| Accueil | | Thèma | Retour pages débarquement de Provence |

Anciens combattants : Alain MARLEIX Secrétaire d'État à la Défense en visite
à Alger 10-12 septembre 2007 - les discours de l' âne historique Alain Marleix à Oran
     
   
Visite de monsieur Alain MARLEIX,
Secrétaire d'État à la Défense, à Alger 10-12 septembre 2007
 
 
 

Le voyage d’Alain Marleix lui a
permis d’évoquer plusieurs dossiers
en suspens, dont ceux des cimetières
français et des pensions.


Le secrétaire d’État à la Défense, chargé
des Anciens combattants, Alain Marleix, a
choisi l’Algérie pour son premier
déplacement officiel. Il est notamment allé à
la rencontre des services chargés des
cimetières français et des anciens
combattants algériens, à l’heure où la
France prépare un hommage national aux
harkis et aux rapatriés, le 25 novembre
prochain, et met en place une Fondation
pour la mémoire de la guerre d’Algérie et
des combats de Tunisie et du Maroc (elle
verra le jour en 2008).

   
       
 

Le processus de “décristallisation” des pensions des anciens combattants de nationalité étrangère, lancé au début de l’année, fait aussi partie des préoccupations du secrétaire d’État. L’opération concerne 56 000 bénéficiaires de la retraite du combattant et 26 000 pensionnés (invalides et veuves). L’objectif est de retrouver une égalité totale de traitement entre les combattants français et les étrangers. Ce “devoir de justice” a un coût : 120 millions d’euros cette année, 128 millions inscrits au budget 2008.
Alain Marleix a voulu donner les raisons exactes de ce voyage jugé “sensible”, à un moment délicat entre Paris et Alger.
La sortie cette semaine sur nos écrans de l’Ennemi intime relance aussi les débats sur un conflit dont les conséquences se font sentir encore aujourd’hui. Écrite par le documentariste Patrick Rotman, cette fiction, qui a profité d’une intense promotion, est présentée comme une œuvre plus nuancée que celles qu’a produites le cinéma français, jusqu’ici. Ce film mérite-t-il vraiment cette réputation ?
Pourquoi ce déplacement ?
Près de 15 000 vétérans des campagnes de la Seconde Guerre mondiale vivent en Algérie et 6 000 de leurs veuves sont pensionnées au titre du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre. Les ressortissants algériens constituent le plus grand nombre de pensionnés. L’effort en leur faveur représente 52 millions d’euros. En raison de l’impact humain mais aussi de l’ampleur financière de ces mesures, je souhaitais en vérifier sur place leur bonne application.
Il n’y a pas que cela…
La reconnaissance et la réparation dues à ceux qui se sont battus pour notre liberté ne se limitent pas à de simples mesures pécuniaires, aussi importantes et symboliques soient-elles. La France déploie également un dispositif d’accompagnement médical, social et administratif destiné à prendre en charge ses anciens soldats.
Par exemple ?
