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EDITORIAL
Comme vous pouvez le lire dans différents articles de ce numéro
d'AMEF INFO, la polémique sur le 19 mars est loin d'être
terminée et la date du 5 décembre préconisée
(semble-t-il sans enthousiasme) par le gouvernement n'est pas, et loin
s'en faut, un acquis officiel.
Les dérapages de monsieur Mekachera sur tout ce qui touche à
l'Algérie Française se font de plus en plus nombreux. Certains
nous disent qu'il faut lui laisser le temps de réagir, qu'il faut
tenir compte de son arrivée récente en politique, qu'il
a fort à faire pour gommer des années d'oubli etc.
etc.
Mais tout ce qui est décidé d'un côté est aussitôt
dénoncé d'un autre.
Que faut-il en penser ?
D'aucuns diront que l'Algérie n'intéresse plus personne,
attention il s'agit là de l'Algérie Française ("
de papa " comme disait l'autre). D'autres, qu'il ne faut pas raviver
les plaies d'une période tellement cruelle.
Certes, mais il y a aujourd'hui plus de 40 ans que nous attendons des
gestes pour les fermer ces plaies encore trop vivaces, et plus le temps
passe et moins il restera de " Pieds noirs " et de Harkis et
les adversaires de notre Histoire qui eux, se multiplient régulièrement,
auront gagné et la nouvelle histoire de la nouvelle France se fera
sans référence à 130 ans de présence française.
On a en grande partie oublié l'Indochine et notre présence
en Afrique. La France est trop souvent exclue de tout ce que l'on peut
entendre de positif sur ces régions du monde, on parle de nous
uniquement quand il s'agit de dénigrer.
La mission que nous nous sommes imposée, de rétablir la
vérité historique, est loin d'être terminée,
il va nous falloir encore et encore être sur la brèche, ce
ne sera pas facile, mais nous avons une chance d'y arriver si avec d'autres
associations nous parvenons à unir nos efforts. C'est déjà
chose faite avec un certain nombre d'entre elles.
Nous avons du pain sur la planche, mais si l'on veut bien s'en donner
la peine, nous pouvons arriver à nous faire entendre, la preuve
en est d'une jeune étudiante américaine qui est venue maison
Maréchal Juin à Aix pour trouver des éléments
sur une thèse qu'elle prépare (aux Etats-Unis) sur les Pieds
Noirs et les conditions de leur retour en " métropole ".
Pour des gens comme elle et pour les nouvelles générations,
le jeu en vaut la chandelle.
Robert SAUCOURT
La fusillade du 26 mars 1962 , racontée par
la légende gaulliste
Réponse du Secrétaire d'Etat aux Anciens
Combattants, Hamlaoui Mékachera au message du " Collectif
des Rapatriés Internautes ", que lui a transmis le député
Richard CAZENAVE.
Dans ce message, le CRI demandait au Secrétaire d'Etat s'il ne
lui paraissait pas opportun de rendre solennellement hommage aux 87 personnes
tuées et aux centaines de blessées, par les tirs de l'armée
française, le 26 mars 1962, rue d'Isly, à Alger , au cours
d' une manifestation de civils désarmés, défilant
en direction du quartier de Bab-el-Oued assiégé et sous
le feu des forces françaises (mitrailleuses des Half-Tracks et
canons de 20 des avions T6 ).
A l'heure où, à Paris, des manifestations officielles, avec
dépôt de plaque, ont commémoré la noyade de
membres du FLN, ayant participé à une manifestation interdite
sur les bords de la Seine, le 17 octobre 1961, la demande du CRI paraissait
tout à fait raisonnable.
Voici le réponse de " notre " Secrétaire d'Etat
:
Monsieur le député,
Par lettre du 7 avril 2003, vous avez bien voulu me communiquer
un message du " Collectif des Rapatriés Internautes "
relatif à la fusillade de la rue d'Isly à Alger le 26 mars
1962.
Il est parfaitement compréhensible que les victimes
survivantes de ce drame et leurs descendants veuillent perpétuer
la mémoire des événements douloureux qu'ils ont vécus.
Pour répondre à votre demande d'information,
je suis en mesure de vous préciser qu'il s'agissait d'une manifestation
interdite, organisée à l'instigation d'un groupe, "
l'OAS ", qui agissait hors des lois de la République et avait
fait de la violence un moyen d'action qui fit de nombreuses victimes sur
le territoire métropolitain et en Algérie. Ce jour-là,
si la manifestation a débuté de façon pacifique,
des tirs ont été dirigés contre les forces de l'ordre
et l'armée, celle-ci ayant alors brutalement riposté.
C'est la raison pour laquelle il apparaît difficile
de commémorer cet événement de façon officielle.
De plus, l'indemnisation des victimes et de leurs descendants, ne pourrait
se faire en l'état de la législation du code des pensions
militaires d'invalidité et des victimes de guerre.
Cela n'empêche nullement d'éprouver de la
compassion pour les victimes entra^nées, le plus souvent à
leur corps défendant, dans une tragédie qui symbolisa celle
de la France, et dont on peut comprendre qu'elle reste encore légitimement
au cur de la conscience de certains de nos compatriotes.
Je vous prie de croire, monsieur le Député,
à l'assurance de ma considération distinguée.
Signé : Hamlaoui Mekachera
STOP à la DESINFORMATION
La fusillade du 26 mars 1962 : provocation délibérée
du pouvoir gaulliste pour casser la résistance à l'abandon
de la population algéroise.
