Début
mai 1943, Denise signa son engagement pour la suite de la guerre.
Tous ses examens réussis, elle opta pour le Corps Expéditionnaire
appelé à opérer en France. Un ultime stage
de perfectionnement se déroula à l’ALMA durant
un mois et demi. Cette épreuve fut très dure et Denise
pleura souvent. Les entrainements, parfois de nuit, furent heureusement
entrecoupés par quelques moments de détente et de
baignade au barrage du Hamiz.
C’est de l’ALMA qu’elle envoya un premier courrier
à ses parents. Cent-vingt cinq autres lettres suivront, toutes
amoureusement numérotées par sa maman, qui décriront
les états d’âme de Denise, ses espoirs, ses craintes
et tout ce qu’une jeune fille de son âge pouvait éprouver
face à la guerre. Sa dernière missive sera écrite
quelques instants seulement avant sa mort.
Le 15 juillet Denise et son groupe furent envoyés à
SETIF puis près de TENES, à EL MARSA, où la
jeune fille contracta le paludisme. Ce fut ensuite ORAN et une nouvelle
crise dûe aux moustiques qui lui vaudra un repos forcé
à l’hôpital BAUDENS. Guérie et affectée
à une section territoriale, Denise pourra suivre une école
de cadres et obtenir le grade d’aspirante. Les 4 mois suivants
se passeront en évacuations sanitaires vers les hôpitaux
de BLIDA, MILIANA, MEDEA, MAISON CARREE, MICHELET etc…. Permissionnaire
en fin d’année 1943, Denise retrouvera ses parents
à HYDRA et passera les fêtes en leurs compagnies. Pour
la dernière fois…. Car son destin fut scellé
3 mois plus tard lorsqu’elle décida de rallier le 25ème
bataillon médical. Formé de volontaires uniquement.
Avec le débarquement en Corse, dès le 5 mai 1944,
la discipline se fit plus sévère. Denise avec 7 jeunes
filles sous ses ordres, n’eut plus un moment à elle.
Fait unique, elle resta 3 jours sans pouvoir adresser un petit mot
à sa famille. Le bataillon passa ensuite sur l’île
d’ELBE où d’âpres combats se poursuivaient
encore. D’innombrables blessés furent secourus et Denise
obtint sa première citation. Fin août les ambulancières
mirent pieds en Provence. Depuis LA NARTELLE elles furent dirigées
sur TOULON, théâtre de rudes affrontements. «
Cest la guerre dans toute son horreur » constata Denise dans
une de ses lettres.
A partir de là il n’y eu guère de répit
avec la remontée vers les ALPES et toujours plus de blessés.
Le froid était arrivé… , dans l’ISERE,
le DOUBS, les combats s’intensifièrent encore. Bien
qu’épuisée la jeune fille ne laissa rien filtrer
dans le courrier destiné à ses parents. Ne surtout
pas les inquiéter….
Avançant sur les talons de l ‘Armée d’Afrique
les jeunes ambulancières firent étapes à MONTBELIARD,
BELFORT, MULHOUSE, COLMAR. Denise, affectée aux évacuations
du « Régiment d’infanterie coloniale du Maroc
», le décrivit comme : « le régiment de
reconnaissance qui partout passe le premier ». Dans les paysages
enneigés de cette longue bataille, au milieu de tant de dangers
courus et d'horreur chaque jour rencontré, elle n’eut
guère le temps de récapituler ses émotions.
Son régiment sans cesse sur la brèche sera cité
à l’ordre de l’armée et Denise, en récompense
de son activité incessante et de son courage, obtiendra le
« Distinguished Service ».
En novembre la dernière semaine sera tragique pour sa section.
Certaines de ses amies seront très grièvement blessées
; d’autres tomberont aux mains de l’ennemi. Pour «
évacuation sous le feu », Denise sera citée
à l’ordre de la Division en décembre. Le 14
du même mois elle avait reconnu pour ses parents, sa très
grande lassitude, tout en concluant avec courage : « mais
je ferais comme mon père, j’irais jusqu’au bout
». La rencontre inopinée de Robert, un cousin engagé
dans un régiment de chars lui redonna un peu de baume au
cœur.
Quelques jours avant Noël, les pilonnages autour d’ALTKIRCH
redoublèrent de violence. Au milieu de combats de plus en
plus rapprochés les infirmières auront les pires difficultés
pour évacuer un nombre, sans cesse croissant, de blessés
graves.
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