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R E C H E R C H E
Monsieur Othon-Patrick KREMAR, adhérent de l’AMEF, recherche l’adresse de : Jorge SAAVEDRA, ancien légionnaire en Algérie. Fin de contrat en 1965.
Entré dans les ordres et devenu curé de Gardanne (13).
Il serait en retraite, âgé d’environ 76 ans. Renseignements à communiquer à l’AMEF qui fera suivre au demandeur.
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Version 1671
La fourmi travaille dur tout l’été dans la canicule ;
Elle construit sa maison et prépare ses provisions pour l’hiver.
La cigale pense que la fourmi est stupide,
Elle rie, chante et danse tout l’été.
Une fois l’hiver arrivé, la fourmi est au chaud et bien nourrie.
La cigale grelottant de froid n’a ni nourriture ni abri et meurt dans la solitude.
Version 2006
La fourmi travaille dur tout l’été dans la canicule ;
Elle construit sa maison et prépare ses provisions pour l’hiver.
La cigale pense que la fourmi est stupide,
Elle rie, chante et danse tout l’été.
Une fois l’hiver arrivé, la fourmi est au chaud et bien nourrie.
La cigale grelottant de froid, organise une conférence de presse et demande pourquoi la fourmi a le droit d’être au chaud et bien nourrie tandis que, les autres, moins chanceux, comme elle ont froid et faim.
Les télévisions organisent des émissions en direct qui montrent la cigale grelottant de froid et la fourmi bien au chaud dans sa maison confortable, avec des placards pleins de provisions.
Les Français sont frappés que, dans un pays si riche, on laisse souffrir cette pauvre cigale tandis que d’autres vivent dans l’abondance.
Les associations contre la pauvreté manifestent devant la maison de la fourmi.
Les journalistes du Monde organisent des interviewes demandant pourquoi la fourmi est devenue riche sur le dos de la cigale et interpellent le gouvernement pour augmenter les impôts de la fourmi afin qu’elle paie sa « juste part ».
En réponse aux sondages, le gouvernement rédige une loi sur l’égalité économique et une loi (rétroactive) d’anti-discrimination.
Les impôts de la fourmi sont augmentés et la fourmi reçoit aussi une amende pour ne pas avoir embauché la cigale. La maison de la fourmi est préemptée par les autorités car la fourmi n’a plus assez d’argent pour payer son amende et ses impôts.
La fourmi quitte la France et va s’installer en suisse rejoindre ses congénères.
La télévision fait un reportage sur la cigale maintenant engraissée : elle est en train de finir les dernières provisions de la fourmi bien que le printemps soit encore loin.
L’ancienne maison de la fourmi, devenue logement social pour la cigale se détériore car cette dernière n’a rien fait pour l’entretenir. Des reproches sont faits au gouvernement pour le manque de moyens. Une commission d’enquête est mise en place, ce qui coûtera 10 millions d’euros.
La cigale meurt d’une overdose.
Libération et l’Humanité commentent l’échec du gouvernement. Comment redresser sérieusement le problème des inégalités sociales ?
La maison est squattée par un gang d’araignées immigrées, le gouvernement se félicite de la diversité multiculturelle de la France.
Les araignées s’organisent dans les quartiers interdits aux autres et terrorisent les autres communautés.
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OUBLIÉ 23 ANS DANS LES GOULAGS VIET-MINH
1953-1976
Ba Xuan Huynh
SBN : 2-7475-5571-2 • janvier 2004 • 294 pages
Prix éditeur : 26,5 € / 174 FF
Editions L'Harmattan 5-7 rue de l'Ecole Polytechnique 75005 Paris
Voici le premier récit de la détention d'un officier français d'origine cochinchinoise, seul rescapé des camps dits de rééducation et de la mort qui ait pu rejoindre la France, après un calvaire de plus de vingt-trois ans : 8476 jours, la plus longue détention connue en Indochine. A son débarquement en France en 1984, il a du se livrer à une bataille juridico-médiatique de deux ans pour recouvrer la nationalité française et son reclassement dans l'armée. Sans rancoeur, il consigne ses souvenirs, laissant la trace de ses humiliations à la postérité et à l'Histoire invitant ainsi le lecteur à réflexion. |
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L’auteur est né en Cochinchine française de parents Vietnamiens. Son père est assassiné par le Vietminh en 1946. Huynh obtient alors la nationalité française, termine ses études en France et devient officier. En 1950 il revient en Indochine, d’abord comme aide de camp du général de Lattre, puis instructeur de l’armée vietnamienne en formation. A 24 ans il prend le commandement de l’un des premiers bataillons de cette nouvelle armée.
