Oran, 5 juillet 1962.
Leçon d’histoire sur un massacre

 
 


 

Leçon d’histoire sur un massacre

Par

Guy Pervillé

 
       
   

De tous les événements liés à la guerre d’Algérie, aucun n’a subi une occultation aussi complète que le massacre subi à Oran, le 5 juillet 1962, soit quelques mois après les accords d’Evian et deux jours après la proclamation officielle de l’indépendance de l’Algérie, par une partie de la population européenne de la ville.

C’est pourtant celui dont le bilan est, de très loin, le plus lourd : en quelques heures, près de 700 personnes ont été tuées ou ont disparu sans laisser de traces.

Qui a organisé ce massacre ?

S’agit-il d’un mouvement de foule spontané, dans une ville ravagée depuis des mois par les attentats de l’OAS ?
Ou d’un règlement de compte entre les diverses tendances du nationalisme algérien ?

Et pourquoi l’armée française, pourtant dûment informée, et-elle-restée des heures sans intervenir ?
A Paris, le gouvernement était-il au courant et a-t-il délibérément laissé dégénérer une situation dont le règlement revenait désormais à l’Algérie indépendante ?

Reprenant les témoignages, les ouvrages des journalistes et les travaux des historiens sur la question, Guy Pervillé propose ici une magistrale leçon d’histoire pour comprendre cet événement tragique, ainsi que le silence qui l’entoure.

 

 

Titre : Oran, 5 juillet 1962. Leçon d’histoire sur un massacre.
Auteur : Guy Pervillé :
Editeur : éditions Vendémiaire
Collection : Chroniques
Genre : Histoire Algérie
Pages : 317
Date de parution : 1er mai 2014
ISBN : 2363581318
EAN13 : 978-2363581310
Code éditeur : inconnu
Prix 20€

 

Guy Pervillé est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Toulouse-le Mirail, spécialiste de l’histoire de l’Algérie coloniale ainsi que de la guerre d’Algérie. Il a notamment publié Pour une histoire de la guerre d’Algérie (Paris, Picard, 2002), La Guerre d’Algérie (PUF, Que-sais-je ?, 2007), Atlas de la guerre d’Algérie (Autremeent, 2003),Les accords d’Evian, succès ou échec de la réconciliation franco-algérienne (Armand Colin, 2012), et chez Vendémiaire, La France en Algérie, 1830-1954 (2012, prix Lyautey 2012 de l’Académie des sciences d’outre-mer).

 
 

Pervillé Guy. Oran, 5 juillet 1962.
Leçon d’histoire sur un massacre
.
Par Maurice Faivre

 
   

Cet ouvrage est une mise au point sur le massacre de près de 700 Européens d’Oran le 5 juillet 1962, massacre largement occulté par les médias et les autorités politiques, alors que la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris, 100 fois moins meurtrière (30 tués en comptant large) fait l’objet de commémorations officielles et de publications médiatiques et cinématographiques.
L’auteur a choisi la voie de l’historiographie, il analyse selon un plan chronologique tout ce qui a été dit et écrit par près de quarante témoins, acteurs, journalistes et historiens : - l’exhumation des faits avant l’ouverture des archives (1992) – les interventions tumultueuses de 1992 à 2000 – l’apport décif des historiens de 2000 à 2013.
Le massacre du 5 juillet fait suite à des alternances de violence et de calme. La ville d’Oran a subi le terrorisme FLN de 1956 à 1958, puis a connu un calme certain jusqu’à la recrudescence de cette violence en août 1960. En réaction aux attentats de l’OAS de 1962, le FLN lance en avril le terrorisme silencieux des enlèvements.
Les chapitres chronologiques appellent une lecture critique : ils reproduisent de longues citations des auteurs, qui seront contredites quelques pages suivantes. Ainsi le général Katz est-il contredit par Alain-Gérard Slama et le consul Herly, la thèse de JF Paya critiquée par Jean Monneret, et les vérités de Benhamou démolies par Meynier et Harbi. Deux historiens algériens, Rouina et Soufi, approuvent les décisions du capitaine Bakhti et du préfet Souaiah, sans pouvoir faire référence à des archives inexistantes.
Dans sa conclusion, Guy Pervillé essaie de comprendre ce qu’ont été les responsabilités des acteurs, en levant les tabous de l’histoire officielle : en dépit de l’admiration d’Ageron, l’aveuglement du général Katz ne fait aucun doute ; son incrimination de l’OAS n’est sans doute pas retenue par les Algériens, mais on ne peut écarter le désir de vengeance des quartiers musulmans,
le capitaine Bakhti accuse le brigand Attou, responsable des atrocités du petit lac, mais Bakhti a-t-il tout dit, était-il l’exécutant de Boumediene ou du GPRA ? N’est-il pas le promoteur de la campagne d’enlèvements ? Attou a-t-il été exécuté ?
Boumediene a atteint son but d’élimination du GPRA, mais rien ne prouve qu’il a provoqué les violences du 5 juillet ;
la thèse du soutien de Ben Bella par le général de Gaulle ne tient pas ; ses directives montrent qu’il privilégiait la neutralité face aux responsables algériens ; sans doute condamnait-il les initiatives de reprise du combat, mais il n’est pas établi qu’il aît donné des ordres à Katz le 5 juillet ;
le GPRA a-t-il fait preuve d’imprévoyance en promouvant les célébrations de l’indépendance, alors que Saad Dahlab avait promis qu’on attendrait le 6 juillet ? Ce point n’est pas clair et de nouvelles recherches paraissent souhaitables. Une recension ne peut tout dire, elle ne peut que conseiller une lecture attentive de cette historiographie , un modèle du genre, complété par tout l’appareil scientifique des notes, des cartes, des sources et de l’index des noms.
Maurice Faivre

