C'est en 1942 que le Capitaine BOYER créa à Alger la fameuse marche qui commence par :
" C'est nous les Africains qui revenons loin..."
 
 
Félix BOYER
 
     
 
Ce chant mâle et mélodieux accompagna les soldats du Corps Expéditionnaire français en Italie et ceux, pratiquement les mêmes qui débarquèrent au milieu de l'été 1944 en Provence.
La marche, en hommage d'abord au Colonel Van HECKE, animateur des chantiers de jeunesse, fut officiellement dédiée au général Joseph GOISLARD de MONTSABERT, qui n'allait pas tarder à s'illustrer à la tête de la 3ème Division d'infanterie Algérienne.
Félix BOYER, né en 1887 , avait passé son enfance à Nice. Son père y était chef d'orchestre au Casino de la jetée. Jetée Promenade qui n'existe plus de nos jours. Puis Félix, fut élève du Conservatoire de paris avant d'être Chef de Musique du 46ème Régiment d'Infanterie.
 
     
     
 
En 1910 il avait composé une chanson « Allons dans les bois ma mignonette » qui ne fut pas un immédiat succès mais qui devint célèbre, pendant la guerre de 1914-1918, grâce aux tournées du Théâtre aux Armées. Rebaptisés « Boire un petit coup c'est agréable », elle fut interprétée par Michel SIMON et Gaby MORLAY dans le film « Les Amants du Pont de Saint Jean » et reste, avec « Frère Jacques », la chanson française la plus célèbre au monde.
Prisonnier, puis libéré par les Allemands en tant qu'ancien combattant de la Grande Guerre, BOYER, réussit à gagner Alger en 1941. Récupéré par le Général de la Porte du Theil puis, mis à la disposition du Colonel Van HECKE, il reçut la charge d'organiser la Musique Militaire d'Afrique du Nord.
 
     
Joseph GOISLARD de MONTSABERT
 
Les Africains Félix Boyer
Enregistrement réalisé
Radio Alger en 1944
Studio du gouvernement général
Rue Berthezéne
Restauration BEO Story (extrait)
 
La formation musicale préparait les défilés en s'entraînant sur la route moutonnière à Hussein Dey. Martial Ayela, futur c h e f d'orchestre renommé à Alger en faisait partie. Boyer reprit les paroles de la Marche de l'Armée d'Afrique, composées par REYJADE (Jeanne Decruck); les « Marocains » devenant « Les Africains ».
Nommé chef de musique de la Garnison, BOYER fut ensuite chargé de la fanfare du Gouvernement Provisoire. C'est à ce titre qu'au cours
d'une prise d'armes il eut l'occasion de faire jouer « Les Africains » pour la première fois en public. Le Général de Gaulle présent, le félicita chaleureusement.
 
 
 
     
         
     
Le talent de BOYER fut mis également au service des armées alliées. Il composa le « Chant des GI » et le Général Eisenhower lui adressa ses compliments.
Après l'abandon hâtif et bâclé de l'Algérie en 1962, les musiques et fanfares militaires ne furent plus autorisées à jouer « Les Africains ». La marche était devenue « séditieuse ». Il fallut attendre août 1969 pour voir cette interdiction levée par le Ministre des Anciens Combattants DUVILLARD.
A la grande joie des associations patriotiques qui avaient multiplié les démarches mais aussi de Félix BOYER, âgé alors de 82 ans, et qui déclara: « L'amour de la patrie que j'avais essayé de traduire du mieux que je pouvais dans cette marche est au dessus de toutes les contingences politiques ».
Le père des « Africains », chant lié à tant de souvenirs glorieux puis tragiques, est décédé en 1980.
• J.F


Bibliographie
Nice Matin : 5 septembre 1969
L'Algérianiste (Revue du Cercle) N°14 Déc. 2003
Thierry BOUZARD : Anthologie du Chant Militaire Français » Ed. Grancher - 2000
(Chansons actuelles) R Laffont - 1989.

 
 
   
       
LES AFRICAINS…
Refrain :

C'est nous les Africains
Qui arrivons de loin,
Nous venons des colonies
Pour sauver la Patrie (pour défendre le pays)
Nous avons tout quitté
Parents gourbis, foyers
Et nous avons au cœur
Une invincible ardeur
Car nous voulons porter haut et fier
Le beau drapeau de notre France entière
Et si quelqu'un venait à y toucher, à y toucher,
Nous serions là pour mourir à ses pieds
Battez tambours, à nos amours,
Pour le Pays, pour la Patrie, mourir au loin
C'est nous les Africains !

I

Nous étions au fond de l'Afrique,
Gardiens jaloux de nos couleurs,
Quand sous un soleil magnifique
A retenti ce cri vainqueur :
" En avant ! En avant ! En avant ! "

     
  II

Pour le salut de notre empire,
Nous combattons tous les vautours,
La faim, la mort nous font sourire
Quand nous luttons pour nos amours,
En avant ! En avant ! En avant !

III

De tous les horizons de France,
Groupés sur le sol africain,
Nous venons pour la délivrance
Qui par nous se fera demain.
En avant ! En avant ! En avant !

IV

Et lorsque finira la guerre,
Nous reviendrons dans nos gourbis,
Le cœur joyeux et l'âme fière
D'avoir libéré le Pays (d'avoir défendu la Patrie)
En criant, en chantant : en avant !

 
Courtoisie Jean-Pierre Ferrer