Création à Paris d'une "Place du 19 mars 1962" une mauvaise idée du maire de Paris Bertrand Delanoë, les courriers de l'Association Recours et la réponse du maire de la capitale.

RECOURS AU MAIRE DE PARIS BERTRAND DELANOE
Paris le 19 septembre 2003.

Objet : Attribution de la dénomination " place du 19 mars 1962 " à une place du XIIe arrondissement de Paris.

Monsieur le Maire.

Nous venons de prendre connaissance de votre projet de délibération et de l'exposé des motifs qui donnent les raisons de baptiser une place du XIIe arrondissement " place du 19 mars.

Nous ne pouvons les accepter car votre résumé historique est approximatif.

Vous oubliez simplement de dire que les Français d'Algérie de toutes confessions et de toutes les religions ont été interdits de vote lors du référendum ayant décidé du sort de l'Algérie.

Vous omettez aussi, et là il s'agit de désinformation de dire qu'à partir du 19 mars 1962 et jusqu'à l'automne de cette année 150000 harkis et plusieurs milliers d'Européens, soit 6,5 fois les pertes militaires en Algérie durant 8 ans, disparurent dans des conditions indescriptibles ; situations uniques au monde.

De nombreuses jeunes femmes musulmanes et européennes échouèrent dans des bordels dans lesquels elles restèrent captives durant des années.

41 ans après, on est toujours sans nouvelle de tous ces disparus.

Pour ces raisons, vous devriez baptiser cette place du XIIe arrondissement " Place du 25 septembre - Honneur et souvenir aux harkis et victimes civiles et militaires.

Vous vous devez de considérer, au-delà de votre idéologie politique, que le 19 mars est une date honteuse à cause de toutes ces victimes innocentes que vous vous devez de respecter en tant que Français et Maire de Paris.

Vous êtes d'autant moins pardonnable que l'on sait aujourd'hui, 41 ans après ce qui s'est réellement passé en Algérie après le 19mars 1962.

Vous êtes inexcusable dans votre démarche car vous ne pouvez pas dire " JE NE SAVAIS PAS".

Vous savez. Mais vous faites, insultant ainsi toutes les victimes de ce génocide trop longtemps caché.

Nous saurons nous en souvenir, Monsieur le Maire, ainsi que de ceux qui voteront pour la " place du 19 mars.

Vos services de presse semblent avoir omis de vous informer que depuis le 17 septembre 2003, la date officielle commémorant les victimes civiles et militaires en Algérie est le 5 décembre ! …..

Nous vous prions de croire, Monsieur le Maire à nos salutations.

Philippe NOUVION
Un Vice - Président du Haut Conseil des Rapatriés.



LE MAIRE DE PARIS AU RECOURS

Paris le 3 octobre 2003

Monsieur le Secrétaire Général.

Toute guerre est par définition atroce et injuste, encore plus lorsque des civils en sont les acteurs et les victimes. La guerre d'Algérie n'a pas échappé à cette définition.

Il ne m'appartient pas de décider du choix officiel d'une date commémorant la fin de la guerre d'Algérie. Le gouvernement s'est prononcé en faveur du 5 décembre, jour anniversaire de l'inauguration du mémorial national de la guerre d'Algérie. J'ai noté cependant que le secrétaire d'état aux anciens combattants, monsieur Hamlaoui Mekachera, avait précisé que les associations qui souhaitaient commémorer le " 19 mars " pourraient continuer de le faire.

J'ai toujours fait le choix de célébrer le " 19 mars " car cette date commémore l'anniversaire du cessez-le-feu, conséquence des accords d'Evian. Vous n'étés pas sans savoir que ces accords furent ratifies par 90% du peuple français. Pour des millions de Français. pour des millions de Français, cette date a signifié la fin prochaine de ce terrible conflit.

Je n'oublie pas les souffrances des Français d'Algérie, et je suis prêt à ce que la ville de Paris organise, dans la dignité, une cérémonie en leur mémoire devant le monument des victimes d'Afrique du nord qui est situé dans le 19 e arrondissement. De même, je n'ignore rien du sort qui fur réservé aux harkis. J'étais présent lors de la cérémonie qui leur rendait hommage le 25 septembre 2001. Mais je pense que ce serait une erreur de vouloir opposer les mémoires les unes aux autres. Elles sont toutes respectables et doivent être entendues. C'est bien le rôle d'une association comme la votre d'être à l'écoute de l'ensemble de ces sensibilités.
Je vous prie d'agréer, monsieur le Secrétaire Général, l'expression de mes sentiments les meilleurs

Bertrand Delanoë


A BERTRAND DELANOE MAIRE DE PARIS

Objet: 19 mars 1962

Monsieur le maire de Paris

Nous accusons réception de votre courrier du 3 octobre courant.

Afin de vous éviter de continuer à justifier votre choix purement dogmatique et politique et de satisfaire ainsi les vœux de la FNACA, d'obédience communiste comme le précise l'ancien Secrétaire d'Etat aux anciens Combattants Jean-Jacques Beugler, nous livrons à votre réflexion ainsi qu'à vos amis majoritaires au Conseil de Paris, la déclaration de Monsieur François Mitterrand, alors président de la république, lors d'une conférence de presse le 24 septembre 1981 :

" Je tiens simplement à dire que s'il s'agit de décider qu'une date doit être officialisée pour célébrer le souvenir des victimes de la guerre d'Algérie, tout en laissant les partenaires de la conférence nationale en débattre, cela à mes yeux, ne peut pas être le 19 mars, parce qu'il y aura confusion dans la mémoire de notre peuple.

Je trouve parfaitement normal qu'une association l'ait choisie pour elle-même, mais au niveau du pays une date devra être choisie qui ne pourra pas s'ajouter aux f^tes nationales, au même plan que le 11 novembre, le 8 mai, la célébration du souvenir de la déportation, mais qui marquera le recueillement national : cela ne pourra pas être le 19 mars, ce n'est pas l'acte diplomatique rendu nécessaire à l'époque qui peut s'identifier à ce qui pourrait apparaître comme un grand moment de notre histoire, d'autant plus que la guerre a continué, que d'autres victimes ont été comptées et qu'au surplus il convient de ne froisser, je le disais tout à l'heure sur un autre plan, la conscience de personne….. "

Comme vous pouvez le constater, ses propos sont sans ambiguïté, mais vous en prenez malheuresement le contre pied.
Croyez, Monsieur le Maire, à nos salutations.

Philippe Nouvion
Un Vice-président du Haut Conseil des Rapatriés.