L'auteur Françoise Mesquida, nous entraîne sur les pas d'une petite fille d'Alger, nous faisant partager ses souvenirs d'enfance jusqu'à l'effroyable journée qui les a, elle et ses soeur, privées de leur mère. "Ils vous l'ont tuée a dit papa, ils ont tué maman" (...) des hommes nous l'avaient tuée sans nous laisser le temps de lui dire au revoir. Lui dire que nous l'aimions".
A la douleur, s'ajouta le déchirement de l'abandon d'un pays tant aimé et le chagrin d'un accueil hostile en France.
   
   





LES REACTIONS

La guerre vue des yeux d'un enfant..
La guerre vue des yeux d’un enfant, c’est spécial. Les enfants ne voient pas le mal, ils sont toujours joyeux, ils aiment la vie comment pourraient-ils s’imaginer la réalité de la guerre ? Lorsque le couperet tombe, ça laisse des traces. Le livre de Françoise Mesquida a cela de remarquable, que même les traces indélébiles de la souffrance de la perte d’une maman à cause de la guerre, ont gardé cette vision pleine de joie de l’enfance.Une joie qui devient humour avec le recul, mais un humour frais et rose Françoise Mesquida a gardé son coeur d’enfant pour nous raconter. Elle a fait le chemin du vrai pardon, et elle nous amène sur ce chemin intérieur, nous qui avons vécu la guerre d’Algérie, et même ceux qui ont vécu d’autres guerres, d’autres souffrances nous tous qui avons besoin de dépasser sans effacer des traces indélébiles. Écrire sur l' Algérie dans un vrai ressenti, sans colère ni passion, mais avec amour.. C' est"le livre sur la guerre d' Algérie" qui prend le chemin de la réconciliation, la rédemption, je dirais, pour les deux pays.."La vérité sort de la bouche des enfants" En lisant ces paroles enfantines sur ce sujet si problématique, on comprend. Je prédis à ce livre qui sort "sans tambours ni trompette" un succès considérable grâce au bouche à oreille. C' est un beau moment que Françoise Mesquida nous donne, un beau moment qui nous donne envie de le partager.. c' est un livre qui s' achète et se prête.
Déposé par "Cleostrate Françoise"
MAGNIFIQUE - Un très beau livre très touchant, plein de sensibilité et très drôle en plus.. A LIRE ABSOLUMENT
Déposé par "Ô ni"
Un excellent moment.
En lisant ce livre, j'ai passé un très bon moment,tellement bon que je n' ai pas réussi à m' en décrocher du début à la fin. J'y ai découvert la guerre d' algérie vu par une petite fille,une histoire qui nous entraîne par delà les faits historiques, une histoire vraie parfois drôle et émouvante,poignante et déchirante.
Déposé par "dagnot bat"
Très émouvant
9 pour ne pas dire 10. Ce n' est pas un livre sur la guerre, mais le regard d' une petite fille sur cette sale guerre d' Algérie. Écrit dans un style fluide, on s'y attache d' un bout à l' autre. Cette petite fille ma fait rire mais aussi pleuré, moi l' insensible. A lire à tout prix. J' espère qu' il y aura une suite..
Déposé par "Morel Marc"

 
Merci Luc Demarchi,
du Cercle Algérianiste de Lyon pour une grande partie des documents
. BEO Story.
 
 

A LA PORTE DE L'OUED
Auteur : MESQUIDA FRANÇOISE
ISBN : 2747549550
Editeur: L'HARMATTAN
Prix : 14,49 Euros Frais de port : 2,80 Euros.
Editeur : L'Harmattan
Genre : BIOGRAPHIE
Date de Parution : 15/09/2003
Nombre de pages : 180 - ISBN : 2747549550 - EAN : 9782747549554

Extrait des chapitres 11 et 30

Chapitre 11

Ce matin-là n’est pas un matin comme les autres. Il y a de la bonne humeur et de l’excitation dans l’air. Mes deux soeurs aînées et maman se sont parées de leurs plus beaux atours : elles ont un rendez-vous très important. C’était le 4 juin 1958. De Gaulle visitait les français d’Algérie, pour une audience. Le point de chute en était le forum.

Nicole et moi restons à la maison avec papa. Quel dommage ! Tout Alger y sera, sauf nous. Tout ça parce que nous n’avons pas l’âge de nous noyer dans un bain de foule. Et encore, les prévisions sous-estiment l’ampleur du nombre ! Papa craint également l’attente dans une station debout prolongée, à cause de sa jambe. Pour nous consoler, mes soeurs nous disent, juste avant de partir :
« On vous racontera tout à notre retour ! »

Elles ont attendu le général au forum, sous un soleil de plomb, paraît-il. Quand le général a fini à pied son trajet jusqu’au forum, mes soeurs, dépassées de quelques têtes par la foule, n’ont même pas vu son képi. Mais elles se sont jointes aveuglément et à grands cris aux acclamations de cette foule. Enfin, entouré de galonnés, le général est apparu au balcon du forum. Et tout le monde a pu le voir.

