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Le patron d’Europe
1 (groupe Lagardère) Jean-Pierre Elkabbach [1] a consulté
Nicolas Sarkozy pour l’aider à recruter le journaliste
politique en charge de l’MP, en remplacement de Caroline Roux
(sur le départ pour Canal +).
Cette affaire « qui ne pèse pas lourd
» comme l’a dit Elkabbach au Canard Enchaîné
a débuté il y a une dizaine de jours. Dans l’avion
qui l’emmène à Chamonix, le ministre de l’Intérieur
et président de l’MP a été interrogé
par un journaliste sur les rumeurs qui circulaient dans la rédaction
d’Europe 1. « Pas gêné le moins du monde
», raconte Le Canard, le ministre répond : «
Bien sûr. Et c’est normal. (...) J’ai été
ministre de la Communication. Je suis ça de près,
ça fait partie du travail politique. (...) Si vous saviez.
Il n’y a pas qu’Elkabbach qui fait cela... » [2].
Malaise au sein de la rédaction d’Europe
1... Résultat : Elkabbach doit s’expliquer auprès
des journalistes de cette station, ce qu’il fait le jeudi
16 février au cours de la conférence de rédaction.
Reconnaissant les faits, il ajoute ensuite qu’il serait «
normal de consulter les politiques » pour « justement
recruter des journalistes pas trop près du pouvoir ».
Contacté par Le Canard, le président
d’Europe 1 détaille sa méthode : « Quand
je recrute, je tends l’oreille, j’écoute (...)
J’examine les CV, j’en parle avec l’état-major
de la rédaction. (...) J’en parle aussi avec des responsables
de presse, des associations, des syndicats et des responsables politiques
de toutes tendances ».
Nous voilà donc rassurés ! A quoi
bon tout ceci ? La réponse ne se fait pas attendre : «
C’est la démarche classique de tout chef d’entreprise
pour choisir les meilleurs, les plus libres et les plus indépendants
». Effectivement, vu sous cet angle, c’est implacable...
Et Elkabbach de poursuivre : « J’ai
dit à Nicolas Sarkozy : "Est-ce que tu connais, dans
la nouvelle génération qui émerge, qui sont
les meilleurs ?" Il m’a donné deux ou trois noms
qui étaient déjà dans ma liste... » Il
avait donc bien sélectionné les « meilleurs
» !
Pourtant, coup de théâtre : à notre grande surprise,
il prévient : « D’ailleurs, ces noms-là,
ils ne seront pas retenus ». Et d’enfoncer le clou :
« Je ne vais quand même pas demander à Sarko
qui il se choisit, ce serait aberrant ! » C’est certain
! Il aurait même pu ajouter : « et contraire à
la plus élémentaire déontologie journalistique
! » A ce stade, nous sommes sonnés, KO devant ce chef-d’œuvre
de rhétorique...
Entré à France V à Oran en
1957 il fuit l’Algérie en 1961 pour Inter-actualités
en 1961, présentateur du journal d’Antenne 2 de 1970
à 1972, rédacteur en chef de France-Inter en 1975
(avant de prendre la direction de la rédaction de la Maison
de la radio l’année suivante), avant de revenir à
Antenne 2 en 1977. Sa dépendance légendaire à
l’égard du pouvoir giscardien, lui vaudra d’être
évincé peu après la victoire de la gauche en
1981. Il rejoint Europe 1 où il présente la tranche
matinale de 8 heures à 9 heures de 1987 à 1988, avant
de devenir directeur général adjoint de la station.
Devenu président de France Télévision en 1993,
contraint de partir en 1996 (à la suite de la découverte
des contrats juteux consentis à des animateurs-producteurs),
il revient à Europe 1.
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