Le député de l'Isère monsieur Richard
Cazenave a transmis au secrétaire d'état aux anciens combattants
monsieur Mékachera un courrier du " Collectif des Rapatriés
Internautes " à propos de la fusillade du 26 mars 1962 à
Alger.
Nous vous présentons, ci dessus, la réponse du secrétaire
d'Etat.
Le secrétaire d'Etat, pourtant originaire de cette terre d'Algérie,
refait l'histoire de cette tragique journée dans une version politiquement
correcte.
A l'en croire, les morts civils du 26 mars sont dus à une attaque
de l'OAS contre les " forces de l'ordre " qui, en ripostant,
auraient malencontreusement tué quelques 100 personnes et blessé
200. Malgré les démentis et les témoignages que nous
connaissons, les films pris sur le moment, monsieur le secrétaire
d'Etat, comme au bon vieux temps du gaullisme, s'acharne à mettre
la responsabilité de la tuerie sur les victimes.
Monsieur le secrétaire d'Etat était-il présent ce
jour-là à Alger pour être aussi affirmatif ? Est-il
au courant de la citation décernée par le général
commandant en chef aux forces militaires qui tenaient ce jour-là
le barrage de la rue d'Isly ; citation qui globalement remercie les troupes
pour leur action qui empêcha la manifestation d'avancer vers le
quartier de Bab El Oued ? Il faudrait savoir si ces hommes ont tiré
en riposte à une fusillade à leur encontre et dans ce cas
pourquoi les féliciter ? Ou bien ont-ils été félicités
pour avoir obéi, peut-être même d'une façon
inespérée, aux ordres qui étaient de casser le moral
des algérois par les moyens les plus extrêmes après
avoir fait mitrailler, par les gardes mobiles et les T6 de l'armée
de l'air, saccager et piller Bab El Oued.
Monsieur le secrétaire d'Etat exprime de la compassion pour les
victimes entraînées, selon lui, à leur corps défendant
dans cette manifestation.
Je peux lui répondre, car moi j'y étais ! Que toutes les
personnes présentes s'étaient déplacées volontairement
pour apporter leur soutien à la population de Bab El Oued, victime
de la gestapo gaulliste enfermée dans son quartier, privée
de ravitaillement, de soins, et même, comble de la barbarie, empêchée
de pouvoir évacuer ses morts ! Que les premiers tirs sont venus
du barrage commandé par le lieutenant Houchène Daoud, mais
tout ceci , si monsieur le secrétaire d'Etat voulait vraiment s'en
donner la peine, il le trouverait dans " le livre interdit "
: le livre blanc paru sur ces événements et réédité
en 1994.
Il saurait aussi que quelques jours plus tard un certain nombre de corps
de victimes ont été enlevés de nuit, de la morgue
de l'hôpital civil de Mustapha sous escorte de half-tracks de la
gendarmerie mobile qui, pendant que certains d'entre eux remplissaient
de cercueils leurs camions, interdisaient sous la menace de leurs armes
(mitrailleuses de 12,7 mm) aux habitants des rues avoisinantes de regarder
par leurs fenêtres. J'en suis encore le témoin car à
l'époque j'habitais dans les immeubles de l'EGA rue Denfert Rochereau.
Voila tout ce qu'aurait du apprendre monsieur Mekachera avant d'écrire
une lettre qui encore une fois tente de refaire l'histoire d'une manière
qui plaira sûrement à Bouteflika et à son ami de l'Elysée.
Robert SAUCOURT
Le génocide des Harkis et toujours
.Hamlaoui
Mekachera
Jamais 2 (imbécillités) sans 3 ! Après le 26 mars,
le 19 mars (suite à la décision de l'institution du 5 décembre),
voici la troisième en peu de temps parue en dernière page
du Figaro de vendredi dernier. (ci-contre ) C'est n'importe quoi : soit
il est bête, soit il exprime un sentiment venant de plus haut. .
A vous de choisir, car le questionner ne sert à rien, mais le faire
savoir sera utile à tous.
Boris KAN
La retouche d'Hamlaoui Mekachera
Le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants a refusé les
textes accompagnant une exposition de photos sur les harkis qui s'ouvrait
hier à l'hôtel national des Invalides. " On ne peut
pas dire que l'armée française a abandonné les harkis,
ni qu'elle les a placés dans des camps en France, " s'est-il
indigné. En tout cas pas publiquement, ici, à l'hôtel
des Invalides.
(Figaro du 26 septembre 2003)
5 DECEMBRE ¿
Réactions sur la commémoration nationale du 5 décembre.
Réaction d'Alexis BOUCHARD :
J'ai été informé de l'officialisation de la date
du 5 décembre pour commémorer la guerre d'Algérie
et ses victimes civiles et militaires.
Après les travaux de la commission Favier, cette officialisation
était très probable mais il demeurait un vrai risque. Celui
que continue, ou qu'on laisse continuer à commémorer le
cessez le feu unilatéral du 19 mars 1962. Personnellement, j'attendais
avec inquiétude.
Non sans raison car, dès la décision publiée, certains
anciens combattants de la FNACA font savoir qu'ils ne tiendront aucun
compte de cette date devenue officielle du 5 décembre et continuerons
de commémorer le cessez le feu unilatéral du 19 mars 1962,
point de départ d'ignobles massacres, d'immenses souffrances et
de l'abandon de leur terre natale pour des millions de Français.