« C’est lequel ? a demandé l’une de mes soeurs à ma mère.
- Le plus grand.

Il paraît qu’il dépassait tous les généraux d’une tête, au moins.
Ainsi apparut le Sauveur. Dans toute sa splendeur. Les deux bras en V dressés jusqu’au ciel en direction du Père, et le visage incliné vers les néophytes transfigurés : ce fut comme une extraordinaire conjonction du Père et de ses fils. Et puis soudain, le Père eut ces mots magiques :
« Je vous ai compris ! »

Tout le monde entonna en choeur la Marseillaise. Ce fut la première fois que mes soeurs chantèrent si fort au grand jour.
Des posters du général circulaient sur le forum. Et dans leur grande bonté, mes soeurs songèrent à nous.
« Pour vous consoler, nous dit Jackine à son retour.
Religieusement déroulé, le visage du général m’apparaît soudain à la puissance dix.
Je demande, étonnée :
- C’est lui, De Gaulle ?
- Ben, oui ! me répond-elle. »
Je m’attendais à autre chose. Un autre général aperçu dans un magazine, et à la mine plus douce. Du coup, j’étais déçue. Le général en papier, à la puissance dix, nous donna à toutes les quatre l’occasion d’un grand débat : sur quel mur allions-nous le scotcher ? Face à la chambre que je partageais avec Nicole il y avait un petit renfoncement. Deux murs étaient disponibles à cet endroit. L’un affrontait le grand couloir, l’autre ma chambre. Le choix de ce dernier mur me lança dans une polémique. Ma première d’ordre politique. Je déployai l’argument contre, l’unique en ma possession, mais cause véritable de la controverse : mon lit tombait pile face au mur destiné au général ; celui que mes soeurs venaient d’élire. La perspective d’un vis à vis nocturne ne m’enchantait guère.
« J’ai pas envie de faire des cauchemars ! »
Aucun argument ne vint s’opposer au mien. Le verdict tomba donc en ma faveur, et le général dut battre en retraite. D’un mur ! Et c’est là, sur le second mur, dans ce petit espace, que le général prit sa place. Tout près de la porte de notre chambre, face à celle des commodités. Dans ce choix, aucun acte intentionnel. Nous respections trop cet homme sur lequel tous les espoirs reposaient maintenant. Mais c’est sûr ! On n’endort pas les enfants avec la photo d’un général. Maman non plus n’aurait pas accepté qu’il soit épinglé dans son salon, même si par modestie nos murs étaient dénudés ! D’un point de vue esthétique, et malgré toutes ses décorations, le général n’était pas très décoratif !

Chapitre 30

Ce lundi 26 mars aurait pu être un lundi comme les autres. Mieux encore : à cause des bombes, des enlèvements, des massacres, de cette guerre en somme ou de la grève - je ne sais plus - l’école était fermée. La veille au soir, je ne m’étais pas couchée avec le cafard provoqué par la perspective d’une longue et horrible semaine d’école à attaquer, dès le lendemain. La guerre m’offrait un sursis. Je l’en remerciais presque. Elle détournait l’attention paternelle de ma scolarité. Oui, je me croyais en vacances et presque libre, quasi enfermée dans notre appartement, dans ce pays en guerre...

Ce matin-là, en place de courrier, il y avait un tract dans la boite aux lettres. Signé de l’OAS, il demandait à tous les pieds-noirs de venir, sans armes, sans cris, drapeaux en tête, porter soutien aux habitants de Bab-el-Oued qui, privés d’eau et de vivres, étaient prisonniers des forces de l’ordre. Des bruits couraient sur ce tract pressenti comme un piège des parties adverses. Papa et maman hésitaient. Quand l’un disait oui, l’autre disait non. Mes soeurs et moi espérions secrètement qu’ils y aillent. Un peu moins de tension, à cause de cette guerre, un peu plus d’espace et de liberté en leur absence. Enfin, ils tombèrent d’accord.
Je les regardais se préparer tout en craignant qu’ils ne se ravisent. Toujours possible avec les parents ! J’observais mine de rien, pour ne pas trahir ce désir coupable de les voir partir.
Papa venait de prendre la meilleure décision possible, pour moi. J’échappais de justesse à la dictée d’un texte rempli de pièges et dans lesquels, à coup sûr, je serais tombée. Il aurait enchaîné sur un problème de trains, d’horaires et de rencontre à me faire dérailler. Et pour m’achever, il aurait dérivé sur l’histoire du robinet qui goutte jusqu’à débordement, à cause de mon inattention.
Elle, maman, partait avec lui. C’était ensemble ou rien. Alors, sans aucune alternative... ! Je l’observais se préparer. Déjà coiffée, habillée tout de blanc, elle était allée dépendre un vêtement accroché sur le fil à linge du balcon. Elle prit son sac noir, il mit sa veste, et ils sortirent. Je ne sais plus s’ils nous ont dit au revoir en partant...

   
   
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