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En Corse, les «pieds-noirs»
sont indissociables d'un épisode que l'on considère
communément comme le point de départ de la violence
«politique» : Aleria. Le 22 août 1975, l'occupation
d'une cave viticole appartenant à un rapatrié d'Algérie
s'y termine dans un bain de sang : deux gendarmes tués, plusieurs
occupants blessés. La veille, cette cave avait été
investie par des militants de l'ARC (Action régionaliste
corse). Emmenés par Edmond Simeoni, aujourd'hui chef de file
d'Unione naziunale, le groupe d'élus nationalistes à
l'Assemblée de Corse, ils entendaient notamment dénoncer...
la «spoliation» des Corses orchestrée par l'Etat
au profit des pieds-noirs, et cela via la Somivac. Cette Société
de mise en valeur de la Corse avait été créée
à la fin des années 50 pour viabiliser les terres
à vocation agricole et les revendre à des exploitants
insulaires. Mais, à la demande du gouvernement de l'époque,
elle en avait cédé l'essentiel – 90% –
aux rapatriés affluant sur l'île à partir de
1961. Au total, ils seraient près de 17 000 à avoir
alors trouvé refuge en Corse.
Selon le président du Parti pied-noir, qui compte une vingtaine
d'adhérents en Corse, «beaucoup de rapatriés
ont, depuis, quitté l'île dans des conditions extrêmement
difficiles, spoliés une seconde fois, directement ou indirectement».
«Certains ont vendu leurs biens, d'autres ont été
obligés de partir précipitamment», poursuit-il,
évoquant les nombreux attentats dont été victimes
ces Français d'Algérie qualifiés de «colons»
par les nationalistes. Mais, pour Christian Chembré, «les
gouvernements ont toujours évacué le problème».
Le figaro [28 septembre
2004]
http://www.lefigaro.fr/france/20040928.FIG0295.html
Ajaccio : Dominique Costa |
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