Marcel GAUTIER 14 septembre 1954 centre d'Etudes Scientifiques CLAIRBOIS d'Alger perdait son chef.

     
   
     
 
Marcel Gautier
 
 
Marcel GAUTIER

Le 14 septembre 1954, le centre d'Etudes Scientifiques de CLAIRBOIS perdait son chef, mort en service, Marcel GAUTIER. Les nombreux collaborateurs de l'éminent géologue restèrent longtemps marqués par cette disparition prématurée. GAUTIER, leur Maître, qui était devenu leur ami, avait vu le jour en 1906 à Saint Zacharie dans le Var.
Après sa licence és Sciences préparée à MARSEILLE puis à TOULOUSE, le jovial provençal, attiré par la géologie, décida d'en faire son métier. Fin 1929, il fut nommé Assistant au Service de la Carte Géologique de 1' Algérie dans la région NEMOURS MARNIA. II réalisa pendant douze ans d'importantes études qui firent l'objet de 5 communications transmises à l'Académie des Sciences.
Marcel GAUTIER fut ensuite accaparé par des travaux déterminants pour l'Algérie agricole : la recherche et l'exploitation des eaux souterraines et l'établissement de grands barrages.
Avec le concours des Ingénieurs des Mines, des Ponts et Chaussées et du Service des Irrigations, il étudia des centaines de dossiers de toute importances : alimentation en eau des petits douars ou des villes, barrages de dérivation ou barrages-réservoirs, études d'ouvrages d'art, assainissement de régions marécageuses, exploitation des eaux perdues dans les sebkas, forages au Sahara etc... qui fournirent à son activité des sujets savamment traités pour représenter le plus beau mémoire de l'hydrogéologie en pays sub-aride et en zone désertique.
Une telle spécialisation justifia en 1942 son détachement à la Direction du Service de la Colonisation et de l'Hydraulique qui venait de succéder au Service des Irrigations. A ce poste, mesurant la tâche à accomplir, GAUTIER se mit à grouper autour de lui, des collaborateurs de diverses disciplines orientés vers la préparation scientifique des travaux hydrauliques. Chef du Bureau des Etudes Scientifiques en 1945, il conçut tout spécialement les bâtiments de CLAIRBOIS, achevés en 1951, réunissant sous sa direction 6 sections d'études appliquées à l'hydraulique.

 
 
Réalisateur et guide, GAUTIER remplit parfaitement son rôle. Travaillant en équipe, montrant l'exemple, toujours sur la brèche, car en géotechnie, comme dans la pratique hydrogéologie, les expériences faites en " grandeur nature " doivent réussir au premier coup et pardonnent rarement les échecs. Le centre de CLAIRBOIS fit naître des notions nouvelles et tous ceux qui en Algérie s'intéressaient à l'hydrogéologie en profitèrent. En 1952, le Congrès Géologique International se déroula à ALGER et confirma la place de tout premier rang prise par l'hydrogéologie nord-africaine dans la science mondiale. CLAIRBOIS s'intégrait en effet aux Services similaires de Tunisie et du Maroc.
Les hydrogéologues du monde entier manifestèrent leur admiration pour la moderne réalisation voulue par GAUTIER et nommèrent son auteur : Secrétaire du Comité d'Organisation de l'Association Internationale des Hydrogéologues.
A CLAIRBOIS la science côtoyait l'application ; l'esprit restait celui d'un organisme universitaire de recherche pure mais doué d'une activité efficiente ne cessant de répondre aux exigences pratiques
Dans l'année précédent sa mort, GAUTIER intervint de manière décisive sur le site de " Climat de France " dominant la baie d'Alger et prévu pour loger 40 000 habitants (équivalent à la ville de Chartres. Après des terrassements portant sur 550 000 m3, pour amener le sol aux profils voulus, l'ingénieux système de drainage préconisé et mis au point par le géologue, permit d'assainir et de stabiliser rigoureuse-ment la totalité des 35 hectares.
Les III drains, d'une longueur moyenne de 25 mètres, parvinrent à interrompre les glissements de terrain qui faisaient obstacle à la poursuite du projet, le plus important chantier de France.
Ce fut-là, la dernière action majeure du " patron " de CLAIRBOIS car Marcel Gautier se donna la mort quelques semaines plus tard.
Claire Janon dans " Ces Maudits Colons " nous dit pourquoi: Après des années d'études il avait, en collaboration avec Georges Drouhin, directeur de l'Hydraulique, réussi à éclaircir le mystère du Chott Chergui, lac de 125 kilomètres de long en pleine mer d'Alfa du Sud-Oranais. Sous une couche salée, un milliard et demi de mètres cube d'eau douce allait pou-voir irriguer prés de 200 000 hectares de terre et chemin faisant cette eau " turbinée " doublerait la production électrique du pays. Les techniciens du G.G. furent favorables au projet de Gautier ; Paris acceptait de procéder par étapes mais l'assemblée algérienne (sauf les délégués oranais) refusa sa contribution financière.
Interprétant cette décision comme un manque de confiance dans sa compétence personnelle, Gautier ne le supporta pas.

John Franklin