J'ai l'amertume de constater qu'une fois de plus, nos dirigeants sont
des pleutres qui n'ont pas le courage, pour le moins, de déconseiller
la poursuite de la commémoration du 19 mars 1962 si lourde d'agression,
de souffrance et de très pénibles souvenirs rappelés
chaque année à des millions de Français de souche
européenne ou nord-africaine. Sont-ils donc voués aux enfers
à perpétuité pour avoir été citoyens
français radicalement opposés au terrorisme comme mode d'expression
politique ? N'avaient-ils pas raison quand chacun peut voir ce qu'est
devenue l'Algérie plus de quarante ans après ? Sûrement
pas le paradis et sûrement pas ce qu'attendait la population, sauf
pour quelques inqualifiables profiteurs.
Ceci étant, faute d'avoir trouvé dans le gouvernement un
allié de poids, un vecteur de communication et de persuasion, je
reste déterminé à mettre tous les bâtons possibles
dans les roues de ceux qui continueront à commémorer ce
si pénible souvenir. Nous n'avons pas vocation à nous faire
torturer une fois par an ni à nous faire agresser au détour
d'une rue ou d'une place par une plaque "..... du 19 mars 1962 -
Fin de la guerre d'Algérie ou Cessez le Feu en Algérie".
Commémore-t-on la défaite de Sedan ou l'armistice de 1940
?
La paix de l'âme sera venue quand nous aurons définitivement
convaincu les commémorateurs de cesser de nous faire souffrir.
Alors tous les massacrés d'après le 19 mars 1962 pourront
reposer en paix et leurs descendants assumer pleinement leur citoyenneté
et honorer publiquement leurs morts souvent lâchement assassinés.
La Passion de Servir -a.bouchard@wanadoo.fr
Réaction de Boris KAN :
J'ai entendu sur Europe 1, à 12 h 30, M Hamlaoui
Mekachera soi-même annonçant que le gouvernement avait décidé,
avec l'accord du Président de la République, que la date
de commémoration officielle de la guerre d'Algérie avait
été définitivement fixée au 5 décembre.
Ceci dans un but d'apaisement et pour satisfaire la majorité des
associations d'anciens combattants consultées par la commission
Favier : 9 présidents sur 10 a-t-il précisé. Seule
la FNACA était contre. Fin de citation.
Ne dîtes pas "OUF" ! Car ce que je te donne d'un côté
je te le reprends de l'autre, technique bien connue, style diminution
des impôts et augmentation du carburant par exemple. Et bien, toujours
Mekachera dixit, libre à ceux qui le veulent de célébrer
le 19 mars, et " libre aussi aux autorités d'assister à
celle qu'ils désirent " !
Autrement dit, on l'a dans le baba.
Reportez-vous à la presse de demain.
Cela vous étonne ? moi, pas.
Toujours le 19 mars de la FNACA
..Paris
une "Place du 19 mars"
Nous apprenons, par le biais du Collectif des Rapatriés
Internautes, que le maire de Paris -celui-là même qui a fait
poser une plaque à la mémoire des fellouzes morts à
Paris le 17 octobre 1961- continue dans la forfaiture en voulant baptiser
une place du XII ème arrondissement de Paris : " place du
19 mars 1962 ".
Alors qu'aujourd'hui le gouvernement a fait un tout petit pas dans le
bon sens en souhaitant faire du 5 décembre la date officielle de
la commémoration de la guerre d'Algérie, monsieur Delanoë
ne semble avoir, pour journal officiel, que celui de la FNACA.
Robert SAUCOURT
La Loire, toujours en pointe
...
A Roanne, pour la journée officielle d'hommage
aux Harkis le 25 septembre, il a fallu que le représentant local
de l'ASAF téléphone au cabinet du maire pour que celui-ci
décide -au bout de trois ans- de commémorer ces combattants
dont le souvenir semble devoir être exclu de la mémoire locale.
Mais
le jour venu, pas de représentant de la préfecture;
seules associations invitées : la FNACA, l'UFAC, et le Souvenir
Français, en quelque sorte que des associations " bien pensantes
".
Quant aux Harkis (ils sont 6 à Roanne), ils ont été
avertis par courrier quelques jours auparavant et aucun ne s'est déplacé.
On peut les comprendre car s'ils étaient venus, ils n'auraient
pu voir à leur côté que des organisations favorables
au 19 mars
..
Alain MIMOUN, un très grand français
En regardant les championnats du monde d'athlétisme
à la télé, j'ai eu l'heureuse surprise d'écouter
un entretien d'un journaliste avec Alain MIMOUN .
Quel plaisir, tout d'abord d'écouter ce vieux monsieur de 80 ans
passés, qui court ses 10 kilomètres tous les jours ! et
de voir la mine quelque peu déconfite du journaliste lorsque Monsieur
Mimoun dit que, s'il a gagné, c'est parce qu'il était aidé
par Dieu, parce que la France méritait qu'il lui offre cette victoire,
et parce que cette victoire, il la voulait pour son pays, son drapeau.
Quelle différence avec ce que l'on peut trop souvent voir et entendre
aujourd'hui. RS
L'Histoire et la Télévision
..
Une émission de télévision de Télé
Monte Carlo, sur le Maroc , particulièrement désinformatrice
pour un public non averti, a excité la plume de Michel LAGROT,
qui s'est substitué à notre Président pour informer
TMC de ce que pouvaient penser, à ce sujet, les membres de notre
association.
Soyez nombreux à l'imiter.
Messieurs,
On a pu suivre sur vos antennes ces derniers temps, à des heures
de grande écoute, un film documentaire en deux parties sur le Maroc.
