José Castano
Nous a offert le samedi 17 mai 2003 une conférence magistrale
« L’Algérie Française ou la mémoire oubliée »: qui a bouleversé une assistance particulièrement réceptive.
Par sa prestance, son sens des images et un don certain pour la parole, José nous a transporté vers un passé douloureux.
José Castano est né le 4 octobre 1946 dans un petit village d’Oranie tout éclaboussé de soleil : Ain-el-Turk.
En juin 1962, c’est la déchirure. Son père, après avoir été appréhendé pour « activités subversives », est emprisonné, torturé par les « gardes mobiles » du général Katz puis soigné à l’hôpital d’Oran d’où il s’évade avec d’autres détenus lors de l’intervention d’un commando de l’O.A.S. Recherché, traqué, il attendra « l’officialisation » de l’indépendance pour rejoindre clandestinement la France, à bord d’un chalutier…
Demeuré au pays, José, âgé de 15 ans, est à son tour contraint à la clandestinité afin d’échapper aux recherches du FLN. Il tente en Juillet, de s’embarquer une première fois avec deux autres camarades plus âgés, chargés de veiller sur sa sécurité, Jean Lopez et René Tournegros, tous d’eux d’Ain-el-Turk. Au port d’Oran, les deux adultes seront interpellés par des A.T.O. qui leur demanderont de les suivre.
Nul ne les reverra jamais plus… jusqu’au 15 août 1962, lorsque, dans une citerne abandonnée à 15 km d’Oran, une patrouille de soldats français découvrira parmi d’autres cadavres européens, affreusement mutilés, ceux de Jean et de René.
Le corps de René Tournegros, le crâne fracassé et les deux avant-bras coupés, sera identifié grâce à des séquelles d’intervention chirurgicale à la plante des pieds.
Quelques jours après l’enlèvement de ses compagnons, José s’embarquera, seul à bord du Kairouan, où il sera hébergé durant quelques semaines par une famille admirable de pêcheurs oranais.
Quelques jours après la réunification des siens, nouveau drame: son père est identifié lors d’un contrôle, arrêté puis condamné à quatre ans et demi de prison qu’il purgera en partie à Fresnes.
C’est dans ces moments difficiles que naîtra une promesse faite en souvenir de ses deux camarades et, à travers eux, à celle de milliers d’autres infortunés: Défendre la mémoire de l’Algérie française et des disparus de 1962 !
Après des études secondaires classiques, poussé par la passion du sport, il épousera la voie sportive et la compétition de haut niveau. Il connaîtra les honneurs du Bataillon de Joinville, et enseignera l’EPS en milieu scolaire…
Fidèle à sa promesse, dès 1980 il entame son « œuvre de mémoire ». Dans un premier temps, il limite son action en écrivant des articles destinés essentiellement aux bulletins de liaison issus de sa communauté. Une perspective de se faire entendre autrement et ailleurs que dans ce milieu de « convaincus » se présente à lui. Il la saisit quand Charles Arrivets, un ardent défenseur de l’Algérie française, lui ouvre les colonnes de son journal « L’Opinion Indépendante du Sud-Ouest ». Il y défendra avec beaucoup d’ardeur la cause des disparus, des détenus, des fusillés, des harkis…
A la mort du directeur, il cessera cette collaboration.
En 1982, paraît son premier roman historique traitant du drame de l’Algérie française dans son ensemble : « LES LARMES DE LA PASSION »
1984 : Second roman historique : « LA PRINCESSE BERBERE (LA KAHENA) qui lui vaut le « PRIX MARE NOSTRUM  »
1986 : Publication d’un essai : « LE PERIL ISLAMIQUE »
1988 : Essai sur « LE DRAME DE L’ALGERIE FRANÇAISE »
1990 : Roman historique traitant des disparus : « AFIN QUE NUL N’OUBLIE »
A chaque nouvelle parution, un cycle de conférences évoque le sujet traité.
Ce travail foncier et persévérant lui ouvre les portes de la Société des Gens de Lettres de France et de l’Académie d’Outre-Mer, section littérature.
Par ailleurs, son investissement dans la cause des disparus lui a valu d’obtenir la Médaille d’Or du Mérite et du Dévouement Français.
Après une pause dictée par ses obligations professionnelles (il est actuellement gérant de société) José CASTANO a repris dans le cadre de « l’Année de l’Algérie en France » un cycle de conférences tendant à rétablir et à faire connaître la vérité historique sur le drame de l’Algérie française afin de rendre à la mémoire des Français d’Algérie la justice qui leur a été refusée tout au long de leur calvaire.

DISTINCTION:
Nous apprenons que notre ami Claude Delaye, Président de l’Association Généalogie Algérie Maroc Tunisie s’est vu décerner le grade de « Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres » au titre de la promotion du 14 juillet 2003.
Cet ordre est l’un des quatre ordres ministériels de la République Française, et en conséquence, l’une de ses principales distinctions honorifiques.
Cette distinction lui est accordée pour « la contribution qu’il a apportée au rayonnement de la Culture en France et dans le monde ».
Rappelons en effet que Claude Delaye, à la tête de son association depuis 17 ans, n’a cessé de multiplier démarches, recours et pétitions auprès de toutes les autorités compétentes afin de récupérer, d’une part les actes d’Etat Civil restés en Algérie et ne figurant pas, par conséquent, sur les microfilms effectués à Nantes après 1962, et d’autre part, d’obtenir la numérisation de ceux toujours détenus à Nantes, en vu de leur transfert sur les archives d’Outre-mer.
Un beau combat en faveur de la sauvegarde de notre Etat-Civil.
N.D.L..R..: Nous consacrerons à Claude Delaye et à son action au sein de l’association « Généalogie Algérie Maroc Tunisie » un article dans le numéro 13 du Felfel.. Pour l’heure, nous lui adressons nos plus vives félicitations et remerciements au nom de la communauté pieds noirs.