L’année écoulée nous a apporté  beaucoup de satisfactions dans les différentes manifestations organisées par les  associations que ce soit des conférences ou des expositions et je citerai parmi  celles-ci :
            La première soirée des  associations en septembre dernier, soirée festive qui a permis aux membres des  différentes composantes de la maison de se retrouver.
            Le concert de Jean-Pax Méfret  organisé le 16 novembre en collaboration avec l’Union Nationale des Parachutistes  et grâce à l’aide de la municipalité.
            L’originale exposition de  peinture de Shoïchi Hazegawa a permis de faire connaître la maison Maréchal  Juin à environ 300 personnes qui n’étaient pas habituées à y venir. 
            Et pour clôturer l’année, le réveillon  de la Saint Sylvestre  fut, une soirée très  conviviale, réunissant une centaine de participants qui ont joyeusement fêté le  passage vers 2007.
            Mais, pour nous, Français  d’Afrique du Nord et plus particulièrement Français d’Algérie, cette année qui  commence sera chargée de douloureux souvenirs. Ce sera tout d’abord celle  marquant le 45ème anniversaire de l’exode, année noire dont nous  nous souviendrons.
            Nous nous souviendrons que le 23  mars 1962, les troupes françaises aux ordres du gouvernement ont attaqué à Alger  le quartier de Bab el Oued avec leurs chars et leurs avions; que les gardes  mobiles ont tué des femmes et des enfants innocents. Qu’ils ont saccagé, pillé,  dévasté les appartements qu’ils étaient censés  perquisitionner, que les blessés et les morts de  ces journées ne pouvaient être évacués du quartier martyr. Je ne citerai pour  mémoire qu’un nom, celui de Ghislaine Grès âgée de 10 ans, tuée sur son balcon…  une dangereuse terroriste sans doute.
            Nous nous souviendrons du 26 mars  1962 où, à Alger, rue d’Isly et devant la grande poste, les forces dites de  l’ordre ont, sur ordre des plus hautes autorités militaires, ouvert le feu à  bout portant sur une foule désarmée qui défilait derrière le drapeau tricolore  en chantant la Marseillaise. Ce jour là sont tombés sur le pavé algérois 80  morts et 200 blessés, et contrairement à ce qu’affirment nos détracteurs, dont le  ministre Mekachera, ce n’est pas l’OAS qui a tiré sur cette foule et je peux en  porter témoignage, car ce jour-là j’étais place de la poste et j’ai vu, de mes  yeux vu, à quelques mètres de moi, les tirailleurs ouvrir le feu sur la foule,  tirer sur les ambulances qui tentaient de porter les premiers secours, achever  des hommes et des femmes couchés sur le sol, et après la fusillade on pouvait lire  dans leurs regards la satisfaction du devoir accompli…. et ils ne savaient pas  encore que l’autorité militaire leur donnerai son satisfecit pour ce travail si  bien fait. 
            Nous nous souviendrons aussi que les  morts de ce massacre ont été enlevés nuitamment   de l’hôpital pour être enterrés à la sauvette sans la présence de leurs proches.  Macabre cérémonie nocturne qui nous ramenait à l’époque de la terreur, mais n’était-ce  pas là ce que le chef de l’Etat de l’époque souhaitait pour les populations  françaises d’Algérie ?
              Nous nous souviendrons qu’après  le soi disant cessez le feu du 19 mars 1962 plusieurs milliers de Pieds-noirs  et de Musulmans fidèles à la France ont été enlevés et tués par le FLN, que des  hommes ont été envoyés dans des camps de l’intérieur pour servir d’esclaves aux  nouveaux maîtres de l’Algérie, que des femmes ont été internées dans les  bordels de l’ALN, sans que les autorités françaises essaient de les retrouver.  Leur martyr qui commençait, durera sûrement plusieurs années, peut-être qu’aujourd’hui  certains d’entre eux sont encore là-bas dans les goulags du FLN. 
            Nous nous souviendrons qu’après  cette date de la honte du 19 mars,   150 000 harkis ont été massacrés, torturés sans que le gouvernement  tente de les sauver, préférant les désarmer pour mieux les offrir à la vengeance  de l’ALN et des résistants de la dernière heure. On ne leur a même pas laissé  le choix de finir les armes à la main, ce qui leur aurait au moins permis d’avoir  une fin digne de leur engagement.
            Nous nous souviendrons encore que  le 7 juin 1962 près de Paris, au lieu dit le Trou d’Enfer furent fusillés sur  ordre des magistrats aux ordres de l’Elysée, le Pied-noir de Castiglione Claude  Piegts et le sergent légionnaire parachutiste Albert Dovecar.
            Nous nous souviendrons de tous  ces Français d’Algérie qui en ce début   du mois de juillet 1962 rejoignaient celle qu’ils croyaient malgré tout  être la Mère Patrie, une Patrie bien ingrate et parfois peu désireuse de les  voir s’installer chez elle, qui avait oublié que 18 ans auparavant ces  Pieds-noirs et ces Français musulmans l’avait délivrée de l’oppression nazie.  Les combattants de l’époque, frères d’armes de toutes confessions, tous  indigènes du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie française, n’attendaient pas  que l’on fasse des films pour dire ce qu’ils avaient fait. Ils l’avaient fait  uniquement parce qu’ils aimaient la France et n’avaient besoin d’aucun festival  pour faire leur devoir.
            Nous  nous souviendrons qu’une majorité de français  de métropole partaient en vacances la joie au cœur sans voir sur les bancs des  villes du sud de la France cette foule désemparée qui pour un temps avait cessé  de se battre, et que le maire de Marseille voulait envoyer se réadapter  ailleurs. Alors que là-bas, à Oran, le 5 juillet, 3000 de nos compatriotes se  faisaient massacrer sans que l’armée française encore présente n’intervienne  pour les sauver. Tout simplement parce que le gouvernement l’avait interdit,  parce que la vengeance du locataire de l’Elysée était terrible et que ceux qui  avaient osé s’opposer à lui devaient payer, même au prix de leur vie.
            C’est pour cela que le 6 juillet  1962 un officier au courage et au dévouement exemplaires fut assassiné dans les  fossés de la République. Et quand je dis assassiné,  je pèse mes mots. Car comment qualifier la  mort d’un homme qui ne fut atteint que par une seule balle du peloton, et  massacré par six coups de grâce. Cet homme, ce soldat s’appelait Roger  Degueldre. Il était lieutenant mais pour certains d’entre nous il sera pour  toujours Delta.
            Mais nous nous souviendrons aussi  de tous ces métropolitains qui comprenant notre désarroi et notre douleur, nous  ont tendu une main charitable, nous ont aidé à relever la tête, à avancer, à  nous rebâtir sur cette terre de France sans pour cela oublier notre passé et nos  provinces perdues. 
            Voilà, ce dont nous allons nous  souvenir tout au long de cette année au cours de laquelle nous organiserons des  manifestations pour montrer nos réussites et nos espoirs. Mais que l’on ne s’y  trompe pas, cette année noire de 1962 a forgé notre volonté de continuer à  résister et à nous opposer à tous ceux qui tenteront de falsifier notre Histoire.  Que ceux-là sachent que nous ne ferons jamais repentance de notre Résistance,  que notre Mémoire et notre Honneur qui nous ont guidés tout au long de ces 45  années d’exil seront à jamais la raison d’être de nos engagements. 
              Robert Saucourt président du C.A.R