L’homme nouveau N°1484 du 1er janvier 2011
François Foucart
Saint Michelet ?
Voilà que l'on évoque à nouveau (un récent colloque à Paris, aux Bernardins, en décembre dernier) l'éventualité d'un procès en béatification en faveur d'Edmond Michelet, homme politique français disparu en 1970. À quel titre ?
Parce que ses amis disent qu'il fut un saint homme, un chrétien exemplaire. Pour une béatification (et peut-être une canonisation) l'Église demande une longue enquête, un procès avec un avocat qui est le postulateur de la cause et une sorte de procureur, le promoteur de la foi ou encore « avocat du diable ».
Eh bien, ce promoteur aurait bien des raisons de repousser cette cause. En effet, il y eut deux Edmond Michelet. Le premier est exemplaire : résistant dans le mouvement d'un réseau démocrate-chrétien, il est déporté à Dachau où il se conduit avec courage. Libéré en avril 1945, il entamera alors une longue carrière politique de député de Corrèze et ministre, gaulliste de tendance sociale.
Un homme connu pour son indulgence, sa mansuétude, y compris aux moments terribles de l'épuration, époque où sévissaient, hélas !, un ministre de la Justice comme Teitgen (autre chrétien mais impitoyable) et des magistrats comme Mongibeaux, Mornet et Bouchardon...
Et puis voici le second Michelet : en 1961, il est ministre de la Justice alors que comparaissent devant le « Haut tribunal militaire », fiction judiciaire créée pour la cause, les généraux qui s'étaient, pour l'honneur, révoltés contre l'abandon de l'Algérie.
Déjà, en 1960, Michelet, Garde des Sceaux, avait obtenu le rétablissement de la peine de mort en matière politique pourtant abolie depuis 1848.
Mais voici le pire : en mai 1961, il convoque le procureur général Besson pour exiger de lui qu'il demande la peine de mort dans le procès à venir contre les généraux Challe et Zeller. Il va réitérer cette demande dans une procédure écrite.
Comprenons bien, il existe un lien hiérarchique total entre le ministre de la Justice et ses procureurs : le Parquet est littéralement aux ordres. Mais le ministre peut aussi demeurer libre et laisser cette liberté à ses procureurs. Le procureur de son côté peut suivre ou non selon ses convictions et surtout son courage. M. Besson ne requit pas la peine de mort mais la perpétuité, et les généraux furent condamnés à quinze ans. M. Besson fut mis en retraite six mois après.
Ainsi, Edmond Michelet, pour avoir suivi non pas peut-être sa conscience mais des ordres venus de très haut, a là, nettement, failli. On voit mal comment il pourrait désormais être béatifié. Sans oublier - décision politique personnelle - qu'il fut un ami de l'« Algérie nouvelle » et citoyen d'honneur de la ville d'Alger et président de France-Algérie, les massacres de harkis étant alors connus.
Edmond Michelet, une sainteté qui se discute
Philippe Denoix le jeudi, 05/07/2012 dans Parlons Vrai
DEBAT. Réponse à Denis Tillinac.
A propos du jésuite corrézien Pierre Ceyrac, qui vient de mourir, Denis Tillinac, dans une récente chronique intitulée « Leçon de choses », pense qu'« un procès en canonisation n'est pas à exclure ».
Pour avoir agi avec ce disciple de Jésus pendant huit ans à la frontière du Cambodge et de la Thaïlande afin de secourir les rescapés des atrocités khmères rouges, je souhaite ce procès et pourrais témoigner de l'irradiant amour qui rayonnait de cet homme magnifique.
En revanche, je ne partage pas l'avis de M. Tillinac sur Edmond Michelet dont, selon lui, « les faits de résistance et le comportement héroïque au camp de Dachau justifient un procès en béatification actuellement en cours ». Sans contester ce comportement, une béatification doit être prononcée à l'aune de toute une vie et non d'une partie de celle-ci.
