Lemecredi matin 28 juin 2017 sur RTL, Muriel Pénicaud a réagi aux révélations en tentant de se justifier.
Retour sur plusieurs approximations de la ministre du Travail.
Las Vegas : non, Madame la ministre, ce n'est pas une « blague »
La ministre du Travail Muriel Pénicaud était interrogée ce mercredi 28 juin 2017 le matin sur RTL à propos des révélations sur l’organisation d’une soirée à Las Vegas, en janvier 2016, par l’établissement public Business France.
L’organisme, qu’elle dirigeait à l’époque, est suspecté de s’être affranchi de la procédure d’appel d’offres en confiant à Havas une grande partie des prestations relatives à l’organisation de cet événement où était présent Emmanuel Macron.
Muriel Pénicaud reconnaît « une erreur de procédure » mais qualifie de « blague » le fait qu'elle ait tenté « d'étouffer cette affaire ».
La ministre assure avoir parfaitement réagi, et tenu informé le conseil d’administration de Business France de la situation. Libération démonte des approximations de la ministre et publie de nouveaux extraits du rapport de l’inspection générale des finances (IGF) qui fragilise sa version.
J’ai immédiatement déclenché un audit interne et externe.
Un mois après l’événement, le service des achats découvre une demande de refacturation à Havas à hauteur de 220 000 euros.
Il bloque la transaction et contacte Muriel Pénicaud à ce propos. La directrice générale demande alors un audit interne.
Puis, comme Libération l’écrit dans son édition du 28 juin, elle a effectivement confié au cabinet EY un audit externe relatif à l’organisation de cette soirée. « C’était une façon de se couvrir, à ce moment-là, Pénicaud n’avait pas vraiment d’autre choix que de déclencher un audit », commente un haut fonctionnaire de Bercy.
Et c’est d’ailleurs sur la base de cet audit que Muriel Pénicaud tentera plus tard de régler la situation avec Havas par un protocole transactionnel.
C’est moi qui ai alerté le conseil d’administration
EY rend son audit à Muriel Pénicaud en juillet, dans un premier temps restitué à l’oral, puis par écrit le 28 juillet 2016.
Les conclusions sont alarmistes, la situation peut relever d’un « délit de favoritisme ». Alors qu’un comité d’audit s’est tenu le 30 juin 2016, l’IGF s’étonne de l’attitude de la directrice générale : « La direction de Business France a fait le choix de pas informer » le comité d’audit de Business France du rapport de l’EY, qui à cette date était presque finalisé.
Pendant plusieurs mois, Muriel Pénicaud garde l’audit d’EY pour elle et n’avertit ni les organes de contrôle interne à Business France ni ses ministères de tutelles : Bercy et le Quai d’Orsay.
Pratiquement un an après la soirée, le sujet arrive finalement sur la table du comité d’audit de Business France du 5 décembre 2016, qui était censé préparer le conseil d’administration du 15 décembre. Mais l’IGF note que « ni le comité d’audit, ni son président [Alain Bentejac, ndlr], n’ont été destinataires à l’occasion de la séance de décembre 2016 du rapport d’audit lui-même, mais seulement d’une note de présentation établie par Business France ».
A ce moment-là, Muriel Pénicaud veut surtout faire valider, par le comité d’audit, le protocole transactionnel avec Havas. Ce qui aurait permis de clore l’affaire discrètement.
Et là encore l’IGF s’étonne de la méthode : « Le projet de protocole transactionnel soumis au comité d’audit, qui a été connu du CGEFI [Contrôle général économique et financier, qui est rattaché à Bercy, ndlr] à cette occasion, avait déjà été signé par Havas. »
L’IGF relève que le CGEFI aurait dû être averti avant la signature du protocole par Havas.
Il y a eu ensuite une inspection générale
L’inspection générale des finances a en effet été saisie des dysfonctionnements mais Muriel Pénicaud n’y est pour rien.
C’est à la suite du refus du contrôleur général économique et financier de signer le protocole avec Havas présenté par Pénicaud, que les ministres de l’Economie et des Finances et des Affaires étrangères et du Développement international décident de suspendre la transaction et de commander un rapport à l’IGF.
Dans sa lettre de mission pour l’inspection générale, Michel Sapin, qui avait succédé à Emmanuel Macron au ministère de l’Economie, confirme bien que Muriel Pénicaud n’avait pas « informé ses tutelles » de tous ces «dysfonctionnements ».
De son côté, le porte-parole du gouvernement le soutien du FLN Christophe Castaner a demandé mercredi à la presse de « ne pas chercher à affaiblir » Muriel Pénicaud.
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