Réunie
à Aix, l'Association de défense des rapatriés
d'Afrique du nord spoliés de Corse a déposé
des recours devant la Cour européenne des droits de l'homme.
Je m'étais absenté en 1994 pendant trois mois sur
le continent, pour des affaires familiales. Lorsque je suis rentré
en, Corse, chez moi, une vingtaine de Corses occupaient mon terrain,
avec des banderoles. Ils avaient ouvert les vannes d'eau, s'étaient
branchés sur l'électricité. Impossible de
les faire partir; ils ont menacé un ouvrier, pistolet sur
la tempe, de représailles s'il restait. Il a eu peur et
n'a pas voulu porter plainte". L'histoire est racontée
par un
Pied-noir de Corse, de l'Association de défense des rapatriés
d'Afrique du nord. Selon lui, depuis "Les années de
plomb qui durent depuis 1977, prés de 700 exploitations
agricoles détenues, par des pieds-noirs ont disparu. On
nous obligeait de vendre, souvent sous la contrainte de e administration.
Mais il est très difficile de le faire dans de bonnes conditions.
Les actions illégales ont continué en toute impunité.
Après les "impôts révolutionnaires, les
menaces, les plasticages, voilà l'occupation des biens
fonciers."
Multiples plaintes
L'affaire remonte à 1975, date de la tragédie d'Aléria
(voir ci-dessous. C'est à cette époque que certains
nationalistes commencent à dénoncer la "spoliation"
des Corses orchestrée par l'Etat au profit des Pieds-noirs,
et cela via la Société de mise en valeur de la Corse.
Une "Somivac" créée à la fin des
années 50 pour viabiliser des terres à vocation
agricole et les revendre à des exploitants insulaires.
Mais, à la demande du gouvernement, elle en avait cédé
l'essentiel ? 90 % ?aux Rapatriés qui ont afflué
sur 1'ile à partir de 1961.
Les occupations parfois sauvages de domaines par des Corses ont
entraîné, bien sûr, de multiples plaintes auprès
de la justice française. Mais n'ont abouti que rarement.
"Ordonnances d'expulsion non exécutées, plaintes
classées sans suite", martèle l'avocat de l'association,
M` Alain Galay, présent hier à Aix à la Maison
des Rapatriés.
Aussi, vingt-deux rapatriés d'Algérie ont déposé
des recours devant la Cour européenne des droits de (homme
sur les chefs de "violations du droit au respect des biens",
privations de propriété" et "violations
de domicile".
"Nous allons nous baser sur l'affaire de la partition de
Chypre entre la Turquie et la Grèce. Des habitants d'origine
grecque vont perdre leurs biens. Chypre a mis en cause la Turquie;
ce pays a été condamné par la cour européenne
".
Me Galay précise tout de même: "Il ne s'agit
pas de diaboliser la Corse. 1l faut simplement que les pouvoirs
publics se penchent sur ce problème".
Dans le fond de la salle, un Rapatrié rumine sa colère.
"Cette démission de l'Etat, c'est un scandale. Cela
se produit sur une terre française. La conséquence
de tout cela, c'est que tous les enfants de Rapatriés ont
quitté la Corse."
Julien DANIELIDES La PROVENCE DU 2 OCTOBRE
2004.