En charge d’un sous-secteur au Tonkin, en 1953, il tombe dans une embuscade avec son unité. Combattant à un contre dix ses hommes sont submergés par les Viets.
Fait prisonnier, il subit les pires tortures.
Il tentera une évasion qui échouera, le faisant classer comme irréductible. Après Dîen Bîen Phu, il ne sera pas libéré avec ses co-détenus européens mais alors interné dans un camp de travail dans la jungle. Ce sera ensuite une prison en dur.
C’est en 1976 qu’il réussira à sortir de sa condition de bagnard dans des circonstances incroyables. |
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APRES TANT DE BATAILLES …*
L’histoire est un tissu de drames sans suite,
une mêlée, un chaos où l’intelligence ne discerne rien.
Jacques Bainville
Histoire de France (1993)
En consultant le Journal de Marche du "8" ¹ pour la période allant de janvier 1960 à février 1962, j’ai pu y retrouver des souvenirs dont certains méritent peut-être d’être contés ici. Afin de ne pas être accusé de répétition fautive, je m’en tiendrai à quelques faits qui ont marqué mon passage à la troisième compagnie, indicatif : Passavant Brun.
Ayant commis l’erreur, lors d’un précédent séjour en Algérie d’accepter comme une faveur le commandement de la CCS/Ops (Compagnie de commandement Opérationnelle), le genre de boutique où les satisfactions sont rares et les em… quotidiens, je m’étais juré de ne pas prendre le commandement de la Compagnie de base.
En arrivant au "8", par un sombre matin d’hiver, je fus accueilli avec une extrême courtoisie par le colonel Hubert de Seguins Pazzis qui pensait avoir trouvé en moi le personnage idoine pour prendre le commandement de la C.B. (Cie de base).
Pour respecter le serment que je m’étais fait, je récusai poliment, mais fermement, cet honneur. Je ne souhaitais pas ajouter aux désagréments d’une situation que je ne connaissais que trop, celui de basiste en mission. En clair, je ne tenais pas à terminer une si "brillante" carrière dans une embuscade ou un accident de jeep entre Bône et El Hanser à l’occasion d’une liaison administrative. Me remémorant les affiches placardées dans les gares et autres lieux publics à la création des parachutistes coloniaux, en 1947, je persistais à rêver de Gloire et de Bagarre.
-Vous êtes trop jeune (en grade) pour prendre le commandement d’une compagnie de combat et comme vous avez exercé le métier de chef de section, je vous offre la CCS/Ops. M’avait déclaré le colonel Bigeard en m’accueillant à Duvivier en 1956.
Et voici, qu’à peu près, le même scénario se présentait. Mais cette fois, je ne pouvais plus me permettre d’attendre d’être trop vieux en âge et en grade. C’est pourquoi j’insistais auprès de mon nouveau chef de corps.
-Je veux une compagnie de combat, le reste ne m’intéresse pas. Et comme je le savais sensible aux belles lettres, je crus bon d’ajouter : "Vivre c’est faire campagne" ².
Après avoir évoqué les rares souvenirs communs que nous avions de Dîen Bîen Phu, le colonel accéda à ma demande et me promit le commandement de la 3ème compagnie pour le 1er août. En attendant que mon prédécesseur ait libéré la place, je pris le chemin de Saint-Maixent pour y suivre le cours des capitaines : un stage peinard d’où personne n’est jamais sorti sous-lieutenant.
Pendant ce trimestre studieux, monsieur Pierre Messmer devant lequel je m’étais jeté à l’eau en sautant dans la baie de Hann face à Dakar en 1959 et qui, un an plus tôt, m’avait mis sur le sable dans les environs d’Atar lors de l’opération "Ecouvillon" en Mauritanie, monsieur Messmer dis-je, avait rejoint le "8" pour y effectuer une période de réserve avec le grade de lieutenant-colonel. Affecté pour l’administration à la CB, il venait y boucher un trou et renforcer de sa forte personnalité le lieutenant Marcesche qui n’en demandait peut-être pas tant.. A cette époque, le colonel Messmer était déjà célèbre à plus d’un titre : Compagnon de la Libération, il avait participé aux campagnes d’Afrique à la tête d’une compagnie de Légion et sauté en opération comme délégué du gouvernement au Tonkin lors de notre retour en Indochine en 1945.
