Les unités territoriales , les UT
Les Unités Territoriales U.T eurent pour mérite premier de libérer les forces de l'ordre de leur mission passive grande dévoreuse d'effectifs et la participation de la population civile européenne à la défense armée de l'Algérie.
Les UT
Les Unités Territoriales
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La participation de la population civile européenne à la défense armée de l'Algérie ne fut pas une nouveauté quand, au milieu
milieu des années 1950, furent constituées les Unités Territoriales. Le Maréchal-Comte Clauzel dès 1830 avait utilisé les Milices africaines qui furent dissoutes dès la pacification obtenue. Les pompiers y virent là leur origine.
Dès la pacification obtenue. Les Unités Territoriales eurent pour mérite premier de libérer les forces de l'ordre de leur mission passive grande dévoreuse d'effectifs. Il était en effet nécessaire d'être partout : marchés, bâtiments officiels, transports publics, manifestations sportives, cinémas etc. Dissuasif pour les terroristes, le quadrillage des UT était en outre propice aux contrôles de sécurité et à la surveillance des comportements suspects. Les suspects. La mesure, consistant à associer-la population à la sécurité de ses propres foyers, fut parfaitement comprise et totalement acceptée. Le service dans les U.T concerna toute la population masculine européenne en âge de porter les armes et n'ayant pas dépassé 48 ans. Ces réservistes accomplirent des services de 3 ou 4 jours, rarement plus. Avec 25.000 hommes, par exemple, le secteur Alger Centre fournissait un quotidien de 2.500 Territoriaux soit l'équivalent de trois régiments. Pour une plus grande efficacité le Commandement avait pris l'heureuse initiative de grouper les territoriaux dans des PC. De Compagnies proches de leurs domiciles et, pour des raisons faciles à comprendre, le service " territorial ne concerna que la population d'origine européenne. Après mai 1958 et la Fraternisation du Forum, un bataillon d'UT. Fut toutefois crée dans la Casbah en y incorporant des réservistes musulmans. Ce bataillon, le 20ème compta jusqu'à 1.200 hommes.

 

l'UNITÉ TERRITORIALE BLINDÉE
Fort satisfait par les résultats des nombreuses U.T d'Algérie, le Commandement militaire décida, en 1956, la création d'une unité blindée dans le grand Alger qui prit le nom d'U.T B.199. Deux cent vingt réservistes furent répartis en trois pelotons blindés, un peloton de trois groupes de combat de douze hommes chacun, un peloton hors rang et un élément de dépannage et de ravitaillement.
Cette unité s'appuyant sur le matériel du 5ème Chasseurs d'Afrique utilisa vingt et un chars américains Sherman. A chaque peloton de cinq chars était adjoint un char de réserve avec son équipage permanent. Cela permit d'éviter de trop fréquents tours de service mais aussi de pallier les indisponibilités de dernière minute. Mécaniciens, avocats, coiffeurs, chefs d'entreprise, fonctionnaires... tous les réservistes de cet escadron unique en France avaient accompli leur temps normal dans l'arme blindée et nombre d'entre eux avaient connu les campagnes de 1942-45



U.T.B. 199
dans le 5ème R.C.A. précisément. Une instruction accélérée suffit pour rendre opérationnels ces équipages de tankistes. Deux heures après sa convocation, l'escadron, paré, était en état de prendre la route.
L'UT B. 199 accomplira au moins une grande opération mensuelle, souvent épaulée par le 3ème Chasseurs d'Afrique commandée par le Colonel Argoud : bouclage dans le Massif de Keddara, bombardements dans le secteur des Issers, patrouilles de nuit dans la Mitidja et les contreforts de Kabylie, mouvements sur Alger en dispositif d'alerte, etc. L'UTB 199 se rendit vite populaire et tous les anciens de l'arme blindée nouvellement " territoriaux " se précipitaient au PC. de l'unité, à Maison Carrée, pour s'y faire incorporer mais les places étaient comptées. Peu de ces volontaires eurent satisfaction. Parmi les élus, un tankiste mérite d'être évoqué

John Francis MILES

Officier de réserve de l'Armée britannique Miles, désirant contribuer à la défense de l'Algérie française, s'était fait un point d'honneur de servir comme 2ème classe dans l'U.T B. d'Alger. Né à Raleigh, dans le Comté d'Essex, ce loyal sujet de Sa Majesté dut faire preuve de beaucoup d'opiniâtreté mais aussi de tact auprès de son Consulat pour contracter cet engagement. En cas de conflit impliquant la Grande-Bretagne il aurait dû rejoindre, comme Lieutenant, le Royal Tank Régiment.
Miles avait débarqué en Afrique du nord avec les Alliés en 1942. Sous-lieutenant de chars à 21 ans il fut blessé lors de la bataille de Medjez el Bab* en Tunisie. Soigné à l'hôpital de Ben Almoun près d'Alger il se fixa en Algérie à la fin des hostilités. Miles épousa Lucette Gille, fille du talentueux dessinateur Hergé, surnom de René Gille (voir Mémoire Vive n° 13. René Gille, par ailleurs chimiste et oenologue, fit de remarquables découvertes qui profitèrent à la viticulture. Il inventa, en particulier, dans le cadre de la cave expérimentale Germain, une méthode pratique de détermination de la maturité des vendanges. Sa fille Lucette, cantatrice appréciée de l'Opéra d'Alger, débuta dans " Les pêcheurs de perles " de Bizet en avril 1957. L'atmosphère était frémissante... La partition si belle ! Lucette triompha de toutes les difficultés et obtint un triomphe.
Miles qui connaissait l'Algérie à fond pour l'avoir sillonné dans le cadre de sa profession commerciale s'était fait l'avocat éloquent de la France en Algérie auprès de ses compatriotes. Quand il fut enfin " territorial " son nouvel uniforme éveilla bien des regrets chez un Ecossais de la colonie britannique d'Alger! Propriétaire d'une brasserie à Belcourt ce dernier était si bien intégré qu'on ne trouvait pas une pinte de stout dans son établissement !
John Franklin







John Miles en famille , plage de Sidi Ferruch.
BIBLIOGRAPHIE.
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SAPIN-LIGNIERES Michel. - La Territoriale entre en action. -In : Historia Magasine, La Guerre d'Algérie, n°271 (n°62.-p.1824-1827.
SAPIN-LIGNIERES Michel. - Les UT- In I'Algérianiste, n°76, décembre 1996. -p.54-64
SICART René. - In : Echo d'Alger, 27 décembre 1956.
TORRÉ Henry. In : Echo d'Aller, 17-18 août 1958. L'Edile d'Algérie n°101, mai 1957.