"J'ai
aussitôt enfourché mon vélo, pédalé
à toute vitesse pour prévenir le chirurgien de l'hôpital,
d'autres amis", ajoute-t-elle. "Depuis quelques semaines,
les Allemands procédaient, sur dénonciations, à
des arrestations. Tous les résistants dont le rôle
était de faire sauter des trains et des ponts, se cachaient".
"Moi, j'étais messagère. Avec mon côté
jeune fille sage et bien élevée, on me faisait transporter
des armes, des explosifs". Nicole Tedesco associe au récit
de cette partie de sa vie Jacques Plavidis et Hector Vigna, les
seuls survivants du groupe de neuf adolescents, tous de Saint-Tropez,
qui, comme elle, avaient choisi la résistance dès
16 ans. "Avant l'aube, des avions sont passés tout bas.
Les silhouettes des premiers parachutistes sont apparues. Ils devaient
être largués au Muy pour prendre le contrôle
de la Nationale 7. Ils sont arrivés par erreur sur Saint-Tropez".
"Nous nous sommes précipités pour les accueillir.
Ils étaient un peu perdus. Ils croyaient arriver à
l'intérieur des terres. Il a fallu les convaincre d'aller
prendre la ville. Les Allemands avaient évacué la
nuit précédente le port qu'ils ont fait sauter et
s'étaient repliés sur les hauteurs. Les Américains
ont pu ainsi entrer dans Saint-Tropez sans combat". "Inconsciente,
je marchais à la tête des troupes, un pistolet à
la ceinture. Je devais les guider. Il y avait une joie immense,
un soulagement extraordinaire. Des combats ont éclaté
ensuite sur les hauteurs. Il y a eu une dizaine de morts. Le lendemain,
quand tout le monde était en pleine euphorie, les Allemands
ont perpétré un attentat place des Lices. Là
aussi, il y a eu des morts". |