Peu après sa libération, Edmond Michelet fut nommé par de Gaulle ministre des Armées, fonction qu'il exerça de novembre 1945 à décembre 1946. En vertu de la solidarité gouvernementale, il a sa part de responsabilité dans l'épuration, au cours de laquelle il fit souvent preuve de modération et de mansuétude. Mais, comme ministre, il mit des soldats à la disposition d'une justice souvent défaillante, régie par des tribunaux d'exception, pour opérer des centaines d'exécutions capitales par fusillade.
Lors du retour au pouvoir du Général, Michelet devint ministre des Anciens Combattants à partir du 9 juin 1958, puis de la Justice, du 8 janvier 1959 au 24 août 1961. Dans l'exercice de ces fonctions, l'homme révéla des aspects plus contestables encore quant à sa ressemblance à Jésus, seul critère de la sainteté chrétienne. Il fut d'abord un ardent partisan de l'Algérie française, allant jusqu'à assimiler une victoire des indépendantistes au mal hitlérien. Puis, devenu garde des Sceaux, il fut surnommé "le ministre de la Miséricorde" en faveur de ces derniers.
Il devint, en revanche, l'agent d'une répression implacable contre les auteurs du putsch d'Alger en avril 1961. Edmond Michelet, dans une lettre au procureur général Besson, le somma de requérir la mort contre les généraux Zeller et Challe, chefs du putsch raté. Ceux-ci s'étaient pourtant vite rendus à l'autorité légale pour éviter la guerre civile.
En fait, le procureur Besson ne requit pas la mort et les deux généraux furent condamnés à quinze ans de prison. Peut-être encore plus chrétiens que Michelet, les juges du nouveau tribunal d'exception, créé avec le concours du garde des Sceaux, comprirent le drame de conscience de ces officiers face au revirement total de la France vers l'indépendance algérienne.
Après la terrible expérience indochinoise, avaient-ils partagé avec les accusés leur grande inquiétude sur l'avenir des nombreux musulmans, partisans armés de l'Algérie française, provoquée par la prochaine remise de ce pays aux rebelles du FLN ? Cette angoisse fut leur principal mobile.
Le 31 mai 1961, jour de cette sentence relativement clémente, Edmond Michelet adresse une lettre de démission au premier ministre Michel Debré, par laquelle il dénonce « le détestable réquisitoire du procureur général et le scandaleux verdict du haut tribunal militaire », jugé « comme une des conséquences, entre bien d'autres, de l'affaiblissement du civisme chez ceux qui devraient se considérer comme les premiers serviteurs de l'État ».
« La logique mène à tout », selon l'humoriste Alphonse Allais : ainsi Michelet demanda au procureur Reliquet de requérir vingt ans de prison contre le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, autre survivant des camps de la mort nazis, devant le même tribunal, alors que ses supérieurs, plus lourdement responsables, venaient d'être condamnés à quinze ans !
En fait, le ministre ne quitta la Place Vendôme que trois mois plus tard. Le 1er juillet 1962, l'Algérie devint indépendante. Comme les dirigeants du putsch d'Alger l'avaient redouté, des dizaines de milliers de harkis furent atrocement assassinés. Leur principal "tort" fut d'avoir fait confiance à un gouvernement dont Michelet avait été membre. Devenu président de la nouvelle Association France-Algérie, on ne trouve nulle trace d'une intervention de sa part en leur faveur. Or, les massacres et les sévices appliqués aux partisans de la France se poursuivirent avec acharnement pendant des années.
Certes, selon les écrits du père Ceyrac, pour devenir un saint, point n'est besoin d'avoir eu une vie exempte de faute grave. Mais il est essentiel de bien la terminer, comme le larron qui meurt dans la repentance en se tournant vers le Christ. Hélas, ces faits interviennent à la fin de la vie du "serviteur de Dieu", décédé, comblé d'honneurs, sans remords apparent, en 1970. Cet étonnant procès ne manque pas de froisser de nombreux survivants de l'ancienne Algérie française et leurs sympathisants ou descendants, toutes religions confondues.
Bon nombre de personnes s'accordent à reconnaître de grandes qualités chez Edmond Michelet. Mais il leur apparaît excessif jusqu'au ridicule, voire indécent, de l'ériger en exemple de sainteté au point de pouvoir invoquer un nouveau "bienheureux Edmond" dans les prières catholiques ! Les qualités de l'homme d'État et celles du saint chrétien sont de deux ordres différents. Il est très rare qu'elles habitent la même personne en ce monde où Jésus fut condamné à mort.
