Les batisseurs de la basilique du Sacré-Coeur d'Alger l'histoire du choix des acteurs elle est située dans un quadrilatère formé par les rues Michelet Edith-Cavell Ml-Morand & Letellier
 
     
   
Le 14 mars 1956 la commission donnait son choix de l'architecte.
C'est en 1871, au moment où la France était au plus fort de l'épreuve, que, sous la poussée irrésistible de la piété populaire, un grand mouvement d'appel à la miséricorde divine se dessina, qui prit corps dans un voeu d'ériger une église au Sacré-Coeur de Jésus afin d'obtenir la protection divine sur la Patrie menacée. Monseigneur Guibert, Archevêque de Paris, fit sien ce projet : « Ce Sanctuaire du Sacré- Coeur, écrit-il, deviendra devant Dieu l'expression d'une supplication générale pour que les jours de nos épreuves soient abrégés et adoucis et que, du Coeur si aimant de Jésus, sorte notre régénération spirituelle et temporelle ».
La Basilique de Montmartre qui dresse vers le ciel ses blanches coupoles et son gracieux campanile est la réalisation de ce voeu.
Tout le monde sait qu'en 1849, alors que le choléra multipliait en Algérie ses ravages, Monseigneur Pavy prescrivit des prières et des processions en l'honneur du Sacré-Coeur. Quelques jours après le terrible fléau avait complètement disparu.
Le 11 février 1944, alors que se livraient les batailles les plus rudes, les plus décisives de la deuxième guerre mondiale, à un moment où l'avenir pouvait paraître à quelques-uns encore incertain, Monseigneur Leynaud fit le voeu d'élever en l'honneur du Sacré-Coeur une « belle et grande église ». Dans sa pensée elle devait être, en même temps que le témoignage de la reconnaissance à Dieu pour la protection accordée à l'Algérie au milieu des bombardements et parmi les dangers de la guerre, un témoignage éclatant de l'indéfectible espérance que nous devons avoir en la miséricorde de Dieu.
 
L'église du Sacré-Coeur d'Alger sera donc le Montmartre algérien.
L'emplacement choisi par Mgr Leynaud est le terrain même sur lequel les Dames du Sacré-Coeur, arrivées à Alger dans les derniers jours de 1842, avaient bâti un collège très florissant qui fut fermé dans les années douloureuses du début de ce siècle ; la chapelle de ce pensionnat où Monseigneur Pavy célébra pour la première fois la messe le 5 Août 1856, devint bientôt le centre de la dévotion au Sacré Coeur ; elle sert encore actuellement d'église paroissiale.
Un temple votif au Sacré-Coeur est particulièrement à sa place au pays de saint Augustin ; c'est une tradition immémoriale dans l'iconographie de représenter saint Augustin portant un coeur en sa main. La religion chrétienne est une religion d'amour. Saint Augustin, gloire de la terre africaine, est le plus grand docteur de l'Eglise catholique, parce qu'il a été le chantre, par excellence, de l'amour éternel de Dieu pour les hommes, de l'amour universel qui doit faire de tous les hommes « un seul homme ».
En ces jours où la violence fait couler tant de larmes et tant de sang la voix de saint Augustin retentit, et comme un chant d'espérance, elle montre à tous le chemin de la Paix qu'elle est, disait-il, la force de la cité de dieu ? Que celui qui veut comprendre la force de cette ville, comprenne la force de la charité ! Elle est la force dont personne ne triomphe... Le monde ne peut rien contre la puissance de la charité.. De même que la mort a pour détruire une extrême violence, de même l'amour est d'une extrême violence pour sauver". (Explication du Psaume 47)
 
