2 juillet 2016 - Disparition du sinistre Michel Rocard
Indignation générale après les propos du président d’honneur du Front national Jean Marie Le Pen pour les fayots de Hollande RTL : il a osé « s’en prendre à la mémoire de Michel Rocard » en rappelant dans un tweet que l’ancien patron du très tiers - mondiste PSU « se vantait d’avoir porté des valises de billets qui servaient au FLN à acheter des armes pour tuer des Français ».
Le 2 février 1992 sur TF1, Rocard avait affirmé : « Il faut tout de même savoir qui est M. Le Pen, et s’en souvenir. En Algérie, il a torturé. » Poursuivi en diffamation, l’ancien Premier ministre fut condamné en première instance car reconnu coupable de mensonge mais il fut relaxé en appel à Paris… avec l’excuse de la « bonne foi » !
Alibi également admis par la cour d’appel de Rouen devant laquelle avait été renvoyé le dossier après l’invalidation de la décision de Paris par la Cour de cassation.
Laquelle, dans son arrêt du 24 novembre 2000, confirma pourtant la relaxe de Rocard en statuant non sur les faits ou des vices de forme mais sur la Convention européenne des droits de l’homme pour estimer que « la protection de la réputation d’un homme politique doit être conciliée avec la libre discussion de son aptitude à exercer les fonctions pour les- quelles il se présente au suffrage des électeurs » !
On mesure ainsi la décadence du Droit en France.
Chez les scouts, qu’il a fréquentés une bonne partie de sa jeunesse, on l’appelait «hamster érudit». Du rongeur, il avait le nez pointu, le regard pétillant, le corps sans graisse et la nervosité fiévreuse. Quant à son érudition, elle était sans limite dès qu’il s’agissait du gouvernement des hommes ou de l’administration des choses. Il en abreuvait sans cesse son entourage, très vite étourdi par une éloquence convulsive, où une seule phrase, scindée en innombrables parenthèses et digressions, pouvait occuper un discours entier.
Assénés d’une voix métallique ponctuée d’envolées sonores ou de rires juvéniles, les arguments s’alignaient comme s’ils sortaient d’un livre, réunis dans un désordre apparent et torrentiel pour justifier une politique qu’il bâtissait en parlant.
Lutte contre la guerre d’Algérie
En conflit avec un père impérieux, grand savant et grand résistant, il avait refusé la carrière scientifique qu’on lui destinait pour entrer à Sciences-Po puis à l’ENA. A peine sorti de l’adolescence, il avait adhéré à la SFIO (Section française de l’internationale ouvrière) par conviction européenne et progressiste, tentant vainement d’y entraîner son ami et condisciple Jacques Chirac.
Très vite, la politique algérienne de Guy Mollet le jette dans la dissidence. Secrétaire des Etudiants socialistes, il récuse la guerre menée par ses aînés et prépare la scission qui aboutira à la fondation du PSA (Parti socialiste autonome) avec Alain Savary et Edouard Depreux, les justes de la SFIO déshonorée par l’équipée coloniale.
Haut fonctionnaire, il adopte de pseudonyme de Michel Servet, martyr du protestantisme et de la liberté. Il passe le plus clair de son temps dans les arrière-salles des cafés et des sièges de section, refaisant inlassablement le monde et le socialisme, petite main agitée et sans fatigue de la lutte contre la guerre d’Algérie.
En septembre 1958, Michel Rocard, ancien étudiant anticolonialiste devenu inspecteur des finances, arrivait en Algérie avec toute la promotion de l'Ecole nationale d'administration (ENA).
Cette mesure de « renfort administratif », confirmée par le gouvernement du général de Gaulle revenu au pouvoir depuis juin 1958, devait contribuer à la fin de la guerre en luttant contre le sous-développement.
Il est informé par l'un de ses meilleurs amis, anciens dirigeant socialiste étudiant lui aussi, devenu officier des Sections administratives spécialisées, de l'existence d'une vaste opération de déplacement de population rurales menée par l'armée française qui, s'inspirant des principes de la guerre révolutionnaire apprise en Indochine, voulait couper le FLN de ses bases locales. Un million de personnes sont ainsi regroupées dans des camps transformés en véritables mouroirs par suite de l'absence de ravitaillement organisé. Michel Rocard décide d'enquêter et de réaliser un rapport qu'il masque sous la mission, elle officielle, d'inspecter les transformations foncières dans les régions d'Orléansville et de Tiaret et de Blida.
Destiné aux plus hautes autorités de l'Etat, le général de Gaulle en substance qui a été élu président de la République et auquel Michel Rocard accorde toute sa confiance, le rapport est effectivement transmis. Mais, en avril 1959, une fuite volontaire en provenance du cabinet du sinistre ministre de la Justice Edmond Michelet rend public ce document.
L'assistant parlementaire Alexandre Benoit de Sophie Montel FN méprise les Pieds-Noirs
Sophie Montel FN
Sur Twitter, il se fait appeler KhagnibAlex.