Philippe Denoix, journaliste
http://www.valeursactuelles.com/print/parlons-vrai/parlons-vrai/une-saintet%C3%A9-... 06/07/2012
CERCLE JEAN BASTIEN-THIRY
Novembre 2006 № 32
L'étude de la cause de canonisation du ministre de la Justice de Charles de Gaulle de 1959 à 196l Edmond Michelet, a été récemment reprise sous la houlette de Bernard Charrier, évêque de Tulle. Une enquête diocésaine a été ouverte, et Mgr Charrier invite « le clergé et les fidèles à faire connaître tout ce qui peut avoir trait à la Cause, notamment des écrits du Serviteur de Dieu en leur possession ». La postulatrice de cette Cause, à Rome, est Mademoiselle Lucienne Salle ; elle a fait à l'évêché de Tulle une demande officielle d'ouverture du procès de canonisation d'Edmond Michelet, et l'évêque a reçu le Nihil Obstat de Rome.
Depuis 1976, l'évêché de Tulle travaille à cette canonisation. L'abbé Puygalon alors postulateur s'était exprimé ainsi dans la revue Historia en février 1999 : « Magnifié par l'épisode de Dachau, le parcours de cet époux exemplaire, père de sept enfants, semble à tous égards irréprochable, mais dans sa carrière politique, le point le plus épineux concerne sa gestion de la guerre d'Algérie.
Vous pouvez envoyer votre courrier à :
Postulation cause Edmond Michelet
Maison Saint-Joseph
Place Sœur Sophie Maillard 19316 Brives cedex
Et envoyer une copie à Rome à :
Mlle Lucienne Sallé
Congresazione delle cause dei santi
Piazza Pio XII
1-00193 ROMA
Et une autre à :
S.E. Mons. NOWAK. Segretario
Congregazione delle cause dei santi
Piazza Pio XII
1-00193 ROMA
Le dossier aurait peut-être été bouclé plus tôt s'il avait suffi d'évoquer la captivité à Fresnes et la déportation ». Mgr Charrier évoque également « les difficultés inhérentes aux responsabilités politiques assumées ». C'est donc l'aspect homme politique qui pose problème. Nous le comprenons évidemment et serions éminemment choqués qu'un ancien ministre du général de Gaulle soit canonisé ; comme le décrit Jacques Laurent dans l'extrait ci-après. Michelet a suivi de Gaulle dans tous les méandres de sa politique, ses promesses et ses reniements qui ont causé le malheur de tellement de Français de toutes origines.
Puisque l'enquête est ouverte, n'hésitons pas à faire connaître nos sentiments aux personnes chargées du dossier.
Ecrivons-leur en leur disant nos interrogations et notre désarroi. Le Christ a dit : « Que votre oui soit oui que votre non soit non ». Un saint peut-il rester associé à une politique d'abandon et de reniement ?
Hélène Bastien-Thiry
Témoignage du commandant Hélie de Saint Marc
sur Michelet (Historia. fev.1999)
" Edmond Michelet était mon camarade de déportation."
Je l'ai rencontré à plusieurs reprises. J'avais de l'estime pour lui, je crois qu'il en avait pour moi. A la fin de la guerre d'Algérie, les choses ont changé. Je n'ai pas compris pourquoi, comme ministre de la Justice. Michelet était intervenu au moment des procès des généraux Challe et Zeller.
Il avait demandé à l'avocat général de requérir la peine de mort.
L'avocat général avait d'ailleurs rejeté brutalement de telles injonctions. Je n'ai pas compris l'attitude de Michelet au moment de mon propre procès alors que j'étais son camarade de résistance et de déportation.
Et il est possible que sur un tel sujet, je manque d'objectivité. Ensuite nous fûmes un certain nombre qui avions connu Michelet, à être détenus criminels à Tulle, au centre de son fief, la Corrèze.
