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Le
projet de traité d'amitié franco-algérien vient
de subir un nouveau revers. Porte-voix désigné par
Abdelaziz Bouteflika, le ministre des Affaires étrangères
algérien, Mohammed Bedjaoui, a renvoyé à un
futur lointain l'initiative lancée en février 2003
par le président français. «Les conditions
objectives et subjectives nécessaires à la signature
du traité ne sont pas suffisamment propices aujourd'hui»,
a-t-il indiqué. Et d'expliquer : «Ce traité
n'est pas un traité entre deux présidents mais entre
deux peuples. Il faut préparer l'opinion pour emporter l'adhésion
de l'ensemble des acteurs de nos sociétés.»
Ce changement d'optique prend des allures de renoncement lorsque
Mohammed Bedjaoui ajoute : «Chirac a eu le courage politique
vis-à-vis de son opinion de vouloir tourner la page du passé,
mais il y a des difficultés sur le plan français,
et nous ne voulons pas ajouter aux difficultés.»
Assis à ses côtés, son homologue français
Philippe Douste-Blazy encaisse.
Tout au long de son premier séjour à Alger, Philippe
Douste-Blazy a entretenu la flamme pour tenter de remettre sur les
rails un projet mis à mal en France comme en Algérie
par des péripéties de politique intérieure.
Cherchant à rassurer ses interlocuteurs, il a insisté
sur la «volonté de l'opinion publique française
de signer le traité». «Les Français
sont très pour. Ils considèrent qu'il s'agit d'un
plus et ont une volonté profonde d'être liés
à l'Algérie», répétait, inlassable,
le ministre des Affaires étrangères.
A la repentance pour expier les crimes du colonialisme devait se
substituer une qualification moins moralisatrice de la présence
française en terre algérienne sur la base d'une déclaration
commune. Mais l'idée de pacte lancée lors du voyage
du président français en Algérie en février
2003 bute toujours sur la mémoire de la colonisation. Les
deux pays ont les pires difficultés à purger le passé,
comme l'attestent les divergences sur la question des
Harkis. Alger ne veut pas entendre parler de ces «traîtres»,
alors que Paris souhaite qu'ils «puissent se rendre dignement
en Algérie». Et en dépit de l'abrogation
par le Conseil constitutionnel des passages litigieux de l'article
4 sur le caractère «positif» de la colonisation,
Alger garde durablement ses distances avec Paris.
Le
chaud et le froid
En décembre 2005, l'hospitalisation d'Abdelaziz Bouteflika
pendant plusieurs semaines au Val-de-Grâce, à Paris,
a servi à justifier les retards. Mais, depuis, le président
algérien a repris ses activités internationales :
il était au sommet arabe de Khartoum en mars, il a reçu
Vladimir Poutine pour signer un contrat d'armes qui va permettre
à l'Algérie de disposer de la force militaire la mieux
équipée de la région et il diversifie les partenariats.
Son entretien avec Philippe Douste-Blazy a duré hier deux
heures trente, durant lesquelles il a fait souffler comme à
son habitude le chaud et le froid. Il a conditionné la signature
algérienne à des exigences sur la simplification des
procédures de visas octroyés et à l'«approfondissement
du travail de mémoire».
Interrogé sur sa santé sur le perron d'El-Mouradia,
la présidence algérienne, Abdelaziz Bouteflika a affirmé
qu'il se portait «comme un charme». «Il faut continuer
à se parler et se dire ce qu'on pense les uns des autres»,
a, de son côté, assuré Philippe Douste-Blazy
dont l'allant contrastait avec le manque flagrant d'enthousiasme
des responsables algériens.
Alger estime que les conditions nécessaires à la "refondation
des relations entre les deux pays» ne sont pas réunies.
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Repentance» contre harkis. L'embellie liée
au rapprochement entrepris après l'installation au pouvoir
d'Abdelaziz Bouteflika en 1999, et après sa réélection
en 2004, durera peu. Une méchante polémique a repoussé
aux calendes grecques la signature du traité d'amitié
prévue «avant fin 2005 » et toujours en attente.
C'est l'adoption le 23 février 2005 qui a mis, à nouveau,
le feu aux poudres . Du moins officiellement, car le particularisme
des rapports franco-algériens réside dans une contradiction
: les épisodes de tension se succèdent alors que,
fondamentalement, Alger sait pouvoir compter sur le soutien quasi
sans faille de Paris, particulièrement sur l'épineux
dossier des droits de l'homme.
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