Nous rencontrerons les Algériens, car ce peuple a le plus souffert de la guerre...

« Il n'est à la gloire de personne. Il sera un lieu de souvenir et de recueillement pour tous ceux qui veulent témoigner de la guerre d'Algérie et des combats au Maroc et en Tunisie».En présentant le projet de monument départemental devant les conseillers généraux, le député Jacques Floch a insisté sur le caractère exemplaire de la démarche. « La Loire-Atlantique est l'un des rares départements où les grandes associations d'anciens combattants et de victimes de guerre ont su se retrouver pour construire un tel monument, symbole du rapprochement. Conçu par l'architecte Michel Roulleau, le parcours de mémoire va être implanté à Rezé, place Sarrail. Il prendra la forme d'un espace-jardin du souvenir descendant vers la Sèvre nantaise. Dans la partie haute, des totems symbolisant le chaos de la guerre. Plus bas, des plaques verticales portant les noms des disparus, érigées au milieu d'un jardin symbole de la vie renaissante, avec des bassins du recueillement qui recevront les fleurs.
350 jeunes hommes de Loire-Atlantique laissèrent leur vie dans la guerre d'Algérie, plus de 2000 furent blessés physiquement, beaucoup revinrent blessés dans leurs têtes. «Tous, nous avons besoin aujourd'hui, d'un lieu pour dire l'histoire. Nous y rencontrerons les Algériens, supplétifs de l'armée française... Nous rencontrerons les familles « Pieds noirs » qui ont besoin d'un lieu de recueillement, elles qui ont laissé leurs souvenirs, leurs cimetières de l'autre côté de la Méditerranée. Nous rencontrerons les Algériens, car ce peuple a le plus souffert de la guerre... Nous rencontrerons les Tunisiens et Marocains qui aspirent à la paix et à une réconciliation avec le peuple français », explique Jacques Floch, en présence des présidents d'associations.
«Ce lieu sera un espace de compréhension, de liberté d'ex¬pression, de réconciliation du peuple français avec les peuples du Maghreb», ajoute l'ancien secrétaire d'État aux anciens combattants. «Si cela est, nos 350 camarades morts en Afrique du Nord seront morts pour la France, celle de la solidarité et de l'amitié entre les peuples.»
Marc LE DUC.
In Ouest France 16 décembre 2006