Le premier geste du candidat officiel du Parti socialiste à l'élection présidentielle de 2012, François Hollande, a été de jeter une rose dans la Seine depuis le pont de Clichy, en hommage aux Algériens du FLN tués le 17 octobre 1961.

 
       
 
 

C’est la première sortie "officielle" pour le candidat PS aux élections présidentielles de 2012, pour  rendre hommage au FLN et aux manifestants algériens tués lors de la manifestation du 17 octobre 1961
Depuis le dimanche soir 16 octobre 2011, ce n’est plus «le favori de primaires socialistes», mais bien le candidat du PS à la présidentielle de mai 2012.
François Hollande, dans ses nouveaux habits de prétendant officiel - en l’occurrence un costume foncé et une chemise bleue ciel - était ce lundi matin  17 octobre 2011 sur le pont de Clichy. Une rose à la main, dans une symbolique très mitterrandienne.

«Il faut que la vérité soit dite. Sans repentance, ni mise en accusation particulière, a souligné François Hollande. Reconnaitre ce qui c’est produit. Aujourd’hui je le fais en tant que socialiste. Ensuite, ce sera sans doute à la République de la faire...» Cinquante après, l’Etat français n’a toujours pas reconnu sa responsabilité.
Le candidat socialiste à la présidentielle a déposé une gerbe, lundi 17 octobre 2011, à 11 heures, au pont de Clichy, où des Algériens furent jetés à la Seine, il y a cinquante ans, par des policiers.

Au cours de cette manifestation appelée par la Fédération de France du FLN, qui protestait contre le couvre-feu imposé par le préfet Maurice Papon aux "Français musulmans d'Algérie", Des Algériens qui défilaient pacifiquement dans les rues de Paris ont été tués par la police. Certains ont été roués de coups, d'autres noyés dans la Seine, d'autres encore tués par balles.

Le premier geste du candidat officiel du Parti socialiste à l'élection présidentielle de 2012, François Hollande, a été de jeter une rose dans la Seine depuis le pont de Clichy, en hommage aux Algériens du FLN tués cette nuit-là alors qu'ils défilaient pour réclamer l'indépendance de leur pays.


 
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François Hollande, qui était accompagné de l'historien Benjamin Stora et de son conseiller Faouzi Lamdaoui, a expliqué qu'il avait prévu depuis longtemps d'être présent à ce rendez-vous. "Je voulais être là, fidèle à la promesse que j'avais faite. Je suis venu témoigner de ma solidarité aux enfants, petits-enfants de ces familles endeuillées par ce drame", a-t-il déclaré.
Le geste de François Hollande me donne un réel espoir pour que la France, si demain il accède à la présidence de la République, reconnaisse enfin l’une des plus grandes tragédies française.

Ceux qui verront dans le geste de François Hollande une "symbolique mitterrandienne" se trompent forcément, puisque l’ancien président socialiste n’a jamais eu le moindre geste, symbolique ou pas, pour tenter de faire reconnaître à la France sa responsabilité.

« Je veux espérer que, cinquante ans après, un premier pas ait été franchi pour la reconnaissance de cette répression sanglante par l’État français, en cas de victoire de François Hollande à la présidentielle de 2012 ».

Une reconnaissance future qui permettra enfin de faire sortir de l’oubli cette page sombre de l’histoire.

Il y a 50 ans, le 17 octobre 1961, la police parisienne réprimait violemment une manifestation d’Algériens qui, à l’appel du FLN, protestaient contre le couvre-feu. Il y eut, selon les sources, des dizaines de morts, voire plus d’une centaine.


Un demi-siècle plus tard, ce 17 octobre 1961.


C’est une des pages tragiques de la guerre d’Algérie, présentée par des associations comme un « crime d’Etat de la France ». Des livres, des films tentent de rendre justice aux victimes de cette manifestation réprimée. Manifestation pacifique certes, mais provocatrice.

En octobre 1961, la guerre d’Algérie vivait ses derniers mois. Les négociations secrètes entre la France et la branche politique du FLN algérien (Front de libération nationale) étaient en cours.

Depuis quelques mois, les attentats en métropole avaient cessé. Ils reprirent avec une ampleur nouvelle en septembre 1961. Depuis le début de l’année, 29 policiers avaient été tués. Pourquoi lancer des dizaines de milliers d’Algériens dans Paris à un tel moment ?