Un proche de Philippot qui glorifie Rocard et insulte les Pieds-Noirs
Dans la vraie vie, il s’appelle Alexandre Benoît et est assistant de Sophie Montel au Parlement européen.
Pour « Minute », c’est ce qu’on appelle un « bon client » : un jour il fait un doigt d’honneur à Bernard Monot, député FN au Parlement européen, sans qu’il y ait aucune sanction, un autre jour il pose, déguisé en clebs, avec sa patronne, elle aussi costumée, et s’exhibe sur les réseaux sociaux.
Bref, il est constamment en roue libre.
Mais cette fois, il a passé les bornes.
Figurez-vous qu’à la mort de Michel Rocard, ce brave garçon, un émotif, s’est trouvé tout peiné : « Rocard est mort, et je suis encore mélancolique : un homme délicieux et bon, malgré nos convictions opposées. Vraiment triste. »
Alors, quand Jean-Marie Le Pen, qui n’a pas exactement le même tempérament, a fait remarquer, au milieu du concert de louanges et des pleurs, que « Michel Rocard se vantait d’avoir porté des valises de billets qui servaient au FLN à acheter des armes pour tuer des Français », Alexandre Benoît a rétorqué : « Pas de simples Français, des colons. Rocard l’étudiant décolonisateur avait vu et agi juste. »
« Pas de simples Français, des colons », que le FLN pouvait donc assassiner.
« Une décolonisation sans violence aurait cependant mieux valu. »
Tout en précisant : « J’ai un mépris total pour les Pieds-Noirs qui ne savent que geindre sur leur petit sort de colons il légitimes. »
Et puis, on ne mène pas une révolution légitime sans couper les couilles de quelques salauds de colons, pas vrai ?
Interview de Louis Aliot dans le journal Présent
Président du Cercle Marianne et assistant parlementaire de Sophie Montel qui, le 1er mai dernier défendait conjointement l’avortement, la contraception ainsi que la libération du corps de la femme, Alexandre Benoit a méchamment répondu au tweet de Jean-Marie Le Pen qui mettait les pendules à l’heure s’agissant du passé pro-FLN de Michel Rocard. Il encensait notamment « l’étudiant décolonisateur Rocard qui avait vu et agi juste » (sic) et affirme avoir « un mépris total pour les pieds-noirs qui ne savent que geindre sur leur sort de colons illégitimes ». Louis Aliot, enfant du pays, a bien voulu répondre à nos questions.
— Après le tweet de Jean-Marie Le Pen rappelant le passé pro-FLN de Michel Rocard porteur de valises du FLN, que pensez-vous des propos d’Alexandre Benoit prenant fait et cause pour le FLN ?
— Alexandre Benoit n’est pas membre du Front national, d’où la difficulté de le sanctionner.
Ce sont des propos imbéciles et irrespectueux, très certainement biberonnés sans esprit critique ni questionnement, dans le cadre universitaire français, temple de la pensée unique.
Les propos d’Alexandre Benoit appartiennent à l’imaginaire de la gauche qui a toujours été du côté des ennemis de la France, à l’exception de quelques-uns comme Robert Lacoste et Max Lejeune.
Bref, c’est une insulte gratuite adressée à des millions de nos compatriotes de toutes origines et de toutes conditions qui ont souffert de ces événements.
— Est-il pensable que le premier mouvement patriote de France relaie ainsi la parole de ceux qui n’ont pas hésité à massacrer un grand nombre de nos compatriotes ?
— Cette personne n’appartient pas au Front national et personne ne doit tenter de nuire à notre mouvement ou à Marine avec cette affaire.
C’est au député qui l’emploie de régler le problème, un problème de conscience et de fidélité à notre histoire propre.
— Quel message voulez-vous faire passer à nos amis originaires de notre province perdue en grande partie à cause des porteurs de valises ?
— Il faut qu’ils opposent à ces insultes le plus profond mépris en attendant de voir les décisions prises par la suite. Nous en reparlerons.
Propos recueillis par Françoise Monestier
Ce genre d’épisodes n’est pas propre, loin de là, au Front national. Mais il prend une résonance particulière dans ce parti, si soucieux d’unité qu’il contient le débat interne dans d’étroites limites. Dans ce contexte, les réseaux sociaux peuvent faire office de «soupape», parfois via des comptes tenus sous pseudonymes.
Tel celui d’une jeune proche de Florian Philippot recommandant à Jean-Marie Le Pen de « prendre [sa] retraite. Ou mourir ».
L’une des réponses au Message de jean Marie Le Pen sur le sinistre Rocard viendra d’un jeune proche de Florian Philippot et assistant parlementaire de l’eurodéputée FN Sophie Montel : «Pas de simples Français, des colons», rétorque-t-il, donnant raison à Rocard. Avant d’exprimer (dans un tweet depuis supprimé) son «mépris total pour les pieds-noirs, qui ne savent que geindre sur leur petit sort de colons illégitimes».
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