Dépêche Quotidienne d'Alger Jean-Christian Michel : "La FOI AVANT TOUT….."

Jean-Christian Michel : "La FOI AVANT TOUT….."

Des les premières marches qui mènent chez Jean-Christian Michel on est accueilli par la plainte d'une clarinette
. c'est le moment sacro saint de la répétition, répétition à effectifs réduits en, raison des occupations de quelques-uns des musiciens. Jean-Christian Michel, 24 ans, deuxième année de médecine, tout récemment remis de son grave accident du mois de décembre dernier on se souvient qu'il avait capoté " au volant de sa a M.G. " rouge - est le Grand Prêtre de la cérémonie. La fatigue le contraint à répéter assis, mais son jeu n'en souffre pas pour autant. C'est à la faveur d'un temps mort que nous lui posons la question rituelle : " Comment êtes-vous venu à la musique, au jazz en particulier ? "
- " J'ai toujours aimé la musique classique Mon goût pour le jazz n'est venu que plus tard. Avec des amis, nous écoutions des disques : Armstrong, Dodds, Béchet, Luter, en un mot, tous les maîtres du Jazz. Le reste a suivi. f" Six mois plus tard, je fondais mon premier orchestre : nous jouions en trio, tous les dimanches, au Club de Droit, à l'AGEA ".
Il avait alors pour partenaires J. Boisis au piano et F. Laffargue à la batterie, et ce pendant un an. La Compagnie Générale Transatlantique engage Jean-Christian Michel pour 3 mois sur le paquebot " Ville d'Oran ". Ce n'est pas encore la célébrité : 1e trio n'est pas la formule consacrée. .Aussi, de retour " sur la terre... ferme ", il décide de remanier et de compléter son ensemble. Ce sera un quintet, formé de J. Vernier (piano), A. Foradellès (cornet), J.-P. Clément (banjo), Laffargue (drums) et bien sûr, lui-même à la clarinette. Le quintet connaît alors la consécration à l'occasion du gala des beaux-arts, en 1959. C'est la porte ouverte sur les bais, au saint George, " l'Aletti, au Yacht Club ", sans parler des fêtes d'été au cours desquelles il s'affirme. Malgré ces multiples activités, il ne néglige pas le Club de Droit, devenu entre temps " A Fond de Cale ", et où il a affronté son premier public.
En 1960, c'est le Festival de Canastel à Oran . Les grands noms du jazz sont à l'affiche, et aussi celui de J.-C. Michel. Pour la circonstance, il se produit d la tête d'un sextet (la formule actuelle). Excepté la pianiste - Mylène Bartholomot - et Roger Soirat (trombone), la composition de l'orchestre n'a pas varié. La presse est unanime : c'est un succès ! Deux disques sont gravés en six mots d'intervalle, et on attend le troisième pour le mots d'avril, malgré l'accident qui a empêché l'orchestre de "tourner rond " pendant deux mois.
Pourquoi le " Jazz" ? Tout simplement parce qu'il le vit. Par un lent crescendo, cette forme de musique le conduit jusqu'au paroxysme de l'émotion. Pour lui, le Jazz, c'est une belle histoire mise en musique, l'expression de tout un peuple dont il veut perpétuer la légende. C'est là un choix qu'ont adoptée tous ses collaborateurs.

Le travail...et la foi

Les membres de l'orchestre ont commencé par écouter des disques, en " repiquant " les passages qui leur plaisaient, mais cette pratique trop impersonnelle à son goût fit que J.-C_ Michel est devenu son propre arrangeur. Ses musiciens et lut travaillent à partir de grilles d'accords, jusqu'à ce qu'ils aient trouvé la cohésion et l'expression désirées. Mais cela ne suffit pas à J-C. Michel : " S'il est vrai que 1e travail est indispensable, dit-il, je ne pense pas qu'on puisse réussir sans croire en sa musique, et sans posséder ce feu intérieur, ce souffle puissant qu'est la foi ". Un bon jazzman ne " joue " pas, il " prêche ". A méditer...
Des réalisations et des projets
C'est sans ses béquilles - enfin ! - que J-Christian Michel ira chercher son troisième disque qui comporte trois morceaux : " Oriental man ", " Careless Love " et " Black and Blue ". Dans ce dernier, il a tenté de recréer l'esprit noir authentique par un arrangement personnel. Les amateurs apprécieront, autour de -Christian. Michel à la clarinette : A. Forradellès (cornet), R. Capolongo (trombone), J-M. Grasset (piano), B. Pain (banjo) et J-P. Toubol (batterie).
Les projets sont bien compromis par la situation actuelle. Souhaitons lui de réaliser ses ambitions et de mener son " expérience " jusqu'au bout, comme il le désire. R.T


" PAPE " DU JAZZ
Jean-Christian MICHEL légèrement blessé dans un accident d'auto.
Jean-Christian Michel 24 ans étudiant en médecine bien connu dans les milieux "fans " algérois a été victime hier soir vers 20 heures d'un accident de circulation route Moutonnière d'un accident de circulation.
A la suite d'un dépassement la voiture qu'il pilotait est montée sur le trottoir et a capoté. Des témoins de l'accident conduisirent Jean-Christian Michel, neveu du professeur Salasc et une passagère qui l'accompagnait à l'hôpital de Mustapha où leurs blessures ont été jugées légères (plaies multiples au front et aux joues).


Dépêche Quotidienne du 14 mars 1962

De gauche à droite
Jean-Marie-Grasset de dos (piano),
Jean-Christian Michel (Clarinette),
X (banjo)
Jean-Pierre Toubol (batterie).

Jean-Marie Lux "CoCo Lux " Cornet
Jean-Christian Michel (clarinette)
et Charlie Llorens (Trombone).