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Les déclarations
du président de la région du Languedoc Roussillon,
Georges Frêche le 11 février ont fait couler beaucoup
d’encre. Les condamnations du mot « sous-hommes »
ont été unanimes et une information judiciaire a été
ouverte pour « injure raciale ». Il ne restait donc
plus qu’à observer le traitement médiatique
de l’affaire.
« Dans certains journaux, on parle des propos
de Georges Frêche contre LES harkis et dans
d’autres journaux, on parle des propos adressés à
DES harkis. Ce qui n’a pas le même
sens », affirme Jacques Monin (France Bleu, 3/3). On pourrait
ajouter : ni les mêmes conséquences, notamment judiciaires.
On va le voir, beaucoup de médias ne semblent pourtant pas
avoir fait la différence. Le rédacteur en chef de
France Bleu Hérault est d’ailleurs bien placé
pour en parler puisque sur sa station, Florence Beaudet
évoque « les propos de George Frêche
sur les Harkis » (22/2) ou « ses propos
visant les harkis » (1/3) avant de dire après
les titres : « avait traité des harkis »
(1/3). France Info n’est pas en reste : « avait
traité les harkis » (28/2-23h, 1/3-9h30).
Le
mobile du Monde le journal de référence vous savez....
Côté
presse écrite, ce n’est pas mieux. Les articles font
parfois la différence mais dans leurs titres qui sont, faut-il
le rappeler, souvent repris dans les revues de presse à la
radio, c’est autre chose : pour Libération (13/2) ou
Le Figaro (15/2), « Frêche insulte les Harkis
». Les agences de presse ne sont pas en reste puisque
Reuters (13/2) et l’AFP (18/2) titrent aussi sur «
les harkis ».
Il faut dire que les propos de Georges Frêche
n’ont pas facilité le travail des journalistes. Lors
de ses excuses, il déclare en effet (13/2) : « Mes
propos ne s’adressaient aucunement à la communauté
Harkie, mais à un homme » alors qu’il a clairement
employé le pluriel le 11 février (« des sous-hommes
»). Il n’assume donc pas s’être adressé
à plusieurs personnes. En préparation de sa défense
juridique ?
Midi Libre et son propriétaire,
Le Monde, sont à mettre à part puisqu’ils
sont en conflit ouvert avec Georges Frêche. Et ce, depuis
que celui-ci a décidé de couper publicités
et annonces légales au quotidien régional suite à
un article qui lui a déplu . Ce qui fait dire à Pierre
Serre, le patron de La Gazette de Montpellier, qui ne cache pas
ses sympathies frêchistes : « La direction de Midi Libre
avait prévenu la frêchie. En substance : vous nous
coupez la pub ? Eh bien ce sera la guerre, la guerre totale. Aussitôt
dit, aussitôt fait. Après l’indignation, justifiée,
des premiers jours, après la récup’ politique,
voici donc l’heure des règlements... de comptes. »
(3/3) Le groupe Le Monde aurait donc un mobile.
Ainsi, l’affaire Frêche se retrouve
11 fois à la Une de Midi Libre dont 7 fois en titre principal
en 18 jours (14/2 au 3/3). Le quotidien régional titre même
: « Frêche déchaîne les passions des lecteurs
» (2/3). Le journal peut donc se rassurer : ses lecteurs le
lisent et réagissent. Cette info valait bien la Une. Le quotidien
régional prend aussi sa part dans l’approximation sur
« les » ou « des ». En introduction du dossier
sur son site Internet, on peut lire : « traite les
harkis de "sous-hommes" ». Il faut quand
même noter que certains journalistes du quotidien régional
auront la prudence d’employer « des harkis »
(25, 26, 28/2, 1/3) même si « les harkis »
sont aussi bien représentés (22/2 et 24/2).
Philippe Palat, un des rédacteurs en chef, excusez du peu,
de Midi Libre et correspondant du Monde, évoque dans le quotidien
du soir (3/3) : « Ses commentaires sur les harkis,
qualifiés de "sous-hommes" ». A
noter aussi que Le Monde consacrera au moins 10 articles au sujet
et un dessin de Plantu en Une.
Côté approximation, il y a aussi la
citation qui n’a jamais été reprise en entier.
Plus grave, elle a été parfois déformée.
La palme en revient sans doute à Montpellier plus (groupe
Les journaux du midi) qui cite (14/2) : « Les harkis
ont vocation à être les cocus jusqu’à
la fin des temps. Vous n’avez rien du tout. Vous êtes
des sous-hommes. Vous n’avez aucun honneur. » A
sa décharge, le quotidien gratuit explique ensuite que
« Georges Frêche visait Abdelkader Chebaïki »,
un des harkis présents. Mais qu’a retenu le lecteur
? La veille, une dépêche d’AP fournissait une
citation quasiment identique. Montpellier plus aurait-il fait un
copié/collé ?
«
Un socialiste qui s’est débiné »
jack lang oui
jack lang
Il y a enfin l’affaire Jack
Lang qui était présent le 11 février aux côtés
de Georges Frêche. « Interrogé par Libération
à la fin de la cérémonie sur la violence avec
laquelle Frêche avait insulté les harkis, Jack Lang
a assuré qu’il n’avait « rien entendu »,
avant de s’éclipser », écrit Libé
(13/2). Pierre Serre révélera dans La Gazette (17/2)
que ça ne s’est pas passé exactement comme ça.
Le journaliste de Libération, Pierre Daum, reconnaît
aujourd’hui que Jack Lang après avoir dit « ah
bon ? Je n’ai pas entendu », a ensuite « esquivé
la question » qui était de réagir sur l’insulte
de « sous-hommes ». Il aurait dévié le
débat en disant : « Il n’a pas insulté
les harkis en général mais certaines personnes ».
Il demeure que cette esquive n’apparaît pas dans le
papier de Libé qui, pour Pierre Serre, donne « l’impression
d’un gars qui s’est débiné et qui est
parti en courant ». Problème, cette information va
être reprise, entre autres, par Midi Libre (14/2 et 25/2)
sans jamais faire état de celle de La Gazette ni avoir interrogé
Jack Lang. |
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