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C'est
vrai. L'année 2003 a été
éprouvante. Déstabilisante.
Avec toujours cette désagréable impression que quelque chose, un mot,
une image échappaient à notre vigilance.
Que tout notre patient travail d'accumulation de preuves, de témoignages,
nos conférences, notre lutte pour faire comprendre, admettre une parcelle
de vérité, avaient été inutiles.
Dans une catastrophique et décourageante régression.
Mais nous avons résisté.
Nous résisterons encore.
Lorsque l'espace de quelques heures, le temps d'une soirée,
nous disions « Pouce! Ce soir, je n'y pense plus! » , il
y avait toujours quelqu'un pour nous rappeler à l'ordre.
Pour moi, c'était souvent un de mes fils: « Mam's… Viens
vite! Il y a une émission sur nous! »
Nous les Pieds Noirs nés « là-bas » il y a plus de
quarante ans et eux qui n'ont que 17 et 30 ans.
Génération de Pieds Noirs par procuration mais tout aussi concernée.
J'en suis parfois inquiète. Je ne voudrais pas qu'ils revivent mes
tensions. Trop tard.
La résistance est peut-être là?
Il leur faut rejoindre l'association « Racines Pieds Noirs ».
Pour la mémoire de leurs grands pères… de leurs aïeux.
Pour faire l'équilibre avec ceux qui les renient.
Comme, cette fille de harki, fin 2003, qui faisait la promotion de
son livre, et affirmait sans preuves, que 40% des harkis donnaient
en cachette des munitions au FLN.
Pauvre père. Pauvres harkis.
Heureusement les harkis du Collectif et tous ceux faisant partir
de Ajir pour les Harkis eux aussi, résistent!
« Nous n'avons qu'un seul drapeau: la mémoire de nos
pères! déclare avec conviction Saïd Merabti
« Et nous militons. Pour la condamnation judiciaire du génocide
harki, pour une juste réparation, pour la présence des harkis dans
tout le champ politique, pour leur intégration dans l'islam de France
dont ils sont scandaleusement exclus, pour le rapatriement des familles
de supplétifs « oubliées » en Algérie…. Mais surtout contre
toutes les promesses.
Colère encore: La poseuse de bombes Zohra Driff, actuellement
vice présidente du Sénat algérien, lors d'une émission télévisée du
service public insulta en toute impunité les harkis, traita
sur la lancée, les messalistes de traîtres….
Aucune réaction sur le plateau. Ni la fille de harki précitée, ni
un représentant pieds noirs, membre du HCR ne trouvèrent rien à redire!
Plus tard seul un député socialiste, Jean Paul Bacquet s'insurgera
officiellement.
S'insurger. Résister.
Quelle tristesse aussi que ces hémicycles vides (29 députés sur 600)
lors du débat le 2 décembre à l'Assemblée Nationale et le 17 au Sénat.
Pourtant, le projet avance.
Evelyne Joyaux nous fait dans ces pages un point sur la situation
et nous vous présentons le projet de loi dans son intégralité.
Mais là aussi… il y a de la résistance:
« Suite au projet de loi sur les rapatriés présenté le 10 mars
dernier au Conseil des Ministres, un mécontentement s'est exprimé
au sein de la communauté harkie.
La section Harkis du Haut Conseil des Rapatriés comprend
ce mécontentement et remettra demain à l'occasion de la réception
qu'organise le Premier Ministre une lettre demandant d'apporter des
modifications au projet de loi et qui répondraient aux vives attentes
et à l'impatience qui perdurent depuis plus de 40 ans. »
Communiqué de Presse du HCR Section Harkis, daté du 10 mars 2004.
Nous faisons aussi un point (Grâce à Evelyne Joyaux) sur le mémorial
qui va enfin voir le jour à Marseille.
Notre mémorial à nous, notre maison de la mémoire, reste pour l'instant
notre belle Maison Maréchal Juin.
Cette année 2004 y voit un regain d'activités.
Les conférences, les expositions, les débats, les projections se succèdent
sans faillir.
Conférences mensuelles pour le Cercle Algérianiste. Notons entre
autres: « L'Empreinte Romaine en Terre d'Afrique » par Maurice
Cretot qui nous avait régalé d'une projection de diapositives lors
de la conférence « Cirta Constantine ». Ses conférences
témoignent toujours d'une solide culture classique.
Bon sang ne saurait mentir! Il est en effet le fils de Raymond Cretot-Duval,
poète et peintre orientaliste dont il nous avait fait découvrir les
œuvres il y a quelques années.
Connaissances, précisions et humour caractérisent la plupart des exposés
qui ont pour cadre la Maison Maréchal Juin:
« La famille Raffo à la cour du Bardo au 19 ème siècle »
par le professeur Arnoulet pour l'Amicale des Enfants de Tunisie,
réguliers et efficaces.
« Bône et son langage » par René Vento.. « Le Salon
de l'Art Bônois »
Nombreuses conférences pour l'Amef , la dernière en date par
Michel Lagrot « Regard sur le Maroc d'Hier et d'Aujourd'hui. |
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