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France télévision répond aux téléspectateurs des porteuses de feu
                 
 
                   
         
 
La responsable des documentaires
sur Fance 3 Muriel Rosé
 
Nicole Guiraud
victime poseuses bombes
Cafétéria 1 mort
59 Blessés dont
12 personnes amputées
décès de Madame Chiche
 
Bombe Milk Bar 9 morts
5 enfants amputés

La machine de télécopie fonctionne bien à
France Télévisions le médiateur répond d'une manière identique
aux téléspectateurs de France et de l'étranger

G. Lehmann du Danemark répond au médiateur de France 3

 
   
   

Une réponse personnalisée par la feignasse de service ce jour là un profond mépris pour les Rapatriés d'Algérie et les victimes des poseuses de bombes une apologie du terrorisme sur la chaîne publique
   
Réponse à G.Lehmann
par le médiateur de France 3
Alain le Garrec

Nous avons bien reçu votre message dans lequel vous exprimez votre vive réaction suite au documentaire consacré aux poseuses de bombes de La Bataille d’Alger, « Les Porteuses de feu », diffusé sur France 3 le 26 janvier dernier à 23h20.
Vous déplorez cette diffusion considérant que ce programme faisait l'éloge de criminelles au détriment des victimes, combattants et déracinés d'Algérie, Harkis comme Pieds-Noirs pour lesquels vous souhaiteriez d'ailleurs davantage de respect et de droit à la parole.
Je tiens à vous préciser que le médiateur n’interfère ni dans le choix des journalistes, animateurs ou consultants qui officient sur les antennes des chaînes du groupe France Télévisions, ni dans le contenu des programmes.
En revanche, il veille à  transmettre  aux responsables de ces programmes, les propos des téléspectateurs susceptibles d'optimiser l'adéquation de leurs attentes avec l'offre du groupe.
C'est pourquoi je vous remercie d'avoir pris le temps de nous écrire pour nous faire part de votre intérêt et vous informe que nous l’avons relayé à la direction de l’unité documentaires et magazines de la chaîne, laquelle a souhaité communiquer les éléments de réponse suivants : « Depuis toujours la télévision publique a diffusé des films ayant trait aux conflits du passé et du présent, relatifs à notre histoire ou à celle de pays étrangers.
Les films qui touchent à la Guerre d’Algérie ont toujours été l’objet d’un traitement délicat en raison de procès d’intention éventuels, en provenance des différentes parties en présence. En effet les faits sont encore récents, les protagonistes sont encore en vie, et les victimes à juste titre encore très marquées par la violence de certains événements qu’elles auront vécus. Acteurs comme victimes, tous sont marqués à vif par une plaie non encore cicatrisée. Faouzia Fékiri, auteur du film, est une réalisatrice reconnue, d’origine algérienne, et déjà lauréate d’un FIPA d’OR pour un précédent travail historique sur son pays. Elle est également journaliste à RFI depuis de très nombreuses années.
Le film diffusé ce samedi, relate un épisode connu et notoire de cette guerre, inséré dans ce qu’on a appelé « la Bataille d’Alger », et a déjà été traité dans d’autres films, notamment le très primé LA BATAILLE D’ALGER de Gillo Pontecorvo, dont les images illustrent en grande partie le document de France 3, et plus récemment L’AVOCAT DE LA TERREUR de Barbet Schroeder, présenté au festival de Cannes 2007.
Si le film touche à un sujet sensible, qui peut raviver une histoire douloureuse, il n’est en revanche aucunement une apologie de la violence, ne glorifie pas les actes terroristes perpétrés par des femmes qui ont, à un moment donné de l’histoire de leur pays, pris des armes pour rejoindre les rangs du FLN. L’absurdité de la violence et de la guerre, l’existence de victimes innocentes sont des évidences lorsqu’on aborde de tels sujets, et dans chaque image montrée on ne peut s’empêcher d’y penser.
Le film relate un élément de cette histoire, raconté par des protagonistes qui l’ont vécu, et il y est beaucoup moins question du FLN, et du conflit colonial au sens large, que de la situation des femmes dans un pays musulman, en temps de guerre et sous l’occupation française et de l’impact de leurs actes sur leur entourage, leur famille et leur vie en général.
Un ancien officier de l’armée française témoigne également du carnage, de la violence de ces actes et de la manière dont le gouvernement français a fait face à cette situation.D’autres films, tels que la série LES PIEDS NOIRS déjà diffusé, ou un film sur le massacre de la Rue d’Isly à Alger, en cours de production, et il y a encore plus longtemps, le documentaire de Patrick Jeudy sur Elie de Saint-Marc (même productrice) composent différentes facettes d’une partie (douloureuse) de l’histoire de France. Une histoire très récente qui provoque à chaque fois des réactions, passionnelles, à la mesure de la violence des faits, en provenance des différents groupes qui se sont affrontés à l’époque. Chacun de ces films illustre le point de vue d’un auteur, et fait le récit d’événements parfois condamnables, mais aucun d’entre eux n’a fait ou ne fera « l’apologie des tortionnaires, des assassins ou des mutilateurs »…La presse, qui a salué le film sous différentes formes, n’a relevé aucun message instigateur de violence. »
Salutations attentives
Médiation des programmes
France Télévisions
>>> Mediateur Info France 3 <mediateurinfo@france3.fr> 30/01/2008 11:16 >>>

