19 mars, une date polémique
. Le Sénat a commencé d'examiner, le 25 octobre, une proposition de loi, portée par le groupe socialiste, sur l'instauration du 19 mars comme "journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc". Elle n'a pas pu être votée, faute de temps, mais ce vote ne tardera pas. Ce sera chose faite avant la fin du mois.
Une proposition de loi fort problématique dont on aurait pu se passer et qui ne manque pas de diviser. Au printemps, j'ai bataillé dur contre ce projet. Hélas, sorti par la porte, il nous est rentré par la fenêtre.
Quel besoin avait-on, en ces temps difficiles, de provoquer une nouvelle polémique? Certes, l'idée est fortement appuyée par la Fédération nationale des anciens combattants d'Algérie, de Tunisie et du Maroc (FNACA), qui compterait, nous dit-on, un peu plus de 350.000 adhérents, et qui se bat dans ce sens depuis 1971. François Hollande -le candidat- avait promis cette journée mémorielle à la FNACA. Et voici que les socialistes en défendent le principe, y compris ceux que jusqu'ici elle faisait grincer des dents.
On commémorera donc le même jour la fin de la guerre d'Algérie, des combats en Tunisie et au Maroc. Or, le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu en Algérie, au lendemain de la signature des accords d'Evian, la Tunisie et le Maroc sont déjà indépendants. De surcroît, en Algérie même, les tueries ne cessent pas pour autant. Les harkis en payent le prix fort.
A vrai dire, plusieurs dates commémorent déjà la guerre d'Algérie: le 16 octobre, qui a la préférence d'une partie des milieux anciens combattants, le 5 décembre, revendiqué par des associations d'anciens combattants dont le nombre d'adhérents s'élèverait à plus d'un million, auxquelles viennent s'ajouter celles de harkis et de rapatriés.
Encore une fois, quand les historiens ne s'arrêtent pas sur une date unique et précise, c'est donc la FNACA et les parlementaires qui vont le faire. Drôle de temps tout de même. Avec de telles pratiques, les historiens vont devoir s'inscrire au chômage...
Les parlementaires-potiches sont las!
Moi, je ne voulais pas de cette énième loi mémorielle. J'avais envisagé de m'abstenir (au moins), dans l'idée de ne pas heurter mes amis socialistes. On m'a gentiment fait comprendre qu'il vaudrait mieux voter pour. Comme ma voix, au fond, ne sert à rien, et que manifestement elle ne compte guère, j'ai décidé de ne pas mettre les pieds, le jour du vote, dans l'hémicycle. |