Le Cercle Algérianiste organise chaque année un prix littéraire "Jean Pomier" les résultais sont proclamés au FIFAL les livres nominés pour l'année 2003.
1- Algérie en bandoulière, de Marie-Michèle Capuano (imp. Lemercier), 2 - Une poignée de sable, de Michel Diaz (éd. Jean-Pierre Huguet ; 3 - L'Algérie des peintres, de Marion Vidal-Bué (éditions Paris-Méditerranée) ; 4- Destin de Harki, de Brahim Sadouni (éd.- Cosmopole) ; 5 - Français d'Algérie face au vent de l'histoire, de Georges Dillinger (éd. GD) ; 6 - Otage d'Amirouche, de René Rouhy (éd. Atura) ; 7 - Le Djebel avec nos Harkis, de Robert Luca (éd. des Ecrivains) ; 8- Les oublies de la guerre d'Algérie de Raphaël Delpard (éd. Michel Lafon) ; Mohand le Harki, de Hadjila Kermoum (éd. Anne Carrière) ; 10 - Le Pic Vert, de Jean-Marie Viala (Ed. Mango roman) ; 11- Ne recule jamais…., de Maguy° Planchon -Bellet (éd. Lacour) ; 12 - Se souvenir de Sébaïn, d'Anne-Marie Langlois (éd. Belfond) ; 13- Djarzina, d'Alain Viguier (I.es Presses du Midi).

LA SELECTION

Aïssa le harki ou les fanatiques de l'espérance.
Docteur Gatien Marcailhou d'Aymeric

Homme en blanc, attaché aux terres de soleil où il a longtemps exercé, auteur des Contes du désert inspirés par les psychoses baroques qui perturbent les esprits, surtout ceux des Européens, l'auteur réhabilite le type du harki, humain, guerrier au service d'une France peu reconnaissante.
Œuvre d'un juste plus que d'un justicier, Marcailhou rappelle des faits vécus, tel celui de l'aumônier militaire blessé, mourant, écrivant sur le sable : < "dieu est amour "o Entre meurtres, explosions, des Harkis courageux, malgré leur fidélité sacrifiée, défendent l'honneur de la France. Dans un environnement que Marcailhou dépeint en connaisseur, le harki illustre un héroïsme que seuls les blasés et les indifférents ne peuvent ni distinguer, ni admirer. Son attitude, il l'honore par ce propos, sa reconnaissance de dette : " quand on a aimé l'armée, il reste toujours quelque chose ".
Soyons reconnaissants à Gatien Marcailhou de ce rappel d'un fait d'armes, le sceau d'une courageuse fraternité qui enrichit la terre d'Afrique.
Mémoire de notre temps, Le Belvédère F1, avenue Marius Carrieu, 34080 Montpellier, 327 pages, 28 €.
Pierre Grenaud.

I1 était une fois un couple heureux.
Mohammed Khaïr-Eddine

" Surgi comme une éruption en I964-1965 ", selon le mot de jean Déjeux, Khaïr-Fddine, nom célèbre du Maroc littéraire, réapparaît Soudain avec un inédit exemplaire qui nous émeut. Ce revenant oublié depuis Sa Mort en 1995, nous révèle une curieuse opposition entre Agadir (1967), celle d'un écrivain révolté qui se dresse contre l'ordre établi, et le thème de son vieux couple heureux d'exprimer son besoin d'entente et de paix. Grâce au couple de Bouchaïb et de sa vieille épouse, au cours d'une vie simplette, doucette, Se déroule un besoin d'apaisement prôné par une Juste que Camus eût aimé: une vie qui serait si banale si Bouchaïb, homme religieux, fin lettré, n'écrirait l'histoire d'un saint méconnu qui le passionne et qui le rend célèbre.
Editions du Seuil, 27 rue Jacob, 75006 Paris, I86i pages, 10 €.