Excellent sujet, ce pays ami étant connu et aimé de beaucoup
de Français, et le film a certainement été très
regardé. Il comportait quelques extraits de films anciens intéressants
et eut mérité d'être traité avec un minimum
d'objectivité et de compétence
Hélas, nous avons pu voir déballer un chapelet de banalités,
d'inexactitudes et de flagorneries politiques des plus navrants : passe
encore que l'ensemble ait été traité comme une sorte
de mauvaise chronique mondaine de la famille régnante, dans laquelle
tous les vrais événements du siècle sont escamotés...passe
même l'accablante médiocrité des commentaires d'une
journaliste du New York Time dont la culture historique se limite au contenu
de son propre journal
Mais vous nous permettrez de nous élever contre le fait que, dans
une émission projetée à l'intention d'un public français,
le passé français du pays n'ait même pas été
évoqué, alors que les Marocains eux-mêmes reconnaissent
volontiers que le Maroc moderne est l'uvre de la France, et d'abord
de Lyautey, dont le nom n'a même pas été prononcé
Nous entendons bien que ce " documentaire " est américain,
et marqué au coin d'une ignorance telle, que , par deux fois, on
a pu y entendre que le Maroc est l'état le plus stable du "
Moyen Orient ":
mais le texte était doublé en français et, devant
une pareille énormité, à laquelle les adaptateurs
français n'ont pas réagi, on ne peut que tirer l'échelle.
Nous la tirons donc, non sans nous étonner qu'une station prestigieuse
comme Télé Monte Carlo soit le vecteur d'une telle partialité
et d'une médiocrité aussi écrasante : mieux vaut
encore le feuilleton de série B que personne ne regarde, que le
documentaire de série C à un tel niveau
Croyez, Messieurs, à nos sentiments de franche désapprobation.
Hyères, le 05 09 2003
Michel LAGROT
Le Colonel BOUTIN.
Un agent secret de Napoléon à l'origine de la prise d'Alger
Vincent-Yves Boutin n'est probablement pas le plus connu des agents secrets
de Napoléon. Mais il est certainement celui dont l'action a eu
les plus brillantes conséquences. Sa vie est aussi la preuve qu'aucun
régime politique français n'a négligé le monde
méditerranéen. Napoléon Bonaparte lui-même
malgré les guerres incessantes qu'il dut soutenir en Europe du
Nord, du Centre et de l'Est, n'oublia jamais l'Orient et le monde musulman.
L'échec final de l'expédition d'Egypte ne l'empêcha
pas de nourrir d'autres projets. Ses adversaires ne lui laissèrent
ni les moyens ni le temps de les réaliser.
Vincent-Yves Boutin est né en 1772 dans le futur département
de la Loire-Atlantique. Son père est maréchal-ferrant ;
la famille appartient à la petite bourgeoisie. Les Boutin sont
des " bleus ", hostiles au Roi et bientôt favorables à
la République. La famille sera durement éprouvée
par les guerres civiles et extérieures de la Révolution
au cours desquelles plusieurs de ses membres trouveront la mort.
Le jeune Boutin choisit une carrière d'officier et, bon élève,
est admis en 1793 à l'Ecole du Génie Militaire de Mézières.
Le climat révolutionnaire n'est guère favorable au bon fonctionnement
d'une école militaire mais Boutin parvient cependant à y
apprendre son métier d'officier du Génie auprès de
professeurs peu appréciés des révolutionnaires car
issus généralement des cadres de l'Ancien Régime.
Il se révélera un excellent officier dominant parfaitement
les connaissances techniques et particulièrement sérieux
dans son service. Il participe aux guerres de la Révolution et
se retrouve en 1800 capitaine lors des opérations d'Italie. La
même année, il est retenu prisonnier par les Russes à
Corfou durant deux mois. Sa carrière ne le distingue pas des nombreux
jeunes officiers de talent que comptent alors les armées napoléoniennes.
Tout va changer en 1807. Il est envoyé en mission auprès
du général Sébastiani, ambassadeur de France à
Constantinople. En effet, depuis 1806, l'Empire Ottoman a déclaré
la guerre à la Russie et se retrouve donc allié de la France.
Lorsque Boutin arrive à Constantinople, la ville est sous la menace
d'une puissante flotte britannique et tout espoir semble perdu. Il va
alors être chargé de la défense de la capitale impériale.
Aidé par les officiers français présents à
Constantinople, soutenu par le Sultan, il mobilise la population et met
la ville en état de défense. Partout les fortifications
sont renforcées. Il fait déployer plusieurs centaines de
pièces d'artillerie. On a évoqué le nombre énorme
de 520 canons et 110 mortiers.
Face aux émissaires anglais, il proclame, au nom du Sultan, sa
volonté de résister. La flotte britannique attaque le 3
mars 1807. Le combat est extrêmement violent. Les Anglais ne peuvent
percer les défenses turques conçues par Boutin. Deux de
leurs navires sont coulés, d'autres gravement avariés. Ils
doivent se retirer.
La victoire est dûe en grande partie à l'action de Boutin.
Il est félicité par le Sultan mais est choqué de
se voir remettre, par le puissant monarque de l'Empire Ottoman, des pièces
d'or symbolisant sa satisfaction.
Il est ensuite envoyé auprès des troupes turques qui combattent
les Russes sur le Danube. Il y remplit les fonctions de conseiller de
leur chef Ibrahim Pacha. Il vivra au sein des troupes turques comme un
Turc, adoptant même la tenue des officiers. Cette fonction se révèle
encore un succès. Dès son achèvement, il est nommé
par la France chef de bataillon et chevalier de la Légion d'Honneur.