 
Réponse à Alain le Garrec
par G.Lehmann

Monsieur le médiateur,

Je vous remercie de m´avoir répondu avec diligence et de m´avoir transmis les réponse des responsables de l´unité documentaires et magazines de FR3.
Je ferai en réponse les observations suivantes:
         Je me félicite que la télévision publique diffuse des films ayant trait à l´histoire, et en particulier à l´histoire de France. Je suis parfaitement au courant de la carrière de Faouza Fékiri et ne conteste ni la qualité de son film ni celle de Pontecorvo sur la bataille d´Alger. Mais je leur conteste toute objectivité historique.
Je suis également d´accord avec vous pour penser que la guerre d´Algérie (on devrait d´ailleurs dire les guerres d´Algérie) est un sujet sensible et délicat qui doit faire l´objet d´un traitement qui en tienne compte. Et c´est d´ailleurs l´objet de mon intervention.
Le film de Faouza Fékiri est fort bien agencé: mêlant des interviews des tueuses du FLN, de leurs familles, d´un militaire français impliqué dans cette guerre et des images empruntées au film de Pontecorvo qui ont le caractère d´images d´archives.
         Vous avancez qu´il y est beaucoup moins question du FLN, et du conflit colonial au sens large, que de la situation des femmes en pays musulman […], de femmes impliquées dans cette guerre.
Je suis en désaccord total sur ce point: le film tout entier est construit sur la guerre d´Algérie, sur la bataille d´Alger et particulièrement sur le terrorisme urbain exercé par le FLN, et sur une justification de ce terrorisme urbain. Cette justification est exprimée par les femmes terroristes, les images du film de Pontecorvo leur donnent un arrière-plan visuel fort, et les propos du militaire français les confortent.
Or, ce qui fait de ce sujet quelque chose de délicat et de sensible, c´est un problème d´éthique. Nous savons la somme d´horreurs que représente une guerre, nous savons la diversité des interprétations possibles, nous savons que la violence n´est pas toujours et partout inévitable, mais nous sommes d´accord sur une chose: faire de civils innocents des otages, en faire des cibles privilégiées de la bombe, du couteau ou du fusil, parce que justement, ce sont des civils, des innocents, et de préférence des enfants, cette stratégie qui fut un élément capital de la guerre menée par le FLN, cette pédagogie de la terreur, nous la condamnons comme barbare, comme un crime contre une certaine idée de l´homme. Tout comme nous condamnons la violence exercée contre des innocents, d´où qu´elle vienne, et qui s´appuie sur l´idée de la responsabilité collective d´un peuple et donc justifie d´en sanctionner n´importe quel membre, fût-il un bébé dans sa poussette.
C´est avec cela que je demande que l´on se mette en règle, pour reprendre l´expression d´Albert Camus. Que l´on se mette en règle avec l´idée, défendue par Sartre et Merleau-Ponty, de la terreur progressiste, de l´innocence sacrifiée pour des lendemains de bonheur. Que l´on se mette en règle avec l´idée totalitaire qui fit éclore ses fleurs empoisonnées au siècle dernier. Avec l´idée que la fin justifie tous les moyens.
Il y a des choses qui ne sont pas négociables.
         Vous exprimez que l´absurdité de la violence et de la guerre, l´existence de victimes innocentes sont des évidences lorsqu´on aborde de tels sujets, et dans chaque image montrée on ne peut s´empêcher d´y penser.
Eh bien non, me voilà de nouveau en désaccord avec vous. Vous me dites que le film traite de la situation de la femme en pays musulman, et un peu plus loin qu´on ne peut s´empêcher de penser, à chaque image, à l´existence de victimes innocentes. Il y a là, d´une part contradiction dans vos propos et d´autre part une affirmation contestable: si l´on pense, dans ce film, aux victimes innocentes, on y pense comme des absents et des absentes du sujet, comme des victimes du silence. Et ce silence fait écho à celui qui recouvre le siège de Bab El Oued, les massacres du 26 mars 1962 à Alger, les milliers d´enlèvements avant et surtout après le 19 mars, la capitulation d´Évian, l´Oradour du 5 et 6 juillet 1962 à Oran, le sort des harkis. Les crimes d´État.
         Le choix délibéré de parler des victimes comme des abstractions, le plaidoyer d´assassins, la justification de leurs crimes par d´autres crimes, ces extraits d´une fiction ayant le caractère d´un documentaire, c´est-à-dire prétendant refléter une certaine vérité historique, tout dans le film Les porteuses de feu, est justification des crimes commis contre des victimes innocentes. Vous précisez que ce film ne contient aucune incitation à la violence et ne fait pas l´apologie de crimes contre l´humanité. Sur ce plan, n´ayant pas qualité pour le faire, je ne poserai pas ici la question de savoir si nous avons affaire ou non au viol de la loi. Ce n´est pas mon domaine de compétence.