P.S. Je remercie le professeur Pervillé d’avoir cité certains de mes travaux, en précisant que le journal de marche du secteur d’Oran est introuvable, mais que le cahier de l’officier de permanence en tient lieu de façon plus crédible.


   

SOURCES :
- http://www.france-catholique.fr/Perville-Guy-Oran-5-juillet-1962.html

- Figaro Histoire de juin-juillet 2014


"Oran, 5 juillet 1962. Leçon d'histoire sur un massacre.


Guy Pervillé fait le point des connaissances sur le massacre des Européens à Oran, en juillet 1962. L'armée française y avait assisté, l'arme au pied.

Par Henri-Christian Giraud

De tous tes événements liés à la guerre d'Algérie, écrit Guy Pervillé, aucun n'a subi une occultation aussi complète que le massacre subi à Oran, le 5 juillet 1962 par une partie de la population européenne de la ville. »
En effet, ceux qui se souciaient de connaître la vérité n'ont guère été nombreux parmi ceux qui voulaient croire que l'heure de la paix en Algérie était arrivée...
Or ce jour-là à Oran pendant plusieurs heures, des Européens sont pourchassés à travers la ville par des soldats algériens et des civils en armes, sous les yeux des forces françaises, fortes de 18000 hommes, qui sur ordre de leur chef, le général Katz restent consignées dans leurs casernes. «J'ai téléphoné personnellement au général De Gaulle pour lui rendre compte de ces assassinats, et pour lui demander si je pouvais faire intervenir les troupes placées sous mon commandement afin de rétablir tordre dans la ville, confiera Katz au colonel Pierre Fourcade quelque temps avant sa mort. Le chef de l'Etat m’a répondu simplement : « Surtout, ne bougez pas! » « Et une fois de plus, j'ai obéi... » On dénombrera 700 victimes.

Comment rendre compte d'un événement douloureux encore largement méconnu ?

Bénéficiant des témoignages et documents publiés en 198S sous le titre L’Agonie d'Oran et des travaux des historiens jean Monneret et Jean-Jacques Jordi entre autres.
Pervillé a fait le choix de la méthode historiographique : «Il s'agit d'étudier la manière d'écrire l'histoire et son évolution à travers te temps, autrement dit. précise-t-il, de faire l’histoire de l’histoire.
Cette histoire du troisième type est un bon moyen d'opérer une synthèse des connaissances acquises à travers tous ces travaux, en recherchant non seulement l'apparition de nouvelles interprétations des faits, mais aussi leurs points communs et leurs différences » Exercice délicat que ce classement, mais rendu possible par la connaissance aiguisée que l’historien a de la période, et aussi par le souci de justesse dont il fait preuve.


Grâce à lui certains faits sont maintenant établis avec certitude : ainsi la mise en cause initiale de l'OAS par le général Katz. Qui attribua les incidents en premier lieu « à des tirs d'Européens sur les manifestants et les policiers algériens", est rejetée tant par les historiens français qu'algériens l'OAS n'était certes pas entièrement étrangère au tragique événement du 5 juillet, puisque toute sa stratégie depuis février 1962 avait tendu à provoquer une réaction violente du FLN pour amener l'armée à réagir, mais de nombreux témoignages couvrant toute l'année 1961 et le début de l'année 1962 démontrent que le FLN d'Oran avait délibérément provoqué l'escalade du contre-terrorisme de l'OAS par des attentats particulièrement odieux.
Autre fait établi : les Mémoires du général Katz sont « une reconstruction plus fictive qu'objective, réduisant contre toute vraisemblance la durée des faits et partant leur bilan, et s’attribuant abusivement le mérite de réactions individuelles qu'il avait d'abord voulu condamner ». Il s'est, du reste, lui-même démenti en manifestant un profond ressentiment contre tous ses supérieurs - à l'exception du général De Gaulle, qu'il dit néanmoins mal informé...
Et il aggrave encore son cas en donnant l'impression d'un aveuglement volontaire sur la gravité des enlèvements.
On le regrettera mais, faute d'archives (notamment algériennes), reste encore pendante la question de la vraie raison du massacre : résultat ou non d'un complot lié à la prise du pouvoir du tandem Ben Bella-Boumediene contre le GPRA.
Ce dernier ouvrage de Guy Pervillé s'inscrit dans une oeuvre historique consacrée à la guerre d'Algérie, qui s'impose de livre en livre comme l'une des plus sérieuses et des plus ouvertes.
Figaro Histoire de juin-juillet

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