LE QUATRIEME PRODUCTEUR MONDIAL DE VIN
« Passons aux résultats de ces cultures. La récolte annuelle est de plus de 20 millions d'hectolitres de vin et ces dernières années on arrivait à près de 10 millions de quintaux de raisin de table. L'Algérie est le 4ème producteur de vin du monde et la qualité de ses crus est telle qu'ils auront toujours assez d'amateurs. C'est un atout qu'on leur a légué. Le vin seul peut empêcher ce pays de sombrer à nouveau dans la misère.
Seconde production de base: les céréales. Leur production moyenne en dépit des troubles se montait encore récemment à 30 millions de quintaux. L'acheteur payait très cher le surplus: il s'appelait la France, qui ensuite nourrissait à perte la Communauté.
Cette puissance de l'agriculture de l'Algérie Française au jour de sa mort représente un miracle. Les régions les plus grasses de ce pays aujourd'hui, c'étaient jadis les désespérants marécages de la Mitidja, le littoral malsain et accablé de la région de Bône, les oueds salés de la Vallée du Chélif, la brousse venimeuse de la dépression d'Orléansville ou bien c'était le Sersou pelé, les ruines de la Sebka d'Oran.
UN BUDGET QUI AURAIT METAMORPHOSE 10 DEPARTEMENTS FRANÇAIS.
Ce sont ces zones stériles et meurtrières qui sont devenues des greniers à blé, à agrumes, des vignobles.
Quelle métamorphose! Oui, mais aussi quel labeur au fil des générations!
Songez à l'afflux de matériel, de personnel technique et de devises qu'il a fallu pour faire passer les fellahs de leur traditionnelle culture à la culture intensive.
Un exemple : avec le budget qu'en 1961 la France a consacré aux seules emblavures des nouvelles terres arables nous aurions pu moderniser de fond en comble dix de nos départements métropolitains.
« La France travaillait pour les siens et non pour les musulmans! a-t-on le front de dire »
Notre pouvoir de Paris eût dû crier au monde que, sur les 13 millions d'hectares utilisés pour l'agriculture, les exploitants musulmans en possèdent 7.350.000 contre 2.706.000 aux européens, le reste étant des propriétés d'Etat.
Autre précision : au 1er janvier 1961 sur les 50.000 exploitations agricoles qui existaient en Algérie plus de 30.000 appartenaient à des musulmans.
En 1949, il y avait 10.300 tracteurs en service en Algérie. Il y en avait 30.000 au 1er janvier 1961 dont un tiers seulement appartenait à des européens.
L'EPOPEE DE L'EAU
Voyez-vous, je crois qu'à la base du progrès de l'Algérie, il y a eu la politique française de l'eau. Qui écrira un jour la geste de l'eau en Algérie? Est-ce qu'on se rend compte de ce que signifiait ce simple fait: 96 % des terres de ce pays n'ont pas assez de réserves naturelles d'eau? Nous laissons au nouvel état ces réalisations grandioses que sont les barrages du Grib, de l'oued Fodda, de Kerrata et vingt autres avec leurs usines hydro-électriques et ces milliers de conduites qui répandent fertilité et vie. L'eau des sources, des montagnes, des oueds et des puits, sans cesse découverte, recueillie, assainie, canalisée, et partout envoyée...
Douze barrages-réservoirs géants vont fournir à l'Algérie une réserve de 1000 millions de mètres cubes pour électrifier et irriguer. Un tel ensemble est sans rival. Demain, il y aurait eu l'eau de mer distillée, mais par chance, les monstrueux investissements que nous devions faire dans la région de Philippeville seront consacrés à une zone côtière de métropole.
Le résultat d'un tel engloutissement de ressources, le voici : le taux d'expansion de l'économie algérienne de 1950 à 1960 a été en moyenne de 9% par an. C'est là un rythme de développement qui ne peut se comparer qu'à celui des Etats Unis à leurs époques les plus dynamiques.
De 1945 à 1961, 210 nouvelles grandes usines sont nées en Algérie: métallurgies, mécaniques, électriques, d'alimentation, de corps gras, de textiles, de matières plastiques, de papiers, etc. |