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Ce jour
est un peu notre Toussaint. Bien qu'il ne corresponde pas au calendrier,
nous nous réunissons ici depuis de très très
longues années pour honorer nos morts, nos Disparus et tous
les Combattants morts pour que vive l'Algérie Française.
La plupart d'entre eux reposent là bas sur une terre qu'ils
avaient façonnée de leurs mains, pétrie de
leur sueur et de leur sang.
C'est sous l'action volontaire et patriotique d'un officier Français
que ce monument est né. Il devait permettre chaque année
de rappeler que le souvenir, le sacrifice et l'honneur d'hommes
et de femmes ne tombent dans l'oubli. Oui, le vrai tombeau des morts
c'est le coeur des vivants.
Je veux rendre hommage au Commandant Jean Doubouy. Qu'il repose
en paix, après une vie durant, s'être battu pour les
causes justes sous les plis du drapeau tricolore. Il était
fier de ce monument et, je suis à mon tour aussi, fier de
pouvoir perpétuer cette volonté. |
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René
Andrés pendant son discours devant le mémorial |
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Je veux
aussi adresser un salut fraternel à notre ami Edouard Baldo.
Une santé défaillante ne lui permet pas d'être
présent avec nous aujourd'hui. Je sais ô combien il
le regrette et nous aussi.
Salut Edouard !
La raison de ce Mémorial c'est de pouvoir s'imposer face
à l'oubli. Il permet de méditer sur une page de l'histoire
de notre pays et même si cela dérange par certaines
vérités.
Mes chers Amis, vous comprendrez, je l'espère l'émotion
qui me gagne chaque année à pareille époque
pour évoquer devant ce Mémorial le passé d'hommes
et de femmes venues de tous les bords de la Méditerranée
et même de plus loin.
De cultures et de religions différentes, ils avaient mélangé
leur vie et leurs coutumes. Au fil des années, un véritable
peuple est né. Sur une terre aride et peu hospitalière,
ils avaient appris à manier la pioche, la pelle, la charrue
mais aussi le fusil.
C'est ainsi que lorsque la France s'est trouvée confrontée
à de grands conflits,
une armée a pu être levée pour participer à
la défense de la Patrie.
Ces hommes de toutes les communautés présentes en
Algérie, ne connaissaient qu'une seule chose: l'Algérie
et la France ne faisaient plus qu'un seul pays. Chaque commune possédait
son monument aux morts où parfois la place manquait pour
y inscrire le nom de tous les soldats tombés sur les champs
de bataille au cours des deux guerres.
Bien vite l'Algérie et grâce au travail et à
l'action des Enseignants, Médecins, Fonctionnaires, Paysans
et Ingénieurs, ce département devient l'un des joyaux
de la France. Mais hélas ! bien vite aussi les convoitises
ne se firent pas attendre. Les ennemis extérieurs et intérieurs
de l'Empire Français se mirent sournoisement au travail,
pour réduire à néant cette magnifique oeuvre
civilisatrice.
Se rappeler ces périodes permet de mieux comprendre l'engagement
total de tous ces hommes et femmes, chrétiens, juifs, musulmans,
athées, qui n'ont pas hésité à donner
leur vie pour que vive l'Algérie Française.
L'Algérie a connu cette dramatique tragédie, cette
guerre cruelle où chaque jour pendant 8 longues années
ses enfants étaient massacrés.
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Tous ceux à qui nous
rendons hommage aujourd'hui étaient loin d'imaginer ce qui
les attendait. La trahison et le mensonge allaient prévaloir
sur leur idéal, leur labeur, leur patriotisme, leur passion.
Ce peuple qui composait l'Algérie Française avait compris
très tôt que l'intérêt d'une vie ne réside
pas dans sa longueur mais dans son intensité.
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Les plaies
sont encore vives, la douleur due à l'arrachement à
son pays natal ne s'atténue pas. Non! nous ne sommes pas
nostalgiques, ni rancuniers. Mais il y a en nous cette mémoire
que nous voudrions mettre au service de la vérité.
Je dois cependant reconnaître qu'après avoir subi en
2003 « l'année de l'Algérie » avec son
cortège de reportages éhontés, de films tronqués,
une désinformation généralisée où
l'Armée de la France a été traînée
dans la boue. Un projet de loi portant reconnaissance de la Nation
et contribution nationale en faveur des Français Rapatriés,
de tous les Français Rapatriés a déclenché
en nous une lueur d'espoir.
