L'Institut National de l'Audiovisuel (INA) et la radio algérienne ont signé, mardi 7 octobre 2008 à Paris un accord sur la restitution (sic) de notre patrimoine radio à l'Algérie.
Restitution ? Quelle restitution ? On restitue, éventuellement, à quelqu'un quelque chose qui lui a appartenu.
Mais le fait de livrer à l'Algérie d'aujourd'hui une copie de l'ensemble des actualités radiophoniques de l'INA relatives à l'Algérie Française de 1939 à 1962 relève de tout ce qu'on veut, sauf d'une restitution.
Cet accord, signé par Emmanuel Hoog, président-directeur de l'INA et Azzedine Mihoubi, directeur de la radio algérienne, prévoit également : "la possibilité pour la radio algérienne d'exploiter ces sons par voie hertzienne et de les commercialiser sur le territoire algérien". Et il donne, aussi, lisez bien "une totale liberté d'utilisation de toutes les archives sonores enregistrées, notamment sur le sol algérien, jusqu'à l'indépendance."
Ces quelques 1.300 documents qui vont de 1939 à 1962, (le document le plus ancien est un discours d'Albert Lebrun, en 1939, au banquet du Comité nord-africain) relèvent tous de l'Histoire de la France et de celle de l'Algérie Française qui en est partie intégrante.
Après 1962, c'est une autre histoire, celle d'une Algérie sous le joug d'un parti unique et dictatorial, d'une Algérie de guerres civiles et de massacres toujours recommencés, d'une Algérie qui s'appelle désormais El Djezair...
Cet accord naufrageur - la radio de la Méduse dirons-nous pour en rire avant d'en pleurer - fait suite à celui déjà signé en décembre 2007 entre l'INA et la télévision algérienne: il portait sur les images conservées par l'INA retraçant l'Histoire de l'Algérie Française de la fin de la seconde guerre mondiale à 1962.
Nos voix, nos images, nos morts, nos souvenirs, nos rires, nos pleurs, ainsi livrés à l'ennemi pour qu'il s'en serve (et il s'en est vanté) pour nous attaquer plus commodément.
Un crachat de plus sur notre communauté qui, déjà interdite de lieux de mémoire, se voit privée aussi de ce qui n'appartient qu'à elle.
Source - Alain Sanders - (Présent)
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