Le CRAN « exigeait » le 6 septembre 2006 que le Petit Robert 2007 soit retiré du commerce, s’insurgeant contre sa définition de la colonisation qui met, selon lui, “en valeur” le “rôle positif” de cette période. La définition donnée par Le Petit Robert est équilibré puisqu’elle parle de “mise en valeur” mais aussi “d’exploitation”. Une fois encore, le même procédé est mis en oeuvre : une indignation de circonstance consiste à victimiser en utilisant une citation tronquée… Ce procédé relève désormais d’une véritable censure tendant à pousser le supposé politiquement correct jusqu’à en faire une inquisition marxiste-léniniste.
Un bon souvenir des débats sur la loi du 23 fevrier 2005, la notion de rôle positif était précédée de l’expression en particulier qui appelle à l’évidence l’évocation d’aspects négatifs quand on traite en général de l’Histoire de la présence française Outre-Mer. Dans un souci d’équilibre que beaucoup feignent de ne pas percevoir, le texte de la loi appelle également à la reconnaissance envers les soldats issus de l’Outre-mer qui sont venus combattre pour la France notamment durant les deux guerres mondiales. Ce rappel n’est pas seulement un devoir de mémoire envers les morts, c’est aussi un message d’espoir envers les vivants, les enfants Rapatriés Pieds Noirs et Harkis, comme les enfants d’immigrés dont beaucoup ont eu dans leur famille un de ces combattants. "Sans l’article 4 de la loi, leurs mémoires ne seraient plus honorées ".

Voir aussi

. Article de Valeurs Actuelles
. Le cran une association pour exclure une partie de la population de la nation Française.
. Les définitions "colonisation"et de "coloniser" du petit Robert 2007.

Valeurs Actuelles n° 3641 paru le 8 Septembre 2006 Le crime du Petit Robert


En pleine forme, la police de la pensée !
Les vacances à peine finies, elle reprend du service, via le Conseil représentatif des associations noires et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples. Cran et Mrap s’en prennent cette fois à une vénérable institution française, le Petit Robert. Crime de ce dernier, selon Patrick Lozès, président du Cran : « Dans l’édition 2007, quand vous ouvrez le dictionnaire au mot colonisation, vous lisez : “Mise en valeur, exploitation des pays devenus colonies” ; à coloniser, vous avez : “Coloniser un pays pour le mettre en valeur”. Il n’est pas possible que l’on continue à instiller que la colonisation a pu avoir un rôle positif ». Pour Mouloud Aounit, secrétaire général du Mrap, il s’agit là d’une « nouvelle tentative de glorification du colonialisme ».
En fait de nouveauté, les plaignants se réveillent tard : les mêmes définitions se trouvent déjà dans mon édition 1996, et tout porte à croire qu’elles sont inchangées depuis de nombreuses années. Ensuite, leur mauvaise foi est patente. Le Petit Robert précise systématiquement dans ses définitions que cette « mise en valeur » et cette « exploitation » se faisaient « dans l’intérêt du pays colonisateur ». Mais peu importe à nos censeurs, qui réclament rien moins que le retrait de l’ouvrage des librairies !
Formule contestable.Que la colonisation ait engendré inégalités, racisme, atteintes à la liberté et à la dignité des peuples colonisés, nul ne le nie. Mais c’est l’expression « mise en valeur » qui hérisse MM. Lozès et Aounit. Admettre que les pays colonisateurs ont globalement laissé leurs anciennes colonies dans un état supérieur à celui dans lequel ils les avaient trouvées leur est manifestement impossible. Est-ce faux pour autant ?
Relisons l’indispensable Historiquement correct de Jean Sévillia, qui vient d’être édité en livre de poche (Perrin, collection Tempus). « Aux États africains et à Madagascar, écrit-il, la France lègue un personnel administratif qu’elle a formé, et des infrastructures considérables : 2 000 dispensaires, 600 maternités et 40 hôpitaux ; 18 000 kilomètres de voies ferrées, 215 000 de pistes principales, 50 000 de routes bitumées, 63 ports, 196 aérodromes ; 16 000 écoles primaires et 350 collèges ou lycées. » Et des chiffres comparables existent pour l’Afrique du Nord et l’Asie. L’historien Jacques Marseille va plus
loin. Dans Empire colonial et capitalisme français (Albin Michel, 1984), il démontre que la colonisation a davantage coûté à la France qu’elle ne lui a rapporté. Tous comptes faits, c’est peut-être la formule du Petit Robert, « dans l’intérêt du pays colonisateur », qui est la plus contestable. Pas sûr que Cran et Mrap osent le reconnaître…Gérard Gachet

 
           
   
Le Cran, Conseil Représentatif des Associations Noires, a été fondé le 26 novembre 2005 pour représenter et défendre les droits des communautés noires françaises, un peu sur le modèle du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France). Sans orientation politique, il fédère plus de 120 associations dont l'objectif est de lutter contre le racisme anti-noir et de valoriser les cultures afro-antillaises. Il est actuellement présidé par Patrick Lozès, responsable du Centre d'Action pour la Promotion de la Diversité en France (CAPDIV) et membre de l'UDF. Parmi les membres fondateurs, on trouve entre autres Stéphane Pocrain, ex-porte-parole des Verts, le chanteur Manu Dibango, l'ancien président de SOS Racisme Fodé Sylla et la journaliste Eugénie Diecky.
     
 

Chargement de la définition du petit Robert 2007 sur colonialisme