Cuisine locale Pedro débouche sur la place du Gouvernement, que les Arabes, ils l'appellent place du Cheval, à cause du duc d'Orléans que, là, sur sa statue, il est équestre. C'est dimanche, il fait beau, on a envie de se faire beau. Pedro descend l'escalier vers la mer et va acheter, à la Pêcherie, des moules, un beau rouget, de petites sépias (il dit des " calamars "), des sardines qui seront préparées en scabetche (avec une sauce où se mêlent, en un dosage savant, l'huile et le vinaigre, le sel et le piment, l'ail et le laurier). Il tient à honorer l'hôte qu'il a invité à déjeuner. Repas de famille. Cuisine locale. Maria peut vous présenter une gamme de petits plats de derrière les fourneaux. La soupe aux haricots (qu'on appelle, au café-restaurant Alexandre, en poussant un peu sur le folklore, le " potage symphonique ", les patates douces au four, le riz safrané, orgueil de la cassuelà, ou de la paella (comme à Valence), le couscous, que Fatma elle fait pas meilleur, les brochettes. Elle a choisi aujourd'hui la tchoutchouka - ratatouille algérienne où les tomates et les poivrons mijotent très lentement, et surtout, tu oublies pas de casser les oeufs en dessur. Au rayon de la charcuterie, nous sommes tous des adorateurs d'une saucisse plus fraîche que le chorizo basque. Sa Majesté Soubresade, souveraine grasse et rouge, arrivée à Bab-el-Oued dans les cantines des émigrants de Mahon (Baléares). En pâtisserie, Maria est également imbattable avec son mantecao, gâteau à la graisse de porc et ses tranches chaudes de calentita, un flan fait à la farine de pois chiches, cuit dans une huile un peu salée. Un vin de Mascara, généreux comme les convives, conduit chacun à de digestives béatitudes. Une inquiétude soudaine tire Pedro de sa somnolence. - Ho, Maria, aouqu'il est, Tonio? - Je lui ai donné un peu de sous pour qu'il s'achète, le
pôvre, du zan (réglisse chez le moutchou (l'épicier
mozabite), il est parti jouer dans la rue. |
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