Se souvenir de Sébaïn.
Anne-Marie Langlois

Cet échange original de lettres où sont exprimées la tendresse, l'affection, l'amitié fraternelle entre les différents personnages séparés par la maladie et l'insécurité de la guerre, met à vif les déchirements d'une famille, les liens tissés avec la population musulmane, l'enracinement au pays, le dilemme des officiers opérant en Algérie et le drame du gâchis final. 1956, une époque où le téléphone ne régnait pas encore en maître sur la communication: installée luxueusement à Biarritz, avec sa mère atteinte de la maladie de Parkinson, Marie ne rêve que de retourner à Sébaïn, le lieu de son enfance. Sébaïn, c'est entre Tiaret et Aflou, dans les terres du sud où, depuis l'arrivée du grand-père Léon, personnage haut en couleurs, la famille Durnourier a transformé un sol aride en terre à blé, où Marie a vécu quatorze ans immergée dans la population locale, malgré... Une nurse anglaise! Son père Paul a repris la ferme avec autorité mais fait preuve d'un esprit libéral, d'autant qu'il a de solides amitiés dans la population musulmane. Les lettres de l'ami musulman dont le fils a rejoint le F.L.N., témoignent aussi d'un écartèlement douloureux. L'échange de correspondance entre deux officiers dont l'un est en poste, non loin de là, n'en révèle pas moins des espoirs sceptiques après l'expérience indochinoise, suivi , d'une profonde amertume. Découragé, ruiné et acculé à la perte de son domaine, Paul Dumourier se suicidera, sa fille qui l'avait rejoint devra quitter sa terre et vivra en France dans le dénuement. Malgré une suite de clichés fidèles â l'histoire convenue: colon grand bourgeois, vision conformiste de la communauté pied-noire et angélisme relatif au monde musulman, ce livre, aux accents parfois bouleversants, a l'avantage du souligner les drames entraînés par la fin de l'Algérie française. Cette expression originale de vécus douloureux à travers une correspondance, alternée avec les confidences du journal intime de l'adolescente, confère aux personnages une sincérité inhabituelle avec Lies élans de franchise cruelle et de ressentiment perçus par tous, après l'exil.
Marie Jeanne Groud
Editions Belfond , 238 pages , 16,80 €.

Les oubliés de la guerre d'Algérie.
Raphaël Delpard.

Quarante ans après, des témoins s'enhardissent et commencent à lever le voile sur la barbarie du F.L.N. tenue soigneusement cachée jusque-là. Raphaël Delpard fait un courageux inventaire des témoignages connus déjà, mais aussi inédits, qu'on a demandé de taire et qui jamais pu être publiés à cause de leur incidence possible sur le sort des.detenus en Algérie. Une manipulation "fonctionne toujours ", dit-il. Témoignages d'appelés, enlevés ou faits prisonniers, les uns avant, les autres après le 19 mars, miraculeux libérés qui osent parler pour la première fois... Les récits font peur. Les mauvais traitements endurés, les sévices dont ils gardent les séquelles souvent physiques, toujours psychologiques n'ont jamais été pris en compte. Une réserve est peut-être à faire sur le nombre de victimes énoncé par les rescapés d'embuscades ou d'accrochages qui laisse perplexe comparé aux chiffres officiels. Témoignages de familles de disparus, militaires ou civils.enlevés après le 19 mars, cris de Pieds-noirs aux efforts de recherches inlassables souvent bafoués quand ils.n'ont pas été suspectés de collusion avec OAS. , Source de tous les maux, témoignages de Harkis rescapés du calvaire et honteusement abandonnés, autant d'affirmations qui clament ces combats désespérés et vains. Et l'auteur tente de comprendre cette étrange loi du silence, orchestrée depuis quarante ans, ne laissant la place qu'aux témoignages de l'autre bord. Enfin, après un rappel détaillé des faits, avec l'éclairage des enquêtes précédentes, cet ouvrage a le mérite de poser des interrogations appuyées sur les mobiles qui ont conduit aux deux massacres : celui du 26 mars à Alger et celui du 5 juillet à Oran. Les citations de tous ceux qui se sont impliqués dans la recherche de la vérité mettent en effet, à jour des responsabilités aux plus hauts niveaux et dont quelques acteurs paradent sur les écrans aujourd'hui. L'auteur termine en rendant hommage au travail des principales associations qui, depuis des années, se battent faire éclater la vérité.
Une somme de révélations courageuses sur les dossiers restés secrets qu'il faudra bien ouvrir un jour.
Editions Michel Iafon, 7-13 bd Émile--Victor, Ile de la jatte, 92521 Neuilly-sur-Seine Cédex, 350 pages, 20 €.
M-J. G.