La lecture de l'article 1Bis du projet de loi, est un vrai rayon
de soleil qui me parvient, je cite la Nation associe les populations
de toutes confessions, Harkis, Pieds Noirs victimes des massacres
perpétués pendant la guerre d'Algérie ainsi
que ceux commis après le 19 mars 1962 en violation des accords
d’Evian à l'hommage pour les combattants morts pour
la France et surtout toute allégation injurieuse commise
envers une personne en raison de sa qualité vraie ou supposée
d'anciens supplétifs de l'Armée Française en
Algérie est interdite. Nos frères Harkis traités
de collabos sauront décoder ce message. |
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Je tiens
à remercier Christian Kert, Député des Bouches
du Rhône pour m'avoir fait passer ce projet de loi et lui
dire combien j'ai lu avec émotion son allocution à
l'assemblée Nationale, le 2 décembre 2003. Mon Cher
Christian le peuple des Rapatriés et Harkis saura s'en souvenir
quand il le faudra.
On pouvait être heureux. Nos espérances avaient force
de loi. Oui, tout ce qui avait été fait en Algérie
était enfin reconnu par la Nation française.
Seulement voilà, cette euphorie n'a duré le temps
que dure un arc-en-ciel. Les actes ne suivent pas les écrits.
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La commémoration
du 60e anniversaire du débarquement en Provence où
le recueillement à l'égard de tous ces combattants
a été marqué par la présence honteuse
et indécente d'un dirigeant FLN à ces manifestations.
Cette décision du Président de la République
est un manque de respect et de. Dignité à l'égard
des Harkis et Rapatriés. C’est une insulte historique.
Que des anciens combattants issus des anciens territoires ou départements
français soient honorés, nous semble tout à
fait normal et juste. Nous ne devons pas oublier que tous ces soldats
ont contribué à libérer la France. Cette France
de champs de bataille, cette France de monuments aux morts, cette
France qui a été libre grâce au sacrifice de
tous ses enfants. II reste à nous de savoir nous montrer
dignes de cette liberté.La présence du Président
de l'Algérie à ces manifestations est une grave maladresse
qui divise encore plus les Français. Nous n'avions pas besoin
de cette humiliation qui ne manquera pas de retarder la réconciliation
entre l'Algérie et la France. Une réconciliation ne
se décrète pas. On nous parle souvent de la réconciliation
qui s'est opérée 20 ans après avec l'Allemagne.
Il serait bon de savoir pourquoi 42 ans après rien n'est
fait avec l'Algérie. Avec l'Allemagne la réconciliation
s'est réalisée avec un gouvernement qui n'avait rien
à voir avec l'Allemagne nazie. Or en Algérie, le Président
actuel faisait partie de l'organe dirigeant du FLN, ceux là
même qui n'ont pas respecté les accords d'Evian et
ont continué à massacrer sans retenue les Français
et les Harkis. Il faut poursuivre les dirigeants du FLN, y compris
certains ministres algériens en exercices. M. Bouteflika
est un ancien du FLN et je le tiens pour l'un des principaux complices
des crimes commis contre les Harkis. (Pierre Messmer « le
Monde » 25 septembre 2001)
Les Rapatriés et Harkis n'ont aucune rancoeur envers la population
d'Algérie. Au contraire, nous savons qu'ils souffrent, nous
les comprenons mieux que d'autres. J'ai personnellement de nombreux
contacts avec des Algériens rencontrés sur des chantiers.
Leurs confidences sont sans équivoque, ils souhaitent que
nous revenions en Algérie pour construire une Algérie
nouvelle.
Un de mes interlocuteurs est né avec l'indépendance
mais me raconte que son père lui avait souvent assuré
que c'était « mieux avant. Un autre m'a affirmé
que tout compte fait, c'était les Harkis qui avaient fait
le bon choix. |
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Ô ! Combien nous aimerions retourner
dans notre pays natal, mais librement pas en voyage officiel, mais
en toute liberté et pour tous sans exception. Oui, nous aimerions
retrouver nos quartiers qui ont marqué notre enfance, oui l'esprit
de nos aïeux est fortement imprégné dans ce pays.
II n'y a pas de réconciliation sans sincérité,
il n'y aura pas d'avenir sans pardon, mais pas un pardon unilatéral.
Dans toute réconciliation il y a un effort pour que chacun
oublie le passé. La guerre d'Algérie a marqué
et divisé toute une génération.
Comment peut-on envisager une réconciliation sans que Rapatriés
et Harkis n'y participent ? C'est pourtant ce qu'avait promis le Secrétaire
d’Etat aux Anciens Combattants, le 2 décembre 2003, devant
le Parlement. |
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le Parlement.
Si cette réconciliation s'opère avec toute la franchise
nécessaire, sans aucune arrière pensée, un
avenir serein pointera à l'horizon et tous nos morts, nos
Disparus, nos fusillés pourront enfin reposer en paix.
Quant à nous, nous ne les oublierons jamais.
René ANDRES
Aix en Provence Le 16 octobre 2004 |
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