Pour la construction de cette église votive, un concours fut organisé entre tous les architectes désireux de présenter des esquisses. Le jury comprenait, outre les représentants de la commission diocésaine d'Art Sacré, des architectes représentant le conseil supérieur et le conseil Régional de l'Ordre, deux urbanistes l'un représentant monsieur le maire de la ville d'Alger, l'autre désigné par l'Archevêché. Un premier jugement éliminatoire sur projets anonymes avait, lieu le 25 août 1955; la levée de l'anonymat fit apparaître que quatre projets retenus étaient les oeuvres de : monsieur Alain Bourbonnais, Paul Herbé, et Jean Le Couteur, Maurice Thomas et Claude Janvier, Jean Willervall. Les concurrents étaient invités à développer leur projet initial.
Le 14 Mars 1956, le jugement définitif décernait le premier prix à l'oeuvre de monsieur Paul Herbé et Jean Le Couteur; leur projet était retenu pour l'exécution des travaux. L'aspect nouveau de la maquette n'a pas manqué de frapper bien des gens. Dans les grandes lignes et son inspiration, l'édifice est cependant tout à fait traditionnel ; le plan en croix grecque est très ancien et la tour-lanterne évoque les grandes églises romaines. l'audace des maîtres d'oeuvre a été de traiter l'ensemble avec un souci rigoureux de vérité selon les exigences du matériau qui sera employé, le béton armé.

Futur terrain pour la construction de la Basilique du Sacré Coeur
 
De cette église qui sera "grande et belle", le luxe sera écarté. C'est par la pureté des lignes architecturales par une distribution judicieuse de la lumière que les architectes veulent créer une atmosphère de recueillement qui facilite l'élan de la prière. Les travaux commenceront très prochainement. L'église du Sacré coeur que le peuple appel déjà Basilique en devançant la décision du Pape, aura une place honorable nous l'espérons dans les magnifiques constructions récentes qui rendent la ville d'Alger célèbre à travers le monde. La construction de la maison de Dieu sera un appel adressé à tous les hommes de bonne volonté de construire la paix dans leurs voeux avec le ciment de l'amour. Léon -Etienne Duval † (plus connu des Algérois sous le nom de Ben Duval)
 
Façade Basilique rue Michelet
   
 
   
Façade Basilique rue Letellier
 
 
On remarquera la forme générale rappelant
de façon frappante le poisson symbolique des premiers chrétiens.
 
Une expression architecturale moderne et rationnelle longuement mûrie. Les travaux de construction de la Basilique du Sacré-Coeur, à Alger, vont commencer avec la nouvelle année 1958. 26 mois se sont écoulés depuis le jugement du 1er degré de concours retenant les 4 meilleurs projets. Si l'on suit l'évolution des études depuis la première maquette, le projet actuel s'explique clairement et l'on comprend qu'il ait fallu ce délai pour l'amener à maturité.
Le premier souci des architectes a été d'exprimer le caractère de l'édifice « Eglise Basilicale vouée au Sacré-Coeur » et de rechercher une expression architecturale propre à la ville d'Alger. Ils ont estimé que l'édifice devait s'élever au-dessus des constructions.
 
 
     
   
2me prix M.Jacques Barge architecte Paris
Façade, côté rue Michelet trop hautes qui bordent actuellement le terrain, et ont recherché une silhouette qui puisse s'intégrer dans le paysage d'Alger et être vue de n'importe quel niveau et sous les angles les plus variés.
Ils ont pensé qu'en plein centre d'Alger cette église devait être protégée des bruits de la rue et recevoir la lumière d'en haut. C'est cela qu'exprimait encore de façon très vague la première maquette. Elle exprimait aussi le parti d'implantation de l'église sur le terrain actuel. Pour cela, seuls de tous les concurrents, il ont placé le chevet de l'église sur la rue Michelet et ont disposé l'entrée principale latéralement comme à la cathédrale d'Albi.
Cette disposition qui permet une élévation maximum de l'église sur la rue Michelet permet de trouver facilement tous les locaux annexes de l'église : sacristie, salle des mariages, etc..., au-dessous de l'autel et jusqu'au niveau du parvis. Elle a été choisie aussi par-ce que la présence de la station-service ne permet pas actuellement un accès sur la rue Michelet. L'entrée latérale donnera donc, dès maintenant, un accès noble à l'église et dans l'avenir un accès monumental par des portiques, escaliers et perrons rachetant la différence de niveaux du parvis au sol de la nef.
 
Au deuxième degré du concours, les idées de base sont maintenues mais se clarifient, la silhouette se simplifie et tend vers l'unité. Il faut rechercher à l'intérieur de la nef le maximum de visibilité en limitant les points d'appuis, il faut aussi réduire les fondations dans un terrain difficile. Le projet évolue naturellement vers un principe analogue à celui d'une coupole sur pendentif surmonté d'un lanterneau. La forme pure de l'hyperboloïde de révolution est l'évolution logique et moderne de la composition classique de l'église à coupole sur plan carré. En effet, on sait que la technique actuelle du B.A. permet et amène logiquement des formes nouvelles.
 