Au début de l'année 1808, le ministre de la marine Decrès
le charge d'une nouvelle mission. Il doit se rendre à Alger et
y étudier la ville et ses défenses. Cette mission a été
voulue par Napoléon.
L'Empereur a plusieurs motifs pour justifier son intérêt.
D'abord il souhaite mettre fin à la piraterie en Méditerranée,
ensuite il constate que le Dey d'Alger a retiré ses privilèges
commerciaux à la France pour les accorder à l'Angleterre,
enfin, il espère, par une implantation en Afrique du Nord, contrer
la politique méditerranéenne des Britanniques. Boutin a
été choisi en raison de sa bonne connaissance du monde musulman
depuis son séjour de l'année précédente dans
l'Empire Ottoman et en raison aussi de ses grandes capacités en
tant qu'officier du génie.
Le voyage est très dangereux. En route vers Alger, son navire doit
se défendre victorieusement contre l'attaque d'un navire anglais.
A Alger même, il risque la mort quotidiennement mais remplit brillamment
sa mission secrète. Il y séjourne du 24 mai au 17 juillet
1808. Il s'y présente comme un civil venu rendre visite à
son proche parent le Consul de France Dubois-Thainville. Il se rend partout
et établit des plans de la ville, des fortifications, des alentours.
Il s'intéresse à tous les aspects de l'organisation et des
murs locales.
Son étude achevée, il prend congé du Consul et décide
de rentrer en France. Sur le chemin du retour, son navire est malheureusement
capturé par un vaisseau anglais. Après avoir jeté
à la mer ses documents, il ne conserve qu'un carnet de notes où
sont consignées ses observations.
Conduit à Malte, il s'en évade très rapidement et
revient en France en passant par Constantinople. Il rédige à
Paris son rapport pour l'Empereur grâce à son précieux
carnet et à sa mémoire. Il est reçu aux Tuileries
en février 1809 par Napoléon très satisfait de ses
services. Il faut en effet reconnaître que le rapport Boutin était
d'un très grand intérêt.
Il contenait de nombreuses informations et établissait un véritable
plan en vue de la prise d'Alger. Il prévoyait un corps expéditionnaire
de trente à quarante mille hommes. Mais il considérait qu'il
ne fallait en aucun cas attaquer la ville par la mer. Boutin préconisait
un débarquement à Sidi-Ferruch suivi de la prise du fort
l'Empereur. L'attaque d'Alger devait donc s'effectuer par l'intérieur
et les hauteurs. La ville pourrait alors être prise sans coup férir.
Il pensait qu'on ne devrait pas se contenter d'occuper Alger seulement
et qu'il serait nécessaire d'étendre largement la présence
française. Le respect des femmes, des biens et des mosquées
était, selon lui, la condition d'une conquête réussie.
Napoléon ne put mettre en application le rapport Boutin. Ce dernier
participa à la bataille de Wagram en 1809 et fut nommé colonel
en 1810.
Devenu un spécialiste de l'espionnage dans les pays musulmans,
il fut alors envoyé en Egypte et en Syrie. Il arriva à Alexandrie
en 1811. Il s'y présenta comme un paisible archéologue,
mais il était en même temps un personnage officiel accrédité
auprès du corps diplomatique français.
En Egypte, il fut reçu par le Pacha Mehemet-Ali et entra en contact
avec les " Mameluks français ", anciens soldats de l'armée
d'Egypte restés dans le pays. Son action tendant à renforcer
l'influence française mécontentait les Anglais. Mais Boutin
s'en moquait et sillonnait le Proche et le Moyen-Orient allant jusqu'en
Arabie.
Il avait rencontré à Alexandrie une jeune Anglaise aussi
originale que lui, Lady Hester Lucy Stanhope, nièce du premier
ministre anglais William Pitt. Très vite ils furent liés
par une grande affection. Furent-ils amants ? Nul ne peut répondre
à cette question. La jeune Lady Stanhope était elle-même
un agent d'influence britannique.
En 1814 Boutin rejoint la Palestine, puis il explore la région
de Taurus. Il reçoit régulièrement des subsides de
France et poursuit sa mystérieuse mission. En juillet-août
1815, il est assassiné entre Latakieh et Alep par des membres d'une
secte musulmane. Son panégyrique fut prononcé à la
Chambre des députés en 1816 par le Comte de Laborde.
Mais Lady Stanhope décida de venger son ami. Elle persuada le Pacha
d'Acre de monter une expédition punitive au cours de laquelle furent
tués plusieurs centaines de membres des tribus en cause tandis
que leurs villages étaient brûlés. Elle adressa une
lettre au frère de Boutin, simple boulanger à Nantes.
Elle y proclamait : " l'admiration que m'a inspiré un homme
qui avait toutes les vertus et la fermeté d'un Romain, les talents
et l'honneur d'un Français. "
On pensa de nouveau au colonel Boutin lorsque le roi Charles X et son
gouvernement envisagèrent sérieusement la prise d'Alger.
Le capitaine de vaisseau Collet, chef de la division navale chargée
du blocus d'Alger recommanda d'utiliser le rapport Boutin. Le marquis
de Clermont-Tonnerre, ministre de la guerre, en fit grand usage et ce
fut la tactique envisagée par Boutin qui fut appliquée.
Précisons que l'Etat-major français ne disposait pas de
cartes d'Alger et de sa région. Seuls les travaux et croquis de
Boutin lui permirent de s'orienter.
Le colonel Boutin fut donc un artisan essentiel de la conquête de
l'Algérie.
