Par son importance, plus de 500.000 volumes sur 17 kilomètres de rayonnages, et la multiplicité de ses services, la Bibliothèque nationale d'Alger se rangeait en 1962 immédiatement après celle de Paris. Le 13 mars 1958, la BN s'installa dans ses nouveaux locaux du Quartier des Tagarins son histoire.
 

La Bibliothèque nationale d'Alger en 1959
Par son importance, plus de 500.000 volumes sur 17 kilomètres de rayonnages, et la multiplicité de ses services, la Bibliothèque nationale d'Alger se rangeait en 1962 immédiatement après celle de Paris. Une des premières préoccupations de la France en Algérie fut d'ouvrir une grande bibliothèque. A cette volonté exprimée par le Maréchal Clauzel s'ajouta l'initiative de l'Intendant de la Régence, Genty de Bussy, qui dès 1832, avait crée les premières écoles publiques de garçons.
En 1835, la BN fut installée Impasse du Soleil, dans le quartier alors central de la ville d'Alger et à partir de 1838, grâce à l'Intendant civil Bresson, un budget régulier fut alloué pour son fonctionnement. Les premières collections rassemblées émigrèrent en 1848 dans une ancienne caserne de janissaires, rue des Lotophages, avant d'être transportées à Dar Mustapha Pacha. Cette maison de style mauresque, dans l'ancien palais du dey était située rue de l'État-major. Une légende, très longtemps vivace, faisait allusion à un trésor caché dans ce Palais. On sonda, on creusa... mais en vain.
D'illustres visiteurs passèrent à Dar Mustapha Pacha : le Duc d'Orléans, Napoléon 111 en 1865, la Reine Amélie en 1903, le Roi Édouard VII en 1905 et le Duc d'Aoste en 1932. Le premier Conservateur de la BN d'Alger fut Adrien Berbrugger. On doit à celui qui fut le fondateur de la science archéologique en Algérie mais aussi le secrétaire du Maréchal Clauzel, le fonds littéraire initial de la Bibliothèque. Berbrugger qui avait suivi les troupes de Cavaignac put ramener 300 ouvrages après la Prise de Constantine.
Son successeur, Oscar Mac Carthy, géographe et explorateur d'origine irlandaise dirigea la BN de 1869 à 1890. Émile Maupas, biologiste de renommée mondiale, et qui donnera plus tard son nom à la rue de l'État-major, eut une longue administration: 26 ans. Puis Gabriel Esquer succéda de 1916 à 1948 à ces personnalités marquantes
quand, le 13 mars 1958, la B.N. s'installa dans ses nouveaux locaux du Quartier des Tagarins, madame germaine Lebel assurait depuis 10 ans déjà, les fonctions de Conservateur et d'administrateur. Entre 1948 et 1953, le nombre de visiteurs avait quadruplé et imposait de plus vastes et pratiques installations.
L'édifice moderne, mais esthétique, tout de béton et de verre, avait une façade de 122 mètres en bordure du Boulevard de Lattre de Tassigny. Surplombant le stade Leclerc et l'esplanade du Forum, il s'ouvrait sur le Port en offrant un incomparable panorama sur toute la baie d'Alger depuis l'Agha jusqu'à la pointe du Cap Matifou. L'établissement couvrait 5.500 m² (en trois sous-sols et trois étages. L'inauguration officielle eut lieu le 3 décembre 1959. La B.N. prévue pour abriter 1.200.000 volumes sur 36 kilomètres de rayons n'était arrivée en 1962 qu'à la moitié de ses capacités mais contenait déjà autant d'ouvrages qu'en avait eu la fameuse et célèbre bibliothèque d'Alexandrie. Les différentes salles de lecture, dont une en terrasse loggia ouverte sur la baie, totalisaient 500 places. On enregistra en 1960, 4.000 inscriptions nouvelles et les 12.562 visiteurs totalisèrent plus de 60.000 entrées, car on revenait souvent à la B.N..


La Bibliothèque Nationale
surplombe le forum.
         
