statistiques furent dressées : elles portaient sur
1 368 065 rapatriés. Leur masse totale représente actuellement,
onze ans après l'exode, une population active de 30 % qui s'est reclassée
pour 17 %. Dans le secteur primaire, pour 43 %. dans le secteur secondaire
des industries de transformation et pour 40 %. dans le secteur tertiaire.
LES REACTIONS DES LECTEURS DE BAB EL OUED STORY
Courriel de PB
Cela fait plus de 40 ans que vous nous traînez dans
la boue.
Votre choix de témoins pour l'émission France - Algérie
- je t'aime moi non-plus" est plus que contestable.
Vous nous rebattez sans cesse les oreilles avec une discrimination
sur le nom, le faciès et autres.
Votre courage est tellement grand, que vous vous gardez bien d'inviter des
Harkis et des Pieds-Noirs, il est vrai que certaines vérités
preuves à l'appui ne sont pas bonnes à entendre !
Ce n'est pas Arcady pied-noir peut être, mais de gauche sûrement qui vous apportera un débat contradictoire, quant aux autres participants inutiles d'en parler, nous n'avons aucun point commun avec eux.
J'espère que vous nous ferez pas le même coup que le lécheur de bottes de Delarue, son émission n'était en rien représentatif de la communauté Harkis- pieds-noirs.
A toute fin utile, j'attire votre attention sur le fait que le Ministre des Anciens Combattants est un Harki, ce qui sera dit dans votre émission pourrait fort bien l'insulter !
Il est fort probable que votre reportage a été
tourné à l'époque du règne de Jospin 1er, qui
s'est pris dans le fondement le plus beau drop-goal que l'on pouvait imaginer.Pensez
que vous aussi, pourrait bénéficier de ce même drop.
Le mensonge a fait son temps, il nécessaire de rétablir la vérité.
Autre réaction de H.C
Cela ne change pas !
Information de première main recueillie directement
par moi 40 ans après, le 4 juillet, veille du massacre de plusieurs
milliers d'Oranais et au moment où un million de PN et les harkis traversaient,
subissaient un des plus grand exode de l'histoire, France 2 ne donnera la
parole qu'a des Algériens, car les PN ne semblent pas assez "positifs".Ces
dames, ces messieurs qui ont décidé ce choix de témoins
pour une prochaine émission de France 2, traitant de l'exode des pieds
noirs et d'harkis de juillet 1962 :
Pour qui nous prennent-ils ces responsables d'émissions ?
Pour des affabulateurs ?
Pour des ex-ou fils d'exploiteurs de bournous ?
Ne sont nous pas de témoins, dignes d'être entendus ?
Peut-être ne sommes nous pas français ?
Ou alors nous considèrent-ils que nous sommes une communauté
à part. Alors si c'est cela, de la part de ceux qui choisissent les
participants, cela devient du racisme !
Il faut montrer notre désapprobation : Tout français d'Algérie,
de toute confession, descendant de notre, communauté, doit envoyer
cet e_mail à : France2, dont voici l'adresse : mediatrice@francetv.fr