Nous recevons un courrier d'un lecteur de BEO Story qui apporte une précision au livre de Raphaël Delpard., que nous publions bien volontiers
Monsieur DELPARD
Je souhaite apporter les précisions suivantes sur cet ouvrage. Page 150 vous relatez les propos de
M. Jean Claude BRILOUET sur la disparition de son frère Jean-Pierre le 7 juillet 1962 dans les environs d'Oran.
Voici la vérité.
Jean Pierre était sergent sous contrat engagé volontaire depuis au moins trois ans en service à la CCAS du 1er Bataillon du 22ème RIMA stationné à BOU-SFER VILLAGE bourgade située au Nord d'Oran, ce n'était donc pas un appelé du contingent comme voudrait le faire croire son frère. J'étais également sergent engagé dans cette même unité ou nous étions les adjoints du CHEF DU PELOTON SCOUT-CAR de cette CCAS.
Après les massacres et enlèvements du 5 juillet perpétrés par des"ralliés" au FLN de dernière heure ( cela rappelle un peu la libération de Paris et ses débordements ) notre bataillon stationné au centre d'Oran a été désigné comme détachement précurseur pour assurer l'implantation de la future base de Bou-Sfer.
Nous nous sommes installé dès le 6 juillet 1962 dans cette commune, qui dans le cadre des accords d'Evian restait au centre du complexe de la "base de Mers el kébir" . En fin d'après-midi le 7 juillet - pour fêter le départ de quelques rappelés contingent dont la libération intervenait avant le 14 juillet nous avons décidé Jean-Pierre, moi
Même et quelques appelés ( 4 ou 5) d'aller prendre un pot en bord de mer bien que cela soit formellement interdit. Nous sommes allés donc à quelques km de ce village dans une bourgade portant le nom de "Bouisville" qui jouxtait la commune d"Ain el Turk ou se trouvait d'ailleurs le PC et le 2ème Bataillon du 22ème RIMA.
Jean Pierre n'était donc pas en mission. Arrivé à Bouisville nous avons fixé notre choix sur un bar avec une petite tonnelle ou dansaient quelques couples dont les femmes étaient des prostituées algériennes. Jean Pierre en a invité une. En fin de soirée nous avons décidé de rentrer et nous nous sommes séparés. Je suis rentré avec un des appelés à travers les vignes et Jean pierre et les deux ou trois autres militaires ont pris la route goudronnée qui les conduirait jusqu'à Bou Sfer. C'est la dernière fois que nous nous sommes vus. Le lendemain constatant l'absence de ces militaires j'en ai informé ma hiérarchie à savoir le Cdt de Compagnie. Rapidement l'officier de renseignement du Régiment m'a interrogé et nous avons décidé de retourner voir les responsables de ce bar. Tout avait été déménagé et la tonnelle avait été brûlée. Les filles avaient disparues et ce bar n'a plus ouvert ses portes. Voilà donc les faits. J'ajouterais que Jean-Pierre Brilouet devait recevoir au cours de la cérémonie des remises de décorations du 14 juillet la Croix de la valeur militaire avec étoile de bronze.
Pour ce qui est des explications, connaissant les risques que nous prenions, nous avions pris des armes avec nous. Jean Pierre son pistolet MAC 50 réglementaire qu'il avait glissé devant lui, sous sa veste de treillis, dans la ceinture de son pantalon. C'est sans doute ce qui a causé sa perte. Sa danseuse a senti l'arme en dansant et a prévenu ses compatriotes ralliés au FLN. En restant sur la route ou passaient quelques véhicules ils ont été braqués par une ou deux voitures. C'était la technique adoptée par les rebelles pour procéder à des enlèvements. Malgré les recherches et nombreuses patrouilles effectuées dans les environs nous n'avons rien trouvé.
Pour la suite, soit avec un peu de chance si je puis dire, ils ont été tués rapidement, soit alors ils ont étaient conduit à la frontière Algéro-marocaine ou harkis, militaires et civils enlevés faisaient du déminage et la....
Si vous souhaitez me contacter voici mes coordonnées
Raymond SEGURA tél. 04 68 22 32 63

Français d'Algérie face au vent de l'histoire.
Georges Dillinger.