Ce sont les centres des anciens combattants ouverts auprès de nos ambassades en Algérie, mais aussi en Tunisie et au Maroc. Celui d’Alger a interrompu son fonctionnement en 1994, à l’exception de l’entretien des sépultures de guerre, en raison de l’insécurité. En 2004, le service d’appareil­lage a été rouvert, ce qui a permis le renouvellement des appareillages de plus de cinq cents personnes n’ayant pas été suivis depuis plus de dix ans. Je souhaite que tous les services d’Alger rouvrent bientôt leurs portes. Ce déplacement a permis d’expliquer notre projet et d’obtenir l’appui des autorités algériennes pour ce chantier.
Son coût ?
1,3 million d’euros, en y incluant les frais de fonctionnement.
Qu’avez-vous dit aux Algériens sur la volonté française d’une “mémoire partagée” ?
La France regarde son Histoire, ses moments de grandeur comme ses zones d’ombre, sans re­pentance, mais avec lucidité. Au-delà du juste hommage que nous devons à ceux qui se sont sacrifiés pour nous, la mémoire ne constitue cependant pas un but en soi. C’est un instrument indispensable pour affermir le creuset national, pour transmettre nos valeurs et pour appréhender l’avenir. Nous devons construire un avenir, proposer un projet en nous appuyant sur une histoire apaisée. Une histoire que nous osons regarder en face, sans passion mais également sans renoncement.
Leur réponse ? J’ai trouvé des interlocuteurs attentifs et désireux d’aller de l’avant.
Mais il y a des blocages chez eux ?
Je souhaite bâtir une démarche pragmatique, identifier les points de blocage et proposer d’en discuter ensemble pour élaborer des solutions.
Un traité d’amitié est-il encore à l’ordre du jour ? Comme l’a rappelé le président de la République lors de son déplacement en Algérie, en juillet dernier, on peut faire l’amitié sans traité. Ce qui importe est de donner au partenariat entre nos deux pays un contenu concret, perceptible par les Algériens et par les Français.
Qu’en est-il des cimetières ?
De nombreux militaires français, de toutes confessions, tombés lors des différents conflits, reposent en terre algérienne. Le cimetière marin de Mers el-Kebir, réhabilité en 2006, est désormais placé sous la surveillance permanente d’un gardien rémunéré sur les crédits du ministère. La dignité des sépultures se doit d’être garantie. C’est un point crucial. Je m’en suis ouvert à mon homologue et aux maires des villes concernés.
Leurs réactions ? J’ai rencontré, à chaque fois, de nombreuses marques de soutien. Pour compléter cette démarche d’homma­ge, j’ai tenu à me rendre à Saint-Eugène, à Mers el-Kebir et au Petit Lac à Oran pour me recueillir sur les tombes de nos morts. J’ai constaté avec satisfaction la dignité de ces hauts lieux de mémoire à l’issue du remarquable travail de rénovation accompli par mes services.
Quel accueil avez-vous reçu sur place ?
Un accueil chaleureux de la part des autorités algériennes et de la population. J’ai ressenti la ferme volonté « d’ouvrir une nouvelle porte sur nos relations », comme me l’a affirmé un membre du gouvernement algérien.
Et votre rencontre, à Oran, avec plus de quatre-vingts anciens de l’Armée d’Afrique ?
L’émotion était profonde. Ces hommes qui ont participé aux campagnes de Tunisie et d’Italie, au débarquement de Provence et aux combats d’Alsace, avaient tenu à répondre à mon invitation. Je tenais à leur rendre un juste hommage. Je tiens aussi à saluer le travail exemplaire accompli sur le terrain par les agents de mon ministère.