Nos conditions de vie personnelle et familiale étaient difficiles. Je n'ai pas l'impression qu'il se soit souvenu du précepte évangélique : « J'étais en prison et vous m'avez visité ». A ma connaissance, il n'a porté aucun intérêt à nos personnes alors que d'autres, pourtant de conviction opposée aux nôtres, ont pratiqué à notre égard générosité et courage.
Enfin tout le monde savait la sympathie de Michelet à l'égard du FLN au moment où nos hommes tombaient sous les coups de celui-ci ; quelques années plus tard Michelet devait être fait citoyen d'honneur de la ville d'Alger par ce même FLN. Cela m'a beaucoup attristé et remonte à ma mémoire quand on évoque la personnalité de Michelet ».
L'académicien Jacques Laurent a dénoncé dans son livre « Mauriac sous de Gaulle »
(la Table Ronde, 1964) les égarements de certains des inconditionnels de de Gaulle.
Il y a écrit quelques pages incisives sur Michelet :
- Jacques Laurent académicien
« ...Sur mon bureau c'était même trop de dossiers sur trop de gisants et trop d'hommes qui pour cause de vassalité, se sont condamnes à ne considérer le morceau qu'ils vivent en ce moment qu'en mourant de honte cyniquement, en mourant de rire.
Ces noms vont d'un Frey à un Riboulet On me saura gré de préférer traiter, après le cas Debré, celui de Michelet- Lui aussi a eu l'occasion et la liberté de s'expliquer.
Il a écrit un livre qu'il n'a pas craint d'intituler « Le Gaullisme, passionnante aventure ». Tout comme la déposition de Debré j'avais attendu ce livre avec plus que de la curiosité Michelet avait été le chantre de l'Algérie Française, puis il avait tenu dans ses geôles ceux qui avaient commis le crime de combattre pour elle.
Comment allait-il exposer son problème et le leur ?
A l'époque où il écrivit ce livre, tout esprit un peu libre était accoutumé à ne connaître le gaullisme qu'à travers ses reniements, ses décrets, ukases, ses condamnations à mort ses emprisonnements arbitraires, bref, par le truchement d'un appareil tyrannique placé hors de toute discussion. Or. Michelet écrivait un livre. Un garde des sceaux de la Vème République fait bafouer toute loi, tolérer qu'on emprisonne celui qui vient d'être acquitté, qu'on juge sans recours, il peut répondre aux meilleures raisons par la force.
Mais l'homme qui écrit pénètre dans un univers qui n'a pas les mêmes dimensions.
Par là même, il accepte de se soumettre à l'analyse des autres, de se livrer à leurs critiques, il amorce une conversation, il suppose la liberté de la contradiction et du même coup l'on suppose que se préparant à la recevoir, il se munit de raisons. Ministre. Michelet ne pouvait être contredit que par le divin maître, auteur, il eût dû prévoir qu'il aurait maille à partir avec la mémoire, le bon sens, la morale et l'honneur de ses lecteurs.
A mon grand étonnement. Je constatai dès les premières pages que Michelet mentait avec l'autorité d'un lecteur. S'adressant à des gens qui sans la contrainte de la force publique, avaient donné de l'argent pour le lire, il opérait comme si sa parole eût été aussi protégée de la réplique que s'il l'avait prise à la tête d'une compagnie de C.R.S.
Telles sont les mauvaises habitudes que donne à un homme vertueux et craignant Dieu, la participation à une tyrannie.
Michelet comme si l'assurance de l'impunité lui tenait lieu d'éthique, traite du 13 mai d'une manière inoubliable. Ce coup de force est le fait d' « émeutiers européens ».
