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Une fille de Disparu d'Algérie obtient la mention " Mort pour la France", la réaction d'Anne Cazal du comité VERITAS
   
         
 
 
 
 

 

MORTS POUR LA FRANCE OU PAR UN CRIME D'ETAT ?

Certains nous diront que, pour nous Français d'Algérie, on voit, aujourd'hui, quelques étincelles s'enflammer, un député qui plaide notre cause - tout en la brimant prudemment par deux mots destructeurs, un grand journaliste, chroniqueur a «  RTL «   et a «  Libération «  qui dénonce la trahison de DE GAULLE, vis-à-vis des Français d'Algérie, comme la plus retentissante de la V? République, et, enfin, la fille d'une victime du génocide du 5 juillet 1962 qui annonce, avec satisfaction semble-t-il, que son malheureux père, innocent assassine comme près de quatre mille de ses compatriotes, vient d'être reconnu " Mort pour la France " !

Je ne voudrais, en rien, gâcher la jubilation de cette jeune femme. Depuis quarante-sept ans, mon cœur  n'a cessé de saigner pour les victimes de ce pogrom, comme pour toutes les autres. Mais en lisant la lettre qu'elle a reçue du Ministère de la Défense lui annonçant, comme une grande faveur honorifique, qu'il sera précède, en marge de l'acte de décès de son père, a l'inscription de la mention " mort pour la France ", mon sang n'a fait qu'un tour, et j'ai eu envie de hurler !

Hurler la souffrance, la douleur permanente, de ces familles de disparus, dont certaines sont plongées dans l'expectative depuis près d'un demi-siècle ! Hurler ce déchirement qui vibre dans leurs voix des leurs premières paroles ! Hurler leur dégoût, leur rancoeur, leur mal-être auquel on ne peut que s'associer !

   

Lors du procès que VERITAS a mené contre Joseph Katz au pénal pour "obéissance à des ordres criminels", je suis entrée en contact avec certains de ces éprouvés. Une mère qui avait vu son fils, enlevé sous ses yeux, a la porte de son immeuble, alors qu'elle était au balcon.
Un père qui avait désespérément recherche son fils jusqu'a ce qu'il le retrouve aux Abattoirs, pendu a un crochet de boucher : Toutes mes nuits sont encore perturbées par cette somme d'horreurs, par le supplice mental qui taraude encore ces familles, par le calvaire qu'elles endurent sans aucun répit, par ces hommes et ces femmes ravages jusqu'a la fin de leur vie par le tourment.

Je n'ai pu que partager ce déchirement, cette affliction profonde, j'ai hais les égorgeurs et les bourreaux, je les ai voues, tous, aux gémonies, mais il en est un, principal responsable de cet ouragan de barbarie bestiale, pour lequel ma haine est incommensurable, un que, tout comme l'a fait, durant toute sa vie d'homme, Joseph Hattab-Pacha, tant que ma voix portera, tant que je pourrai tenir une plume, tant que la faucheuse ne me fera pas taire, je dénoncerai, haut et clair, le plus grand génocidaire de tous les temps : Charles De Gaulle ! Oui, Charles De Gaulle, officiellement Chef d'un Etat démocratique, mais en réalité, infâme et sanguinaire hybride de monarque, malédiction vivante toujours assoiffe de plus de sang Francais !

Morts pour la France, mes compatriotes ? Mes frères ? Oui, ceux qui se sont levés, dans toutes les guerres pour la défendre et ne sont jamais rentres dans leurs foyers (mes oncles étaient du nombre) sont bien morts pour la France. Mais les victimes innocentes, celles qui gisaient sur les paves d'Alger, le 26 mars 1962, ou dans les rues ensanglantées d'Oran le 5 juillet 1962 ? Non, ceux-la ne sont pas morts pour la France, mais PAR LA FRANCE, du moins par celui qui osait dire «  La France, c'est moi ! «.
Si le père de notre compatriote a bien été tue par une mitraillette, sa fille devrait en ressentir un soulagement en pensant a tous ceux dont la fin a été infiniment plus douloureuse, ceux qui se sont trouves, faisant leurs courses ou se rendant a leur travail, face a de véritables bêtes féroces qui leur ont arrache le nez et le visage a coups de dents avant de leur faire subir d'autres supplices que je ne me sens pas capable de relater.