Il avait donc la double appartenance Para Légion et comme ancien élève de l’école d’administration Coloniale portait aussi l’Ancre d’Or : une manière d’avoir plusieurs cordes à son arc.
Mais quelle que soit l’aptitude physique et intellectuelle des paras, une fois arrivés au sol, aucun d’eux n’a jamais réussi à remonter dans l’avion. Coincé par les Viêts venus lui réserver l’accueil dû à son rang, Pierre Messmer, qui s’était sorti de Bir Hakeim en partageant la gloire de la 13ème DBLE, vivra captif dans l’ombre et la pénurie pendant que Jean Sainteny prenait sa place à Hanoï. Leur alter ego dans le Sud, le gros Cédille, parachuté et capturé lui aussi, aura plus de chance : il sera rapidement libéré. Dégoulinant de pluie, il rentrera dans Saigon en caleçon.
Aux dires de certains, entre Messmer et de Pazzis l’entente aurait été cordiale, leurs propos de table riches d’enseignement. J’ai parfois regretté de ne pas être compté au nombre de leurs auditeurs, plutôt que de somnoler pendant les cours de tactique dispensés par les instructeurs du quartier Canclaux de Saint-Maixent-L’Ecole. Sans doute aurais-je appris, au contact de ces hommes d’influence, à entrevoir l’avenir que l’on nous concoctait en France métropolitaine.
Mais l’avenir n’est à personne. La VL qui transportait ces deux gentlemen dans le secteur pourri d’El Milia, finira, comme prévu, par tomber dans une embuscade. Rivalisant tous deux de courage et de flegme,Messmer et Pazzis réussirent à décourager la bande d’un "Si Manchot" quelconque et rejoignirent la base opérationnelle avancée (B.O.A.) sans autre dommage qu’une demi-douzaine de trous…dans la 203.
Cette nouvelle action d’éclat valu sans doute à Pierre Messmer d’être rappelé à Paris pour prendre le ministère des Armées. Quelques mois plus tard, le comportement très vieille France d’Hubert de Pazzis fit de lui un négociateur tout désigné pour prendre place à Evian autour du tapis vert en compagnie de fellouzes de haut vol.
A mon retour de Saint-Maixent, je pris donc le commandement de la 3ème compagnie le cœur gonflé d’espérance. Ayant fêté Camerone régulièrement depuis le 11 juin 1942, date à laquelle la 1ère brigade des Forces Françaises Libres du général Koenig rompit l’encerclement de Rommel, je ne doutais pas que nous retrouverions notre nouveau ministre, un jour prochain en Algérie à l’occasion de la commémoration des combats de Bazeilles², par exemple ou encore pour fêter la Saint Michel ³ ; ne serait-ce que pour évoquer les bons moments passés ensemble.
Après un séjour chez les parachutistes coloniaux, cela était dans l’ordre, et il semblait qu’ayant servi au "8", la cote du régiment ne pouvait que monter.
Mais le putsch vint…
Pazzis ayant quitté le navire, tel un bateau ivre, le "8" chasse sur son ancre et finit par quitter le port. Si j’ai bonne mémoire c’était le 22 avril 1961.
Parti sur les chapeaux de roues, l’aller sur Alger fut plein d’illusions ; le retour d’autant de reniements et de virages sur l’aile. Accrochés à leurs P.P.8 et A.N.P.R.C. 10 (4), les partisans de l’Algérie française n’avaient oublié qu’une seule chose : les transistors.
Tout le reste n’est que littérature.