Non seulement le rôle des gaullistes est passé sous silence, ce qui permet de juger avec la sévérité qu'il convient les « émeutiers » mais encore ceux-ci sont présentés comme des imbéciles à cause de l'aberration où ils sont tombés : ils ont cru de Gaulle favorable à l'Algérie française Michelet exulte : « c'était bien mal connaître de Gaulle que de se l'imaginer acquis d'avance à la solution d'intégration ». Cet homme connu pour sa morale et sa religion, se marre. Rien de plus cocasse à ses yeux que le spectacle de jobards qui croient de Gaulle acquis à l'intégration sous prétexte que de Gaulle crie : « Vive l'Algérie Française ! »
Cet homme de bien s'étrangle à la pensée que des centaines de milliers de naïfs aient au que de Gaulle voulait faire l'intégration tout simplement parce que de Gaulle proclamait : « il n'y a plus ici je le proclame en son nom (la France) et je vous en donne ma parole, que des Français à part entière, des concitoyens... » Cet habitué de la Sainte Table ne sait comment venir à bout de son Fourire. Ils l'ont cru ! « C'était bien mal connaître de Gaulle ». Hélas, oui monsieur le Ministre, ils le connaissaient de Moins près que vous.
Il ne faudrait pas croire que l'exclamation de Michelet est seulement sarcastique.
Elle contient de l'indignation, du scandale, c'est l'indignation et le scandale d'un croyant. Un châtiment céleste doit, tôt ou tard, frapper ces gens d'Algérie qui connaissaient mal de Gaulle. Le mal connaître, c'est vivre en état de mécréance. Les pleurs et les grincements de dents sont le destin de ceux qui se tiennent éloignés de la Révélation, imperméables à la Grâce. S'ils ont mal connu de Gaulle, s'ils ont ignoré ce qu'était essentiellement son Verbe au point d'attribuer crédit au sens littéral de ses paroles, ils méritent l'extinction à laquelle les forces de l'ordre sont en train de procéder de la rue d'Isly aux faubourgs d'Oran Michelet est particulièrement sévère pour Soustelle comme il se doit.
Dans toute religion on est toujours plus dur pour celui qui a reçu les lumières et qui les a négligées, que pour celui qui constamment les a ignorées.
Aux yeux de Michelet, Soustelle est un homme à qui la faveur avait été faite de voir le jour qui a délibérément choisi les ténèbres. Il a renoncé aux bienfaits de la soumission et de la communion en se mettant « jouer un jeu tout personnel ». C’est parce qu'il a osé penser et agi en dehors de de Gaulle que « notre ami Soustelle animé de très purs sentiments patriotiques, bien sûr s'est lancé dans la voie où nous le trouvons aujourd'hui ». Hors des sacrements gaulliens, les sentiments patriotiques ne peuvent plus être que factieux et coupables, vite criminels.
Privé des Saintes Espèces Soustelle est en état d'« aliénation ». Dans cet état il est normal, selon Michelet qu'il fasse « cause commune » avec les anciens complices d'Hitler.
A supposer, ce que j'ignore, que Soustelle ait fait « cause commune » avec Salan Godard, Lacheroy, Gardes, Sergent, Argoud, Challe, Jouhaud. Saint-Marc, je cherche en vain, parmi eux un ancien complice de Hitler, Susini n'en est pas un non plus, ni Dovecar ni Degueldre, ni Bastien-Thiry, je cherche, mais en vain, sans doute les lumières me font-elles défaut.
Il est vrai que Michelet est un croyant du Moyen Age qui évoque bien facilement le diable, je veux dire Hitler.
La preuve en est qu'il la fin d'un ouvrage qu'il publia, consacré à la gloire de l'Algérie française quelques mois avant le 13 mai.
Il écrivait ceci : « les faits sont là que l'Histoire a déjà jugés.
Elle offre une dernière chance aux Français de ne pas perdre le fruit des épreuves passées, de ne pas permettre cette victoire posthume d'Hitler que serait la retraite française d'Algérie ».
Qu'on ne compte pas sur moi pour tirer le parti qu'on peut tirer d'une assimilation établie par Michelet lui-même, d’Hitler avec celui qui abandonnerait l'Algérie. Je n'ai aucun goût pour enfoncer les portes ouvertes, je n'ai que dégoût. Des amis m'ont fiévreusement préparé des dossiers qui concernent les hauts personnages de ce régime. Ils ressemblent trop à ceux que je viens d'entrouvrir, ces dossiers, mon seul soulagement c'est de les éÉcarter, mon plaisir, c'est de ne plus les voir.
