Le lâche jacques Chirac ne condamne pas les propos de Bouteflika
 
     
 
 
     
Le 10 avril 2006 Douste Blazy
recevait un coup d'éventail du turc d'Alger
 
Abdelaziz Bouteflika
revient discrètement à Paris
après des insultes contre la France.


Quelques mois après son transfert en urgence à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, Abdelaziz Bouteflika est de nouveau hospitalisé à Paris où il est arrivé tard le mercredi 19 avril 2006. Contrôle « postopératoire » et visite prévue de « longue date », affirme Alger. « Suivi médical prévu de longue date », renchérit Paris à l'unisson. Du Quai d'Orsay au ministère de la Défense en passant par une «source médicale» (non identifiée), le président algérien, 69 ans, est en France pour simple « consultation ».
Dans un premier temps l'hopital du Val-de-Grâce fait mieux encore, affirmant hier « n'être pas au courant ». Seul Jean-François Bureau, le porte parole du ministère de la Défense, a laissé deviner la sensibilité du dossier en affirmant : « Nous laissons à l'ambassade d'Algérie le soin d'apporter des précisions ».
 
 
 

La volonté de Paris de ne rien faire qui puisse froisser l'extrême susceptibilité d'Alger aura en tout cas permis à Jean-Marie Le Pen d'annoncer la nouvelle sur Radio Monte Carlo. Le leader du Front National a exprimé sa colère de voir le responsable algérien soigné en France, rappelant les récentes déclarations d'Abdelaziz Bouteflika le 17 avril 2006 à Contantine qui a dénoncé un " génocide de l'identité » algérienne lors de la colonisation française". « Je trouve scandaleux que monsieur Bouteflika se permette de dire cela publiquement et le lendemain d'être chez nous pour se faire soigner. Je ne comprends pas qu'il vienne se faire soigner chez les abominables colonialistes que nous sommes ».
Deux députés de l'UMP, Nicolas Dupont-Aignan et Lionnel Lucas, ont réagis , pour l'élu des Alpes-Maritimes, Lionnel Lucas a jugé « indécent » le séjour en France du chef de l'Etat algérien. Philippe de Villiers s'est joint en stigmatisant la « lâcheté » du gouvernement français qui s'est « refusé à commenter » la relance de la polémique sur la colonisation de Bouteflika.
A cinq mois d'intervalle, la maladie du président algérien est à nouveau gérée de la même manière par Alger et Paris : dans une totale absence de transparence et avec une langue de bois qui ne trompe personne. « Opération d'un ulcère hémorragique » au niveau de l'estomac,avait soutenu Alger au cours de la première hospitalisation de Bouteflika au Val-de-Grâce, où il avait été transporté dans la nuit dans un état dramatique du 26 novembre 2005. Il n'était rentré en Algérie que cinq semaines plus tard. Et alors qu'Alger s'évertuait à dédramatiser son état, toutes les sources crédibles s'accordaient sur un diagnostic : cancer de l'estomac. L'allégement très sensible de ses activités et de rarissimes apparitions pendant plusieurs semaines n'avaient fait que confirmer la gravité de son état.
C'est en faisant une tournée « dans l'Algérie profonde », avant de se lancer dans une nouvelle surenchère contre la France le lundi 17 avril 2006 à Constantine très Virulente. C'était à peine quelques jours après la visite à Alger du chef de la diplomatie française Philippe Douste Blazy qui aura servi à une chose : montrer que le traité d'amitié avec Paris, prévu en principe « avant fin 2005 », n'était plus d'actualité pour Bouteflika. « La colonisation a réalisé un génocide de notre identité, de notre histoire, de notre langue, de nos traditions (...). Nous ne savons plus si nous sommes des Amazighs (Berbères, ndlr), des Arabes, des Européens ou des Français», a-t-il alors affirmé.
La virulence de cette déclaration semble, à elle seule, démentir que la venue à Paris du chef de l'Etat algérien était « prévue de longue date ». On le voit mal en effet s'en prendre aussi violemment à la France cinq jours avant de venir y effectuer un « contrôle médical », au risque d'être moqué par des Algériens incrédules face à une telle contradiction.
Les chanceliers occidentaux qui suivent de très près le développement de la situation en Algérie, notamment après la maladie du président Bouteflika, ont été surpris par ses déclarations prononcées lors de sa sortie algéroise le lundi 3 avril dernier pour visiter les travaux de la nouvelle aérogare d’Alger. Choisissant le deuxième anniversaire de sa réélection pour un deuxième mandat, il s’est attaqué à la mauvaise gestion dans bien de secteurs d’activités économiques ainsi que les lenteurs bureaucratiques qui freinent les investissements étrangers ; et, qui, selon lui, font perdre au pays des milliards de $. Bouteflika, en généralisant de la sorte sans montrer du doigt les responsables, brouille plus les cartes, surtout lorsqu’on apprend de sources concordantes algériennes que ceux qui commencent à tirer les ficelles de nouveau l’ont presque obligé à se rendre à Khartoum pour inaugurer le sommet arabe. En reconnaissant que l’Algérie est en panne, malgré les revenus exorbitants et les réserves considérables en devises, le chef de l’Etat algérien aurait voulu se venger de ceux qui ont fait tomber à l’eau tous ces projets aussi bien politiques que socio-économiques. Il s’agit de son projet de « réconciliation nationale », comme son pari sur son « plan complémentaire de soutien à la croissance (PCSC) auquel il avait consacré 55 milliards de $, s’étalant de 2004 à 2009, visant à relancer la croissance par la dépense publique.
Ceux qui connaissent de près le président algérien laissent comprendre qu’il faut s’attendre à beaucoup de surprises au fur et à mesure que l’on se rapproche du choix du successeur. Les noms mis en circulation tels que l’actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ne semblent pas le convaincre de se lancer dans des attaques personnelles. Car, en fin de compte, le ministre des Affaires étrangères de Houari Boumediene est aussi de la maison. Il connaît parfaitement ses méthodes, ses jeux et ses critères de choix adoptés aux circonstances.
Le report aux calendes grecques de la signature du « Traité de paix et d’amitié » avec la France, confirmé par l’échec de la visite du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy le 9 & 10 avril 2006, a été un revers pour Bouteflika. Même si certaines sources à Alger tiennent à souligner qu’il n’avait jamais eu l’intention de le concrétiser du fait d’un deal négocié avec les Etats-Unis. La preuve, le rapprochement significatif à tous les niveaux avec Washington. Mais, en tout état de cause, le report répété sans parler d’annulation de ce traité montre à quel point il est difficile de prendre des grandes décisions en ce moment. Les tiraillements qui avaient précédé l’arrivée du président russe, Vladimir Poutine, et la signature des accords militaires reflètent la même situation. Car, chaque aile du pouvoir tente de défendre ses intérêts tout en sabotant ceux de l’autre.