Même à la 3ème compagnie, où je les avais pourtant interdit en opération dès ma prise de commandement : il y en avait un ! Une chance me direz-vous. Sans lui je n’aurais jamais entendu la harangue vacharde du locataire de l’Elysée encourageant les appelés à tirer sur les officiers « félons », et pas d’avantage la voix de fausset de Michel d’Amboise incitant les parisiens et banlieusards à rejoindre Orly « à pied, à cheval ou en voiture », pour s’opposer à l’arrivée allégorique des révoltés d’Algérie. Ecoutés religieusement, lors d’un arrêt de nuit, dans le décor sinistre des Portes de fer, ces incitations au meurtre inquiétaient ma « garde rapprochée » composée de deux radios, d’un conducteur et d’une ordonnance. Il se trouve que les trois premiers étaient du contingent, comme la majorité des paras du régiment. Ils avaient trouvé naturel d’apporter leur soutien à la cause d’une Algérie que la république leur avait demandé de conserver et pour laquelle nombre de leurs camarades s’étaient fait tuer. Le quatrième, Abdou Diop, était un grand Ouolof d’un noir d’ébène, natif du village de M’Boro au Sénégal. Il vivait cet épisode embrouillé avec un certain recul. Il se souvenait de ce que lui avait dit son père au sujet de la guerre qui, en 1940, opposa les Français aux français devant Dakar.
- « Dans les affaires de blancs, le mieux est d’attendre de voir qui sera le vainqueur »
Abdou avait retenu la leçon et son dévouement sera sans faille jusqu’au jour où, avec ses congénères, il rejoindra son pays devenu indépendant.
La marinée suivante lors d’une halte morose à El Arrouch, mon chauffeur, un cultivateur du pays nantais, dans un geste de circonstance inspiré d’"après la bataille", où il est question de désaltérer un mourant, me tendit un bidon. Et, allant plus loin que Victor Hugo, Mellerin, puisque tel était son nom, crut bon de compléter l’alexandrin en m’offrant un paquet de biscuits "Brun", une marque assez répandue à l’époque, mais qui m’apparut soudain comme un clin d’œil de Socrate.
Brun ?...mais bien sûr ! "Les petits bruns c’est du gâteau".
Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ?
Depuis cette date, le 26 avril 1961, c’est encore eux que je préfère aux autres.
Et c’est ce jour là, dans les faubourgs de Philippeville, que j’ai choisi la nouvelle devise de la 3ème compagnie du 8ème RPIMa : « Les petits bruns c’est du gâteau ! »
Mais alors que tout espoir nous quittait, le commandant en second nous sauva du naufrage. Lui, qui ne s’était engagé dans le putsch que pour préserver la cohésion du régiment et le protéger de l’irréparable, était le seul à pouvoir mettre le mot fin sur l’aventure que nous venions de vivre. Quarante huit heures après notre retour à la base arrière de Saint-Charles, le 28 avril, dans l’ignorance de ce qu’il adviendrait de nous, le chef de bataillon Chaudrut, rassembla le régiment sur la place d’Armes.
Le drapeau et sa garde vinrent se placer face à nous. Après avoir fait présenter les armes, il prit la parole. Avec des mots simples et justes, il nous abjura de ne pas désespérer et de nous préparer à reprendre la piste. Le régiment était sauvé.
Dans le silence poignant de cette cérémonie atypique, regardant le drapeau remuant à peine au souffle du vent, il nous sembla entendre la voix des camarades disparus depuis la création du "8" à Hanoï en 1951. Celle des Européens, dont les visages nous apparaissaient encore distinctement, des Vietnamiens aussi, dont la complainte des âmes errantes nous hantait depuis 1954, des africains enfin. Le dernier, Dji, un tchadien, était tombé quelques jours avant notre folle équipée.
Peu de temps après ce pas de clerc où un "quarteron" de généraux croyaient pouvoir dicter leur loi au plus illustre des Français, nous nous retrouvâmes sur la frontière tunisienne. Au-delà du réseau électrifié, chacun pouvait voir les fellaghas se refaire une santé et, en fignolant la mise au point de nos jumelles, nous aurions pu apercevoir Boumediene.
Mais de nôtre côté maccache ! Plus un brave pour faire la paix.
Un jour de juin, le 18 peut-être, le nouveau ministre des Armées s’étant fait annoncer, les cadres furent réunis sous une tente 56 afin de lui être présentés. Après le coup de tabac qui venait de secouer le régiment, nous étions curieux de connaître les réactions de Pierre Messmer. Notre participation au putsch ayant manqué de punch, en comparaison de l’engagement du 1er REP et du GCP, le groupement de commandos de réserve générale du commandant Robin,, beaucoup pensaient qu’en souvenir de son passage au "8", le ministre ferait montre de mansuétude. Ils se trompaient.
