ANFANOMA REPOND AU COURRIER DU SERVICE DE TELECOPIE
DE FRANCE 3 AU SUJET DU DOCUMENTAIRE DE FRANCOISE CASTRO
" LES PORTEUSES DE FEU "

 
     
 
 

Madame Geneviève GIARD
Directrice Générale De France 3
Tour Mirabeau
39/43 Quai André Citroën
75 739 PARIS CEDEX 15

« Les porteuses de feu » ou comment justifier
l’injustifiable ?

Par un injustifiable encore plus fort, Bien sûr !

 

Madame la Directrice générale,

Nous prenons connaissance de la réponse apportée par votre Direction de l’unité « Documentaires et Magazines ». Elle nous apporte un éclairage complémentaire bien inattendu.

Ainsi, nous n’aurions aucunement assisté à un hommage rendu à des transporteuses d’armes et à des poseuses de bombes qui ont déchiqueté et mutilé, conformément à l’usage, des centaines de civils innocents. Ce résultat naturel et banal fait tellement partie du « jeu » qu’il n’était nul besoin de le rappeler… Ainsi, les Français d’Algérie qui ont sauvé leur vie au prix de l’exode, n’auraient aucune raison de se croire pris pour « cible », mal du pays dont ils subissent toujours les séquelles…

Eh bien, oui, nous devrions l’avoir bien compris maintenant, ce documentaire « visait » (décidément !) en toute simplicité à analyser « la situation des femmes dans un pays musulman, en temps de guerre et sous l’occupation française ».
Nous Pieds-noirs n’aurions donc rien à voir dans une affaire qui ne nous concernerait absolument pas. Eh bien soit, mais alors nous Français, en revanche, avons quelque chose à dire :
Non, l’Algérie n’était pas encore un pays, mais un ensemble de départements français ;
Non, cet ensemble n’était pas musulman, mais multi religieux, où les trois religions du Livre - Chrétienté, Judaïsme et Islam - coexistaient et se respectaient ;
Non enfin, ce n’était pas « sous l’occupation française », mais du temps de la « présence française » qui n’a duré que la bagatelle de cent trente deux ans… Plus qu’une nuance !
Dans notre Pays de France, car c’est bien le nôtre aussi voyez-vous, même s’il ne répond pas toujours à l’image que nous nous étions forgée, le terme « occupation » a une résonance particulière. Il fait partie de ces mots que l’on doit manier avec prudence et délicatesse car ils évoquent des souvenirs pénibles, nourris d’oppression militaire, essentiellement temporaire heureusement, doublée de menace, crainte, méfiance et délation. Son emploi n’est pas innocent car c’est très certainement ainsi que votre Directrice des Documentaires et Magasines imagine notre vie là-bas. Elle se trompe bien sûr : quelle naïveté de croire possible une « occupation » dans de telles conditions et sur une telle durée ! Savez-vous qu’un Administrateur civil, avec son adjoint musulman et une poignée de gardes gérait un territoire dont l’étendue équivalait à celle de plusieurs départements métropolitains ?
Allons, l’adage « mentez, mentez toujours, il en restera toujours quelque chose » a porté ses fruits… France 3 vient de nous en apporter une démonstration éclatante.
Je suis curieux de connaître votre sentiment sur cette affaire.
Je vous prie de croire, Madame la Directrice générale, en l’expression de ma vive impatience.

Le Président Yves Sainsot