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ORAN Ville espagnole
Par Philippe Lamarque 1ere partie |
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Éternelle revendication de la Reconquista, plusieurs fois prise par les troupes royales espagnoles, la ville d'Oran et son port militaire de Mers el-kébir deviennent à partir de 1831 possessions authentiquement françaises où s'établissent des émigrants espagnols qui pratiquent spontanément l'intégration et sollicitent leur naturalisation.
Ainsi Oran est-elle une ville entièrement européenne où vivent très peu de musulmans.
Isolée dans un paysage hostile et aride fait de steppes et de collines où les colons peinent à bonifier des sols difficiles et inhospitaliers. Oran grandit suivant un plan d'urbanisme soumis à un étagement contraignant dont il faut surmonter le cloisonnement. |
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À la veille de la Grande Guerre, Oran a pris son aspect presque définitif, tout en prévoyant une extension des faubourgs rayonnants autour du centre, ou plutôt des centres étagés en trois niveaux et reliés par des rampes terrassées à grands frais. Dépassant rapidement , le million d'habitants, elle se classe parmi les grandes villes de France, trouvant sa place dans le commerce international, par le transit des marchandises utiles a l'Hinterland, comme au Maroc tout proche et à l'Espagne que l'on apercevrait presque de l'autre côté de l'horizon.
Le trafic de la marine marchande passant par Gibraltar et le canal de Suez profite des installations portuaires pour des escales techniques. Siège d'un diocèse et d'une division militaire, la vile naît sur les rives abruptes de l'oued Rehhi. Aujourd’hui couvert et devenu le boulevard de Malakoff. S'étendant par gradins sur les deux versants elle atteint le plateau de Karguentah, occasionnant le déplacement du centre ville vers cette étendue aux raidillons adoucis. Il s'agit d'un phénomène typique que l'on rencontre dans l'urbanisme espagnol dés la Reconquista, pour des raisons militaires liées à la proximité de l'eau douce tout en recherchant la couverture de l'artillerie de position mise en batterie sur les pitons. Le bas plateau, le moyen s'est développé autour du port, présente une architecture liée aux activités navales Plus haut, le plateau moyen s'est développé autour de la place Kléber. Enfin la place d'armes fait office de centre du plateau supérieur. Ces plateaux ne communiquent entre eux que car des rampes assez raides. La ville et sa baie sont dominées à l'ouest par le Santa Cruz, montagne escarpée et dénudée. coiffée par un fort espagnol et une chapelle de la Vierge. |
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Constamment menacés par les ripostes ottomanes, les Espagnols ont construit pendant le siècle d'Or un vaste complexe de fortifications, dont les courtines de pierre fauve se confondent avec les rochers naturels, une couleur locale typiquement hispanique et des monuments parfois très anciens donnent un certain cachet à la ville.
Dans les rues, le désir de la population d'assumer sa naturalisation se traduit par une mode vestimentaire comparable a celle du midi de la métropole . Même les Espagnols fraîchement débarqués ont renoncé depuis longtemps aux costumes traditionnels de leur province, |
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d'autant que le dernier arrivage massif date de 1939, dans le flot des réfugiés qui fuient Franco étant presque tous des partisans républicains, ils n'ont aucune raison de conserver les traditions ancestrales et portent du bleu de chauffe comme une véritable profession de foi.
Quant aux deux petites communautés juive et musulmane, la première s'est occidentalisée, l'autre est assez peu visible |
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Une architecture de l'Europe du sud
Il ne reste rien de la ville romane. D'après les chroniqueurs arabes, Oran aurait été rebâtie en 902 par des marins andalous sur le territoire des Berbères Aadadja . De cette ville non plus il ne reste aucune trace. Le 17 mai 1509, l’armée du cardinal de Cisneros et de son adjoint Pedro Navarro. conquiert la place retranchée au cri de « Santiago y Cisneros ». Aussitôt le cardinal y débarque en grande pompe, dans un décorum extraordinaire, bannières de procession et de guerre au vent, au son des trompettes et timbales de l'armée que couvrent de fervents cantiques, les mosquées sont converties en églises, couvents et hospices sont fondés dans les médersas. Utile précaution, les fortifications sort considérablement développées et garnies de pièces de siège. En 1792, le royaume d'Espagne étant menacé au nord par l'invasion révolutionnaire, Oran voit sa garnison se réduire, ce dont les Beys de Mascara en profitent pour s'emparer d'un riche butin . Ils restent à Oran moins de quarante ans, puisque le dernier Dey, Hassan, menacé par des tribus dissidentes de la montagne, réclame le protectorat de la France, l'armée française fait son entrée le 4 janvier 1831.
