Le département de Chérif Abbès avait toujours refusé de rencontrer ou de participer à des rencontres bilatérales avec des ministres français en visite en Algérie.
Rencontre entre Kader Arif, ministre et le ministre des Moudjahidines, Chérif Abbès
Cette fois, le chef du département des «révolutionnaires» a dépassionné le dossier des querelles historiques et a accepté de rencontrer un ministre français et pas des moindres: un ministre français né en Algérie et dont le père avait choisi durant la guerre d'Algérie le camp de la France.
Au cimetière de Saint Eugéne , le ministre a présidé une cérémonie de dépôt de gerbe aux morts pour la France, en présence d'anciens combattants algériens de la Seconde Guerre mondiale. En fin de journée, il a remis les insignes de la Légion d'honneur à quatre vétérans algériens de la Seconde Guerre mondiale ainsi qu'au responsable de l'établissement général des pompes funèbres de la wilaya d'Alger.
Je tenais à rappeler aujourd'hui devant vous cette vérité historique, simple mais ô combien importante. Elle commence douloureusement en 1914 lorsque la France entre en guerre. 175 000 soldats algériens participent à la Première Guerre mondiale, fraternellement confondus avec les millions de soldats venus de toutes les provinces de France.
Au total, 26.000 tués et disparus ne retrouveront pas leur terre d'Algérie et feront des champs de bataille français leur tombeau pour l'éternité. Cette histoire du sacrifice des soldats algériens dans la Grande Guerre se répète vingt ans plus tard avec la défaite de l'armée française en juin 1940 qui a fait 5400 morts nord-africains.»
Le ministre français a affirmé dans son discours que «150.000 soldats algériens sont mobilisés au total durant la Seconde Guerre mondiale: 16.000 meurent au combat. Affirmant que beaucoup d'autres retrouvent l'Algérie blessés dans leur âme, dans leur coeur, dans leur chair. Il ajoute que l'engagement de l'Algérie dans les deux guerres mondiales est le fruit d'une longue histoire commune entre nos deux pays et d'une fraternité entre nos peuples qui s'est exprimée, scellée et renforcée sur les champs de bataille français».
Evoquant dans son discours sobrement la guerre d'Algérie, Kader Arif dira: «Il y a eu des événements tragiques, il y a eu des souffrances, il y a eu des incompréhensions entre nos deux pays. La mémoire est aujourd'hui un outil précieux pour discuter de cette histoire commune, avec vérité et transparence, avec justesse et sans repentance, de part et d'autre.»
Il ajoute enfin: «Cette mémoire franco-algérienne, elle prend chair dans les lieux chargés d'histoire, ceux visités ce matin, autour d'un monument aux morts, dans les lieux de sépulture.» |