Jacques SAINT-PIERRE
C'était LYAUTEY
Quelques citations dédiées aux anticolonialistes,
amis des droits de l'Homme et autres grands curs en pantoufles et
chaises longues.
Nostalgie... Saudade,
..Sehnsucht
..
"J'avais trente-neuf ans quand j'ai quitté la France, j'ai
vécu trente-cinq ans aux colonies. Je suis revenu ici en 1926..Eh
bien je ne peux pas m'y refaire. J'ai le mal du pays à rebours
"
Ineptie du pouvoir à distance...
" Il faut à une colonie naissante un proconsul qui puisse
envoyer coucher la métropole ; et à cela le régime
parlementaire se prête mal "
Un exemple à Madagascar : un Résident ( haut fonctionnaire
désigné ) répond à un colon qui lui demande
de lui donner enfin ses permis de concession : " je ne peux pas,
je n'ai pas de géomètre ! "
Et Lyautey : " Nom de nom ! je n'ai pas de géomètre
à Ankazobé, ce qui ne m'empêche pas, dès qu'un
Français m'arrive, de la lui donner, sa concession ; je la lui
payerais ; et je la mesure avec n'importe quoi, le pas, l'il
.
"
A propos de la colonisation
" Cette organisation ne suit pas l'occupation du pays mais la précède
Chaque
chef d'unité, chaque soldat sait que le pays qui va lui échoir
sera celui où il restera, et chefs et troupe sont formés
en conséquence . Et ainsi l'occupation successive dépose
les unités sur le sol comme des couches sédimentaires .
C'est bien une organisation qui marche
La route alors n'est plus seulement la ligne d'opérations, la route
d'invasion, mais la voie de pénétration commerciale de demain.
Tel plateau aux bonnes communications, aux abords faciles, ne vaut plus
seulement comme position stratégique ou tactique, mais comme centre
de relations économiques, comme emplacement d'un marché
prochain, et tout s'y fait en conséquence .
Telle riche plaine n'est plus seulement un point de ravitaillement militaire,
mais un centre de ressources et de cultures à ménager, à
gérer immédiatement en bon père de famille
.
Il fallait former par les colonies un groupe de plus
en plus nombreux d'initiateurs, de forts, de détachés de
besoins, de voyants d'en haut ; par ce groupe réagir sur l'inertie
métropolitaine, établir un circuit continu et générateur
de vie entre la France du dehors et la France du dedans
.. "
Au sujet du Maroc :
" Tenir la balance égale entre l'hégémonie islamique
et les libertés berbères ; obtenir de l'immigrant le respect
consenti des lieux saints ; accommoder le progrès et la coutume
; greffer l'ardeur de la vie moderne sur la calme image du passé
; maintenir ou réveiller les traditions artisanales, les procédés
d'architecture, le costume, les fêtes rituelles ; ne châtier
que les partis, jamais les populations ; opposer la prévoyance
à l'usure, la coopération à l'accaparement ; enfin,
précepte majeur, ne consacrer, au profit du colon, aucun privilège
fiscal. "
Les nécessités de la démocratie !!!
On venait de lui dire, dans son cabinet de ministre, les choses les plus
justes, inspirées du patriotisme le plus élevé,
" et le lendemain, à la Chambre, devant le public, rien de
tout ça n'existait plus. Et j'entendais les mêmes hommes
tenir un langage absolument contraire, parce qu'il n'existait qu'une préoccupation
: la réélection et lorsque je m'en indignais, on me répondait
assez piteusement ; < que voulez vous, ce sont les nécessités
du régime démocratique
>. "
Sur le révisionisme politiquement correct de l'Histoire.
" Par une triste singularité, notre pays est le seul qui ait
pris son passé en horreur et qui, ayant derrière lui la
plus glorieuse histoire du monde, mette son orgueil à ne dater
que d'hier ou d'avant hier . "
Extrait par Michel Lagrot du livre " Présence de Lyautey ",
de Raymond Postal.
NOTES DE LECTURE
" Ma guerre des grottes en Algérie "
Adjudant - Chef Armand CASANOVA
Ce livre de petit format (68 pages) nous retrace la vie difficile et dangereuse
des Commandos de Réduction de Grottes durant la guerre d'Algérie.
Ces hommes d'une unité de Génie le 77ème C G Z (Compagnie
du Génie Zone) dont la mission était d'aller débusquer
les fellaghas dans les grottes au prix de mille dangers, au milieu des
tirs, des jets de grenades, environnés par les gaz au chlore qu'ils
envoyaient.
Armand Casanova fut l'un d'eux, il nous raconte sa vie faite de moments
de peur, les copains qui meurent au fond d'un trou, et de satisfaction
du travail bien fait lorsque la mission est accomplie sans casse.
Ils n'étaient ni la Légion, ni les paras, seulement des
" petits ", des sans grades, mais qui permettaient aux autres
de faire des bilans.
Ouvrage à commander chez l'auteur :
13, rue Grenette – 05000 GAP - 12 €
" Les peuples rebelles ", Thibaut de la TOCNAYE
20 ans de rencontres avec ceux qui, aux 4 coins du monde,
résistent au monde communiste.
L'auteur nous emmène au Liban où il fut le compagnon d'armes
de Samir Geagea successeur de Béchir Gemayel à la tête
de la résistance chrétienne, au Nicaragua avec les Contras
en lutte contre les Sandinistes, au Salvador où les nationalistes
sont venus à bout des guérillas marxistes.