D’entrée de jeu, Pierre Messmer nous ôta toute illusion en nous signifiant sans ambages qu’en participant au putsch, nous nous étions non seulement rebellés contre le pouvoir établi, mais avions, circonstances aggravantes sans doute, trahi la confiance qu’il mettait dans les officiers du "8".
En l’absence du chef de corps (qui s’était fait porter pâle au retour d’Alger) personne n’osa lui rappeler qu’un régiment c’est d’abord un colonel.
Dressé au milieu de nous, la nuque raide, le visage fermé, le ministre poursuivit son réquisitoire.
Nouveau Torquemada mandaté aux armées, tels ces représentants en mission de la Convention venus eux aussi pour faire le ménage, il nous transperça de son regard glacé.
Du reste, dans ses "Mémoires", Pierre Messmer ne l’envoie pas dire puisqu’il écrit qu’après le putsch :
-J’étais décidé à faire le ménage et m’entourais de généraux sûrs. De citer, parmi eux, celui qui, à Nancy, nous retira le droit de porter notre béret rouge et qualifia nos tenues camouflées d’oripeaux. Que Dieu ait son arme.
Lors de cette insoutenable humiliation, je n’ai pas souvenir que l’un d’entre nous se soit risqué à laver l’affront. Il semblait que nous soyons devenus, soudain, les fidèles castrés de l’Algérie Française.
Voilà ce qu’il nous en avait coûté de côtoyer le super Soleil un certain hiver dans le Constantinois. A l’approcher de près d’aucuns espéraient se réchauffer à ses rayons, alors que la plupart s’y brûlèrent.
Après avoir récolté les fruits amers de la fidélité à nos engagements, il nous fallait payer le prix de tant de reniements qui nous hantaient depuis l’Indochine.
Ce n’était que justice.
Jacques ALLAIRE
Indicatif : Passavant Brun
* Pierre Messmer, "Mémoires", Albin Michel 1992
¹ 8ème Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine.
² Bazeilles, petit village du sud de Sedan fut, les 31 août et 1er septembre 1870, le théâtre d’un combat où s’illustra la division bleue du général de Vassoigne et tout particulièrement le commandant Lambert et sa soixantaine de braves au cours d’un ultime combat dans la maison dite « de la dernière cartouche » immortalisée par le peintre Alphonse de Neuville. C’est à Bazeilles et dans tous les régiments, que chaque année les troupes de marine commémorent ce fait d’arme exceptionnel.
Tous les ans, où qu’ils se trouvent, les légionnaires célèbrent avec autant de recueillement, de fidélité et de panache le combat de Camerone, localité du Mexique, où 64 hommes aux ordres du capitaine Danjou résistèrent à 2000 Mexicains. Après 9 heures de combats acharnés, il ne restait plus que trois légionnaires valides.
³ Patron des parachutistes.
4 Matériel radio de l’époque en usage dans les TAP. |
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CARNET DE ROUTE AUX AFRIQUE
Juillet, six heures du matin, à l’approche de Johannesburg, le captain de la South African Airways, annonce : « température extérieure moins un… » Brrr…sous les ailes de l’Airbus 340, un mince brouillard recouvre les immenses townships de l’immense cité. La sortie de l’airport se fait dans un temps record. A nous la N12et son confortable ruban asphalté…attention on est : « left driving »… ne pas se laisser distraire ! C’est l’Europe en mars, froid vif, paysages agricoles et miniers.
Quatre cents kilomètres à l’Est, le Swaziland, petit royaume enclavé dans le Zululand Natal, où voisinent des zones industrielles et des réserves de Wild life…inattendu§ Froid de loup, Lodge très victorien, meubles cirés, robinets de cuivre, immense feu de camp à la nuit : Baden-Powell et Rudyard Kipling rodent autour de nous, dans la familiarité des nyalas et des phacochères qui traversent camp sans complexe. Beaucoup plus dangereux, les crocodiles et les hippopotames sont dans le marigot, la paupière lourde, peu fréquentables !
