Repentance : le grand ras-le-bol

 

Bien loin de là volonté génocidaire que décrivent certains, la colonisation se voulait une œuvre de pacification.
Les mensonges des repentants

Colonisation

Quelles qu'en soient les raisons, la France n'a pas à rougir de l'œuvre qu'elle a accomplie dans ses anciennes possessions.

Faut-il le répéter?


La colonisation fut une idée de gauche, justifiée par le rôle que ses promoteurs assignaient à la République : "civiliser" le monde. «Il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures», déclarait en 1885 Jules Ferry, à qui l'on doit l'établissement du protectorat français sur la Tunisie, puis sur le Congo, et la conquête du Tonkin, en Indochine. Quant à Jaurès, il se félicitait en 1884 que la France ait « étendu aux hommes de couleur la liberté des Blancs » en abolissant l'esclavage.

Il y avait évidemment d'autres raisons à cette expansion, que ses partisans ne dissimulaient pas : distraire les Français de la défaite de 1870 ; assurer au pays des débouchés économiques ; lui conserver son statut de puissance. « Dans le choc qui aura lieu, la civilisation latine dont la France est la tête doit préparer son terrain sous peine d'être écrasée et annihilée en Asie centrale entre la race anglo-saxonne et la race slave», disait encore Jules Ferry. Mais tous insistaient sur la générosité de la France et c'est ce message de paix et de prospérité que les manuels d'histoire et de géographie diffuseront à des générations d'élèves.

Le Lavasse soulignait ainsi, en 1939, que les Français s'employaient à « transformer complètement » leur empire, après avoir mis fin au trafic d'esclaves dans l'Afrique occidentale. « Dans tous les pays qui composent l'Union française, la France s'attache à faire régner l'ordre, la justice et la paix et, surtout, à répandre l'instruction », ajoutait après-guerre un manuel Armand Colin. En 2003, Jean Sévillia rappellera, dans son livre Historiquement correct, que la France a légué aux États africains et à Madagascar « 2 000 dispensaires, 600 maternités et 40 hôpitaux ; 18 000 kilomètres de voies ferrées, 215 000 de pistes principales, 50 000 kilomètres de routes bitumées, 63ports, 196aérodromes ; 16 000écoles primaires et 350 collèges ou lycées », sans oublier le personnel administratif et sanitaire qu'elle a formé.

Bien sûr, tout ne fut pas aussi rose que la tâche que formait alors l'empire colonial français sur les cartes Vidal-Lablache. Des erreurs, des fautes ont été commises.

Mais assimiler la colonisation à une entreprise génocidaire, comme l'a fait Abdelaziz Bouteflika pour dissimuler la faillite du régime algérien, ou comme l'affirment encore des associations qui la comparent aux totalitarismes fascistes, est un mensonge et une offense.

Algérie La mémoire bafouée des harkis et des pieds-noirs

« Un geste fort. » C'est ainsi que le secrétaire d'État aux Anciens Combattants, Jean-Marc Todeschini, a qualifié sa venue à Sétif le 19 mai - 70e anniversaire de ce que l'histoire officielle a surnommé "les massacres de Sétif'.

Après la reconnaissance, entre autres, du 19 mars 1962 (date après laquelle près de 100 000 harkis et pieds-noirs ont été assassinés), « le gouvernement affirme une fois de plus sa volonté de ne rendre hommage qu’à une seule catégorie de victimes, celles du FLN», affirme Thierry Rolando, président du Cercle algérianiste, la première association de rapatriés.

Rappelant qu'à Sétif, les premières victimes, ayant entraîné la répression, étaient européennes, il dénonce «un pas de plus dans la spirale sans fin de la repentance ». Et interroge au sujet de Hollande qui doit retourner en Algérie : « Commémorer va-t-il, le 5 juillet prochain, la mort des milliers de Français d'Algérie assassinés à Oran le 5 juillet 1962?» A. F.

Page 30 - Valeurs actuelles 21 mai 2015

 
     
 

C'est ce qu'a démontré l'historien Daniel Lefeuvre dans un excellent petit livre,
Pour en finir avec la repentance coloniale (Flammarion, 2006).

 
     

Mort en novembre 2013, cet historien a surtout récusé deux idées voisines, sans cesse répétées par ceux qu'il appelait «les Repentants» : non, la France n'a pas assis sa prospérité sur l'exploitation de ses colonies ; non, la colonisation n'explique pas la faillite économique de plusieurs de ses anciennes possessions.

La France, comme les autres pays d'Europe, a fondé son développement sur quelques produits indispensables à son industrie - à commencer par le charbon au XIXe siècle. Or, «si l'on considère les matières premières dont l'importation était jugée primordiale au bon fonctionnement de son économie - charbon puis pétrole, coton, laine et soie -, on constate qu'à aucun moment la France n'a pu s'appuyer sur son empire colonial », souligne Daniel Lefeuvre, chiffres à l'appui : « Si l‘essor économique de la France s'était vraiment nourri du "pillage" colonial, comme l'affirment les Repentants, alors elle ne serait qu'un pays sous-industrialisé ! »

C'est la métropole qui a assuré le développement économique de l'outre-mer, non l'inverse.

C'est au contraire la métropole qui a financé le développement de ses colonies « à coup de subventions et de prêts accordés par le Trésor public», résume Daniel Lefeuvre. C'est ce que signalait l'ancien directeur du Trésor, François Bloch-Lainé, en 1956 : «Le système du "pacte colonial", si critiqué depuis la guerre, s'est presque renversé au bénéfice des pays d'outre-mer. Désormais, ceux-ci importent beaucoup plus en provenance de la métropole qu'ils n'exportent vers elle. La différence entre leurs importations et leurs exportations est compensée par des transferts de capitaux, pour la plupart publics, qui sont effectués dans le sens métropole - outre-mer. Ces transferts sont principalement destinés à contribuer aux dépenses d'investissements des territoires. [...] Ainsi s’opère, aux frais de la métropole, le développement économique de tous les pays d'outre-mer, sans exception. » Un constat qui pesa lourd dans la décision du général de Gaulle de donner son indépendance à l'Algérie, quel qu'en soit le coût humain.

• Fabrice Madouas