Dans cet ouvrage, synthèse d'articles publiés antérieurement, Georges Dillinger fait un bilan argumenté, lucide, bouleversant de sincérité, d'une histoire de la France en Algérie qui a marqué douloureusement le peuple pied-noir, les Harkis, la France et dont il fait aujourd'hui entrevoir les lourdes conséquences. À partir de ses grandes connaissances de la terre dont il est issu, qu'il a parcourue longuement en tant que géologue, sa perception profonde du peuple musulman, sa grande érudition et enfin son vécu des événements, l'auteur analyse avec minutie les raisons qui ont entraîné l'Algérie française dans la tourmente finale. Dans ce pays dont il connaît parfaitement la géographie mais surtout les musulmans, leur religion, leur mentalité, il étudie la constitution de la communauté pied-noir, européenne au plein sens du mot, autour d'un noyau chrétien et de ce facteur d'unité qu'a été la patrie commune. Il démontre la part prise par la France, dans le développement de l'Algérie, les tractations politiques et l'entreprise de démolition de la mémoire qui perdure avec la falsification de l'histoire. Enfin il dénonce l'acharnement mis depuis quarante ans à avilir l'armée et cette population contrainte à l'exil. Cet ouvrage au style clair, incisif contient des vérités difficiles à entendre pour les pédagogues de la désinformation. Cruellement mordu par un sentiment d'injustice, l'auteur s'adresse à un jeune Français pour que cette dure expérience lui devienne un enseignement précieux face aux difficultés qui s'annoncent.
Publication GD, 226 pages, 18 €.
M.-J. G.

Les fiancés de Santa-Cruz.
Henri Jean Garrido.

Jean Garrido nous entraîne dans les événements dramatiques de la fin de l'Algérie qu'il situe, par erreur, en 1956. Les personnages évoluent dans le chaos des jours d'agonie d'Oran. Jean, jeune instituteur marié à Angela qu'il a connue en montant à la basilique de Santa-Cruz, participe à un attentat de l'O.A.S. qui provoque la mort de deux personnes dont une fillette et lui pose un cas de conscience. En représailles, après dénonciation, sa femme est enlevée par les gens du F.L.N. et emmenée dans un douar près de Tlemcen. Une situation un peu invraisemblable amène le commando O.A.S. à affronter les ravisseurs. La suite dramatique verra mourir la jeune femme, avant l'indépendance, après avoir eu la joie de recueillir un bébé algérien orphelin. Le personnage principal réussira enfin à s'enfuir avec l'enfant à bord d'un chalutier, vers les côtes d'Espagne. Sur un fond historique, l'auteur se laisse emporter dans l'invention romanesque avec un souci de traduire les émotions et le désespoir des derniers jours de l'Algérie française.
Editions Danaïdes, 255 pages, 19 €.

Le pic vert.
Jean-Marie Viala
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Le récit de ce jeune garçon quittant l'Algérie, en 1956, à onze ans, avant le grand départ de 1962, n'aurait rien de bien original s'il ne mettait en relief l'ignorance cruelle de la réalité pied-noir, rencontrée au fur et à mesure de ses contacts et de ses découvertes en France. Le bilan amer des stéréotypes tenaces, remarques et situations paradoxales quelquefois cocasses, engendrées par son attitude d'enfant déraciné justifie les réactions de son " pic vert " imaginaire... C'est d'abord l'école où on l'a mis à l'abri de la guerre, chez son oncle instituteur. Celui-ci, pas plus que ses camarades, ne comprend son comportement inadapté au système scolaire métropolitain. Perturbé par l'annonce de l'assassinat de son frère aîné, l'adolescent va être rejoint par sa mère qui s'installera à Pau. Un parcours cahotant le conduira tout de même à Paris où il terminera ses études d'avocat. Là, opportunisme et indifférence lui attireront la sympathie d'amis influents qui, par leurs relations, lui permettront la réussite. Il aura même l'occasion d'héberger une jeune avocate algérienne, réfugiée politique, et menacée par les violences actuelles de son pays, en même temps qu'il vivra une histoire d'amour dramatique avec une jeune femme condamnée par la maladie. Avec ses jurons pieds-noirs, sa part de mélo, de rêves érotiques et de sentiments, sa gouaille du " Sentier ", ce roman ne souffrirait pas d'une adaptation au cinéma ou à la télévision, spécialité de l'auteur.
Editions Mango, 281 pages, 17,50 €.


Mohand le harki.
Hadjila Kemoun.