En Europe il sera auprès des Polonais et des Croates, ces peuples
chrétiens qui ont mis fin à l'hégémonie communiste.
Il nous décrit les combats des Afghans de Massoud, des maquis vietnamiens,
des Tibétains, tous ces peuples qui ne vivent pas dans l'opulence
et qui savent, eux, ce que communisme veut dire.
Il va très loin dans la description de ces rebellions, plus loin
que ce qu'en ont dit à l'époque nos médias officiels.
éditeur : Godefroy de Bouillon - 40 rue de la Croix Nivert - 75015
PARIS- 25€
" Nouvelle revue d'histoire "
Nous vous conseillons d'acheter le numéro 8 - septembre octobre
- de la " Nouvelle revue d'histoire ", revue dirigée
par Dominique Venner, où vous trouverez un dossier très
complet sur la guerre d'Algérie et les séquelles qu'elle
a engendrées aujourd'hui.
Robert SAUCOURT
" Historiquement correct, pour en finir avec
le passé unique "
Jean SEVILLIA
L'auteur a lui-même défini ainsi son étude
: " Appliqué à l'histoire, le politiquement correct
s'appelle l'historiquement correct. Analysant le monde d'hier d'après
les critères de notre époque, l'historiquement correct traque
l'obscurantisme, l'impérialisme, le colonialisme, le racisme, le
fascisme ou le sexisme à travers les siècles. Que ces mots
n'aient pas de sens hors d'un contexte précis, l'historiquement
correct s'en moque : son but n'est pas de comprendre le passé,
mais d'en fournir une version conforme à la philosophie dominante
.proposant
une histoire tronquée, falsifiée, manipulée. "
Jean Sevillia se livre à une analyse des grandes tranches de notre
histoire et évite le manichéisme qui veut nous enfermer
dans une notion subjective et trop souvent transformée pour les
besoins de la cause que des historiens orientés veulent défendre.
De la féodalité à la guerre d'Algérie, en
passant par l' ancien régime, la révolution, Pie XII, le
fascisme, la collaboration, la décolonisation
.Il essaye de
nous éclairer sur toutes les fausses idées qu'on a voulu
nous inculquer.
Pour nous aider à mieux les comprendre il recadre tous ces événements
dans le contexte des idées en cours à leur époque
et nous apprend à ne pas les juger avec nos regards et nos concepts
d'aujourd'hui. La légende et les mythes truffent l' Histoire et
la Mémoire de mensonges et de contrevérités, et dans
notre pays qui ne s'aime plus, qui ne croit plus en lui, la destinée
commune se perd. Pour qu'une nation soit unie, il lui faut un passé
commun que l'on doit apprendre à connaître et à aimer.
Sinon, il ne reste qu'une communauté d'intérêts, matérialiste,
individualiste, sans foi ni loi, tel en est le risque.
Tous ces Français de souche ou par le sang versé, et non
par l' argent gagné, alignés dans nos cimetières
militaires, toutes origines et croyances confondues, seraient-ils morts
pour rien ? Car si tel est le cas, c'en est fini de notre pays qui aura
sombré dans la crise de civilisation qu'il vit aujourd'hui.
" De l'histoire à la mémoire, de la mémoire
à l'histoire, c'est la question du lien social qui est posée.
Une nation, c'est une communauté de rêves. Demain, par delà
leurs différences, comment et par qui faire rêver les Français
ensemble ? " C'est l'inquiétante conclusion à laquelle
parvient Sévillia.
Un livre à lire et à faire lire, qui complète sa
précédente étude sur " Le Terrorisme intellectuel
", et qui remet l'histoire à l'endroit en nous faisant aimer
notre pays.
Edition Perrin, 453 p, 21,50 €
Boris KAN
Sur la difficile naissance de la
première émission de timbres en Algérie.
Ceci est l'histoire condensée d'un article de Michel
MELOT, paru dans la revue " TIMBRES MAGAZINE, d'avril 2003. "
Origine de la philatélie de l' Algérie
Dès le 15 mars 1902, le Sahara définitivement conquis, l'
Algérie émet le désir d'avoir ses propres timbres
postaux et fiscaux, car la vente de ces timbres contribuerait directement
à son budget, ce qui n'est pas le cas des recettes de la vente
des figurines de la métropole, qui y retournent directement. Ce
vu a été exprimé par l'Assemblée des
délégations financières, formée dès
1898 de 24 délégués colons, 24 non colons et 21 indigènes
musulmans.
Le courrier très officiel envoyé au ministère de
l'Intérieur, auquel l' Algérie est rattachée depuis
1870, repart vers le ministre des Finances, qui ne s'oppose pas au projet,
et atterrit, pour avis, sur le bureau du sous-secrétaire d'Etat
des Postes et Télégraphes.
Le directeur du service de la Comptabilité et de l'Exploitation
postale est le principal frein ,au motif que l'introduction de timbres
dans les autres établissements d'Outre-mer , où les monnaies
étaient flottantes par rapport au Franc, avait eu pour conséquence
" de mettre fin à l'agiotage auquel se livraient les spéculateurs,
en important des timbres-poste, d'une colonie dans l'autre, pour bénéficier
de la différence des monnaies et des variations des cours de change.
"
Il ajoute même: " Pareille situation ne se présente
pas dans les relations franco-algériennes, et le public qui a peine
à comprendre que nos possessions coloniales ne forment pas avec
la France un seul territoire dans toute l' étendue duquel le mode
d'affranchissement serait uniforme, s'expliquerait encore moins une mesure
dont l' application,
.,heurterait la conception qu'il s'est faite,
des rapports existant entre la France et l'Algérie".