Se tient là un meeting international de savants sur la préservation du rhinocéros, un panel des plus grands spécialistes de la planète en la matière. Assez impressionnant par sa diversité : universitaires américains, farmers britanniques de Tanzanie, zoologistes sud africains, conservateurs de réserves du Limpopo et d’Uganda … trois Français aussi. De vrais hommes (souvent femmes) traitant de vrais problèmes : quel bol d’air frais pour qui arrive de Chiraco-Zidanie !
Mais c’est pas tout ça, allons musarder dans le Natal tout proche, le vieux Transvaal. La magnificence de la géographie fait mieux ressentir encore la cruauté de l’Histoire, pour un amoureux de l’Afrique impériale. Chaque colline a connu une bataille, chaque rivière fut rouge de sang humain. Anglais contre Zulu, Voortrekkers Boers contre Zulu, et, plus dramatique que toutes, les guerres successives que menèrent les Anglais contre les Hollandais Boers, épisodes atroces de ce long suicide de la race blanche outremer. Vingt huit mille boers, femmes et enfants, morts dans les camps de concentration britanniques…Remember ! Si l’Empire français n’a pas connu de guerre directe de cette nature, la sape des Anglais contre nos institutions fut la même, et l’on retrouve ici la funeste LMS (London Missionary Society) notre constante ennemie à Madagascar à la même période. Notons que cette honorable institution anglicane dressait les populations noires du Cap contre les Boers dans des campagnes de propagande haineuses où ces derniers étaient accusés à la face du monde de racisme et d’esclavagisme ! Déjà…
N’ignorons pas que les Français ont eu leur part dans cette immense aventure : on sait que dès la fin du XVIIème siècle, 250 huguenots de chez nous participaient à la colonisation de ce territoire vide qu’était Le Cap. Par la suite des généraux Boers s’appelaient Joubert ou Legrange-Lombart, sans parler du contingent français de la guerre de 1899, connu surtout par la glorieuse figure du colonel Villebois-Mareuil, que nul à l’époque n’eut songé à traiter de mercenaire. Et le malheureux prince impérial Louis Napoléon, fils de Napoléon III, tombé sous les sagaies Zulu, au coté des Anglais cette fois, le 1er juin 1879. Ce territoire magnifique affiche partout, outre les monuments, la filiation des héros fondateurs, à travers des noms de villes comme Pietermaritzburg ou Piet Retief, et, à saisir au passage quelques troches d’irréductibles Afrikanders, on comprend que tout n’est pas complètement joué dans l’étranglement programmé des blancs par la si vertueuse « communauté internationale ».
Oublions que la RSA a désormais battu le taux de criminalité brésilien avec 20 000 meurtres par an …et admirons Durban sous un soleil de Méditerranée et un front de mer cannois, sans trop s’attarder sur les comptoirs borgnes et les hôtels louches des indiens, rois du pays.
Et c’est le moment de s’engouffrer à Manzini (Swaziland), dans un taxi brousse (22 passagers pour 15 places) cap Nord-est vers le Mozambique ; tiens, le véhicule ne démarre pas ? C’est que la femme du chauffeur, une Vénus agressivement callipyge prétend empêcher le départ si son mari part seul vers les beautés mozambicaines inconnues et comme elle a les papiers du minibus…Chantage à l’africaine, jacassements de toute la foule, dénouement heureux, petite heure de retard, tout s’arrange. Et en piste vers Maputo.
Cette dernière fut Lourenço Marques, la New York africaine des Portugais, vénérable et splendide capitale d’un empire vieux de trois siècles, et qui avait résisté à toutes les convoitises jusqu’à l’ébranlement de la 2ème guerre mondiale. Mais, jusqu’à la disparition de Salazar, le petit Portugal avait su aussi résister aux hordes marxistes et c’est seulement en 1975 que le Mozambique est devenue une république…indépendante mais ravagée par une guerre interne de quinze ans après les désordres de la guérilla anti-portugaise.
