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Quelques
extraits de l'ouvrage
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Alger resplendissait de beauté sous le céleste soleil
de cette fin d'été 1944. Il n'y avait là
rien d'exceptionnel pour les Algérois qui naissaient, vivaient
et mouraient sous ce ruissellement de splendeur. Il en étaient
tellement imprégnés, qu'ils ne s'en rendaient même
pas compte. Seule une personne étrangère à
la ville, pouvait aisément discerner, dans l'origine de
leur gentillesse, de leur gaieté débordante et communicative,
une résurgence des merveilles immanentes de leur terre.
Aujourd'hui, Lolo avait décidé de suspendre, quelques
instants, le cours de son existence, pour admirer, du dernier
étage du club anglais, la majesté de la rade et
la palette de ces fascinants dégradés de couleur.
Très vite elle remplit à fond ses poumons, comme
pour s'imbiber complètement de ce spectacle grandiose et
elle se se demanda si ailleurs, il existait une cité aussi
belle et comment pouvait-on songer un seul instant à quitter
ces lieux magiques.
Page 318
Dans les tous derniers jours de mars 1946, le brave cheval arabe
se dandinait toujours sur les pavés réguliers de
l'avenue de la Marne menant à Bab-El-Oued et, comme au
temps de sa prime jeunesse, les grelots de l'attelage tintaient
joyeusement au rythme de ses pas. Il jouait de la crinière
en secouant sa noble tête et hennissait à pleins
naseaux sous le regard amusé des passants.
-Allez, hue! claironnait Lucien Pastor, les guides à la
main, plus vite mon coco.
Sous le ciel immaculé d'Alger et son soleil éclatant,
la voix de Lucien semblait avoir ragaillardi notre fier et vaillant
cheval qui n'arrêtait plus maintenant de remuer sa tête
de bas en haut. Lucien Pastor esquissa un sourire complice, car
il savait que lorsque Sanino encensait, c'est qu'il était
heureux. D'ailleurs, depuis hier matin, il n'était pas
le seul. Dans toute la famille c'était la liesse. Lucien
était en effet revenu de la guerre, certes un peu amaigri,
mais sain et sauf. Pendant quatre années consécutives,
de 1942 à 1946, il avait ainsi contribué, au péril
de sa vie, à libérer son pays la France qu'il n'avait
jamais connu auparavant et il en était très fier.
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