Il aurait eu 100 ans en ce début d'octobre 2006.
UN GRAND FRANÇAIS : LE BACHAGA BOUALAM

               
 
 


Pour honorer sa mémoire nous avons choisi l'allocution que prononça le Général Jouhaud lors de ses obsèques :
« Tous ses amis, et ils sont plus que très nombreux, se sont aujourd'hui réunis, dans ce petit cimetière, pour dire un dernier adieu à ce grand patriote, à ce grand Français que fut le bachaga Boualam.
Saïd, Benaïssa, Boualam, était né le 2 octobre 1906, dans le Constantinois, à Souk Ahras, berceau du grand Saint Augustin. Enfant de troupe, il signait son engagement au 1er régiment des tirailleurs algériens, en octobre 1926, et c'est toujours dans cette arme qu'il passera 21 ans au service de notre drapeau. Il participera à la guerre du Rif, menée contre Abd el Krim, puis en 1940, se distinguera sur le front du nord-est, se couvrant de gloire, en particulier, à la bataille de l'Ailette, et combattra ensuite en Tunisie. Il terminera sa carrière militaire, en 1946, comme chef de bataillon. Il sera élevé à la dignité de grand-officier de la Légion d'Honneur.
Ayant pris sa retraite, il entra dans l'Administration, nommé successivement caïd, agha, puis bachaga. C'est-à-dire qu'il dirigera les Beni-Boudouane, tribu accrochée aux monts de l'Ouarsenis, composée de farouches guerriers. C'est lui qui eut l'initiative de mettre sur pied des groupes d'autodéfense et les hommes de sa tribu luttèrent avec courage contre les rebelles, non sans pertes.

 
               

Le bachaga eut à déplorer la mort d'un de ses fils assassiné par le F.L.N. et de dix-sept neveux, oncles, cousins, ayant péri dans les mêmes conditions.
Sa résolution ne faiblit pas pour autant.
Le bachaga était un grand Français, qui se refusait à faire de la politique. Dans son livre, qui est un acte de foi, « Mon Pays, la France », il a pu écrire : « Je ne suis ni de droite, ni de gauche, ni d'aucun parti, mais je ne suis pas pour autant un homme seul, car, venus de tous les horizons, des hommes me comprennent, me soutiennent, sont mes amis, ma force...
Je ne suis pas un homme politique, car ce n'est pas faire de la politique que de demander de rester français ».
Mais pour s'opposer à l'abandon de l'Algérie, pour faire entendre sa voix, il acceptera de défendre ses compatriotes au Parlement, où il occupa les hautes fonctions de Vice-Président de l'Assemblée Nationale.

   

C'est à cette époque que j'ai eu l'occasion de souvent le rencontrer. Nous évoquions nos espoirs, nos déceptions et lorsque, dans nos douloureuses épreuves, je doutais du sort réservé à notre petite patrie, je trouvais chez cet homme, inébranlable, et que les vicissitudes de la politique ne rebutaient pas, un réconfort puissant qui me redonnait du courage.
Lorsqu'un jour, il devra s'éloigner à jamais de notre terre natale, de notre cher pays perdu, il se fixera en Camargue. Il n'abandonnera pas la lutte, se penchant sur le sort de ses hommes, débarquant dans le plus profond dénuement et qui souffraient du malheur qui venait de les frapper. Il s'efforcera, grâce à son prestige, lui le porte-drapeau de la communauté islamique, d'obtenir pour ses frères des conditions de vie dignes d'hommes toujours fidèles à la France. Il tentera de rassembler tous ses compatriotes et formera un Comité National des Français Musulmans. C'est avec respect que tous écoutaient sa parole. Il n'abandonnera ce combat que lorsque ses forces le trahiront.
Nous venons de perdre un grand Français. A toute sa nombreuse famille, en ces cruelles circonstances, je présente nos condoléances affectueuses et émues. Et, au nom de notre communauté rapatriée, au nom de ses amis, je dis au bachaga Boualam : la France doit être fière d'avoir compté parmi ses fils un soldat aussi courageux et dont la fidélité à la France ne se démentit jamais. Vous resterez, cher bachaga, cher ami, une des plus nobles figures de notre époque et c'est au nom de la France que je vous salue. »

Ajoutons que les ancêtres du bachaga avaient rallié le Maréchal Bugeaud dès la reddition d'Abd El Kader. Son grand père, puis son père furent nommés Agha. Ils furent titulaires de la Légion d'Honneur.
Son père totalisa 32 ans de service dans la Gendarmerie à Cheval.
Rappelons également que son dernier fils Djanet est né le jour où son fils aîné mourait pour la France en Algérie.