En octobre 2009, puis en octobre 2011, j'ai interpellé en vain votre prédécesseur afin qu'il accomplisse certains des gestes attendus depuis si longtemps des deux côtés de la Méditerranée.
Aujourd'hui, la France pourrait saisir l'occasion de ce cinquantenaire pour s'exprimer enfin clairement sur certains des événements les plus douloureux de notre passé commun afin que nous progressions dans la voie d'une réconciliation encore inachevée.
Il s'agit en premier lieu de revenir sur les violences commises lors de la répression des manifestations du 8 mai 1945 qui se sont déroulées dans les villes de Sétif, Guelma et Kherrata.
Les manifestants avaient pour beaucoup combattu dans les troupes françaises qui ont notamment libéré la France et l'Italie. Ils souhaitaient que les principes démocratiques qui ont uni les Alliés contre le nazisme débouchent sur la fin du régime colonial autoritaire.
Ces manifestations dégénérèrent en émeutes entraînant la mort de 102 Européens. La répression qui les a suivies a été d'une violence impitoyable, engageant l'aviation et la marine de notre armée. En quelques semaines, de 8 000 à 10 000 Algériens sont tués, voire même
45 000 selon la mémoire collective algérienne.
Ce n'est qu'au mois de mai 2005 qu'un représentant officiel de notre pays, l'Ambassadeur de France en Algérie, qualifie pour la première fois ces événements en employant les mots de « massacre » et de « tragédie inexcusable ».
Il faut aujourd'hui aller plus loin par la voie d'une reconnaissance officielle par la France de sa responsabilité dans ce drame.
Une expression de notre pays est aussi attendue au sujet de la manifestation pacifique du
17 octobre 1961 et des violences qui l'ont suivie.
Plusieurs villes, notamment en Seine-Saint-Denis où demeurent encore de nombreux témoins de cet événement, ont choisi de commémorer la mémoire des victimes. Chaque année, les mêmes mots nous reviennent, prononcés notamment par celles et ceux qui ont vécu ces heures sombres de notre histoire nationale. Chaque année, l'émotion est grande parmi les familles qui ont vécu ces violences, encore plus parmi celles qui ont perdu l'un ou l'autre de leurs proches, dont le corps n'a parfois même jamais été retrouvé.
Cet événement a longtemps été refoulé de la mémoire nationale, y compris de la mémoire populaire, la manifestation dite « de Charonne » du 8 février 1962 captant toute la lumière des heurts violents qu'a connus cette période en métropole et renvoyant dans l'amnésie collective les faits d'octobre 1961.
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