IN Valeurs Actuelles Frédéric Pons 5 Octobre 2007


 

Discours devant les Anciens Combattants et la communauté française à Oran (11/09/2007) par Alain Marleix


Mesdames et Messieurs, Chers Amis,Mes chers compatriotes,

Permettez-moi de vous dire simplement toute la joie et l'émotion qui sont les miennes aujourd'hui de me retrouver, ici, avec vous à ORAN, pour mon premier déplacement officiel à l'étranger.
Voilà 137 ans que nos destins sont liés dans une histoire faite d'espoirs et de tourments.
L'espoir c'est ce vent de liberté venu d'ALGER à partir de juin 1943.
En effet, c'est le 30 mai 1943 que le général de GAULLE arriva, dans le secret le plus absolu, afin d'unifier au sein du Comité Français de la Libération Nationale, les forces combattantes françaises et de rétablir la légalité républicaine.
Et c'est d'ALGER que de GAULLE mit à la disposition du commandement allié une armée qui participa activement aux campagnes d'Afrique du Nord et d'Italie et apporta une contribution décisive à la libération de la France et à la défaite de l'Allemagne.
Aujourd'hui je veux rendre l'hommage de la Nation à ces 100 000 soldats algériens qui ont combattu pour la France, et qui ont pris une part essentielle à la victoire des forces alliées durant les campagnes de Tunisie, d'Italie, du débarquement de Provence ou encore d'Alsace et d'Allemagne à l'hiver 1944-1945.
La France sait tout ce qu'elle doit à l'Algérie, et à ces hommes qui ont lutté pour défendre ses valeurs et sa liberté, et au travers d'elle, celles du monde libre.
Nous ne les oublierons jamais.
Le tourment c'est cette tragédie de guerre qui nous opposa.
Laissons désormais s'effectuer ce devoir de mémoire et ce travail d'histoire pour nous recueillir en hommage à toutes les victimes de cette guerre.
Aujourd'hui, la France et l'Algérie doivent se tourner résolument vers l'avenir, en respectant la souffrance de chacun des camps, et "en acceptant les zones d'ombres que comporte cette guerre, à l'instar de tous les processus de transformation violente et rapide des sociétés humaines" ainsi que le reconnaissait lui-même le président Abdelaziz BOUTEFLIKA dans son message au 50ème congrès de la SOUMMAM.
Parce que la France ne souffre pas de cette maladie de l'oubli, parce que la France a souhaité que ces combattants d'Afrique du Nord occupent toute la place qui leur revient dans l'histoire de ces hommes tombés aux champs d'honneur, elle a souhaité leur reconnaître des droits spécifiques.
La reconnaissance de la France, c'est la décristallisation des prestations dites "du feu" qui en instaurant une parité complète pour tous les combattants ayant servi sous l'uniforme français, vont être multipliées par 4,25 pour atteindre en 2007 plus de 52 M€ (contre 17M€ auparavant).
La reconnaissance de la France, c'est également la réouverture prochaine du service de proximité des Anciens Combattants d'ALGER destiné aux 28 000 vétérans et ayants droit qui mettra en œuvre des prestations dans les domaines social, médical et administratif.
La reconnaissance de la France, c'est également la réouverture depuis septembre 2004 du service d'appareillage orthopédique des mutilés de guerre en vertu d'une convention signée avec l'Office algérien de l'Appareillage de personnes handicapées.
La reconnaissance de la France, c'est enfin la remise en état des cimetières et des carrées militaires du "petit lac" à ORAN et de celui de MERS EL KEBIR avec l'appui des autorités civiles algériennes, et la remarquable implication de Christian FRADET.
Au travers de ces mesures, la France reste fidèle son idéal de justice et de reconnaissance.
Tous ces hommes se sont retrouvés unis et égaux dans l'épreuve du feu.
Unis et égaux hier face aux souffrances, à la peur et au feu.

Unis et égaux aujourd'hui dans l'honneur et dans les droits.


Mesdames et Messieurs,

Chers Amis,

Mes chers compatriotes,

Aujourd'hui à ORAN je veux vous dire à quel point j'ai ressenti l'intensité de cette relation entre la France et l'Algérie, et à quel point la France et l'Algérie sont proches l'une de l'autre.
De cette relation, mes chers compatriotes, vous êtes bien évidemment les acteurs essentiels, et c'est la raison pour laquelle j'attachais une importance éminente à notre rencontre.
C'est vrai dans le domaine de la coopération commerciale : l'Algérie est notre premier partenaire en Afrique, et ce sont près de 250 filiales françaises qui y sont implantées, représentant près de 12 000 emplois directs et 40 000 indirects.
C'est vrai dans le domaine de la coopération culturelle, scientifique et technique : Avec le Haut Conseil Universitaire et de Recherche Franco-Algérien chargé de développer les partenariats universitaires et de recherche entre nos deux pays, ou encore avec le redéploiement de notre réseau culturel français dont le dernier a ouvert ses portes en septembre 2006 à TLEMCEN.
Avec l'élection du Président de la République s'ouvre une ère nouvelle, et je crois historique pour nos deux pays.
En effet, Nicolas SARKOZY a rappelé lors de sa visite en juillet dernier à quel point l'Algérie avait une place tout à fait centrale dans ce projet d'Union de la Méditerranée qui doit permettre tout autant le développement économique, la protection de l'environnement, le dialogue des cultures que la sécurité.



Mesdames et Messieurs,

Chers Amis,

Mes chers compatriotes,
Construisons ensemble cette nouvelle relation de confiance entre la France et l'Algérie.
Et parce que vous résidez en Algérie, parce que c'est à vous, au sein de cette communauté forte de 25 000 hommes et femmes, qu'il revient d'assurer au quotidien la vitalité et l'épanouissement de cette relation riche d'avenir et de promesses, je veux vous assurer de ma confiance et vous exprimer toute mon estime.
Je vous remercie.