" Au fil des années, ses enfants, à qui il n'a pu expliquer son combat ni le sort qui lui était fait, se sont éloignés de lui ". Lorsque Hadjila Kemoun écrit en dédicace : " Aidez-moi à réparer cette injustice ", on ne peut que se sentir fautifs, fautifs d'avoir si timidement et si tardivement défendu la cause des Harkis. Et l'on dévore ce témoignage très documenté, ce procès courageux fait aux politiciens d'avant et après l'indépendance de l'Algérie. Lorsque ce témoignage poignant se mue en roman écrit simplement mais dans un langage châtié employé par Mohand, il devient plus fort, plus grave. La vie de Mohand bascule. Mohand est révolté lorsqu'un ancien ministre de De Gaulle dit " les officiers qui ont détourné les ordres de ne pas évacuer les Harkis vers la France, ont agi par romantisme imbécile ". Mohand est alors un homme seul, mais un homme debout. Les dernières pages sont très émouvantes; comment ne pas avoir une larme pudique, lorsqu'on ouvre la musette de Mohand... elle ne contient qu'un petit drapeau français. S'il est encore temps de réparer cette injustice, cet ouvrage écrit par Hadjila, fille de harki, nous mobilisera.
Editions Anne Carrière, 104 bd Saint-Germain, 75006 Paris, 210 pages, 16 €.
Christiane Lacoste

Vivre et mourir en Alger. L'Algérie ottomane aux XVIe et XIIe siècles: un destin confisqué.
Farid Khiari

À partir d'archives jusqu'alors peu exploitées, faisant référence à des études précédentes comme celles de J. Berque, Farid Khiari dresse un tableau de la vie économique, sociale et culturelle de l'Algérie ottomane aux XVIe et XVIIe siècles, surtout de sa ville capitale: Alger. La concentration du pouvoir politique, militaire, administratif par une caste militaire s'appuyant sur un groupe religieux qui la légitime, fait l'originalité de cette ville aux relations fluctuantes avec le reste du pays restant partagé entre des tribus. Tiré d'une thèse de doctorat, Vivre et mourir en Alger garde trop souvent un style universitaire marqué. Cette réserve faite, ce livre apporte par sa richesse une contribution nouvelle à la connaissance de l'histoire d'Alger.
L'Harmattan, 300 pages, 28 €.
Yves Naz

A flanc de Bou-Komine.
Rosaire di Stephano.

Voilà un livre qui a eu son succès - relatif - et qui est réédité. Et, en effet, il le mérite: ces souvenirs d'une jeunesse à Hammam-Lif dans la banlieue de Tunis sont simples, directs, mais écrits dans une langue spontanée, émaillée d'expressions de " là-bas ", une langue pittoresque et combien vivante. Les descriptions alternent avec des réflexions issues d'un solide bon sens et d'un humour certain. On ne peut que se reconnaître dans ce personnage qui réagit toujours courageusement. Il témoigne de ce que fut la vie là-bas où Siciliens, Maltais, Juifs, Maghrébins ou Français se mêlaient et s'estimaient avant que les " événements " ne provoquent de cruelles déchirures.
Livre qui plaira à tous les anciens Tunisiens, mais également à tous les anciens d'Afrique du Nord.
En vente chez l'auteur, "Les Ombrages 11", 14 avenue de Creully, 14000 Caen, Tél. Fax 0231503652, 326 pages, 15,24 €.
Y N.

Destin de harki. 1954.
Brahim Sadouni

Alexandre Grigoriantz a recueilli " le témoignage d'un jeune Berbère enrôlé dans l'armée française à 17 ans ". Il s'agit de Brahim Sadouni, jeune Aurésien, qui narre son action au sein de son unité pendant la guerre d'Algérie et nous fait revivre ainsi les derniers mois de la présence française au milieu d'une population paysanne déchirée entre le F.L.N. et l'armée. À l'indépendance, il croit pouvoir rester; il subit alors humiliations, injures, sévices et échappe de justesse à la mort. Il arrive en 1964 à regagner la France. Là, malgré l'aide d'âmes compatissantes, il souffre du rejet de certains Français comme d'Algériens. Grâce à son énergie, il améliore ses compétences et ses conditions de vie. Il voyage beaucoup pour son travail. Enfin, il se voue à la défense de ses camarades. Livre qui illustre le sort lamentable réservé aux Harkis.
Editions Cosmople, 176 rue du Temple, 75003 Paris, 245 pages, 16 €.
Y. N.