Je ne vaincrai ma répulsion que pour en finir avec Michelet et sans le recours de la raillerie. On ne peut pas tout à fait condamner ce chrétien, ce patriote, cet honnête homme qui est tombé tout naturellement dans l'idolâtrie dès qu'un être a pour lui incarné la patrie, a su lui faire croire qu'il l'incarnait et que par une disposition de l'âme inclinée à l'adoration, il a retrouvé en face de lui les mouvements d'une foi qui s'égarait. On est même enclin à l'indulgence du moment que l'on lit Mauriac.
Car Mauriac a des ressources d'esprit qui manquent à Michelet pourtant l'idolâtrie dans laquelle il a sombré est plus épaisse encore que celle du pauvre Michelet.
Jeudi, 24 Septembre 2009
25 Septembre : Journée nationale d'hommage aux HARKIS
Le Massacre des harkis et des repentis
Edmond Michelet un traite qui prévient l’ennemi le FLN
…………………./……………………Le 10 juin 1960, le colonel de l'ALN, SI SALAH, chef de la wilaya IV (Algérois), décide de faire un putsch contre le GPRA et, reçu avec ses adjoints, les commandants Si Mohamed et Lakhdar, à l'Elysée, par De Gaulle, ils lui annoncent la reddition, dans un premier temps, des trois quart des combattants de l'ALN. Mais De Gaulle, ne voulant déjà plus entendre parler de l'Algérie française, leur opposera une fin de non-recevoir, et ses services, par la voix d'Edmond Michelet, informeront le Ministre des Affaires extérieures du GPRA, Krim Belkacem, de cette proposition de reddition. Commencera alors une purge sanglante « à la Amirouche » au sein de leurs partisans, qui ne connaîtront aucune clémence, de la part des « frères » installés en Tunisie. Le secret de cette entrevue avec le Maître de l'Elysée devant être rigoureusement gardé, tout sera mis en œuvre pour éliminer définitivement les derniers témoins, et Si Salah et Si Mohamed seront tués par les troupes françaises, dans des conditions plus que curieuses…../… joseph castaño
L'autre visage d'Edmond Michelet - 1899-1970.
Bernard Zeller
Éd. Via Romana, 292 pages, 19 €.
Algérianiste, décembre 2012
Salutaires pour la France, les manœuvres politiques qui aboutirent à l'abandon de l'Algérie, en 1962 ?
On l'a fait croire, on le fait croire encore aujourd'hui. Le pays n'en a pas fini avec l'impact trompeur que ces menées idéologiques et agissantes lui imprimèrent.
La demande de procès en béatification d'Edmond Michelet, acteur politique de l'époque et grande figure du christianisme social en est un exemple. Dans son livre rigoureusement documenté, aux références précises, Bernard Zeller s'attache, sans recherche de polémique, à montrer l'ambigüité des réactions de ce gaulliste inconditionnel, voire idolâtre.
Après un rappel biographique de l'ancien résistant, déporté à Dachau à la conduite exemplaire, il apporte, grâce aux archives du secrétariat de la présidence de la République, un éclairage sur les actions d'Edmond Michelet durant la guerre d'Algérie.
Les efforts de ce dernier pour le retour du général en 1958 mais surtout, à partir de 1959, en tant que ministre de la Justice, sa mansuétude, son aide aux membres du FLN, son aversion pour les partisans de l'Algérie française, le rétablissement de la peine de mort pour crimes politiques et enfin la reconnaissance des autorités de l'Algérie indépendante, témoignent d'un engagement déterminé vers une fin programmée.
Au procès, c'est la gênante affaire Si Salah qui, indirectement, valut aux généraux Challe et Zeller de sauver leurs têtes demandées pour faire exemple, par le garde des Sceaux.
Enfin, son silence sur l'exode, les enlèvements, les massacres de milliers d'Européens et de harkis incite à s'interroger sur une conduite compatible avec la charité chrétienne. En tout cas, l'attitude de cet acteur en vue fut un exemple qui rassura alors, ceux que pouvaient agiter quelques remords. Michel Déon apporte dans la préface de ce remarquable ouvrage sa courte et lumineuse analyse.
Marie-Jeanne Groud |