Le fonds arabe était riche de plus de 35.000 ouvrages dont plus de 3.000 manuscrits en langue arabe et persane. Certains dataient du XIIe, Mlle et XIVe siècles. Dans le fonds français, plus de 450.000 volumes étaient répertoriés. Ce fond encyclopédique pouvait permettre de puiser la lumière de toutes les disciplines : lettre, philosophie, droit, sciences, médecine,... Les collections de la B.N. d'Alger étaient évidemment très riches en ouvrages relatifs en Algérie, au Maghreb et en Afrique. Elles comprenaient, entre autres, les bibliothèques personnelles de Stéphane Gsell et du grand explorateur Pierre Savorgnan de Brazza. Ce fonds " africain " n'avait pas d'équivalent dans le monde. La B.N. d'Alger était aussi Régie du Dépôt légal, et par son Secrétariat devaient passer cinq exemplaires de tout ce qui était imprimé en Algérie. Affiches, feuilles estudiantines ou corporatives, journaux commerciaux, industriels ou agricoles ne faisaient pas exception. Deux exemplaires de ces parutions étaient transmis à la B.N. de Paris.
       
     
Une discothèque proposait plus de 3.000 titres de tous les grands compositeurs qu'on pouvait écouter confortablement dans des cabines climatisées. On pouvait également y trouver : opéras, pièces de théâtre, musique arabe ou vieux folklores. La bibliothèque musicale contenait plus de 25.000 partitions dont la plupart déposées par la Société des Beaux-arts et des Lettres d'Alger.
Un service de micro films et de photocopie assurait la reproduction des parutions courantes mais utiles, afin de réduire le volume des collections et de pouvoir en augmenter le nombre.
Avec ses bibliobus, la B.N. alimentait 346 centres dispersés dans les 13 départements (nouvellement crées) d'Algérie. Les localités très isolées étaient desservies par La Poste ; les caisses d'ouvrages étant réceptionnées par un responsable local, le plus souvent directeur d'école ou secrétaire de Mairie. Dans le Sahara, 25 bibliothèques étaient fournies. La B.N. installa des " antennes " dans plus d'une centaine de foyers ruraux, des S.A.U. et des écoles. Elle alimentait également en ouvrages en tout genre hôpitaux et prisons d'Algérie.
Conçue selon les dernières techniques d'automatisme et de classement la B.N. parvenait à servir les visiteurs dans de très brefs délais. Installés dans les six niveaux du bâtiment, des haut-parleurs ultra sensibles, placés tous les dix mètres permettaient d'entrer en liaison avec chaque employé et par tubes pneumatiques les ouvrages étaient expédiés vers leurs destinataires. Des vitres spéciales furent installées pour absorber le pouvoir calorifique des rayons du soleil et un système anti-incendie particulièrement étudié mis en place. Madame Lebel était entourée d'une quarantaine de collaborateurs.
En 1960, des visiteurs américains visitant la B.N. en restèrent bouche bée. Ils organisèrent quelques mois plus tard à Washington deux conférences consacrées à cette " Up to date Library.
 



La salle de lecture au second plan Mlle Lebel
le conservateur de la Bibliotheque Nationale

Bibliographie disponible au C.D.H.A.
- PORTAIL Jean, " Pour la B.N. d'Alger ", in TAM, n 65, 30 octobre 1943
- OUDIANE, " Un Palais de légende abrite la B.N. d'Alger ", in Algeria, novembre 1949
- LEBEL Germaine, " La BN d'Alger ", in Algeria, printemps 1953
- BARBES Léo-Louis, " La nouvelle BN d'Alger ", in Algeria, noël 1961
- LEBEL Germaine, " La BN d'Alger ", in Documents algériens, 10 avril 1954
- BISGAMBIGLIA J-R., " La BN d'Alger ", in La Dépêche quotidienne d'Algérie, 20 et 24 janvier 1961
- TORREGROSSA Henri, in Echo d'Alger, 7 mai 1958
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