   
3me prix M.Jean Willerval architecte Paris
     
   
4me prix MM. Maurice Thomas
&
Claude Janvier architectes Paris
     
Le raisonnement mathématique et les commodités de construction (coffrage réalisé par des droites) con-duit naturellement à l'utilisation des surfaces réglées, (hyperboloïde de révolution, paraboloïde hyperbolique dont la rigidité et la stabilité sont très grandes pour dés voiles en B.A. de très faible épaisseur).
La deuxième étape du projet se compose essentiellement d'une nef centrale reposant sur quatre angles, et de quatre voûtes engendrées par les arcs supportant la nef. Le plan de l'église prend la forme d'une croix grecque.L'unité de l'édifice est réalisé et les principes constructifs deviennent simples, mais il reste à assouplir l'expression architecturale et à harmoniser des détails qui s'incorporent à l'ensemble.
En reprenant l'étude après le jugement du deuxième degré du concours leur confirmant l'exécution de l'église, les architectes et leur ingénieur-conseil ont tout d'abord recherché à assurer toutes les couvertures par un système de voûtes en voiles minces liées de façon continue à l'hyperboloïde central de façon à ramener toutes les charges sur les points qui sont devenus isolés et apparents à l'intérieur de l'église. Cet objectif (qui n'a pu être obtenu qu'après de nombreuses maquettes d'étude) per-met d'agrandir le plan intérieur de l'église au maximum des limites du terrain et de mettre en valeur des points d'appui.
 
Ainsi la situation de l'église apparaîtra clairement à l'intérieur et sera d'au-tant plus lisible qu'une surface vitrée continue montrera bien que les parois verticales appartiennent à un système constructif indépendant et ne portent pas les voûtes.
Les architectes ont ensuite mis au point les parois verticales dont la disposition en V permet une grande stabilité et des jeux d'ombre et de lumière en façade. Puis, se servant des mêmes éléments architecturaux, ils ont réétudié le chevet et le narthex qui diffèrent complètement des études précédentes.
Enfin, l'édifice a été couronné par la chambre des cloches et par une flèche métallique supportant la croix. La structure définitive de cette sorte de campanile qui se découpera sur le ciel d'Alger fait encore l'objet d'études et la flèche actuellement indiquée sur des photos n'est pas définitive. Il en est de même du parvis dont la réalisation est malheureusement conditionnée par la disposition de la station-service le long de la rue Michelet. J. LE COUTEUR lauréat du concours
 
         
       
  LES ARTISANS DE CETTE BELLE OEUVRE
Paul HERBE et Jean LE COUTEUR, architectes
René SARGER, ingénieur.
Collaborateurs . Michel COLLE, architecte ; Etienne MARTIN, François STHALY, M. SWOBADA, sculpteurs ; Jean CHAUFFREY, peintre; Henry MARTIN-GRANEL, étude des vitraux; Léonard GINSBURG, études géologiques
José BERHNART, Ingénieur-Conseil, électricité.
Entreprise adjudicataire
(gros-oeuvre) : PERRET Frères.
   
Ci-dessus de g. à dr. : M. Hanning, urbaniste, chef du bureau du plan, représentant le Maire d'Alger ; Mgr Poggi, vicaire général, M. Claro, architecte, Président du Conseil régional de l'Ordre, représentant du Conseil supérieur ; M. Solivérès, architecte, représentant le Conseil régional ; S. Exc. Mgr Duval (plus connu sous le nom de Mohamed Ben Duval), archevêque d'Alger ; M. de Maisonseul, urbaniste, chef du service départemental de l'urbanisme M. l'Abbé Tissot, secrétaire de la commission d'art sacré diocésaine M. Sonrel, architecte ; M. Beaudouin, architecte ; M. l'Abbé Neau, membre de la commission diocésaine d'Art sacré ; M. Pingusson, architecte ; M. l'Abbé Di Méglio, curé de la paroisse du Sacré-Coeur.