Peut-on décrire l'indescriptible ? J'en pleure depuis un demi-siècle, et mes sanglots répercutent sans cesse aux oreilles des sourds le désespoir de mon peuple ! J'ai lance, il y a quelques mois une exhortation au Premier Ministre, j'ai cru pouvoir exprimer, au nom de tous les miens, un appel déchirant a la justice et a la compassion. J'ai cru qu'il y avait sous la carapace de l'homme d'Etat une âme sensible au cri du cour d'une fille de France qui a vu tous les siens livres a des tortionnaires par un  «  traître «  qui avait mission de les protéger !
Seul, le silence glacial de la subordination de fait, un silence de mort, m'a répondu.

La folie meurtrière du 5 juillet 1962 a dure des heures, elle a fait des milliers de victimes, et, je le rappellerai tant que j'aurais de la voix, par la volonté d'un dictateur plein de haine, ayant concentre en ses mains tous les pouvoirs, dont celui d'arrêter immédiatement la tuerie, mais qui, loin de le faire, a donne, par téléphone, au général Katz commandant la place d'Oran, avec 20.000 hommes consignes sous ses ordres, l'ordre criminel suivant : « SURTOUT, NE BOUGEZ PAS ! » .

Un président américain, qui aurait donne un tel ordre de non-intervention devant un tel déchaînement de violence meurtrière aurait été mis en accusation pour haute trahison par la Cour Suprême des USA ! Un officier général de n'importe quel un pays respectueux des droits de l'homme qui aurait suivi de telles consignes tandis qu'on massacrait ses compatriotes sous ses yeux, aurait été traduit en conseil de guerre !

Or, non seulement, dans le camp de Charles De Gaulle, nul n'a bronche, mais, de plus, un mois après son acte de lâcheté criminelle, le plus grave qu'un chef militaire puisse commettre et qui n'avait pas d'exemple dans l'armée française, Katz a été décoré le 4 août 1962 de la « Croix de la Valeur Militaire avec palme »  par Messmer. Telle était la confusion totale des valeurs a laquelle a abouti cette criminelle politique officielle qui consistait a retourner les armes de la France contre tous ceux qui se réclamaient d'elle en Algérie !

Alors, qu'on ne me dise surtout pas que les victimes de ce massacre sont «  mortes pour la France «, elles sont mortes PAR LA FRANCE, ou plutôt par la volonté de celui qui prétendait représenter la France, et qui n'en était pas a son premier CRIME D'ETAT !

Posons-nous la question : que cherchent les héritiers du gaullisme en accordant si tardivement la mention «  mort pour la France » aux victimes de ce pogrom au faciès blanc ? Il s'agit bien d'une nouvelle tentative pour tordre le cou à la vérité, et fuir, ainsi, toutes responsabilités ! .LEUR MANŒUVRE NE PASSERA PAS : les victimes françaises de la boucherie 5 juillet 1962 a Oran, sont bien mortes victimes de la carence volontaire DU CHEF DE L'ETAT FRANCAIS, et tout le reste n'est que balivernes !

Je l'ai déjà nomme, bien qu'écrire son nom me dégoûte déjà, mais il faudra bien qu'un jour LA FRANCE RECONNAISSE LES MULTIPLES CRIMES D'ETAT COMMIS PAR CELUI QUI DISAIT L'INCARNER, et ce jour-la, seulement, nous verrons les ombres du mal se dissiper et la malédiction, prête a déchirer notre civilisation millénaire, regagner les ténèbres.

Anne Cazal Déléguée générale du Comité VERITAS - 14 novembre 2009 -