Le taxi brousse décharge sa cargaison dans un quartier patibulaire et en ruines du vieux centre historique portugais. Vite un autre taxi brousse, tout aussi confortable, pour aller boire une cerveja bem gelada au « Costa do sul » à 10 kilomètres de là, une institution : la même famille portugaise rescapée tient ce restaurant depuis 1930 et la bière en question s’appelle la « 2M ». Mystère ? Non ! C’est en hommage à Mac Mahon; qui se souvient que ce maréchal français du second Empire eut à arbitrer le litige de frontière entre le Mozambique portugais et l’Afrique du sud en 1879 ?
Maputo possède quelques beaux restes, des réalisations publiées dans les revues d’architecture du monde entier dans les années cinquante, pas toutes ruinées, mais aussi une cathédrale bien entretenue et une maison en acier conçue par Eiffel, ainsi qu’un remarquable centre culturel français. Et la vieille gare, terminus de l’or sud-africain au XIXème siècle, est un chef d’œuvre unique en Afrique. Vous circulez entre l’avenue Julius Nyerere et la place Patrice Lumumba, et le plan de la ville est l’annuaire africain de la crapulerie marxiste anti européenne : même Mugabe y figure, moderne Amin Dada, bourreau du Zimbabwe si proche. Cependant si le régime est officiellement socialiste et populaire, il accepte volontiers les investissements très présents des Sud Africains blancs inquiets pour leur avenir (processus identique à Madagascar où ils s’implantent massivement). Et le pays est en pleine croissance ça commence à se voir !
Les beaux quartiers, eux, restent les beaux quartiers, et les profiteurs du régime se sont installés, comme ailleurs, dans les bottes des colonisateurs. Rien ne se perd…
Deux mille kilomètres au nord, après avoir enjambé les immenses plages de l’océan Indien, l’avion nous amène à Nampula, au cœur du bush : de là autant foncer tout de suite au bout du monde, qu’un minibus nous fait rejoindre en trois heures. C’est Ilha de Moçambique, la première capitale de cette colonie portugaise. Cette île, reliée au continent par un pont de 3 kms, vit débarquer Vasco de Gama, puis d’innombrables prédateurs, se protégeant par une impressionnante forteresse. Les marchands arabes d’esclaves y avaient fondé une de leurs bases, et les Lusitaniens y firent quelque chose qui évoque aujourd’hui le vieux Brésil du Minais Gerais ou du Maranhao…nostalgie coloniale, comment s’en défendre devant cette image d’Empire ruiné, ces photos au mur du vieux café, montrant aux années cinquante des Mercedes devant les portes de ce qui n’est plus qu’un village ensablé. Heureusement, ce site que l’indépendance du pays a ruiné en deux générations, est maintenant classé par l’UNESCO. Et timidement restauré. Vous voulez y faire votre résidence secondaire ? Rien de plus simple : toutes les constructions ont été saisies aux Portugais en 1975, priés de quitter les lieux en 24 heures et sans bagages, et attribués à un organisme d’Etat : l’APIE, qui les a « revendues » aux naturels du pays avec interdiction de les revendre à un étranger. Et pourtant l’affaire est tentante : une ruine engendre la spéculation la plus dure (mais pas vraiment pure !).
Quant au petit problème légal, le notario du coin va vous arranger ça, sous forme de « procuraçao » qui ne vous rend pas vraiment propriétaire mais tout comme…et si vous êtes capable de soutenir deux jours de négociation en portugais et de signer l’acte à la bougie (le tabellion n’a pas d’électricité), puis de payer les honoraires – tarif quadruplé si c’est dimanche – et de régler quelques taxes, hors du principal et tout en espèces, l’affaire est à vous.
Connaissez-vous beaucoup de lieux où votre maison sera au débouché de la place où trône la statue en bronze de Vasco de Gama et de la placette qui abrite celle de Luiz de Camoens, déclamant ses Lusitades face à l’océan ? Pas moi…mais je note que même les furieux du très marxiste FRELIMO ont respecté ces symboles de l’occident…tout le monde n’est pas Bouteflika !
Un négligeable crochet par Pemba et ses plages (450 Kms en haut et à droite) vous rapproche de la tanzanie. Paysage de bush et de baobabs, que l’on quittera par un avion de la compagnie locale. Petite remarque au passage : cette compagnie a été mise à l’index par la liste noire de la DGAC française, alors qu’elle offre un Boeing 737 dernier modèle et presque neuf, un service de bord impeccable et une régularité d’horloge…qui croire ?
Michel LAGROT
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