Le dossier capote, est relancé plusieurs fois sans succès
entre 1902 et 1914, d'autant que le gouvernement français a d'autres
préoccupations : envoi d'un corps expéditionnaire au Maroc
pour établir le nouveau protectorat, participation à la
guerre dans les Balkans, renforcement de l' armée allemande et
enfin la guerre de 1914-1918 qui se matérialisera par la mobilisation
de 173.000 hommes en Algérie.
Le défi suisse à l'UPU.
A l'Union Postale Universelle, dont c'est le congrès à Madrid,
le 4 octobre 1920, le délégué suisse sème
la panique en exprimant son mécontentement devant le mode d'attribution
des voix et demande avec l'Argentine le retour à la situation de
Washington, ce qui impliquerait la suppression de nombreuses voix, dont
celle de l' Algérie. En effet, comme les statuts prévoient
une voix par Etat, les Etats coloniaux se sont empressés au cours
du temps d'obtenir des voix pour leurs colonies. La France possède
ou maîtrise 6 voix, la sienne, plus une pour les colonies, une pour
la Sarre, une pour le Maroc, une pour la Tunisie et une pour l'Algérie.
La proposition de la Suisse est rejetée par 17 voix contre 13.
La question suisse est remise sur le tapis à Buenos-Aires en 1922
et sera débattue, en 1924 au futur congrès de Stockholm.
La relance victorieuse
Aussi la relance du vu initial par le gouverneur général
de l'Algérie, en 1923, incite le sous-secrétaire d'Etat
aux Postes et Télégraphes à changer de position et
à écrire à son ministre: "
.mon administration
est d'avis que l'émission de timbres spéciaux à l'Algérie,
aurait l' avantage de mieux faire apparaître aux yeux de l'étranger,
l'autonomie de l'office postal algérien et d'éliminer un
argument qui pourrait être invoqué à Stockholm, en
1924, pour demander la suppression du droit de vote dont l'Algérie
a usé pour la première fois au dernier congrès de
Madrid en 1920. "
Pour conserver la voix de l'Algérie aux votes de l'UPU, donc pour
des raisons de politique internationale postale
., toute la hiérarchie
administrative et politique change très vite de position. Malgré
un coup de frein, dû au fait qu'on s'aperçoit qu'il n'y pas
de crédits pour réaliser les premiers tirages et que tout
devrait être reporté en 1925, donc après le prochain
congrès, dès le 11 décembre 1923, un arrêté
du ministre de l' Intérieur Maurice Maunoury autorise la surcharge
de timbres destinés à l'usage spécifique des bureaux
de poste algériens, et indique qu'ils seront seuls valables dans
le service algérien.
C'est donc fin janvier 1924 que le gouverneur Steeg reçoit les
spécimens de surcharges pour " bon à tirer " qu'il
renvoie immédiatement à Paris pour impression. Les timbres
arrivent à Alger le 4 mai et sont mis en vente le 12 mai, sous
la responsabilité de la Direction régionale de la Poste
à Alger, qui s'appuie aussi sur les deux directions départementales
d'Oran et de Constantine.
Très vite, une Agence comptable est créée, par décret
présidentiel, à partir du 1er janvier 1925, agence nécessaire
pour le stockage et obligatoire sur le plan comptable, car ces timbres
sont des valeurs fiduciaires.
Un concours de maquettes est ouvert en 1925 et le jury en retient quatre
:
La rue de la Kasbah, de 1 c à 10 c
La mosquée de Sidi Abderahman de 15 à 40 c
La grande mosquée pour les 45 à 80 c
La mosquée des Pêcheurs pour les valeurs de 1F et plus.
Les 24 valeurs que forme la première émission sortent de
mai à novembre 1926 .
Cette fois-ci, l'Algérie a vraiment ses propres timbres; on ignore
si elle en a remercié la Suisse.
Michel SAVELLI
Robert SAUCOURT, palmier d'Or au
FIFAL 2003
Notre Président, Robert SAUCOURT, a remporté,
au Festival du Film algérianiste, ( FIFAL ),qui se tenait au Palais
des Congrès de la grande Motte, les 3, 4 et 5 octobre dernier,
" Le Palmier d'Or " .
Cette récompense est attribuée au meilleur film d'amateur
choisi par le comité de sélection cinématographique
du Fifal parmi un ensemble d'une dizaine d' uvres.
Son film, présenté sur support DVD, est intitulé
: " Il était, une fois, dans l'Oued
" . C'est une
magistrale présentation audiovisuelle, à partir de documents
anciens, de l' installation des premiers " colons " en Algérie.
Le créateur présente un saisissant parallèle entre
la conquête de l'Ouest américain et celle de la bande côtière
et du Tell algérien par un peuple de pionniers, qui virèrent
rapidement leur cuti dès leur arrivée, passant du "
patos blanquico " au " colon au visage buriné "
pour survivre à l'attaque des moustiques, des fièvres malignes,
de la sécheresse et aussi des tribus non encore soumises.
Un texte prenant accompagne les images, très bien servi par la
voix de Marie-Blanche, fille de notre Président.
Mais surtout, une musique divine, empruntée au tout meilleur folklore
de la " country ", vous transpose dans les premières
décennies de la conquête de l'Algérie.
Fait exceptionnel, la présentation publique fut " bissée
".
uvre très originale, sans aucune nostalgie, rendant hommage
au courage et à l'abnégation de ceux qui furent les développeurs
de l' Algérie Française.
Michel SAVELLI
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