La vieille ville de La Blanca
Ces quatre décennies avaient suffi pour défigurer la ville espagnole, ne laissant que des masures malsaines autour de la mosquée du Pacha. Quant au quartier juif de la ville haute et au village nègre, il ne s'agissait en réalité que de gourbis insalubres. Les Beys y avaient fixé dans la précarité quelques nomades sédentarisés de force. En 1832, un recensement ordonné par Pujo, commissaire du roi, répertoria 3800 habitants, dont 750 Européens, 250 indigènes sous statut coranique et 2800 sous statut mosaïque. Cette agglomération aux contours incertains et aux constructions sans valeur est devenue au cours des décennies suivantes la cité la plus entreprenante et le centre commercial le plus actif d'Algérie, au point de susciter la jalousie des Algérois. Un dicton de l'époque prétend que si Oran eût appartenu a un autre pays, en l'occurrence le royaume d'Espagne, les deux villes se fussent déclarées la guerre Cette rivalité se traduit pendant un siècle par une émulation des élites et par des compétitions sportives au succès populaire, soutenues par des supporters ardents. Les trois plateaux peu propices à la circulation étant passés, les axes d'urbanisme bénéficient d'un relief moins accidenté qu'à Alger ou à Constantine pour desservir l 'arrière pays. Du côté maritime, les grandes puissances internationales guettent attentivement Oran, support logistique du puissant arsenal de la flotte française de haute mer a Mers el-kébir, aussi important que Toulon et Bizerte pour contrôler la Méditerranée occidentale |
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Place d'armes
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Une promenade en ville
En partant de la place d'armes, il faut se diriger vers la mosquée du Pacha et l'église Saint-Louis, puis gagner la place Kléber avant d'arriver au quartier de Karguentah, au Quartier juif et au village nègre. La place d'armes, plantée d'arbres, a été ornée en 1898 d'une colonne commémorative du combat de Sidi Brahim, prés de Nemours, au cours duquel périrent le colonel de Montagnac et ses chasseurs en 1845. |
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Retranchés dans un marabout et encerclés par les réguliers d'Abd-el-Kader, ils combattirent avec l'énergie du désespoir. Les statues de bronze signées Dalou parviennent à s'affranchir de la pesanteur convenue de l'art officiel.
Si l'hôtel de ville ressemble aux constructions administratives de son temps, les deux lions en bronze de Caïn donnent un peu plus d'allure à l'escalier monumental qu'ils flanquent, de l'autre côté de la place, le cercle militaire aurait presque une allure d'Alhambra dans son écrin de verdure. Seul le nouveau théâtre évoque l'architecture du Siglo de Oro, avec ses tours carrées de flanquement coiffées de tourelles néo-plateresques. De la place d'armes se détache le boulevard Seguin, artère principale de la ville nouvelle, à la circulation très dense, éclairée tard le soir par la lumière des cafés et du vaste hôtel Continental. Il y règne une atmosphère typiquement espagnole, où les consommateurs dégustent des spécialités. Le lycée domine la mer, au bout du boulevard se trouvent la petite place Ville-bois-Mareuil, le boulevard Charlemagne et la rue des Casernes, puis à gauche, la rue de la Bastille (anciennement rue Saint-Esprit avec la poste centrale). La longue rue d'Arzew est embellie par le massif occidental de l'église du Saint-Esprit, elle débouche sur le boulevard du 2e zouaves, du nom du régiment d'infanterie régulière où servent les conscrits au titre de la loi jourdan |
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La garnison comprend aussi le 6e chasseurs d'Afrique, la particularité des zouaves et des Chas-d'Af est d'accueillir les appelés du contingent, contrairement aux tirailleurs et aux spahis composés de français de statut coranique, non astreints à la conscription, et qui y servent sous contrat et sont mieux soldés. C'est précisément chez les zouaves que beaucoup de familles espagnoles ont payés au prix fort le droit d'être naturalisées.
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Porte du Chateau neuf |
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De 1915 à 1918 le passeport français a été donné en échange d'un engagement, mais trop souvent, ce sont des veuves et des orphelins qui en ont bénéficié. Combien d'Espagnols parlant à peine français ont laissé leur os à Reims, au fort de la Pompelle, entre la ferme d'Alger et le bois des zouaves ? La cathédrale près du boulevard Magenta a souvent servi à des absoutes.En allant vers la gare autour du square du Palais de Justice, rayonnent les boulevards Seguin et de Magenta, puis la rue de Mostaganem et le boulevard Marceau. Près du boulevard du sud se trouvent de curieuses casernes en style hispano-mauresque Vers le quartier ........ | Lire la suite | |
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Cet article vient de paraître dans le magazine trimestriel
« La guerre d´Algérie »
Editeur :
SOTECA, 48-50 boulevard Sénard, 92210 Saint Cloud.
Date de dernière parution : 08/06/2007
Prix de vente au n° : 9,90 €
Périodicité : Trimestriel
Société Editrice : GROUPE MICHEL HOMMELL
Adresse : 48/50 BOULEVARD SENARD
Code postal : 92210
Ville : SAINT CLOUD
Directeur Général : QUESNEL Olivier
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