 
 

Suite de la réponse de G.Lehmann
Vous évoquez la liberté de l´artiste, et vous avez raison. J´ai regretté que, dans le film, il n´y ait pas eu le moindre mot de regret sur les civils innocents, pour atténuer un peu l´insolence du sourire, pas la moindre question sur le sujet. Mais après tout, on ne demande pas à l´artiste d´être objectif, on lui demande d´être bon.
Laissant le choix total à l´artiste de faire partiel et partial, j´évoquerai alors votre responsabilité morale, je vous parlerai de délicatesse, d´équité, de dignité.
Vous auriez pu programmer ce documentaire dans le cadre d´un débat, vous auriez pu donner la parole à Nicole Guiraud, l´une des victimes, à dix ans, de la bombe du Milk-Bar, vous auriez pu consacrer un quart d´heure à la diffusion de son court-métrage La valise à la mer, qui a reçu de nombreux prix, et qui, lui, ne respire pas l´odeur de la vengeance et de la haine. Vous auriez pu, si vous aviez voulu.
         Je formule deux souhaits, en conclusion de cette seconde lettre ouverte que je diffuserai pareillement.
         Le premier est que vous preniez en compte les réserves formulées et que vous songiez à un débat sur ce problème, si actuel aujourd´hui, du bon usage de la terreur. D´après les nombreux témoignages que j´ai reçu en un temps très court, je peux me permettre de dire que beaucoup partagent mon avis. Je les remercie de s´être manifestés.
         Le second est que Faouzia Fékiri s´associe sans aucune réserve à la déclaration suivante:
         Aucune raison n´a jamais justifié et ne justifiera jamais le sacrifice de vies innocentes.