   

Cette irritation s'était déjà exprimée dans un communiqué de l'Association des officiers de police adjoints. Elle se manifeste mieux encore dans la constitution par trois des syndicats, particulièrement représentatifs, de la police d'un "comité permanent de coordination et de défense". Ce comité s'apprête à donner aux autorités des suggestions encore à l'étude et propres, selon lui, à assurer la protection des membres des forces de l'ordre.

En ce sens les mesures prises par la préfecture, ou envisagées par le conseil interministériel, si elles sont destinées à rendre plus difficiles les attentats, ont indéniablement aussi pour objet d'apaiser les craintes et, le cas échéant, de prévenir les ressentiments des fonctionnaires de la police.

Il n'est pas douteux en effet que cette indignation des policiers contre le terrorisme algérien fournit à l'activisme des thèmes de propagande dont les autorités peuvent craindre l'audience.

Aussi bien l'OAS, dans un tract que reproduit Rivarol stigmatise-t-elle les "hautes protections" dont bénéficieraient, à l'entendre, dans les milieux "gaullistes et progressistes" (amalgamés) les auteurs d'attentats et leurs complices.

L'OAS va jusqu'à proposer son aide à la police en "décidant de répondre à tout nouvel attentat organisé contre les policiers par la destruction d'un lieu de réunion FLN ou MNA".

Les mesures prises, ou qui vont l'être, révèlent également d'autres aspects. Elles ont sans conteste un caractère de coercition contre l'ensemble de la population musulmane de la capitale, qui, elle aussi, a pourtant eu à souffrir — et dans la plus large mesure — du terrorisme. Elles ont aussi un caractère de protection des Algériens à l'heure où des policiers aux nerfs tendus pourraient être tentés de ne pas distinguer — et cela est déjà arrivé au cours de contrôles — entre le travailleur algérien qui ne demande qu'à vivre en paix et le terroriste qui le vise.
Etait-ce un moyen de pression pour les négociateurs algériens ?
Une démonstration de force pour l’organisation FLN de Paris dans sa bataille avec la police ?

     
 
 
     

A peine cinq mois plus tard, le 18 mars 1962, on signait les accords d’Evian et le cessez-le-feu. Mais la guerre d’Algérie n’était pas terminée.

Une affreuse période s’ouvrait, où les attentats de l’OAS (Organisation armée secrète) opposés à l’indépendance et ceux du FLN furent au paroxysme.
Dans les explosions et les fumées des incendies, les enlèvements et les assassinats, ce sera l’exode des Français d’Algérie. En juin 1962, 350000 pieds-noirs abandonnent tout et se réfugient en métropole. Au total, ils seront un million.

 
 

Ce n’était pas fini pour autant. Le 5 juillet 1962, jour de l’indépendance, une manifestation de joie à Oran dégénère en chasse à l’Européen. Des membres de l’Armée de libération nationale et des militants armés mitraillent, égorgent, pendent les Européens et les Arabes qui tentaient de s’opposer au massacre.

Combien de morts ? Entre 400 et 600. Entre mars et octobre 1962, sur l’ensemble de l’Algérie désormais indépendante, plus de 3000 Européens seront enlevés. La plupart ne seront jamais retrouvés. Des dizaines de milliers de harkis qui avaient combattu aux côtés de la France furent torturés et massacrés malgré les promesses des accords d’Evian.

Les victimes étaient multiples et de tous bords

Les associations qui appellent à commémorer le 17 octobre 1961 ont raison sur le fond : c’était un crime intolérable. Mais devant l’ampleur des exactions qui ont eu lieu de part et d’autre on ne peut que s’interroger sur cette mémoire sélective.

S’agit-il de réécrire l’histoire, de stigmatiser la France ? Une commémoration aussi ciblée donne une fausse image de ces années tragiques. La justice et la vérité exigeraient que l’on se souvienne de toutes les victimes de la guerre d’Algérie.

Cinquante ans après les faits, ces événements continuent à diviser. La grande manifestation régionale organisée lundi 17 octobre 2011 par les villes d’extrême gauche d’Asnières, Clichy, Colombes, Gennevilliers, Nanterre et Argenteuil (Val-d’Oise) n’aura pas lieu à Neuilly comme prévu. Jean-Christophe Fromantin, le maire (DVD), ne l’a pas souhaité, arguant que les associations d’anciens combattants n’étaient pas d’accord. Même verdict pour la demande d’installation d’une plaque commémorative au pont de Bezons.

mise en ligne le 18 octobre 2011 - 17h15 CET