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Exode
Rapatriés d’Algérie
En quelques mois entre la fin du printemps et septembre 1962, 900 000 Français, Européens et Juifs, quittèrent le pays dans une situation de chaos et un mouvement de désespoir.
La valise ou le cercueil, slogan de certains nationalistes algériens, a résumé par anticipation le sentiment d'abandon total ressenti par cette population surtout après mes massacres d’Oran le 5 juillet 1962.
Ne sentant plus sa sécurité assurée, elle s'élança dans un exode soudain et massif.
Le gouvernement gaulliste avait estimé à 200 000 ou 300 000 le nombre de Rapatriés temporaires en France. Aussi, rien n'était prévu pour leur retour. Beaucoup durent dormir dans les rues à leur arrivée en France, où la majorité n'avait jamais mis les pieds et n'avait ni famille, ni soutien. Certains souffrirent également du ressentiment des métropolitains qui n'étaient généralement pas favorables.
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Les scènes de milliers de réfugiés paniqués campant pendant des semaines sur les quais des ports d'Algérie en attendant une place sur un bateau vers la France devinrent habituelles entre avril et août 1962.
Certains Pieds-noirs détruisirent leurs biens avant d'embarquer, en signe de désespoir et de terre brûlée, mais la plupart partirent en laissant intacts et abandonnés leurs patrimoines. Beaucoup, en effet, espéraient que les promesses du gouvernement gaulliste pouvaient être tenues, au moins partiellement, et qu'ils pourraient revenir.
En septembre 1962, Oran, Bône, ou Sidi-bel-Abbès étaient laissées à moitié abandonnées. Toutes les administrations, police, écoles, justice, activités commerciales s'arrêtèrent en trois mois. La population s'est donc massivement réfugiée en France en quelques années, la majorité dans le chaos de 1962. Une petite minorité est allée en Espagne, principalement dans la région d'Alicante. D'autres sont partis pour des pays plus lointains, comme le Canada ou l'Argentine. Les juifs ont massivement choisi la France, et peu sont partis en Israël.
En comptant les rapatriés des autres pays du Maghreb, on arrive à un total d'environ 1,5 million de personnes, soit environ 3 % de la population française.
Une quantité négligeable de français est restée vivre en Algérie après l'indépendance, mais leurs espoirs ont été brisés par les décrets de nationalisation des terres et des commerces du premier novembre 1963.
Au début des années 1990, il ne restait plus que 2 000 français dont une poignée de pieds-noirs en Algérie.
Le gouvernement français laissa toutes les archives administratives au nouveau gouvernement algérien.
Ce qui signifia pour les Pieds-noirs, l'absence d'accès à leurs actes de naissance et autres actes d'état-civil.
Certains eurent du mal à prouver leur nationalité française. Devant l'incongruité de la situation, dans les années 1970, le gouvernement français, finalement, décida d'envoyer une mission dans les grandes communes d'Algérie pour copier les registres d'état-civil. Les mairies des petites communes ne furent pas visitées, ce qui explique les problèmes rencontrés face à l'administration jusqu'à aujourd'hui par certains. Généralement les Pieds-noirs se sentirent rejetés à leur arrivée en France. Ils eurent à affronter les invectives racistes, notamment de la gauche communiste, qui les caricaturait comme des colons profiteurs.
À l'été 1962, les Pieds-noirs désespérés et démunis, arrivés sur des bateaux surchargés, furent reçus, à l'initiative des dockers CGT, par des pancartes hostiles (« les Pieds-noirs à la mer ») à l'entrée du port de Marseille. Malgré les préventions qu'affichaient certains hommes politiques (comme le maire socialiste et communiste de Marseille, Gaston Defferre, qui déclarait en juillet 1962 : « Marseille a 150 000 habitants de trop, que les Pieds-noirs aillent se réadapter ailleurs. ») à l'égard d'une population qu'ils ne connaissaient pas vraiment, et cataloguée sur des préjugés racistes comme étant constituée de colons « faisant suer le burnous », d'être raciste, violente et
machiste, et dont la structure socioprofessionnelle ne devait pas faciliter l'intégration dans une économie moderne. Pourtant les Pieds-Noirs s'adaptèrent rapidement, ces sombres prévisions ont été démenties par les faits.
En réalité, la vaste majorité des Pieds-noirs appartenait à la classe ouvrière ou à un prolétariat urbain de petits employés. La population était urbaine à 85 %, composée de petits fonctionnaires, artisans et commerçants, dont le revenu moyen était inférieur de 15 % à celui des Français métropolitains. Le niveau d'instruction dépassait rarement le certificat d'étude primaire. 5 % seulement étaient des agriculteurs propriétaires et les très grandes fortunes se comptaient sur les doigts d'une main.
Cependant, après l'âpre accueil reçu, les Pieds-noirs s'intégrèrent rapidement, contribuant à l'essor économique des années 1960. Notamment dans les régions de Provence, et de Languedoc-Roussillon. Des villes auparavant endormies ont connu un coup de fouet économique qui a contribué à leur dynamisme actuel (Montpellier, Perpignan, Nice, et particulièrement Marseille) L'intégration, et on peut dire l'assimilation totale, des Pieds-noirs a été complète en quelques années, sans oublier l'Algérie, malgré le mépris des métropolitains. |
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et je vous remercie de m'avoir fait part de vos préoccupations.Je mesure la douleur des familles des victimes, qui restent parfois des années dans l'incertitude, sur le sort de leurs proches. Leur deuil est impossible. Leurs
démarches vis-à-vis des autorités pour faire la lumière sur la disparition n'aboutissent que trop rarement.
La France doit aussi aller au bout de son travail de mémoire, pour pouvoir enfin cicatriser les blessures de
son passé or la question des disparus de la guerre d'Algérie reste une blessure ouverte pour les familles
de victimes, mais aussi pour l'ensemble de la communauté nationale.
Près d'un demi-siècle après les faits, il est grand temps que toute la lumière soit faite sur ces disparitions, que des experts, historiens et chercheurs indépendants puissent véritablement étudier le sort des disparus, et
aider ainsi leurs familles à retrouver la paix. Il est grand temps de connaître la vérité historique des faits.
Il est grand temps de rendre hommage à ces victimes, et à leurs familles les échos d'un passé dont elles ont
été injustement dépossédées.
Je suis favorable à ce qu'un Comité des sages comprenant des scientifiques, des historiens et des représentants des familles établisse enfin une liste officielle des disparus. Et je crois légitime que les disparus aient leur nom apposés sur les lieux publics pour les familles qui le souhaitent.
En espérant que ces précisions répondent à vos attentes légitimes et restant à votre écoute, je vous prie de croire, Chère Madame, en l'assurance de ma considération distinguée.
Nicolas SARKOZY, Candidat à l'élection présidentielle |
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